Quatre films et quatre séries pour s'occuper cet été

Roi de Dreamland
Thématique
Film et série
5 août
2021

Ça n'est pas un scoop : pour la majeure partie de la France, cet été est relativement pourri. Non pas qu'il soit particulièrement agréable de frire par 40 degrés en plein cagnard à Paris, mais disons-le clairement : 19 degrés et un ciel gris en plein mois d'août, ça ne fait pas non plus rêver.

Aussi, et afin de s'occuper par ce temps pourri, pour tout ceux qui n'auraient pas la chance de mettre les voiles dans les coins ensoleillés de notre beau pays, cet article vous permettra de retrouver une mini-critique de quatre films et de quatre séries, plus ou moins récents.

OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire

Où le voir : dans les cinémas de France et de Navarre, depuis le 4 août 2021

OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire

Onze ans après les dernières aventures brésiliennes d'Hubert Bonisseur de la Bathe dans Rio ne répond plus, voici le personnage fétiche de Jean Dujardin de retour sur nos écrans, avec néanmoins pas mal de changements. Exit Michel Hazanavicius à la réalisation et à la mise en scène. Faites place à Nicolas Bedos qui reprend le flambeau, faute de s'être entendu avec le réalisateur des deux premiers opus.

Repoussées à plusieurs reprises en raison de la pandémie, les nouvelles aventures du plus stupide et grotesque de nos agents secrets se déroulent cette fois-ci sur le continent africain où OSS 117, sous l'habile nom de couverture d'Emile Cousin, cadre de chez Elf, devra soutenir de façon « démocratique » et « transparente » un régime africain nouvellement « indépendant ». Autant le dire, un tel choix de scénario fait que le film était, bien évidemment, attendu au tournant.

Alors que l'on pouvait craindre que le long-métrage ne bascule dans le faussement irrévérencieux, prétendant plonger dans le politiquement incorrect sans réellement l'être, c'est un vrai soulagement de constater qu'il n'en est rien. Ainsi, si ce troisième volet de la saga OSS 117 est indubitablement différent des deux précédents réalisés par Hazanavicius, il parvient à conserver l'ADN de la saga, à savoir son esprit potache et son humour caustique. Les blagues s'enchainent, parfois subtiles, d'autres fois beaucoup moins, et fonctionnent, tout au long du film. Tandis que l'ère du temps va dans le sens de l'autocensure et du langage policé, Bedos ose presque tout et nous délivre une œuvre remplie d'humour noir et trash, parvenant à souligner l'absurde comportement d'OSS 117 sans pour autant basculer dans une culpabilité moralisatrice de ses faits et gestes. Les références franco-françaises s'enchainent à l'écran et le film n'épargne à son spectateur absolument rien des frasques de la « Francafrique ».

Le scénario, sans être digne des plus grandes intrigues du cinéma, est suffisamment efficace pour porter le récit qui est par ailleurs très bien soutenu par l'efficace duo que constitue Jean Dujardin et Pierre Niney, dans une lutte des générations plaçant l'agent de terrain vieillissant et hors du coup face à son jeune remplaçant qui cherche à le pousser vers la sortie.

Au final, difficile de dire si ce troisième volet est plus ou moins réussi par rapport aux deux précédents. Chacun se fera son avis, bien que la majeure partie de la critique ne semble pas avoir été convaincue par le film. Toujours est-il qu'Alerte rouge en Afrique noire n'est certainement pas raté et qu'elle reste une comédie de bonne facture qui saura plaire aux amateurs de l'histoire de France.

Kaamelott : Premier volet

Où le voir : dans les cinémas de France et du royaume de Logres, depuis le 21 juillet 2021

Kaamelott : Premier volet

Également plus d'une dizaine d'années après la première diffusion du dernier épisode de la série éponyme, Kaamelott était attendu comme le messie par une communauté de fans qui s'impatientait de retrouver le personnage du roi Arthur, toujours incarné par Alexandre Astier. A l'instar d'OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire, le film a également été repoussé à plusieurs reprises et il aura fallu attendre le 21 juillet 2021 pour découvrir le premier des trois volets prévus par le réalisateur.

Force est de constater que le résultat est plutôt réussi et sympathique. On retrouve avec plaisir l'essentiel du casting de la série dans un film qui parvient plutôt bien à obtenir un équilibre entre l'humour léger des premières saisons et l'intrigue plus sombre et épique des dernières. Par ailleurs, de nouveaux personnages font leur apparition, dont la bonne surprise que constitue le chef saxon Horsa, incarné par le chanteur Sting.

