Les escapades d'Historiagames : Rome vue par Aspasie
2 octobre 2013 par Aspasie | Les escapades d'Historiagames
« Seules Paris et Rome savent découper le ciel, dialoguer avec l'espace. » de Stéphane Guibourgé
Extrait du Couvre-feux
Cette citation (prise sur internet, je ne m'en cache pas) correspond parfaitement à la ville de Rome : il n'est, en effet, rien de plus étonnant que de voir ruines antiques, églises de tout âge et palais richement décorés voisiner, dans la plus parfaite harmonie, des bâtisses plus communes. Il est également stupéfiant d'admirer différentes époques, différentes architectures en un seul coup d'œil. Si Paris s'avère être architecturalement assez uniforme, Rome s'offre le luxe de posséder, en son giron, des monuments allant de la période républicaine romaine jusqu'à maintenant. Après tout, Rome ne s'est pas faite en un jour... Fiers de leur patrimoine, les Romains ont su préserver leur patrimoine dans toute sa richesse, même si, bien sûr, cela n'a pas empêché l'usure du temps, les pillages et les destructions volontaires.
Que voir, donc, dans la Ville Éternelle ? Beaucoup de choses, assurément. L'offre est tellement imposante qu'il y a de quoi donner le tournis. Il faut néanmoins admettre que Rome est avant tout le paradis des Antiquistes : près d'un tiers des musées (pour ne pas dire plus) concerne la période antique. Bien sûr, vous avez des musées d'art classique, moderne et contemporain et moult palais à visiter, mais ce n'est certainement pas l'attrait majeur de cette ville.
Rome, mode d'emploi
Avant d'aller plus loin dans le dossier, j'aimerais vous donner quelques conseils si jamais vous décidez de partir à la découverte de Rome. La capitale italienne est une destination touristique très prisée et, à l'instar du château de Versailles ou de la Tour Eiffel, ses monuments les plus connus sont très courus par les touristes. Autrement dit, attendez-vous à subir une queue abominablement longue et à devoir patienter, longtemps, très longtemps pour enfin espérer admirer quelques ruines antiques. Sauf qu'il existe un moyen d'amoindrir conséquemment cette attente grâce à des pass touristiques. Leur prix est assez élevé (comptez une trentaine d'euros pour le premier pass, une vingtaine pour le second) mais ils offrent de nombreux avantages. Actuellement, il en existe deux sortes : le Pass Roma et le Rome Archeologia Pass. Le premier dure trois jours et vous offre des réductions sur l'ensemble des musées romains. Les deux premières entrées vous permettent de couper les files. Il est conseillé d'utiliser ces entrées pour les monuments qui attirent beaucoup de monde, en l'occurrence le Colisée et le Forum Romain. Outre cela, vous avez un accès illimité aux réseaux de bus, métro et tramways romains pendant les trois jours du pass. Pour de plus amples informations, rendez-vous sur le site du Roma Pass (www.romapass.it ).
Le second, comme son nom l'indique, vous amène à ne visiter que les musées antiques (la liste des musées concernés est visible ici : www.rome.info) et vous donne également la possibilité de couper la file à chacune des entrées. Cela dit, il faut reconnaître que le Colisée et le Forum romain mis à part, le restant des musées n'est pas très couru, pour ne pas dire boudé par l'ensemble des touristes. Le Pass Roma me semble, de fait, plus économique et plus utile que le passe archéologique d'autant que ce-dernier ne donne pas d'accès illimité aux réseaux de transport en public romain. Même s'il dure plus longtemps (sept jours contre trois pour le Pass Roma), son intérêt reste assez limité. Il est d'ailleurs assez difficile de l'obtenir puisqu'il faut l'acheter dans l'un des musées de la liste. Il est donc judicieux de l'acheter là où il n'y a que très peu de monde... Le musée archéologique romain est - malheureusement - l'endroit idéal pour cela.
A noter, le Vatican n'est pas concerné par ces passes : l'État papal est certes enclavé dans Rome, il a cependant son propre fonctionnement. Que les amoureux de la Chapelle Sixtine et du doigt de Dieu se rassurent, un pass (www.romeandvaticanpass.com) – Dieu soit loué ! – existe. Mais car il y a toujours un mais, le prix est divinement cher car il faudra que vous comptiez 65 euros pour un enfant et 90 euros pour un adulte. De quoi avaler son hostie de travers. Vous avez certes les avantages du Roma Pass, plus la possibilité de visiter « gratuitement » le Vatican, il faut toutefois reconnaître que ce pass ne s'adresse guère aux bourses les plus modestes. Vous pouvez également réserver vos tickets pour le Vatican et l'ensemble des musées romains sur le bien nommé : www.rome-museum.com.
