Récit

AntiquitéGuerres puniques

Deuxième guerre punique

Maréchal de l'Empire
Thématique

Après la défaite des Carthaginois à la fin de la première guerre punique, Carthage dut payer des sommes considérables à Rome, créant ainsi de gros problèmes financiers. Ainsi, les mercenaires qui furent employés durant la première guerre ne purent être payés. Et de nouveau, Carthage entra dans une guerre qui dura trois ans. Rome en profita pour annexer la Sardaigne et la Corse et devenir par la suite, une véritable puissance maritime.


Les différentes phases de la Seconde guerre punique
source : http://commons.wikimedia.org/wiki/File%3ASecond_Punic_War_full-fr.svg

Hamilcar Barca en Hispanie

Après la Guerre des Mercenaires, Carthage souhaita quand même étendre son territoire. Mais un conflit opposa deux grandes familles, l'une préférait passer un accord avec Rome et avancer dans les terres africaines, tandis que l'autre famille, celle d'Hamilcar Barca, souhaitait se tourner vers l'Hispanie (Espagne actuelle). Les deux familles se disputèrent au cours d'une guerre politique, qu'Hamilcar perdit. Ainsi, on lui refusa la flotte mais Hamilcar  réussit à réquisitionner des mercenaires et partit à la conquête de l'Hispanie pour s'accaparer de nouvelles terres et de nouvelles ressources. En effet, ces terres regorgeaient de blé en abondance et de métaux rares et précieux, de quoi permettre de reconstituer la puissance d'autrefois.

Une fois l'armée arrivée sur le sol hispanique, la conquête commença sans l'accord du Sénat carthaginois. De 237 à 229 av. J.-C., l'armée carthaginoise prit différents territoires et surtout s'assura de les consolider. Toutefois en 229, Hamilcar trouva la mort au combat. C'est son gendre répondant au nom d'Hasdrubal le Beau qui prit alors le commandement de l'armée. Avant sa mort, Hamilcar envoya de nombreux biens à Carthage. Une façon de faire comprendre que la conquête en Hispanie s'était bien déroulée. Son gendre continua à consolider les différents territoires et fonda une ville du nom de Carthago Noeva (Carthagène).  En 226, Rome et Hasdrubal signèrent un traité qui partagea la péninsule Ibérique en deux zones d'influence. L'Èbre constituait alors la frontière entre les zones et les deux puissances s'interdirent d'agir en quoi que ce soit sur les terres adverses sous peine d'entrer en guerre. En 221, Hasdrubal fut tué par un esclave gaulois dont il avait fait mourir le maître. Son beau-frère Hannibal prit alors le commandement de l'armée.

Hannibal entre en scène

Hannibal Barca, sculpté par Sébastien Slodtz. Louvres

C'est à Sagonte, que la seconde guerre punique vit le jour. La cité se trouvait sur la côte Est de l'Hispanie (à 25 km au nord de la ville de Valence). Hannibal avait une profonde haine envers Rome et un "esprit de vengeance". Ainsi en 219, en attaquant Sagonte - qui était une cité alliée de Rome située au sud de l'Ebre - Hannibal savait qu'il se dirigeait tout droit vers la guerre entre les deux puissantes factions. Mais Rome, faisant sans doute preuve d'un peu de mauvaise foi, déclara que les limites imposées en 241 n'étaient pas fixées au niveau de l'Ebre au nord de l'Espagne mais d'un fleuve côtier au Sud de Sagonte : ainsi c'était Hannibal qui se retrouvait en tort !

Grâce à cette "explication", Rome arriva à conserver la paix des Dieux mais pas pour longtemps. Rome cherchait à tout prix à éviter une guerre et envoya un ambassadeur à Hannibal pour arrêter le siège. Ce dernier ne souhaitant pas le recevoir, Rome en envoya un autre au Sénat de Carthage. Mais encore une fois, elle se heurta à un mur puisque le Sénat soutenait Hannibal. Après des débats houleux, la guerre devint inévitable, Carthage avait franchi les limites imposées, en attaquant un allié, le sénat refusait de livrer Hannibal... les dés étaient jetés. Vers la fin de l'année 219 av. J.-C., la seconde guerre punique fut déclarée.

