Info sur le film |
Titre originalThe Revenant |
Durée156 minutes |
GenreWestern |
RéalisateurAlejandro González Iñárritu |
Scénariste
|
Sortie24 février 2016 |
The Revenant
C'est toute bruissante du buzz de ses 3 Golden Blog et de ses 12 de nominations aux Oscars, que s'est tenue la projection de The Revenant. A l'heure où cet article est publié, on ignore encore qui seront les heureux lauréats, mais nul doute que l'ensemble ne booste les entrées du film, dont la sortie est prévue en France au lendemain de la prestigieuse cérémonie.
Nous voilà donc plongés au début du XIXème siècle, dans les tous jeunes États-Unis d'Amérique ou plutôt, juste en dehors, sur ce territoire appelé "La Frontière" : tout le symbole de la conquête de l'Ouest. Le domaine des forêts, des indiens Arikaras, et des trappeurs.
Ici, le vernis de la civilisation n'est pour beaucoup qu'un lointain souvenir, tout juste incarné par un jeune capitaine qui a bien du mal à imposer son autorité sur ce territoire où les lois des hommes cèdent le pas à celles de la nature, et celles, plus brutales encore, de la guerre.
Il faut se méfier des bêtes sauvages, des indiens - voyant légitimement d'un mauvais oeil ces étrangers venus piller leurs terres - mais également d'autres européens, attirés par ces richesses, sans oublier ses propres camarades. Dans ces contrées hostiles, il n'y a guère de place pour le sentimentalisme : avoir pitié peut être fatal.
C'est dans ce contexte ultra violent que le spectateur est très rapidement plongé, suivant un groupe de trappeurs americains décimés par une attaque des Arikaras et cherchant à leur échapper. Pour sauver leur vie, ils doivent s'appuyer sur leur guide, Glass, et son fils métis indien, dont la présence alimente la méfiance et les rancoeurs. Le plus véhément est Fitzgerald, un trappeur qui porte les stigmates d'un scalpage et que l'appât du gain a achevé de corrompre.
Je pense que vous l'aurez compris : le film tout entier tournera autour de l'opposition entre la soi-disant civilisation et la nature, et le retour de l'homme dans ce qu'il a de plus instinctif, de plus animal, et de plus impitoyable. Comme si cette sauvagerie - par opposition à la civilisation - était le prix à payer pour survivre.
Une fois posé le contexte, je peux vous l'avouer : en ce qui me concerne, ce film n'a pas été la claque qu'il a été pour d'autres spectateurs. Peut-être ma fréquentation des récits de guerre - j'ai notamment pensé à la retraite de Russie – m'y avait-elle quelque part préparé si bien que je n'ai pas ressenti de malaise en voyant The Revenant.
Pour moi, la majorité de ces hommes font simplement passer leur propre existence avant celle des autres, sans plus de morale que celle de la survie. Simple et cruelle. Mais certains, une fois les limites de la civilisation brisées, laissent libre cours à leurs plus bas instincts. Dans ce tableau très sombre, seules quelques étincelles d'humanité pointent parfois encore ça et là, et le semblant de justice qui parfois se fait jour finit le plus souvent par se parer des couleurs plus troubles de la vengeance.
Contrastant avec ce pessimisme sur la nature humaine, les paysages sont grandioses et l'exigence du réalisateur de tourner intégralement en lumière naturelle renforce cette impression de beauté brute, hostile et pourtant splendide.
Les acteurs sont excellent, et même si quelques esprits caustiques signaleront que les dialogues se limitent davantage à des grognements qu'à de la parole intelligible - toujours cette animalisation de l'homme - tous les personnages prennent vie sous nos yeux avec un réalisme saisissant de véracité. Tom Hardy et Di Caprio campent des hommes rudes que rien n'arrête, si ce n'est la mort.
Malgré quelques longueurs – le film durant près de 2h30 - on reste accroché au destin de ces deux personnages dont la confrontation symbolise à elle seule tout un pan de cette conquête de l'Amérique.
Globalement, j'ai bien aimé le film, pour la force de ses personnages, ces paysages, et ce portrait de l'humanité dans ce qu'elle a de plus brut. Oui, la conquête de l'Ouest a dû ressembler à cela.
Pourtant, je ne vous cache pas que malgré ses très nombreuses qualités mon avis est bien plus mitigé que d'autres sur ce film. Inconsciemment, je pense qu'au vu des nombreux commentaires élogieux, je m'attendais à être soufflée, prise aux tripes, accrochée à mon siège. Ce ne fut pas mon cas, et quelque part, je le regrette, car je comprends que sans cette composante purement émotionnelle, brute, il m'a manqué quelque chose du film.
Un Oscar pour Di Caprio ou pour Tom Hardy ? Il serait mérité. Quand à celui du meilleur film ? Pas en ce qui me concerne...
- Akialam Lectrice, spectatrice, visiteuse d'expo et blogueuse !Twitter | Facebook
- “La première et la plus simple émotion découverte par l'esprit humain est la curiosité.” Edmund Burke
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