Époque moderneGuerres napoléoniennes
Bataille de Rivoli
Quelques temps après la bataille de Castiglione, le 8 septembre 1796 à Bassano, Dagobert Von Wurmser fut à nouveau défait par les troupes françaises, et alla s’enfermer dans la forteresse de Mantoue.
Ce point stratégique détenu par les Autrichiens, forts d’environ 30 000 hommes, était la clé de voûte pour les Français afin de continuer leur offensive sur l’Autriche. Ils devaient à tout prix s’en emparer pour poursuivre leurs opérations.
Face à la menace française grandissante, une nouvelle armée autrichienne de 45 000 hommes fut levée sous le commandement d’un général assez connu : Josef Alvinczy von Borberek. Ce dernier connaissait Bonaparte puisqu'il a croisé le fer avec lui à la bataille d'Arcole, le 17 novembre 1796.
Suite aux récentes victoires de l’armée française à la fin de l’année 1796, la maison d’Autriche commence à s’inquiéter et fait le nécessaire afin que le général autrichien reçoive suffisamment d’hommes. Des bataillons partirent de Vienne quand d’autres furent levés dans le Tyrol afin de fournir un effectif considérable à l’armée d’Autriche. L’armée française avait elle reçu de nouvelles troupes compensant les pertes d’Arcole et du siège de Mantoue.
Pour défaire les Français, les Autrichiens mirent au point une stratégie qui est la suivante : Il devait y avoir deux attaques, l’une via le Monte-Baldo avec un contingent important et la seconde – moins importante - devait attaquer sur le bas de l’Adige, dans les plaines du Padouan.
Toutes deux étaient indépendantes. Si l’une échouait, l’autre permettait de libérer les troupes autrichiennes du siège de Mantoue et de faire la jonction avec Wurmser. Ensuite, s’ils réussissaient, ils avaient prévu d’établir un contact avec Rome et de soulever les armées du Pape contre Bonaparte, le forçant à créer deux forces distinctes, pour diviser l’armée française.
Josef Alvinczy prit le commandement de l’attaque principale avec environ 28 000 hommes. Le général Provera, lui, avait le commandement de 17 000 hommes et attaqua sur le bas de l’Adige.
Les Français se répartissaient sur un territoire assez large. Le général Serrurier était toujours en charge du siège, Masséna était à Vérone et Joubert à la Corona (au-devant du plateau de Rivoli).
Premiers combats et prémices de la bataille de Rivoli
Le 12 janvier 1797, le général Joubert essuya de nombreux assauts sur la Corona mais résista. Selon les différents rapports émanant de ce côté du front, le gros de l’attaque autrichienne semblait porter sur le bas de l’Adige.
À ce stade, le plan des Autrichiens ne fut pas encore dévoilé et les Français semblaient considérer cette attaque comme la moins importante.
Le 13 janvier 1797, à dix heures du soir, Napoléon reçoit les rapports sur le bas de l’Adige et le Monte-Baldo.
Le général Joubert lui fait part qu’à partir de 9h du matin ce même jour, de très grandes forces autrichiennes s’étaient déployées, mais qu’en début d’après-midi, il aperçut la présence de troupes autrichiennes le contournant par sa gauche, longeant le lac Garda. De plus, il remarqua qu’une autre division tentait de le déborder par la droite.
Il prit l’initiative de se replier sur le plateau de Rivoli, qu’il avait faire tenir par une brigade au préalable avant de rejoindre cette position. Il précisa aussi que s’il ne reçoit pas de contrordre il évacuera la zone dans la nuit.
Avec les rapports, Bonaparte comprit qu’il y avait deux attaques. L’une principale sur Monte-Baldo et une autre sur le bas de l’Adige et pouvant faire jonction sur le plateau de Rivoli. Mais cette jonction apporterait un avantage aux Autrichiens : cavalerie et artillerie se rejoindront. Il devenait impératif aux troupes françaises d’empêcher cette rencontre.