Hannibal en route pour l'Italie

Au début de l'été 218, Hannibal décida de partir à l'assaut de l'Italie par voie terrestre, car cela était impossible pour lui par la mer en raison de son infériorité navale. Il partit avec une armée d'environ 100 000 hommes et 37 éléphants. Il passa les Pyrénées sans trop d'encombre, vainquit quelques tribus gauloises, puis arriva dans les environs de la vallée du Rhône, où les tribus gauloises étaient neutres. Les Carthaginois cherchèrent tout de même le soutien des tribus avoisinantes pour sa conquête contre Rome, mais en vain. De plus, des alliés gaulois de Rome harcelaient les troupes d'Hannibal.

Par la suite, pendant 18 jours, l'armée carthaginoise traversa les Alpes, tout en étant toujours harcelée par d'autres peuples et en subissant les premières neiges et le froid. C'est ainsi que le chef de l'armée carthaginoise, parti avec 37 éléphants, arriva en Italie avec seulement 2 pachydermes.

Les premières victoires carthaginoises

Une armée qui se trouvait prête à embarquer sous le commandement du général romain Cornelius Scipio dut mettre fin à ses plans pour se porter à hauteur d'Hannibal qui devenait fort menaçant pour Rome. Cornelius Scipio franchit le Pô et le Tessin en octobre 218. Hannibal, qui venait d'achever la descente des Alpes se porta à son tour à la rencontre de Cornelius. Ce fut la bataille du Tessin et aussi la première défaite romaine. Toutefois, une armée romaine était toujours positionnée en Sardaigne, dans l'espoir d'envahir Carthage par voie maritime. Mais aux vues des difficultés rencontrées par l'autre armée romaine au Tessin, l'armée de Sardaigne décida de venir en renfort, et effectuer une fusion avec l'armée de Cornelius pour affronter Hannibal, une nouvelle fois. Mais une fois de plus, à la bataille de la Trébie, les Romains essuyèrent une lourde, très lourde défaite. Cornelius Scipio  avait un doute sur la fidélité des tribus gauloises et pour cause, aussitôt la bataille remportée, ses craintes furent confirmées quand les tribus se rallièrent à Hannibal.

Toujours poussé par ses victoires, le vainqueur carthaginois continua son avancée pour arriver en Etrurie. C'est alors qu'une nouvelle armée romaine commandée par Gaius Nepos fut prête à contrer Hannibal. Mais encore une fois, le 21 juin 217 avant J.-C., les Romains furent vaincus. L'armée romaine tomba tout simplement dans un terrible piège aux abords du lac Trasimène. Au moins 18 000 Romains furent tués, ainsi que leur leader.

Toujours fort de ses succès, Hannibal espérait pouvoir rallier d'autres tribus ou cités mais en vain, car ces dernières ne réagirent pas au grand désespoir du Carthaginois. En 216, une nouvelle armée fut prête à combattre l'ennemi de Rome, commandée par les consuls Varron et Paul Emile. Varron voulait un affrontement à Cannae, dans la région des Pouilles. Elle eut lieu le 2 août 216 et fut célèbre pour l'incroyable stratégie d'Hannibal, un véritable chef-d'œuvre tactique, et l'annihilation quasi-totale des légions romaines. Environ 45 000 légionnaires y perdirent la vie en plus de 20 000 autres faits prisonniers.

Hannibal bloqué en Italie

Hannibal poursuivit son avancée dans les terres Italiennes. Il séjourna à Capoue pour ses quartiers d'hiver. Il ne put recevoir du renfort car la flotte carthaginoise redoutait celle de Rome. Son armée fut alors immobilisée à Capoue. C'est un épisode connu sous le nom des "délices de Capoue" pendant lequel se serait ramollie son armée.

Mais voilà, au début de l'année 215 av. J.-C., Philippe V de Macédoine et Hannibal signèrent une alliance. Informés de cela, les romains parèrent toutes attaques et tous navires macédoniens qui pourraient débarquer des troupes à l'encontre de Rome. La première guerre macédonienne fut lancée. Toutefois, par la diplomatie, la cité de Rome arriva à mettre sur le bas côté la Macédoine.

Les frère Gnaeus Cornelius Scipio et Publius Cornelius Scipio décidèrent de se porter sur l'Hispanie. Là-bas, ils ne rencontrèrent  qu'une faible résistance et y remportèrent une victoire navale en 217 à l'embouchure de l'Ebre et reprirent la ville de Sagonte. Ils arrivèrent aussi à empêcher les frères Magon et Hasdrubal de passer pour rejoindre leur frère Hannibal. Cela ne fut que de courte durée puisque en 211 av. J.-C., les frères romains furent battus et tués.