On regrettera toutefois un récit qui manque parfois un poil de maitrise et la présence de trop nombreuses ellipses venant le segmenter, Alexandre Astier ayant du probablement avoir recourt à cette option afin de parvenir à caser dans les quelques deux heures de son long-métrage tout ce qu'il voulait mettre.

La tâche était en effet ardue, et le réalisateur ne s'en sort au final pas trop mal. Kaamelott : Premier Volet réussi ainsi à réintroduire la quasi-totalité des personnages phares de la série tout en posant des bases stables pour le reste de la trilogie. Le tout agrémenté par un humour efficace mélangé à des scènes particulièrement fortes et touchantes qui sauront remuer les tripes des amateurs de la série.

L'ensemble est par ailleurs sublimé par l'excellente bande-son réalisée par l'orchestre national de Lyon tandis que les costumes, originaux et colorés, donnent une véritable identité visuelle à ce film, bien que certains s'avèrent déroutants.

Au final, en prenant le risque de traduire sa vision à l'écran en faisant le film qu'il avait envie de faire, et non pas celui que ses fans attendaient, Alexandre Astier a sans doute pris la bonne décision. Kaamelott : Premier Volet est tout sauf insipide. Ouais, c'est pas faux.

Onoda : 10 000 nuits dans la jungle

Où le voir : dans les cinémas de France, mais pas en Indochine, depuis le 21 juillet 2021

Onoda : 10 000 nuits dans la jungle

L'histoire du lieutenant Hiro Onoda est digne des plus grosses productions hollywoodiennes. Aussi, il est étonnant qu'elle ne soit pas davantage adaptée à l'écran et qu'il eu fallu attendre 2021 pour qu'un film majeur lui soit dédié.

Réalisé par le français Arthur Harari, Onoda : 10 000 nuits dans la jungle nous présente l'histoire atypique et exceptionnelle du lieutenant Hiro Onoda, membre d'une unité spéciale de l'armée japonaise chargée de préparer la guérilla pour continuer la guerre sur le long terme face aux Américains. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le lieutenant Onoda pris son ordre de mission au pied de la lettre, puisqu'il survécu dans la jungle d'une île des Philippines jusqu'en 1971 où il accepta finalement de se rendre pour retourner au Japon.

Ce long métrage d'une durée frôlant les trois heures nous offre un récit immersif et contemplatif, au rythme parfaitement maitrisé, ce qui permettra au spectateur de prendre conscience du temps passé par cet homme sur une île, coupé de tout et livré à lui-même face à une population locale lui étant hostile et souhaitant sa mort.

Perdant un à un ses compagnons d'armes auxquels il a parfois du mal à faire comprendre la raison de sa mission, Hiro Onoda se refuse à admettre la défaite du Japon Impérial et l'on découvre alors que la persévérance et l'obstination peuvent rapidement tourner à l'obsession et au fanatisme, dans un culte total voué au remplissement de la mission confiée, à tout prix. Tantôt lucide, tantôt fou, Hiro Onoda divise de par sa personnalité et l'on a, au final, bien du mal à pleinement admirer ce personnage qui, bien que commettant des exactions et tuant des individus, conserve un destin absolument incroyable.

Porté par un casting incroyable de par sa spontanéité et de par son jeu d'acteur, Onoda : 10 000 nuits dans la jungle est au final davantage un film d'atmosphère de guerre qu'un véritable film de guerre. L'action y occupe une place des plus restreintes et c'est principalement la psychologie profonde de l'homme qui s'avère intéressante.

USS Greyhound : la bataille de l'Atlantique

Où le voir : sur Apple TV (abonnement payant mais période d'essai gratuite d'une durée d'une semaine)

USS Greyhound : la bataille de l'Atlantique

Sorti le 10 juillet 2020, USS Greyhound : La bataille de l'Atlantique était l'un des premiers films majeurs diffusés sur la plateforme Apple TV en vue d'attirer de nouveaux abonnés.

Ce long-métrage nous présente l'histoire du capitaine Ernest Krause, de l'US Navy. Commandant le destroyer USS Greyhound, il est affecté à l'escorte de convois Alliés dans l'Atlantique alors qu'il espérait le soleil d'Honolulu et la chaleur du Pacifique.