Bonaparte donna ses ordres, et les troupes se mirent en route pour le plateau de Rivoli. En parallèle, la division Augereau reçut l’ordre de contenir l’attaque du général Provera sur le bas de l’Adige, pendant que Bonaparte, Joubert et Masséna se préparaient à l’assaut principal.
Alors que Joubert opérait sa manœuvre de repli comme prévu, il reçut un contrordre de tenir le plateau et fut rejoint par Bonaparte avec ses troupes vers 2h00 du matin. Avant l’aube, pas moins de 20 000 combattants français étaient présents pour s’opposer au 28 000 de Josef Alvinczy.
Masséna avait pour ordre de venir rejoindre le gros des forces à Rivoli, mais celui-ci se trouve encore bien loin ; quelques jours auparavant, il était encore au-devant de Vérone, soit à plus de 200km de là...
La bataille
Les Autrichiens prévoient 6 colonnes d’attaques :
- La 1ère : commandée par Lusignan avait pour but de cerner le plateau de Rivoli par le Monte Pipolo.
- La 2ème et la 3ème : commandée par Liptai et Koebloes respectivement, avait pour but d’attaquer la gauche du plateau (droite française).
- La 4ème : commandée par Ocskai, devait se diriger sur la chapelle San Marco.
- La 5ème : Commandée par Quasdanovich avec le gros de l’artillerie et de la cavalerie marchait sur la rive droite de l’Adige pour faire une percée au défilé de l’Incanale.
- La 6ème : commandée par Vukassovich marchait sur la rive gauche de l’Adige, avec pour but de surgir par l’arrière, non loin de la 5ème colonne.
Très tôt, aux alentours de 4h du matin , Joubert reçut l’ordre d’attaquer la 4ème colonne et de reprendre la chapelle San Marco, sans même attendre les renforts de Masséna. Une intense fusillade s’engagea avec les Croates de la colonne d’Ocksai et le reste des troupes avant de la repousser jusqu’à la crête Monte-Magnonne au jour.
Mais voilà, Joubert se retrouva confronté à la 2ème, 3ème et 4ème colonne autrichienne. Les Français s’essoufflèrent peu à peu face à la supériorité numérique, et ils perdirent San Marco.
Les troupes de Liptai poussèrent et, avant 9h du matin, arrivèrent sur la gauche du plateau de Rivoli. Ces derniers n’avaient pas d’artillerie et tombèrent nez à nez avec les 14e et 85e demi-brigades qui en avaient. Toutefois, fort de leurs avancées précédentes, la 85e fut poussée et dû se replier. La 14e, elle, presque débordée, tenait.
Heureusement, les troupes de Masséna étaient arrivées après une très longue marche. Le général en chef (Bonaparte) alla à sa rencontre et ensemble, allèrent au contact de l’ennemi. Les 32ème, 18e et 75e demi-brigades se portèrent sur l’ennemi et en moins d’une demi-heure culbutèrent les Autrichiens qui menaçaient durement les Français. Liptai fut repoussé au Monte-Baldo, et les troupes de Masséna protégèrent le flanc gauche.
Pendant ce temps, Vukassovich éprouva les hommes de la 39e demi-brigade qui gardait le passage à l’Incanale, l’objectif de Quasdanovich, et qui tenta de s’y porter.
De plus, Quasdanovich vit au loin de nombreux combats sur le plateau, pensant que les choses jouaient en sa faveur, il décida se porter sur la chapelle San Marco, abandonnée par les Français précédemment. Mais le terrain est vallonné, la pente est rude pour les Autrichiens à monter, ces derniers commencèrent à être épuisés.
Joubert, voyant la colonne de Quasdanovich, décida de faire rétrograder plusieurs bataillons et de les porter face à la 5ème colonne. Les combats s’engagèrent et les Français, avec l’avantage de la hauteur repoussèrent les Autrichiens. La réserve de cavalerie commandée par Leclerc et Lasalle chargea la tête de colonne et poussa encore les troupes autrichiennes.
