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En fin de compte, Cartapus est mort en octobre au lieu du mois d’août. C’est ce qu’il ressort d’une découverte récente faite sur une domus en cours de fouille à Pompéi (la ville est perpétuellement l’objet de recherches, le site n’est pas complètement exploré).

Sur un des murs de cette domus, on a donc découvert un graffiti laissé par un pompéien, qui comporte la date de son inscription : « XVI K NOV », ce qui signifie « le seizième jour avant les calendes de novembre », c’est-à-dire le 17 octobre.

Mais, clameront les historiens, qu’est-ce que c’est que ces batacouéques ? Pourtant les écrits de Tacite sont formels : la ville a été ravagée par le Vésuve le 24 août 79 ap. J.-C. !

Eh bien, il faut croire néanmoins que l’historien s’est trompé, puisque l’auteur du graffiti était encore vivant presque deux mois après la date supposée ; on peut donc affirmer que l’éruption du Vésuve ne peut être survenue que le jour même, ou après. Deux mois ne font pas grosse différence, me direz-vous ; cela dit, l’affaire vient corroborer les indices relevés depuis plusieurs années dans les couches archéologiques fouillées, qui laissaient déjà à penser que l’éruption avait eu lieu au beau milieu de l’automne, et pas en plein été.

« Des recherches récentes permettaient déjà d’affirmer que ce n’était pas la bonne date. On a observé beaucoup de fruits d’automne à Pompéi : noix, figues, châtaignes, pruneaux, grenades et même des sorbes qui se récoltent encore non mûres entre septembre et octobre. », confie Alix Barbet, directrice de recherche honoraire au CNRS et éminente spécialiste des peintures romaines. « On a la preuve que les vendanges étaient terminées. Il y avait de la lie, ainsi que des pépins de raisin, et les grands récipients en terre cuite étaient pleins et scellés dans deux villas. Or, les textes des agronomes antiques, comme Columelle mais aussi Pline l’Ancien, précisent que les vendanges commençaient à l’équinoxe d’automne – le 21 septembre – pour se terminer au coucher des Pléiades, le 11 novembre. ». Il faut ajouter à cela le grand nombre d’habits lourds et de braseros trouvés à Pompéi, dénotant un refroidissement des températures consécutif à l’automne.

Cependant, il est inutile d’accabler le malheureux Tacite, car « des épigraphistes ont, ces dernières années, ressorti d’autres copies de sa lettre à Tacite dont certaines mentionnent le neuvième jour avant les calendes de novembre et non pas celles de septembre », ajoute Mme Barbet.

Ce qui laisserait à penser que ce sont les moines copistes médiévaux qui se sont trompés en recopiant le texte, qui, lui, comportait la bonne date. Affaire à suivre.