Prenant sur lui et acceptant le commandement de son bâtiment, le capitaine Krause, joué par Tom Hanks, découvre rapidement la dure réalité des missions d'escorte dans les eaux gelées et hostiles de l'océan Atlantique où les meutes de sous-marins allemands, les « Wolfpack », s'adonnent à la chasse à la torpille en vue de perturber le ravitaillement à destination de la Grande-Bretagne. Alors que des tonnes de fret sont coulées par la Kriegsmarine chaque mois, Krause et son équipage sont bien décidés à mettre un terme aux agissements des submersibles nazis.

Minimaliste, et de prime abord peu impressionnant dans les effets spéciaux et visuels qu'il déploie, le film n'en reste pas moins impressionnant dans la façon dont il nous présente l'atmosphère oppressante des missions d'escortes et de la lutte face à cet ennemi invisible qu'est le U-Boot. Dans un huis-clos sombre et efficace, USS Greyhound : la bataille de l'Atlantique nous plonge en immersion, c'est le cas de le dire, dans les longues nuits d'attente où chaque seconde peut voir apparaitre une torpille allemande tirée contre le convoi. Toujours menaçant et omniprésent, l'ennemi n'est que très rarement visible, ce qui renforce l'appréhension du spectateur.

Dans ces conditions, les nerfs des marins Alliés sont mis à rude épreuve et Tom Hanks nous délivre ici une très belle performance d'acteur, mettant en évidence l'état de vigilance renforcée, mais également la fatigue accablante qui pèse sur les épaules du capitaine Krause, au demeurant très croyant. Poussés dans leurs retranchements, les hommes sont ainsi en lutte psychologique perpétuelle dans ce jeu du chat et de la souris.

Au final, si USS Greyhound : la bataille pour l'Atlantique n'est pas le film du siècle, il reste un film de guerre soigné et relativement réaliste, plaisant à découvrir. De quoi se divertir en attendant la série Masters of the Air dédiée à la huitième armée de l'air de l'US Air Force qui devrait également arriver sur Apple TV d'ici 2022.

El Cid - Saison 2

Où le voir : sur Amazon Prime Video (abonnement payant)

El Cid

Après une première saison relativement honnête et de bonne facture, El Cid revient pour la suite des aventures du Campeador, Rodrigo Diaz de Vivar. C'est toujours l'acteur espagnol Jaime Lorente, qui s'est notamment fait connaitre pour son rôle de Denver dans La Casa de Papel, qui incarne Le Cid, dans ses jeunes années.

Longue de 5 épisodes ayant chacun une durée légèrement inférieure à une heure, cette seconde saison, disponible depuis le 15 juillet 2021, s'attarde sur (ALERTE DIVULGÂCHAGE) les conséquences directes de la mort du roi Fernando, survenant à la fin de la première saison. On assiste alors à la séparation du royaume entre les trois frères que son Sancho, Alfonso et Garcia, respectivement nommés rois de Castille, de Léon et de Galice.

La paix fragile qui règne entre eux se retrouve rapidement menacé et Le Cid, bien déterminé à rester loyal envers le roi Sancho, qu'il sert de longue date, va faire face à de nombreuses intrigues et autres complots, tout en devant prendre les armes pour triompher dans la bataille.

Concrètement, El Cid reste une série plaisante et divertissante. Menée par un casting d'acteurs espagnols des plus corrects, elle revient plutôt bien sur le contexte politico-militaire régnant dans la péninsule ibérique à l'époque du Cid, tout en s'attardant sur son histoire personnelle.

Si les costumes et les décors sont plutôt réalistes, on regrettera toutefois quelques libertés prises vis-à-vis de l'Histoire, notamment pour ce qui est du traitement de plusieurs personnages féminins, au langage et aux actions anachroniques. En dehors de cela, El Cid reste un très bon divertissement et une bonne porte d'entrée pour en apprendre davantage sur l'histoire et le destin du Campeador.

Paris Police 1900

Où le voir : sur MyCanal (abonnement payant via Canal+)

El Cid

Ce n'est pas une surprise : les séries Canal+ sont souvent de bonne qualité. Hippocrate, Braquo, Engrenages, Le Bureau des Légendes ou encore plus récemment OVNI(S)... il va sans dire qu'une partie non négligeable des meilleures séries françaises produites ces dernières années l'ont été par cette chaine.

