Info sur le jeu |
PlateformePC Windows |
ÉditeurXbox Game Studios |
Développeur
|
Date de sortieNovembre 2019 |
Age of Empires II : Definitive Edition
Des modes, moi, je commence à en avoir vu passer un certain nombre. Celle des MMO, celle des mondes ouvert, celle des lootboxes, celle des Battle Royale… et maintenant, celle des remasters. Et ça, c'est une mode comme je les aime.
Remasteriser l'immense Age of Empires II, voilà qui n'était pas une tâche facile. Les deux premiers épisodes figurent en effet au panthéon des grands jeux de stratégie, aux côtés des glorieux Warcraft, Empire Earth et autres Command & Conquer.
Et c'est facile, de rater un remaster : la refonte d'Age of Empires premier du nom était un cas d'école : le jeu était le même qu'il y a vingt ans, mais comme le déplorait le camarade Zog, il se trouvait perclus de problèmes de pathfinding, d'intelligence artificielle, et cantonné au Windows Store pour cause d'exclusivité.
Certes, depuis le tir a été largement corrigé à grands coups de patchs et de mises à jour en pleine figure, avant de sortir le jeu sur Steam. Mais, le mal était fait, et la méfiance était de mise.
Eh bien, je puis vous rassurer de suite : cela n'a rien à voir. Oui, le remaster d'Age of Empires II est une complète réussite.
Et commençons par dissiper les doutes : Age of Empires II DE est une intégrale. C'est-à-dire qu'il comprend le jeu de base, ainsi que son extension, The Conquerors, mais également les trois autres extensions développées par le studio Forgotten Empires suite à la ressortie du jeu sur Steam sous le nom d'Age of Empires II HD en 2013 : Rise of the Rajas, The African Kingdoms, et The Forgotten.
Et il comprend encore une toute nouvelle extension, la cinquième, donc, développée pour l'occasion : The Last Khans.
Voilà qui assure un contenu donc particulièrement conséquent, et pour lequel vous n'aurez pas à poireauter durant des mois, chose rare de nos jours dans le monde du jeu vidéo.
Aucune importance donc que vous connaissiez par cœur la multitude de campagnes solo : vous allez les recommencer. Bien sûr, que vous allez les recommencer ! Qu'il s'agisse de l'épopée du Cid ou de Jeanne d'Arc, de Saladin ou de Suryavarman, aucune ne manque à l'appel et elles ont la même odeur de bon vieux temps qu'il y a vingt ans. Toutes ces histoires, centrées autour d'un personnage historique et dépeignant chacune une ou plusieurs civilisations, dressent un immense tableau de ce qu'était le monde au Moyen-Âge.
L'Europe de l'ouest, de l'est, l'Afrique, le Moyen-Orient, l'Asie, l'Océanie et le Nouveau Monde. Aucun ne manque à l'appel et je tiens à souligner à nouveau cet effort qui a été fait, de s'intéresser à des régions et des civilisations, jusqu'ici presque voire totalement absentes du paysage vidéoludique : quels jeux permettaient de découvrir l'histoire de l'empire du Mali, ou celui du royaume de Thaïlande ?
Second bon point : le ravalement de façade est très réussi. Les développeurs ont conservé la même méthode que pour la Definitive Edition du premier jeu : rester en graphismes de type 2D isométrique, tout en les adaptant aux standards modernes. Je vous laisse juges du résultat sur les captures d'écran. La AoE II DE bénéficie de superbes effets de flammes, de lumières, d'ombrages, d'animations de personnages ou d'eaux. Reconstitués à l'identique en améliorant donc tout ce qui pouvait encore l'être, les graphismes du titre fourmillent toujours autant de détails, ce qui garantira à n'importe qui à commencer par votre serviteur, de passer de longues heures à bâtir la plus belle forteresse médiévale pendant que l'ordinateur met à feu et à sang tout le reste de la carte.
Du précédent remaster, Age of Empires II DE garde également ces superbes animations de destruction de bâtiments, dont les pierres s'effondrent au sol de manière parfaitement fluide.
En parlant de fluidité, on trouverait difficilement à y redire. Techniquement, le titre est impeccable et tourne fort bien, même sur une configuration datée de cinq ans; et se trouve plus généreusement doté en options graphiques, sonore et d'interface que son aîné, ce qui n'est pas un mal non plus.
2019 oblige, le jeu a été remis aux standards actuel du multijoueur : mode spectateur, parties classées, clans, serveurs dédiés, replays, tournois, tout le nécessaire pour se faire humilier par des coréens de treize ans dans la joie et la bonne humeur.
On trouve également dans cette nouvelle édition une petite série de défis, que nous vous avons présentés dans la vidéo ci-dessous. En tant qu'élève assidu des préceptes de Sun Tze, ces défis sont visiblement conçus comme un ajout au tutoriel d'origine et permettent d'optimiser ses démarrages et ses tactiques.
Mais un des meilleurs ajouts réside dans les nouvelles campagnes. The Last Khans met en lumière trois des rares peuples qui n'avaient pas encore eu l'honneur d'apparaître dans cette encyclopédie vidéoludique : les Coumans, les Tatars et les Bulgares. Essentiellement des civilisations de cavaliers ; venus des steppes d'Eurasie et des plaines d'Europe de l'est, souvent dans le sillage des terribles hordes mongoles.


