Plus de vingt pyramides découvertes au Soudan
La revue britannique Sudan and Nubia a publié récemment les résultats d'une campagne de fouilles archéologiques menées au cœur du Soudan, à Sedeinga.
Menée par une équipe française sous la direction de Claude Rilley et Vincent Francigny, la mission archéologique a travaillé dans le cadre de la mission Sedeinga Archeological Unit, dirigée par l'université de la Sorbonne et le ministère des Affaires Etrangères. Entre 2009 et 2013, les archéologues ont travaillé à la fouille en profondeur de ce site, où se trouve une nécropole méroïtique, datée du royaume de Koush.
Rappelons à toutes fins utile que le royaume de Koush fut un des plus puissants royaumes de l'Afrique de l'est, voisin immédiat de l'Égypte à sa frontière sud et qui a existé du IIIème millénaire jusqu'au VIIIème siècle avant notre ère. Il englobait la Nubie égyptienne et s'est trouvé lié à différents niveaux à son célèbre partenaire, aussi bien militaire que commercial et religieux. Le site de cette nécropole prestigieuse située entre la seconde et troisième cataracte était déjà connu pour le temple de la reine Tiyi, épouse du pharaon Amenhotep III.
Deux rangées de pyramides datées de la période de Méroé avaient déjà été découvertes dans les années 90. Les fouilles récentes ont permis de découvrir en 2011 pas moins de 26 nouvelles pyramides, et 57 tombes qui y sont associées.
"La densité de pyramides dans cette zone est énorme. Parce que cela durait des centaines d'années, ils ont construit de plus en plus de pyramides et après des siècles, ils ont commencé à remplir les espaces qui étaient encore disponibles dans la nécropole", confie Vincent Francigny à LiveScience.
Évidemment différentes de leurs cousines égyptiennes, les pyramides méroïtiques sont de dimensions plus réduites et construites en briques rouges; mais avec une architecture interne plus élaborée qui a attiré l'attention des scientifiques, car rappellant les jardins “à la française” du XVIIe siècle, avec une coupole centrale et des renforts latéraux sur les diagonales du monument. Au nombre de six, ces pyramides à coupoles internes n'existent qu'à un seul autre endroit dans le royaume, sur le site de Méroé Ouest.
Le site ayant malheureusement souffert d'un pillage quasi-intégral au cours des siècles, les tombes sont toutes vides et peu de vestiges ont subsisté ; les archéologues ont néanmoins pu découvrir plusieurs corps et des céramiques permettant une datation précise du site. L'étude paléographique (la science des inscriptions, ndlr) permet en outre de penser que le site a été réutilisé au moins une fois, comme c'est souvent le cas. Plus curieux, une stèle en bon état de conservation a été exhumée, gravée d'une inscription mentionnant une femme nommée “Aba-la”, qui désignerait selon toute probabilité “la grand-mère”.