Info sur le film |
Titre originalHidden Figures |
Durée 127 min |
GenreDrame biographique |
RéalisateurTheodore Melfi |
SortieMars 2017 |
Les figures de l'ombre
Lorsque l'on évoque la conquête de l'espace, dans les années 60 on pense souvent à des personnages comme John Glenn et Neil Armstrong, aux premiers pas sur la lune ou encore aux images vintage de la salle de contrôle de Houston remplie d'hommes en chemise blanche et lunettes larges, arborant un air sérieux.
Ces images sont bien entendu vraies, mais incomplètes. Où sont donc passées les femmes et les afro-américains ? Etaient-ils absents ou ont-il été simplement écartés de la version officielle ? Car s'il n'apparaissent pas sur les photos, certains d'entre eux y ont néanmoins participé.
En effet, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la future NASA manque cruellement de compétences scientifiques et mathématiques. Afin de pourvoir à ses besoins, elle ouvre certains postes à un vivier de talents encore inexploité : les femmes et les afro-américains.
Dans une Amérique encore largement ségrégationniste, ce sont ainsi plusieurs dizaines de "super calculatrices" afro-américaines qui vont être recrutées par la prestigieuse agence spatiale.
À l'ère pré-informatique, elles effectuent à la main les quantités astronomiques de calculs nécessaires au programme spatial. Moins payées que leurs collègues blanches - elles mêmes bien entendu moins bien payées que leurs collègues masculins – reléguées dans une aile excentrée, assignées temporairement dans un service ou un autre en fonction des besoins, elles ont été parmi les milliers d'anonymes qui ont permis aux astronautes américains de s'aventurer au-delà de ce qui semblait possible jusque-là.
Inspiré de faits réels, "Les Figures de l'ombre" se focalise sur le parcours de trois femmes ayant réellement existé : Katherine G. Johnson, Dorothy Vaughan et Mary Jackson. La première effectua - entre autres - une partie des calculs nécessaires à la mise en orbite et au retour de John Glenn, les deux suivantes ont été respectivement la première cadre et la première ingénieure aérospatiale afro-américaines de la NASA. Des femmes qui vont se frayer un chemin à la force de leur volonté et de leur intelligence.
Autour d'elles gravitent d'autres personnages intéressants, comme celui d'Al Harrison, incarné à l'écran par Kevin Costner, mélange fictionnel de différents directeurs de la Nasa. Il s'avère être un de ces hommes qui, sans être fondamentalement féministes ou anti-ségrégationnistes, s'intéresse davantage aux capacités intellectuelles et à l'efficacité des membres de leur personnel qu'à leur sexe ou leur couleur de peau.
Pour d'autres, en revanche, ces nouvelles collègues vont inspirer la méfiance – celle reservée aux afro-américains en général, mais également la peur de perdre leur travail : et si elles s'avéraient plus brillantes qu'eux-mêmes ?
Une plongée dans l'Amérique de la ségrégation, mais également au coeur de la Guerre froide et de la Conquête de l'espace. Une crainte des Russes et un rêve spatial qui à eux deux peut-être, étaient seuls capables d'unir toutes les communautés de l'Amérique dans un même élan. C'est d'ailleurs ce qui frappe le plus, dans Les figures de l'Ombre : ce ton qui n'est ni dramatique, ni revendicatif, mais très résolument volontaire. La volonté d'une nation à être la première, et la volonté de fer de ces femmes pionnières qui ont mené une carrière de haut niveau intellectuel, élevé des enfants – parfois seules – et réussi à repousser les limites de ce que la société leur imposait doublement.
Très hollywoodien – entendez consensuel et classique - Les Figures de l'ombre s'avère cependant efficace, avec le mérite tout particulier de ne pas chercher à jouer la carte de la victimisation : ces femmes ont vécu un contexte particulièrement défavorable mais c'est justement parce qu'elles ont refusé de se voir comme telles qu'elles ont pu aller de l'avant et repousser sans cesse les limites qu'elles soient sociales, techniques ou scientifiques. Des portraits de femmes pleins de vie, d'humour, d'espoir, et un bel hommage rendu à ces scientifiques méconnues.
- Akialam Lectrice, spectatrice, visiteuse d'expo et blogueuse !Twitter | Facebook
- “La première et la plus simple émotion découverte par l'esprit humain est la curiosité.” Edmund Burke
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