Avant de passer aux choses sérieuses, arrêtons-nous quelques temps sur les transports en commun car il y a de quoi dire... En effet, ne soyez pas surpris si vous ne voyez aucun horaire affiché pour les bus car il n'y en a tout simplement PAS. Même pas les intervalles prévus pour les tranches horaires. Alors attendez-vous à passer de longues minutes à pester si oui ou non un bus est censé passer... Pour tout vous dire, vous pouvez très bien attendre une heure sans qu'un seul bus ne passe ou, situation inverse, avoir deux bus qui desservent l'un après l'autre votre arrêt en l'espace de cinq minutes. Vous l'aurez compris : la desserte est très aléatoire à Rome, encore plus si vous allez en périphérie. Il semblerait que les transports publics romains suivent de près le théorème de l'ambulatio difficilis : soit t le touriste qui veut prendre un bus, b le bus en question et R le centre de Rome. Plus t est éloigné de R, plus b se fait rare : donc si t va à Ostie, t devra être plus patient que la Patience elle-même. Au final, c'est très simple à retenir mais très pénible à l'utilisation. Le problème se répète pour le tramway mais heureusement pas pour le métro. Autre désagrément : les stations. Pour savoir où et quand il faut descendre, c'est également la croix et la bannière puisque très souvent, les indications ne sont pas claires (là encore, le métro est à part). Pour ce qui est de la voiture, Rome est, comme toute grande ville, l'apanage des coups de klaxon, des insultes entre usagers de la route et de la circulation difficile. A déconseiller donc...
Passons au culturel. Malgré les menus problèmes précédemment cités, Rome est une ville très agréable et magnifique et n'est en rien entachée par sa desserte lamentable. Il est tout-à-fait grisant de se promener dans les rues et de découvrir les merveilles qui affleurent à chaque coin de rues. Antiquiste dans l'âme, je me suis avant tout attardée sur les monuments antiques. Il serait d'ailleurs trop long de détailler l'histoire de chacun de ces monuments. C’est pourquoi, je ne m’en tiendrai qu’à quelques généralités historiques et à quelques conseils de visites qui, je l’espère, vous aideront si jamais vous allez à Rome.
Le forum romanum et les fora impériaux
Quand on parle de Rome, on pense très vite au forum romain mais guère aux forums impériaux. Pourtant, nous pouvons bien admirer six forums, placés côte à côte : le Forum Romanum (aménagé dès la monarchie), le Forum Iulium (inauguré en 46 av. JC) le Forum Augustum (dédicacé en 2 ap. JC), l'Ara pacis (construit entre 71 et 75 ap. JC), le Forum transitorium (inauguré en 97 ap. JC), et le Forum Traianum (inauguré en 112). Loin d'être hétéroclites, ces différents forums (ou fora si on veut se la jouer chic et choc) forment un tout :il n'était pas question, pour les commanditaires, de détruire les bâtiments déjà existants pour laisser place à de nouveaux bâtiments. L'utilité première de ces nouvelles constructions permettaient justement de désengorger les précédentes. De plus, pour éviter de rompre la continuité du paysage urbain romain, des projets d'harmonisation à la fois esthétique et pratique ont été mis en place. Ainsi le forum d'Auguste répond au forum dit de César1. Quant au Forum transitorium dit de Nerva2, il est avant tout construit pour unir le forum d'Auguste au Temple de la Paix (appelé par la suite le forum de Vespasien) et le Forum Romanum à l'Argiletum3.
Cela dit, le forum n'a pas eu comme seule vocation d'être le centre religieux et politique de Rome : pendant la période archaïque et une partie de la période classique, il fut un lieu d'échanges et de commerce. Le forum était à l'origine un marché où se vendaient viandes, poissons et légumes : le premier forum romain dit boarium (VIIe siècle) était destiné à la vente de bestiaux et se situait dans le quartier du Vélabre. Dans sa continuité, se trouvait le Forum holitorium qui, lui, servait à vendre des légumes. Même si des édifices religieux – bien souvent en lien avec le commerce – furent construits, ces fora restèrent avant tout des macelli (marchés).
Mais avant que de tels monuments existent, l'endroit était quasi-inhabitable et, pendant la période archaïque, servait simplement de nécropole. Ce n'est que sous le règne des rois étrusques – les Tarquins – que des travaux d'assèchement et d'assainissement permettent aux habitants de descendre des collines pour venir habiter dans la vallée. Pour la petite anecdote, les égouts, construits pour assécher le marais, sont placés sous la protection de Vénus Cloacine. Pas très glamour, à moins d'être attiré par les émanations putrides...
