World War II Online : un retour sur Steam qui dépoussière un vieux classique
World War II Online : Battleground Europe. Sorti en 2001. Etant trop jeune à l’époque, il m’avait échappé, et si pour moi, la référence en matière de FPS durant mes premières années sur PC restait Battlefield 1942, mon avis aurait été sans doute différent si j’avais connu le jeu du studio américain Cornered Rat Software.
Un jeu énorme qui réapparait sur le devant de la scène
Pourquoi reparler d’un jeu datant de 2001 me direz-vous ? Tout simplement parce qu’il vient d’être porté sur Steam, où il est téléchargeable gratuitement. Le jeu en question, pour ceux qui comme moi ne le connaissaient pas, est tout simplement fantastique, surtout si on le replace dans le contexte de l’époque de sa sortie.
Imaginez : un énorme champ de bataille représentant le front occidental en 1940, divisé en villes elles même séparées en plusieurs quartiers et zones d’objectifs à capturer. La Belgique, la France, le Luxembourg, une partie de l’Allemagne et des Pays-Bas…l’ensemble est colossal !
Ajoutez-y alors les armées allemandes, françaises, américaines et britanniques représentées, avec énormément de matériels propres à chaque pays modélisé fidèlement... la possibilité de jouer en char, en avion, en bateau... d’adopter un poste de servant d’arme antichar ou antiaérienne... Pour un jeu vidéo datant de 2001, c’est tout simplement titanesque. Je peux par ailleurs vous affirmer que je tiens ce discours en toute objectivité, car n’ayant pas connu le jeu à l’époque, je ne suis aucunement sujet au doux sentiment de nostalgie.
C’est à ma connaissance le seul jeu de ce type où la quasi-totalité de l’équipement français de 1940 a été modélisé fidèlement. Malgré des graphismes clairement vieillissants et qui paraissent ultra moches aujourd’hui, hors de question de bouder son plaisir.
Une expérience plaisante... sous conditions
Jugez World War II Online avec des critères actuels, et vous en arriverez nécessairement à la conclusion que le jeu est horriblement laid et dépassé, que ses animations manquent de fluidité, ou encore que son code source est loin d’être optimisé.
Pourtant, porter un tel jugement ne fait aucunement sens, et si vous êtes incapable de dissocier le jeu de l’époque actuelle, il n’y a dans ce cas aucune chance pour que vous trouviez l’expérience plaisante. Pour savourer World War II Online en 2017, il faut en permanence se rappeler qu’il est sorti en 2001, et que à l’époque, c’était époustouflant de réaliser un jeu aussi vaste et rempli en termes de contenu.
Bien évidemment, en comparant à ce qui se fait de nos jours, le jeu n’est pas beau et il est loin d’être au niveau sur tout un ensemble de domaines. Le portage sur Steam n’a aucunement revisité les graphismes, la jouabilité ou le gameplay. Bien que l’on puisse désormais afficher le jeu sur des résolutions hautes allant jusqu’à du 1920*1080 pixels, le jeu est resté, hormis cela, identique à ce qu’il était en 2001. Le fait de le relancer sur Steam a donc davantage vocation à lui donner un second souffle et à relancer la communauté en multijoueur, dont il dépend grandement.
De plus, si le jeu est en dessous dans tout un tas de domaines par rapport à ce qui se fait de nos jours, il en conserve pas moins d’énormes avantages dans d’autres. À commencer par son contenu pharaonique et par le nombre d’unités différentes qu’il modélise et dont nous avons déjà parlé dans cet article. Hormis cela, le jeu présente un ensemble de mécaniques qui, si elles sont devenues standards dans les jeux actuels, étaient totalement novatrices et révolutionnaires à l’époque de sa sortie ! On pourra notamment citer la présence d’une jauge d’endurance et d’une capacité de sprinter, qui n’était pas présente dans les premiers Call of Duty et autres Battlefield ou Medal of Honor...
Autre impact énorme, l’ampleur du multijoueur de World War II Online. Si aujourd’hui, héberger une partie avec une centaine de joueurs sur une vaste carte semble relativement aisé du fait de la généralisation de l’internet haut débit, faire la même chose en 2001, époque bénie du modem 56k et des balbutiements de l’ADSL, était loin d’être une partie de plaisir.
