Info sur le film
Titre originalEnemy at the Gates
Durée131 min
GenreGuerre
RéalisateurJean Jacques Annaud
Sortie14 Mars 2001

Stalingrad

Pinx
13 novembre
2013

“Vous avez promis au peuple une victoire que je ne peux vous offrir, je n'ai aucune chance face à cet homme.. » Vasily Zaytsev

En 2001 sortait sur nos écrans et avant-première mondiale un film international de haute volée au casting auréolé de stars américaines, aux imprécisions certes décriées mais à la tension toujours aussi palpable et à la retranscription visuelle toujours aussi impressionnante. Ce film, c'était Stalingrad (Enemy at the Gates dans la version originale), l'adaptation par le réalisateur français Jean Jacques Annaud du roman éponyme de William Craig sorti en 1973.

L'histoire d'une traque impitoyable entre un officier allemand, maître d'arme (Erwin Konig), et d'un jeune tireur d'élite russe (Vasily Zaytsev), figure de proue de la propagande communiste et symbole de la résistance à l'envahisseur.

Pourquoi parler de ce film en premier plutôt qu'un autre, et bien pour plusieurs raisons. D'abord car ce film m'a personnellement beaucoup marqué de par sa réalisation irréprochable, son ambiance intimiste, et parce qu'il est toujours agréable de voir une production française sortir des sentiers battus et de proposer une expérience cinématographique intense, spectaculaire et travaillée.

Mais avant de rentrer dans le vif du sujet petite leçon d'histoire…

L'ENNEMI AUX PORTES

Enemy at the Gates prend place durant un épisode particulier de la seconde guerre mondiale, la bataille de Stalingrad opposant les forces russes de Staline aux forces allemandes de l'Axe de 1942 à 1943. (Pour l'anecdote Enemy at the Gates était le slogan anti-nazi proclamé par les forces russes lors de leur incursion dans la ville de St Petersbourg en 1941). Cette bataille est en réalité une série de combats aériens et terrestres menés dans l'actuelle Volgograd.

Une guerre dans la guerre ayant duré plus de 6 mois avec à la clé un revers cinglant pour les forces du Fuhrer qui voyait sa tentative d'occupation de l'Europe de l'Est réduite à néant et par la même ses chances de gagner la guerre de 39-45. Une redite de l'histoire singulière, Napoléon Bonaparte tentait effectivement une centaine d'années auparavant d'attaquer sur les mêmes fronts, ce qui fut alors sa plus grosse erreur.

En tout plus de 750 000 combattants (dont plus de 2/3 de russes) et 250 000 civils trouvèrent la mort durant cette guerre hivernal, et c'est cette bataille qui vit l'apparition d'une nouvelle forme de guerre urbaine, celles des « Zikans » ou tireurs d'élite. Des attaques stratégiques, sur de longues distance et aussi précises que mortelles contre des installations et des points névralgiques des postes avancés.

DANS LA LIGNE DE MIRE

Entre légende urbaine et réalité enjolivée l'histoire de Vasily Zaitsev suffisait à elle seule à réveiller la flamme patriotique des soldats de l'armée rouge. Héros de guerre russe qui aurait tué plus de 300 soldats allemands à l'aide de son fusil sniper, Vasily fut recruté en 1937 et devint rapidement lieutenant sur le front russe en 1942 dans le 1047ème régiment de fusil , c'est suite à ses prouesses sur le champ de bataille que le commandement allemand aurait envoyé Erwin Konig, chef instructeur dans une école de tir allemande pour le traquer et le tuer.

La seule source de ce récit venant de Zaitsev il n'en fallait pas plus pour créer une légende. Dans cet état de fait il était donc difficile à l'auteur du roman original (qui a pourtant œuvré à une recherche de plus de 5 ans) d'offrir une source fiable à l'œuvre de Jean Jacques Annaud.

Qu'à cela ne tienne pourquoi rester fidèle à l'histoire stricto sensu quand la réalisation parvient à combler les incertitudes. Et en la matière Jean Jacques Annaud s'impose là. Le réalisateur oscarisé en 1976 pour Black and White in Color et césarisé en 1986 et 1989 pour Le Nom de la Rose et L'Ours nous offre le grand spectacle attendu avec à la clé un budget colossal de 60 millions de dollars et une pléthore d'acteurs chevronnés.

La trame narrative en plus de suivre le duel entre Vasily (Jude Law) et Konig (Ed Harris) suit la romance passionnée entre le jeune soldat russe et une guerrière de la résistance incarnée à l'écran par Rachel Weisz. Un casting de « gueules » complété par Ron Perlman (HellBoy), Bob Hoskins (Who framed Roger Rabbit) et Joseph Fiennes (Shakespeare in Love) qui met en lumière la guerre psychologique entre les forces en présence, une guerre des nerfs entre des soldats abattus par les conditions de combat et la dégradation  de leurs ressources.

Car en ce temps de mort où chaque centimètre de terrain se gagnait au sang versé la seule façon de tenir était encore de croire à ses chances et au moral de son armée. Enemy at the Gates nous plonge littéralement dans l'enfer de Stalingrad, et dans le quotidien de Vasily, de l'arrivée de Konig à leur affrontement final, en passant par l'attention dont il fera l'objet par son gouvernement et la jalousie qu'il inspirera à ses proches.

Loin de la débauche d'effets visuels, des super-explosions et des mitraillages à tire larigot Stalingrad se veut plus posé et offre, comme le thème du film l'oblige, des séquences de traques immersives entre les 2 ennemis, sublimées par la composition de James Horner (BraveHeart, Willow, Apollo 13...). Des combats plus discrets mais qui jusqu'à lors étaient éclipsés par le front de la guerre, témoins des conditions de vie en temps d'occupation et de siège.

VERDICT

Bien que romancé et américanisé dans les grandes lignes Enemy at the Gates est un film fort et captivant qui bien qu'ayant eu un accueil critique mitigé demeure malgré tout un des meilleurs films de Jean Jacques Annaud et une reconstitution assez fidèle de l'épisode de la bataille de Stalingrad et de la guerre des snipers.

La preuve en est les multiples clins d'œil et séquences de tirs introduites dans les jeux de guerre après sa sortie, comme la campagne russe du jeu Call of Duty 2 ainsi que les jeux centrés uniquement sur cette classe militaire tels que la série des Sniper Elite.

Une nouvelle façon d'entrevoir la guerre et une pierre de plus à l'édifice de l'Histoire qui témoigne de sa pluralité exhaustive et qui démontre que de tous temps certains hommes sont nés pour devenir des héros.

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  • "Tant qu'il y aura des hommes il y aura des guerres" - Albert Einstein