Le forum romanum connaît en fait différentes phases de construction. La période royale est assez mal connue à cause du manque de vestiges et le début de la période républicaine n'est guère plus généreuse : seule la construction de deux temples, l'un consacré aux Dioscures, l'autre à Saturne, dédicacés soit à la fin de la monarchie, soit au tout début de la République, est avérée. Ce n'est qu'à la fin des guerres puniques (fin IIIe, début IIe siècle av. JC), que de plus nombreux monuments voient le jour. Rome, forte de ses multiples victoires dans le pourtour méditerranéen, décide de relever ses exigences urbanistiques afin que ses structures corroborent avec son statut de puissance fraîchement acquis. Le pouvoir politique et économique des élites s'en trouve ainsi renforcé : ils s'appliquent alors à doter l'Urbs de somptueux bâtiments. Même si cette magistrature n'est que le deuxième échelon du cursus honorum, de nombreux hommes politiques romains, et notamment certains ex-consuls comme Pompée ou César, n'ont pas hésité à reprendre la charge d'édile alors qu'ils étaient au faîte de leur gloire. Cela leur permettait d'étaler leur puissance au sus et au vu de tous. Auguste ne s'y est d'ailleurs pas trompé puisque selon la célèbre formule, il se vante que « marmoream se relinquere, quam laterciam accepisset ».
Pourquoi tant de fora ?
Comme dit précédemment, pour un notable romain sous la République, puis pour le Prince sous l'Empire, construire un monument permet de représenter sa propre puissance et celle de Rome. Ainsi, le forum de la Paix célèbre la victoire de Vespasien sur les Hébreux, lors de la campagne de Judée en 71-75, et le forum de Trajan, construit « e manubiis »(« grâce aux butins de guerre » remportés contre les Daces), cherche à démontrer la puissance et à satisfaire les ambitions politiques de son commanditaire. La raison est également religieuse : la plupart des bâtiments romains proviennent d'ex-voto prononcés par des généraux avant les batailles. Le do ut des, qui est à la base de la religion greco-romaine, demande effectivement à celui qui veut s'attirer les faveurs divines, d'offrir un cadeau en échange de l'aide apportée par les dieux. Par exemple, le Forum Iulium trouverait son origine dans l'ex-voto prononcé par César, à l'aube de la bataille de Pharsales en 48 av. JC. De même, Octave aurait juré de construire un forum s'il remportait la bataille de Philippes en 42 av. JC.
Construire un forum a aussi une finalité bien plus pragmatique. A l'origine, le forum Romanum est l'unique centre religieux et politique de Rome. La puissance de cette dernière ne cessant de croître, il apparaît vite qu'il ne répond plus aux besoins de la population. De fait, la construction du Forum Iulium permet de désengorger l'ancien Forum Romanum. Même si César présente son projet au Sénat comme l'agrandissement du vieux forum, l'immensité de son ambition est telle que cela aboutit à la création d'un nouveau forum, juxtaposé à l'ancien. Là encore, les deux fora ne suffisent très rapidement plus. Auguste décide alors de construire un nouveau forum qu'il spécialise dans la fonction judiciaire. « Le forum de la Paix », lui, abrite l'administration municipale, à savoir la Préfecture de la ville et la célèbre forma urbis (c'est une plaque de marbre qui représente les « contours de la ville », autrement dit, il s'agit d'un plan cadastral). Le forum de Nerva, à cause de son exiguïté, semble s'être cantonné à n'être qu'un passage transitoire où la population pouvait passer d'un forum à l'autre. Le dernier forum, le forum Traiani – le mieux conservé de tous – n'a pas de fonction aussi précise que les précédents, mais il apparaît que la culture et l'enseignement y avait la part belle.
Je me suis principalement intéressée à la construction des différents forums, mais il n'y a évidemment pas que cela. Le Forum romanum, bien que très ancien, n'a pas cessé d'être aménagé. Des temples et des arcs ont été construits à différentes époques : l'arc de Septime Sévère, l'arc de Constantin ou encore le temple d'Antonin et de Faustine.Cela dit, rares sont les travaux de grandes envergures, mais cette remarque souligne moins une quelconque décadence de l'Empire romain qu'un manque de place certain. Enfin, mis-à-part les nécessaires restaurations pour éviter que tout ne s'écroule, la Basilique de Maxence, construite au IV e siècle, parachevée par Constantin, s'avère être la dernière intervention monumentale des empereurs.
Mais alors que doit-on voir dans ces fora ? C'est qu'il y a beaucoup de choses, ma bonne dame !
