Info sur le livre
Titre originalUne splendide petite guerre, Cuba : 1898
AuteurPatrice Amarger
ÉditeurÉditions de la Bisquine
GenreEssai historique
Sortie18 septembre 2014
Nombre de pages364

Une splendide petite guerre, Cuba : 1898

Discab
Thématique
Guerre hispano-américaine
29 septembre
2014

En septembre, difficile pour un lecteur régulier d'échapper à la rentrée littéraire. Que vous soyez fervent abonné ou âpre boycotteur de ce rendez-vous annuel, reste qu'il encombre les étalages de nos libraires pendant plusieurs semaines, et pas forcément pour nous présenter les auteurs les plus intéressants. Alors, comment choisir parmi ces quelques 650 nouveaux romans ? Rien de plus simple : suivez nos bons conseils !

Nous vous parlions le 18 septembre du lancement jeudi dernier d'une nouvelle collection par les éditions de la Bisquine (voir la news). Jeune maison au projet éditorial clairement défini, elle se propose de traiter de sujets historiques divers et variés, mais toujours à sa manière. De Louis XVI à Theodore Roosevelt (à ne pas confondre avec Franklin !) en passant par Napoléon Ier, vous l'aurez compris, La Bisquine nous fait voguer à travers le temps pour rencontrer quelques-unes des personnalités les plus fascinantes de notre Histoire. Exemple avec Une splendide petite guerre de Patrice Amarger (en photo-ci-contre).

Patrice Amarger n'en est pas à son coup d'essai. Passionné d'Histoire, il a déjà publié quelques romans, dont notamment une grande fresque historique en trois volumes chez Robert Laffont, contant l'invasion Mongole au XIIIe siècle : La domination du monde. Mais c'est à La Bisquine qu'il confie son dernier texte Une splendide petite guerre.

Penchons-nous quelques instants sur ce roman pas si commun.

Sous-titrée Cuba 1898, le roman nous plonge dans ce conflit méconnu qui opposa l'Espagne et les États-Unis à la fin du XIXe siècle. L'enjeu ? Cuba. Le joyau des colonies espagnoles fait preuve depuis un certain temps de violentes velléités d'indépendance. La couronne se montre de moins en moins capable de maîtriser sa colonie et bon nombre d'habitants rejoignent l'insurrection. Le général Valerià Weyler i Nicolau, surnommé Weyler le boucher, met en place une politique dite de « Reconcentration ». Il s'agit dans les faits de parquer la population dans des zones surveillées, des taudis dans lesquels les gens meurent dus à la faim et à des conditions sanitaires atroces.

New York Journal

Dans le même temps, sur le sol américain, une autre guerre se joue : la guerre de la presse. Deux journaux influents, le New York World de Joseph Pulitzer et le New York Journal de William Randolph Hearst, se livrent un combat sans merci. Partisan d'un journalisme à sensation, sans scrupule, Hearst utilise l'affaire cubaine pour exciter l'opinion publique et réclame une intervention américaine. Pris dans cette spirale infernale, Pulitzer répond et ajoutera lui aussi l'huile qui embrasera le conflit.

Porté par une écriture originale, le récit se parcourt avec aisance. Nous sommes loin de l'hyper réalisme balzacien. Si Patrice Amarger fonde son écriture sur une connaissance et une transmission précises des faits, celle-ci passe plutôt par des dialogues inspirés que par de longues descriptions. On ne restera pas insensible par exemple à ce passage ou l'auteur imagine une conversation entre Hearst et Pulitzer, chacun expliquant son point de vue, défendant sa méthode, tout ceci avec une extrême politesse derrière laquelle on ressent bien sinon la haine, au moins l'hostilité mutuelle que se vouent les deux hommes. De la même façon, les lieux et personnages ne nous sont pas présentés de pied en cap, mais de préférence comme le ferait un guide, remettant sans cesse en contexte de la manière la plus ludique qui soit.

Le colonel Roosevelt et ses hommes

Vous l'aurez compris, pas question ici de se mettre dans la peau d'un personnage et de le suivre d'un bout à l'autre du conflit. C'est peut-être le principal reproche que l'on puisse faire à l'ouvrage. Si on le parcourt du début à la fin avec une grande aisance, c'est que nous sommes curieux de connaître les tenants et aboutissants de cette guerre méconnue. Si le lecteur venait à ne pas s'intéresser au récit historique, il lui serait difficile d'en voir le bout, ne pouvant s'accrocher à un personnage fort et attachant qui le retiendrait dans sa lecture. Ce parti pris est cependant totalement assumé et, si le récit contextuel vous plaît, vous prendrez plaisir à découvrir un très bon texte de genre.

Verdict

Un vent frais souffle sur le roman historique. Ce vent pousse La Bisquine à nous offrir d'excellents textes dont Une splendide petite guerre est le parfait exemple. Roman précis et léger à la fois, il réussit par son écriture inventive à tenir en haleine le lecteur tout au long du récit, et ce malgré le manque de véritable personnage fort. Un très bon texte que nous conseillons, pour tout type de lecteur.

  • Discab Contributeur
  • "D'abord, apprenez que je ne suis point le défenseur du peuple ; jamais je n'ai prétendu à ce titre fastueux ; je suis du peuple, je n'ai jamais été que cela, je ne veux être que cela ; je méprise quiconque a la prétention d'être quelque chose de plus." Maximilien Robespierre