Époque moderneGuerre de Sept Ans
Raid de Saint-Malo, 1758 - bis repetita pour la Navy
Malgré d'importantes défaites pour la France et l'Autriche durant l’année 1757, la progression générale des coalisés face aux Britanno-Hanovriens et aux Prussiens est bonne. Hanovre se voit même être occupée à la suite de la victoire française de Hastenbeck le 26 juillet 1757. En conséquence, l'Angleterre réagit par l'intermédiaire de William Pitt, chargé d'organiser la stratégie britannique sur le continent via les « descents » (lire le raid de Rochefort).
Au début de l'année 1758, Frédéric II de Prusse ne peut contenir tous les attaquants. Il a besoin de l'aide anglaise pour continuer à détourner l'attention des Français.
Le contexte
Dans un souci de répondre à la demande prussienne, William Pitt réitère son projet de descente en France malgré l'échec de Rochefort en 1757. Le Premier ministre insiste pour que l'action se situe aux abords de la Manche afin de permettre un retour rapide en cas de besoin. Ainsi, durant le mois d'avril 1758, le comité militaire en charge des opérations désigne la cible. Ce sera Saint-Malo et ses alentours.
Le projet est définitivement approuvé le 19 mai 1758. L'opération est de nouveau considérable : 22 navires de lignes, 8 frégates et 150 navires de transport pour 13 000 soldats.
La flotte est dirigée par l'Amiral George Anson, premier lord de l'Amirauté, et les troupes terrestres sont conduites par le Duc de Marlborough, Charles Spencer.
L'expédition a pour but d'enfoncer le couteau dans la plaie. En effet, la France éprouve des difficultés au Hanovre : l'Angleterre y a fait appel à des mercenaires pour repousser les forces françaises. L'opération est conjointe avec une offensive sur le Rhin menée par Ferdinand de Brunswick.
Le raid
Le 1er juin 1758, la Royal Navy lève l'ancre et prend le chemin pour la baie de Cancale. Elle y arrive le 5 juin où un premier débarquement y est effectué. Les troupes posent pied à terre à environ 15 km à l'est de la ville et s'établissent à proximité de la route de Dol.
Certains soldats et marins britanniques tentent de mettre à sac certains magasins de la ville de Cancale. Ils sont - en partie - capturés et pendus. Les ordres qu'ont reçu les officiers sont clairs : bien qu'en temps de guerre, les règles doivent être respectées pour ne pas ternir l'image de l'armée britannique et de sa marine.
Le duc de Marlborough constate plusieurs soucis. Le terrain entre les deux villes est chaotique, donnant du fil à retordre aux artilleurs pour amener les armes de siège à proximité de la cité fortifiée. Qui plus est, l'un des but de Spencer est de couper la route en eau potable et en approvisionnement pour obliger la garnison à se rendre. Mais celle-ci répond vite par plusieurs tirs de canons. En réponse, les navires de lignes et frégates font feu à leur tour faisant taire les canons français.
Pour les officiers anglais, il paraît difficile de prendre Saint-Malo, car il faut mener un long siège. Chose qui n'est pas possible dans leur situation puisque les Anglais craignent de s'exposer à l'arrivée de renforts...
De plus, Saint-Malo présente un fronton avec pas moins de 250 canons, tous prêts. La garnison se compose du régiment du Boulonnais qui est bien entraîné.
Néanmoins, au devant de la ville de Saint-Malo, se trouve le port de Saint-Servan, sans défense. Plusieurs centaines de navires de commerce et de corsaires s'y trouvent. Sans mal, les Britanniques y pénètrent le 7 juin 1758 et mettent le feu à une trentaine de navires corsaires et une centaine d'autres embarcations.
Le 8 juin 1758, les batteries de Saint-Malo font feu sur Saint-Servan pour empêcher les Anglais d'y établir leur artillerie, plusieurs incendies éclatent dans la ville. Charles Spencer décide de lever le camp et se dirige vers Paramé.
Durant les jours suivants, des reconnaissances sont menées de part et d'autres pour sonder l'arrivée de renforts. Les rapports sont sans appel, des dragons du régiment de Languedoc souhaitent rejoindre les troupes de Basse-Bretagne, et prendre en étau les Anglais.
Le 11 et 12 juin, les Britanniques rembarquent et quittent le sol français. Pendant une semaine, ils croisent le long des côtes françaises pour y faire des repérages dans l'optique de nouveaux raids.
Ils rentrent définitivement en Grande Bretagne à la fin du mois de juin 1758.
Conséquences
Ces raids laissent planer un doute sur les autorités françaises. Lorsque la nouvelle d'une flotte aussi conséquente est connue, on craint que celle-ci puisse y débarquer ses troupes pour faire jonction avec les hommes du Duc de Brunswick ayant traversé le Rhin auparavant.
Bien que ce ne fut pas le cas au final, ces raids intempestifs, qui n'ont permis de prendre aucune ville, laissent apparaître une faille sur les façades de l'Atlantique et de la Manche. En conséquence, des hommes sont assignés à la défense des côtes françaises.
Ainsi, la politique des « descentes » commence à porter ses fruits : des troupes françaises sont dépêchées pour protéger ce nouveau front...
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