Tout, braves gens, tout ! D'autant que nombre de vestiges ne se résument qu'à une pauvre colonnade. Avec la visite du Palatin, cela vous prendra une petite après-midi, guère plus. Sachez également qu'il est préférable d'avoir avec soi un guide car les informations rencontrées sont assez succincte : emmenez donc avec vous un ami historien, ou payez-vous une visite guidée, ou encore achetez un guide papier, c'est bien aussi. Et si vous voulez vous-même préparer votre visite, un excellent site tenu par l'Université de Caen vous donnera maintes informations utiles sur l'histoire des fora (www.unicaen.fr).
L'amphithéâtre flavien – Le Colisée
A proximité des pentes du Palatin et du Forum romanum, se dresse majestueusement le Colisée. Cet amphithéâtre de 48.50 mètres de hauteur et de 188 mètres de long fait figure de colosse dans le paysage archéologique romain. Mais ce n'est pas pour ses dimensions qu'on le surnomme Colosseo : ce sont en fait les hommes du Moyen-Âge qui l'appelèrent ainsi en raison de la statue colossale de Néron, placée près de l'amphithéâtre par Hadrien, afin de permettre la construction du temple de Vénus et de Rome.
Les travaux, entrepris par Vespasien en 70 ap JC., ont duré plus de dix ans. Il a fallu également deux ans de finitions. C'est au final l'empereur Titus qui inaugure l'édifice en 80 ap JC.
Si malheureusement, il ne reste plus rien des gradins et de la scène, le Colisée reste un monument unique en son genre qui vaut assurément le coup d'oeil.
Le Palatin
Le Palatin est l'une des sept collines de l'Urbs, mais pas n'importe laquelle puisque c'est là où, poussé par les auspices, Romulus fonde Rome. Sous la République, le mont est recouvert des riches domi des patriciens. A l'époque, posséder une domus sur cette colline est le signe d'une grande richesse et d'une grande notoriété. De grands noms tels que Cicéron, Hortensius, Marc Antoine et bien d'autres encore, y ont vécu. Mais au tout début de l'Empire, la donne change. Auguste fait en effet construire une maison pour lui et une autre pour sa femme. Elles sont pourvues toutes les deux d'une partie publique et d'une partie privée et préfigure la construction des futurs palais impériaux. Ce retour aux origines n'est évidemment pas anodin. Auguste place directement l'Empire dans le patronage des glorieux ancêtres de Rome et en particulier de celui de Romulus. Il va même jusqu'à faire déplacer les livres sibyllins du temple de Jupiter Capitolin dans le temple d'Apollon (construit en 28 av JC), temple qui se trouve dans l'une des parties de la maison d'Auguste. Depuis Tibère, le Palatin devient le siège des nombreux palais impériaux. Le mot « palais » provient d'ailleurs du nom palatium. Cette appropriation progressive du Palatin matérialise le transfert de pouvoir entre le Sénat dont le siège se situe sur le forum et l'empereur désormais sur le Palatin.
Le Palatin se visite en même temps que le forum romain, ce qui rend la visite assez conséquente. L'aspect monumental des palais est aujourd'hui encore décelable grâce à la présence d'immenses pans de murs. Les demeures les plus impressionnantes, me semble-t-il, sont celle de Septime Sévère et celle de Domitien (dit domus augustana). Dans cette dernière, il n'y a ni plus ni moins, un hippodrome, un stadion, de grandes salles de réception, ce que témoignent encore les vestiges qui nous restent.
Le Capitole
Le Capitole est, comme le Palatin, l'une des sept collines romaines. Il était possible d'accéder à son sommet en passant par le Forum romanum. Le Capitole abritait le temple de la Triade capitoline, composée des divinités Jupiter, Junon et Minerve. Tite-Live, doté d'une mauvaise foi punique, écrit que ce temple a été inauguré l'an I de la République mais omet de mentionner que sa construction s'est déroulée sous la Monarchie. Ce temple n'en reste pas moins le centre religieux de Rome des siècles durant. Il est pillé puis détruit vers le VIe siècle ap. JC.
Le Palais sénatorial – qui abrite aujourd'hui la mairie de Rome – voit le jour au XIIe siècle et le palais des Conservateurs, au XIV e siècle. La majesté de la colline renaît de ses cendres grâce à Michelangelo à qui on doit l'escalier monumental, la place, la décoration des façades et la construction d'un troisième palais. De plus, en 1471, le Pape Sixte IV décide de construire un musée abritant les sculptures en bronze telles que la Louve allaitant Romulus et Remus, Camille, le Tireur d'épine. Cela fait de ce musée, le plus vieux du monde.