Par ce biais, Quasdanovich et Vukassovich qui – de manière générale - devaient tomber sur la droite française, furent stoppés net. La 5ème colonne qui était chargée par la cavalerie, par Joubert et par une batterie d’artillerie française qui était sur le plateau de Rivoli, les empêcha de prendre le défilé de Incanale et de porter préjudice à l’armée française. Leurs troupes devinrent alors inutiles à la bataille.
Le flanc droit français plutôt sécurisé par Joubert, se porta au centre (du moins en partie). C’est-à-dire face à Liptai, Koebloes et Ocstai. Mais, Masséna qui avait poussé Liptai au matin de la bataille se retrouva un peu enfoncé dans le dispositif autrichien. À tel point que le flanc droit des généraux cités ci-dessus fut à sa merci. Le tout doublé par l’arrivée des hommes de Joubert et de Lasalle, il n’en fallait pas plus pour semer la panique dans les rangs des fantassins autrichiens dépourvus d’artillerie et de cavalerie.
Pendant ce temps, la 1ère colonne de Lusignan qui devait cerner le plateau de Rivoli en prenant le monte Pipolo, arriva sur sa position après quelques combats. Elle vit les colonnes autrichiennes de Koebloes, Ockstai et Liptai fuirent. Très vite, elle comprit ce qu’il l’attendait et, aussitôt, se fit canonner par quinze pièces de douze pendant un quart d’heure, avant de tomber face aux troupes françaises qui l’ont débordé de partout. En effet, sur ses arrières, une division française de réserve commandée par le général Rey lui tomba dessus. Fuyant et se croyant totalement cernée (alors que pas véritablement), la quasi-totalité de cette colonne autrichienne se rendit.
Conséquences
La bataille fut gagnée. Les Français prirent douze pièces d’artillerie, des drapeaux et environ 7 000 prisonniers.
Le lendemain, Alvinczy avec le reste de ses hommes tenta un repli, mais le moral des troupes autrichiennes étant au plus bas, ils se verront entièrement couper par les Français qui les poursuivirent l’épée dans les reins. Les Français finiront par capturer environ 5 000 Autrichiens à nouveau.
Masséna l’enfant chéri de la victoire
Le général Masséna a été fait Duc de Rivoli par la suite pour avoir joué un rôle décisif dans cette bataille après avoir fait 150km en deux jours avec ses hommes. Les 12 dernières heures furent en marche forcée.
Comme il est écrit dans le livre : Histoire de la Révolution Française, volume 2 : « Aussi Bonaparte écrivait-il avec orgueil que ses soldats avaient surpassés la rapidité tant vantée des légions de César ».
Ainsi, sur les 28 000 hommes de la maison d’Autriche, environ 10 000 furent capturés et entre 2000 et 4 000 furent tués, blessés ou disparus.
Les Français déplorèrent la mort de 3 000 morts ou blessés sur un effectif total de 22 000 hommes.
Ce fut une nouvelle victoire décisive pour la France. Mantoue tomba le 2 février. L’Italie du Nord n’avait plus aucun point pouvant barrer la route de Vienne. S’en suivra le traité de Paix de Tolentino, permettant la paix avec les États Pontificaux (qui devront dédommager la France avec de lourds tribus et pertes territoriales).
Quelques mois plus tard, la paix de Campo-Formio fut signée, mettant fin à cette guerre franco-autrichienne.
Sources
- Napoléon Bonaparte, Mémoires de Napoléon : Tome 1, La campagne d'Italie (1796-1797), Editions Tallandier, 2010, 338 pages.
- Napoléon Bonaparte, Mémoires pour servir à l'histoire de France sous le règne de Napoléon Ier, écrits à Sainte-Hélène, sous sa dictée, par les généraux qui ont partagé sa captivité, Paris : Garnier frères, 1904. À retrouver sur Gallica.
- M. de Barante, Histoire du Directoire de la République Française, Volume 2, Didier (Paris), 1855. À retrouver sur Gallica.
- Hammer Le petit Napoléon, Ancien membre d'HistoriaGames
- "Ce qui ne me tue pas me rend plus fort." Alexandre III le Grand
"Du sublime au ridicule, il n'y a qu'un pas." Napoléon Bonaparte