Parfaitement dans l'esprit des campagnes classiques, elles narrent des aventures que l'on suit avec attention (précisons au passage que les textes narratifs de toutes les campagnes ont été réécrits ; on ne leur avait rien demandé, mais c'est bien fait) ; et les nouvelles civilisations sont bien équilibrées.
Les Coumans accèdent tôt aux machines de guerre et peuvent produire très vite de la cavalerie, mais demandent une certaine maîtrise pour être utilisés à bon escient tôt dans la partie. Les Tatars capitalisent sur des archers de cavalerie efficaces et des cavaliers qui produisent de l'or en infligeant des dégâts ; ce qui incite aux tactiques de raids. Et les Bulgares profitent d'un cœur de fantassins plus robustes épaulés par une bonne cavalerie légère.
Que manquait-il à ça ? Des améliorations notables de l'interface utilisateur, qu'on accueille avec plaisir. Les groupes d'unités mémorisés par raccourcis s'affichent en bas de l'écran; une option a été ajoutée pour ressemer à nouveau les fermes passées en jachère, la file de production et de recherche s'affiche en haut à gauche de l'écran. Il y a encore le nombre de villageois affectés à telle ou telle ressources qui se trouve mentionné sous ces dernières; ou la possibilité de mettre en file de production plusieurs technologies ou unités différentes, ou encore celle de pouvoir indiquer de longues chaînes d'actions et de déplacement à vos villageois ou unités, ce qui facilite la gestion de votre empire à haut niveau.


Alors, quid de ce que l'on pourrait reprocher à cette nouvelle version ? Pas son prix, pas non plus son intelligence artificielle (étrangement, le jeu vous laisse le choix de jouer contre l'IA de 1999, celle de la version HD de 2013, ou une toute nouvelle) qui est toujours aussi bonne, accessible dans les bas niveaux et horriblement brutale dans les plus élevés.

Le pathfinding était un gros défaut de l'IA du premier jeu remastérisé: oubliez ça, celui-ci est sans taches.
Vous avez apprécié The Age of Kings ? Vous apprécierez aussi sa Definitive Edition. Peut-être que le remaster d'Age of Empires premier du nom était un coup d'essai, auquel cas, celui du second est un essai indéniablement transformé. On ferait difficilement un meilleur remaster.
À la rigueur, pourrait-on souhaiter une intelligence artificielle qui construit des bases mieux organisées, moins dispersées, ressemblant un peu plus à de réelles cités et forteresses, ou des unités adaptées à leurs civilisations (les Malais sont moyennement crédible en pouvant recruter... des chevaliers médiévaux). Mais, c'est bien tout ce qu'on pourrait lui reprocher.
Age of Empires II : Definitive Edition
Toujours sur son trône
- +Très beau
- +Bien optimisé
- +Contenu colossal
- +Bien équilibré
- +Communauté active et doté de tout le nécessaire pour un multijoueur compétitif
- +Ajouts d'interface et de gestion bienvenus
- -L'IA ne sait toujours pas réellement gérer ses fortifications, ni construire des semblants de cités.
- -Certaines civilisations utilisent des troupes assez... incongrues (chevaliers chez les Malais, fantassins à épée longue chez les Incas).
Graphismes
C'est la marque de fabrique visuelle de la série que d'afficher une foule de détails à l'écran, et ce remaster ne déroge pas à la règle. La nouvelle 2D isométrique est superbe et l'identité visuelle de la série parfaitement respectée.
Technique
Aucun bug ni plantage n'a été constaté durant le test de la version que nous avons reçue ; cependant de rares utilisateurs sur Steam ont fait remonter des problèmes d'écran noirs ou de lancement. On gage que ça sera patché assez vite.
Jouabilité
Un modèle du genre, l'excellente prise en main d'Age of Kings est agréablement actualisée avec les ajustements du studio Forgotten Empires.
Durée de vie
Déjà extrêmement conséquente avec ses nombreux modes de jeu solo et coopératifs, la durée de vie est confortablement étalée une nouvelle fois avec pas moins de 26 campagnes comprenant entre cinq et sept scénarios chacun. À cela, il faut ajouter un mode défi, un éditeur de scénarios et un mode multijoueur : autant dire qu'à moins de connaître par coeur le jeu, Age of Empires IV sortira avant que vous ne vous lassiez de celui-là.
Ambiance
Absolument rien à redire. Qu'il s'agisse des bâtiments, des unités, de la bande-son adaptée à chaque civilisation ou des magnifiques campagnes, le seul moyen d'être dérangé dans cette ambiance médiévale, c'est de jouer une partie d'escarmouche à la tête des Aztèques contre les Vietnamiens.
Scénario
Le jeu ne dispose pas d'un scénario général mais d'une trentaine de scénarios différents, traversant tous les continents sur mille ans d'Histoire. C'est simple : à l'heure actuelle, aucun autre jeu vidéo historique sur le marché ne peut prétendre égaler Age of Empires II DE sur ce point.
Cernunnos Testeur, Rédacteur
- "Messieurs, c'est une plage privée! Je crois que nous dérangeons!" - Un officier britannique sur Sword Beach