Scipion entre en scène

Buste de Publius Cornelius Scipio Africanus

A Rome, un homme commença à se faire remarquer, Publius Cornelius Scipio Africanus, le fils de Publius Cornelius Scipio. En 209, Scipion prit le port de Carthagène en libérant des otages ibères. Grâce à cette action, les peuples ibères allaient commencer à se rallier à Rome contre Carthage. Scipion affronta Hasdrubal, lors de la bataille de Baecula qui fut une victoire romaine mais qui n'empêcha pas cette fois-ci les Carthaginois de passer vers le Nord, vers les Pyrénées...

Ayant franchit les Pyrénées, Hasdrubal s'installa en Gaule pour l'hiver. Une fois l'hiver passé, la jonction fut décidée entre Hannibal et son frère Hasdrubal mais voilà qu'un homme, le consul Caius Claudius Nero, entra en scène. Hannibal se trouvait dans le sud de l'Italie. Nero laissa une partie de son armée bloquant ainsi Hannibal et partit à la rencontre d'Hasdrubal au fleuve Métaure au nord de l'Italie. Lors de la bataille du Métaure, considérée comme l'une des batailles décisives de l'Antiquité, les Carthaginois furent vaincus et Hasdrubal tué. Le moral romain remonta car cela coupa les "résidants de Capoue" de tout renfort.

Scipion en Afrique

En 206, Scipion partit en Afrique chez les Numides et rencontrer leur chef afin de signer un traité. Puis, il affronta les troupes carthaginoises, commandées par Magon qui prit la fuite, en Hispanie, vers Cadix notamment et mit un terme aux conquêtes carthaginoises de ce côté du continent.

Fort de ses succès, Scipion devint un candidat à l'élection de consul en 205. Il proposa une expédition en Afrique, plus particulièrement sur le territoire de Carthage. Durant les années 205 et 204, il se prépara à partir. Durant l'année 205, une paix de statu quo fut conclue entre Philippe V de Macédoine et Rome. Puis en 204, Scipion débarqua aux abords de Carthage mais tout ne se déroula pas comme il l'eut souhaité. En effet, il n'arriva pas à prendre Utique, une cité portuaire située actuellement au nord de la Tunisie. Il conclut ensuite une alliance avec le roi de la Numidie orientale (ou roi des Massyles) Massinissa et prit ses quartiers d'hiver entre Utique et Carthage. Durant l'année 203. Scipion lança des attaques sur les troupes carthaginoises et de Numidie occidentale et remporta de nombreuses batailles dont celle des Grandes Plaines.

Sachant que le défaite était à sa porte, Carthage négocia avec Scipion qui en sortit grandi et victorieux puisque il accepta les conditions de victoire suivantes : l'évacuation des forces carthaginoises en Italie et en  Gaule cisalpine, l'abandon de l'Espagne, la cession de la flotte maritime, le paiement d'une indemnité de 5 000 talents. Pendant ce temps, les négociations pour ratifier le traité traînèrent à cause des opposants de Scipion. Mais quelque chose vint à se produire. Alors que Carthage était écrasée par les conditions de Scipion, elle se retrouva dans une situation de disette. Un navire de ravitaillement romain qui approchait des côtes fut intercepté et le conflit recommença de plus belle.

Alors que l'armée d'Hannibal était de retour au pays et que la guerre avait redémarré, les Romains (aidés des Massyles) affrontèrent les Carthaginois à Zama le 19 octobre 202. Ce fut l'affrontement décisif qui scella définitivement le sort de cette seconde guerre punique puisque Hannibal perdit la bataille au prix de lourdes pertes. Rome, du moins Scipion, en sorti à nouveau victorieux. C'est à ce moment-là que Scipion fut surnommé "Scipion l'Africain". De nouvelles conditions furent imposées, plus lourdes encore. En effet, Carthage dut abandonner l'Espagne et les Baléares, céder sa flotte, payer une lourde indemnité de 10 000 talents sur 50 ans et ne commettre aucune action militaire sans l'accord de Rome.

Ainsi s'acheva la seconde guerre punique remportée par les Romains.

  • HammerHammer Le petit Napoléon, Ancien membre d'HistoriaGames
  • "Ce qui ne me tue pas me rend plus fort." Alexandre III le Grand
    "Du sublime au ridicule, il n'y a qu'un pas." Napoléon Bonaparte