Conclusion évidente de cette partie, si les vieux graphismes vous rebutent, vous ne pourrez évidemment pas apprécier World War II Online. Si toutefois vous n’êtes pas du genre à vous arrêter pour si peu, il est alors possible que vous vous amusiez encore dessus en 2017, tant le jeu est intéressant... D’autant plus que des jeux qui sortent de nos jours font sans doute moins bien en terme de contenu pur.
Un jeu dont le plein potentiel se révèle en coopération
World War II Online se présente comme une simulation en vue à la première personne. Pour faire une équivalence, c’est quelque peu Arma avant l’heure, et massivement joué en multijoueur. Le plein potentiel d’un jeu offrant autant de possibilité en matière d’équipements et d’armements ne s’atteint toutefois, on s’en doute, uniquement lors d’opérations massives jouées en coopération avec de nombreuses autres personnes sur un serveur vocal.
En effet, le volet social est très développé. Pour pleinement s’amuser, mieux vaut prendre part aux évènements et autres opérations organisées par les différentes brigades et unités présentes sur le jeu. Il est aussi recommandé de s’engager dans l’une de ces unités, par exemple la 2ème BAM française, très active. C’est en jouant en groupe que l’on peut tirer le meilleur de World War II Online, avec des véritables missions lancées sur des zones géographiques ciblées en vue de faire avancer la carte stratégique et la ligne de front.
Si vous tentez l’expérience en loup solitaire, il y a en revanche fort à parier que vous allez passer à côté de beaucoup de choses, et manquer l’essence même de ce qui fait que le jeu est une réussite.
Outre ceci, le jeu propose un système de grades qui vous permettra de débloquer l’accès à plus ou moins d’équipements selon vos performances sur le champ de bataille. Un abonnement est également achetable pour avoir accès à davantage de contenu et pour accélérer sa progression. Notez toutefois qu’il est peu onéreux, et qu’il est par ailleurs pleinement possible de s’amuser sans débourser le moindre centime, même si cela vous restreint l’accès à pas mal de véhicules, il faut bien l’avouer.
Un FPS qui laisse une grande marge de liberté au joueur
Vis-à-vis du jeu en lui-même, il se sépare en deux niveau : la carte stratégique du champ de bataille, visible depuis le menu du serveur, et le champ de bataille en lui-même.
Lorsque vous rejoignez le serveur, vous apercevez cette carte stratégique. Elle vous présente la ligne de front et la liste des opérations en cours. Sélectionnez une ville et une unité, et vous plongerez alors au combat.
Vous réapparaitrez alors sur le terrain, dans le rôle que vous aurez sélectionné, variant selon les ressources disponibles et mobilisées par votre faction. À partir d’ici, le jeu suit les codes du FPS. La carte est divisée en objectifs à contrôler et le but consiste la plupart du temps à s’emparer de ces objectifs ou de les défendre, afin de maintenir son emprise sur la ville. Toutefois, notez qu’une liberté totale vous sera laissée, à vous et à votre équipe, afin de mener à bien la mission.
Une fois de plus, le fait de jouer en coopération et en équipe reprend tout son sens, puisque vous verrez souvent à l’œuvre des chaines de commandement qui tentent d’organiser une tactique cohérente sur le terrain.
Le résultat est donc plutôt plaisant, encore une fois à la condition d’accepter de jouer avec des graphismes relativement laids, et en coopération avec de nombreux autres joueurs.
Conclusion : ARMA avant l'heure
En jouant à World War II Online, on croit découvrir un Arma avant l’heure. L’expérience de jeu est relativement agréable, une fois dépassé les réticences d’ordre cosmétique. Le jeu rame quelque peu, mais reste très jouable, et si l’on s’intègre au sein d’une unité de joueurs motivés, on passe rapidement de bons moments et plusieurs longues sessions à tenter de s’emparer / défendre une ville belge, française, allemande ou hollandaise.
Un jeu qui ne peut pas être mis entre toutes les mains, mais qui ravira les amateurs de la campagne de 1940 et réveillera la flamme chez de nombreux nostalgiques, sans le moindre doute.