Le Musée national romain
Si le Capitole abrite le plus vieux musée du monde, les quatre musées (le musée des Thermes de Dioclétien, le palais Massimo alle Terme, le palais Altemps et la Crypta Balbi) du Musée national romain détiennent la plus grande collection archéologique antique mondiale. Mais certains palais sont plus attrayants que d'autres. Le plus intéressant est assurément le palazzo Massimo qui offre une magnifique collection de statues, de mosaïques, de peintures, et d'inscriptions. Ce musée est très récent – il a été inauguré en 1995 – et a été fort bien aménagé.
Les thermes de Dioclétien, quant à eux, font plutôt office de musée épigraphique et s'adresse de fait aux connaisseurs en la matière. Il vaut néanmoins le détour pour la visite d'une partie des thermes et de sa collection de sculptures assez sympathiques. Vient ensuite le palais Altemps qui est en particulier consacré à l'exposition de sculptures antiques, matraquées par les restaurations ultérieures. Vous aurez ainsi la chance d'admirer un Hermès qui a, à la fois la posture d'un orateur et celle d'un homme endeuillé (cela dit, ce n'est pas incompatible s'il doit réciter une oraison funèbre). En dernier lieu, vous pouvez visiter la Crypta Balbi qui se propose d'expliquer l'évolution de la cité antique en ville médiévale. Là encore, il vaut mieux être calé en Histoire d'autant que les explications ne sont qu'en anglais et en italien. Ce dernier point est valable pour l'ensemble des musées romains.
Si vous ne vous sentez pas la force de faire les quatre musées nationaux, le Palais Massimo est, sans aucun doute, celui qu'il faut faire en priorité.
Le musée national étrusque
Situé dans une fort belle demeure du XVIe siècle, le musée national étrusque regroupe un grand nombre d'antiquités pré-romaines, trouvées lors des vagues de prospection dans l'ancienne Etrurie méridionale. C'est d'ailleurs la plus grande collection d'objets étrusques au monde. Comme pièces maîtresses, on peut trouver une copie du sarcophage des époux – un autre exemplaire se trouve également au Louvre -, l'Apollon de Véies, les lamelles d'or de Pyrgi et le Centaure de Vulci. Céramiques, bijoux, mobiliers de mariage, de deuil, grecs et étrusques sont présentés au public. La présence d'objets grecs s'explique par la proximité qu'avait l'Etrurie avec la Grande Grèce.
Si vous êtes intéressé par cette période, ce musée est fait pour vous. Néanmoins, je dois vous prévenir qu'il n'y a presque que des céramiques, certes magnifiques, et les explications sont assez lapidaires - et il n'y a même pas de catalogue du musée en anglais –. Je persiste à dire que le musée archéologique le plus ouvert à tous, reste celui du Palais Massimo.
Voilà, c'est fini pour le petit guide sur Rome. Tout n'y est pas, loin de là ! Il y a tellement de choses à dire que je pourrais passer des heures à vous raconter mille et une anecdotes sur l'urbanisme romain, sur les collections que contient la ville. Mais il faut bien faire un choix et j'espère que celui que j'ai fait vous a plu.
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1. Les archéologues et les historiens pensent que dans l'une des exèdres du forum d'Auguste, se tenait une imposante statue d'Auguste dont le regard se posait sur la statue équestre de César. Celle-ci se tenait soit en plein milieu du Forum Iulium, soit un peu excentrée. Pour cela, voir les travaux de Filippo Coareli, archéologue romain qui s'est beaucoup intéressé à la question.
2. C'est en fait Domitien qui est à l'origine de ce forum. A sa mort, le Sénat choisit de condamner sa mémoire et le nom du forum fut donc changé. Pas de chance, Nerva subit également une damnatio memoriae mais visiblement, les sénateurs n'ont pas voulu de nouveau changer le nom. Pour être plus précis, il fut vraisemblablement commencé sous Domitien et inauguré sous Nerva en 97. Le temple consacré à Minerve permet aux historiens d'affirmer que c'est Domitien qui a fondé ce forum : la fille de Jupiter était la déesse tutélaire de l'empereur.
3. L'Argilète est une rue qui relie le forum romanum au quartier de Subure, constitué principalement d'insulae. Pour l'anecdote, le forum d'Auguste est protégé de ce quartier par un haut mur de 30 mètres. Ce mur est en partie visible aujourd'hui.
- Aspasie , Ancienne Historienne, Chroniqueuse, Testeuse
- " Chante, ô Muse, la colère du divin Achille, colère funeste qui causa tant de malheurs aux Grecs... " Homère dans l'Iliade