Avec Paris Police 1900, diffusé pour la première fois le 8 février 2021, Canal+ avait l'ambition d'offrir une série française historique de qualité. Force est de constater que le contrat est, dans l'ensemble, rempli. N'en déplaise aux plus tatillons qui ne verront que ses défauts, la série reste agréable à découvrir et constitue, par rapport aux autres productions françaises de ce segment, une œuvre impressionnante.

Qu'il s'agisse des costumes, des décors ou de la mise en scène, tout est, dans l'ensemble réussi. Fabien Nury, le réalisateur, nous offre ici un portrait réaliste de la France de la IIIème République et de l'affaire Dreyfus qui divise et déchire sa société.

La série prend le parti de se concentrer sur une affaire de police menée par la brigade criminelle de la ville de Paris. Très rapidement, on se rend toutefois compte que cette affaire n'est qu'un prétexte qui va permettre au spectateur de découvrir de nombreuses grandes figures de l'époque parmi lesquelles figure notamment le préfet Lépine, grand acteur de la modernisation des méthodes des services de police de la ville de Paris, ou encore Marguerite Steinheil, courtisane française ayant entretenu une relation intime avec le président Felix Faure, y compris jusque durant ses derniers instants.

D'une série de meurtres à la montée de l'antisémitisme en passant par la menace d'un complot militaire planant sur la République, on ne s'ennuie clairement pas dans les 8 épisodes de cette série qui, en bien des aspects, pourrait constituer une sorte de Babylon Berlin français.

Le casting est, dans l'ensemble, réussi. On pourra toutefois déplorer la performance en demi-teinte de Jérémie Laheurte qui s'avère plutôt décevant dans l'un des rôles principaux de la série, celui de l'inspecteur Jouin.

Au final, Paris Police 1900, nous offre une plongée réaliste et réussie dans la France du début du XXème siècle. Vivement la seconde saison.

Deutschland 89

Où le voir : sur MyCanal (abonnement payant via Canal +)

Deutschland 89

Si Canal+ est l'un des premiers fournisseurs de séries françaises de qualité, il faut également noter que la chaine a diffusé d'excellentes séries allemandes. Outre Babylon Berlin, il convient de citer ici la saga des Deutschland. Après 83 et 86, voici venir la troisième saison avec Deutschland 89 qui s'attarde sur les derniers mois d'existence de la RDA, à la suite de la chute du mur de Berlin.

On retrouve alors Martin Rauch, agent double, voir triple, travaillant à la fois pour les services secrets est-allemand, ouest-allemand et américain. Dans un contexte géopolitique trouble et incertain, Deutschland 89 nous permet d'assister en spectateurs privilégiés à l'effondrement d'un modèle et d'un mode de vie à travers le regard de son casting et de sa galerie de personnages réussis, pertinents et attachants.

Si les péripéties rencontrées par Martin semblent parfois quelque peu surréalistes, l'intrigue se veut plutôt bien ficelée et nous dépeint un portrait réaliste et complet de la lente et progressive déliquescence du bloc Est. À consommer sans modération.

For all mankind

Où le voir : sur Apple TV (abonnement payant mais période d'essai gratuite d'une durée d'une semaine)

For all mankind

Recommandée par le Joueur du Grenier en personne dans l'une de ses vidéos, For All Mankind est une série produite par Apple TV qui présente une uchronie dans laquelle l'URSS a remporté la course à la lune.

Blessée dans son orgueil, la NASA est alors bien décidée à remporter la prochaine étape de cette course à l'espace qui, de facto, perdure des années durant.

Le postulat de départ, s'il s'avère simple, n'en est pas moins redoutablement efficace. For All Mankind est, en tout points, une série exceptionnelle. Casting, scénario, intrigue, contexte géopolitique, cohérence de l'action… tout est réussi et maitrisé d'une main de maitre.

Pour l'heure, deux saisons sont disponibles sur Apple TV, la troisième devant arriver dans les mois à venir. Inutile pour moi de vous en dire davantage, cela vous gâcherait le plaisir. Aussi, ne perdez pas de temps et foncez découvrir cette série ! Si vous ne disposez pas d'Apple TV et que vous ne souhaitez pas vous y abonner (4,99 euros / mois) , sachez qu'une offre d'essai gratuit de 7 jours vous permettra d'enchainer les épisodes en vue de découvrir cette petite perle à moindre frais.