Info sur le jeu
PlateformePC Windows
Éditeur
  • Matrix Games
  • Slitherine Software
DéveloppeurShenandoah Studio
Date de sortieAvril 2018

March to Glory

Marin S.
Thématique
Guerres napoléoniennes
16 avril
2018

La période napoléonienne est une époque qui ravit les passionnés d’histoire militaire. Appliquant la théorie de manœuvre développée notamment au cours du XVIIIe siècle par le théoricien français de Guibert, notamment dans Essai Général de Tactique (1772), Napoléon Bonaparte a ajouté un sens stratégique et tactique particulier.

Il a créé des établissements pour officiers, mis en place des corps d’armée pour rationaliser le ravitaillement, et a conquis une bonne partie de l’Europe, avant la Bérézina et la course vers la ruine d’un Empire dans les steppes enneigées de Russie.

De nombreux wargames, jeux de figurines et jeux vidéos ont essayé de reproduire l’expérience napoléonienne, et ce dès les années 80.

Celui qui s’en charge cette fois-ci, c’est Shenandoah Studio. Les Philadelphiens nous ont déjà proposé la série Crisis in Command et le plus récent Gettysburg : The Tide Turns (2017). Leurs jeux proposés sont généralement accessibles et dotés d’une interface fonctionnelle. Exit dont la Seconde Guerre mondiale et la Guerre de Sécession, et place à la guerre napoléonienne.

Test de March to Glory1. Les forces françaises, prêtes à l’emploi. Vous voyez le front (bleu et rouge), les rivières, les forêts et les villes indiquées par un nom. Les icônes au-dessus des troupes sont des compétences. Je n’ai choisi ni le déploiement, ni la distribution.

De bons jeux sur Napoléon ?

Pour revenir sur des softs plus récents, on retrouve aussi bien des STR comme Cossacks II : Napoleonic Wars (2005) ou des jeux de tactique « grand public » comme Napoleon : Total War (2010), qui allient beaux graphismes et jouabilité correcte, mais qui sont loin d’être les meilleurs des deux séries.

Dans les TPS qui prennent leur temps, on retrouve par contre deux bons softs : le vénérable Mount & Blade : Napoleonic Wars (2012) au sein de la série bien connue, et le récet Holdfast : Nations at War dont HistoriaGames vous rabâche les oreilles à intervalles réguliers. Des armes plus lentes, la possibilité pour des équipes de faire des lignes comme au bon vieux temps de la fin du XVIIIe siècle pour lâcher des salves sur l’adversaire, et le bruit des trompettes au petit matin...

Test de March to Glory2. La bataille fait rage au sud. Les charges de cavalerie désemparent mes troupes, et l’ennemi a de redoutables pièces d’artillerie disposées sur des collines et qui profitent de la reconnaissance pratiquée avec la cavalerie. Evitez de trop marcher : en vous déplaçant de deux provinces, vos troupes ne répondent plus au feu adverse.

Mais c’est surtout dans le domaine du wargame qu’on retrouve des softs bien plus réflexifs : Ageod’s Wars of Napoleon (2015) avec son système hiérarchique et ses tours en simultanés ; Scourge of War : Waterloo (2015), qui reprend la formule tactique d’un Total War avec une dose de difficulté supplémentaire et une gestion des ordres différentes ; March of the Eagles (2013) développé par Paradox Interactive, mais qui ne réussit pas à transporter véritablement un jeu de conquête dans la grande stratégie.

En fin de compte, malgré l’intérêt de la période historique, peu de jeux de stratégie ou de tactique récents se démarquent du lot. Et ce ne sera pas le cas non plus du jeu dont nous allons parler aujourd’hui.


Test de March to Glory3. Au nord, je déborde l’adversaire qui ne s’attendait pas à ce que je trouve son unité d’artillerie, tandis que mes unités d’infanterie tiennent la ville qui redonne chaque tour des recrues. Il y a plusieurs formations prises par les unités en fontion de ce qu’elles font (lignes, charge) donnant des modificateurs divers.

La simplicité brute

Il a pourtant quelques arguments à faire valoir. Contrairement aux autres jeux tactiques édités par Slitherine, comme Field of Glory II (2017) ou Pike & Shot (2014) qui multiplient le nombre de mécaniques, d’unités et de terrains, la formule développée par les développeurs de Shenandoah Studio est simple, même presque simpliste pour un jeu de cette trempe.

Les unités sont à peine différentes les unes des autres, et partagées entre infanterie, cavalerie et artillerie, avec une poignée de caractéristiques (feu, mouvement, portée, compétences liées à l’unité ou à l’expérience) et de terrains (ville, forêt, marais, rivière, plaine, colline).

Sur les cartes que nous proposent le soft, point d’hexagones : vous retrouverez des provinces de différentes tailles, formes donnant au terrain de jeu l’aspect d’un puzzle qui donne parfois bien peu de latitudes à la manœuvre…

Le jeu est assez simple dans son exécution. Dans une dizaine de scénarios établis à l’avance et dans lesquels vous jouez les Français, vous pouvez accorder de l’expérience à certaines unités avant la bataille pour développer des compétences, comme des bonus de dégâts sur des collines, des bonus de dégâts, de moral ou de reconstitution des effectifs, au sein d’un système sympathique mais qui ne nous enlève pas l’idée qu’on ne contrôle même pas le déploiement des troupes... Et ce même dans les escarmouches !

Test de March to Glory4. Mes troupes tiennent la rive nord et ouest, empêchant des charges de cavalerie intempestive, sauf pour les sacrifiés… A l’est, vous voyez des troupes ennemies qui ont perdu trop de moral pour tenir. Elles se replient, puis reviendront dans quelques tours, sauf si elles sont détruites entre temps par une charge de cavalerie qui les dispersera automatiquement.

Les joueurs aimant être pris par la main seront ravis, mais jouent-ils vraiment à ce genre de jeux ? Car il est vrai que le système se laisse bien appréhender, et que c’est avec un certain plaisir qu’on arpente les scénarios, en essayant de déborder un corps installé dans une ville, de percer une ligne adverse à l’aide de charges de cavalerie qui désorganisent l’infanterie, pour ensuite lancer une salve d’artillerie au milieu des hommes désemparés.

Même les graphismes, faits sur Unity, ainsi que les représentations des forces et des territoires sont correctes, et donnent un cachet assez esthétique au jeu, malgré une musique répétitive. Le jeu se paye même le luxe d’avoir une interface claire et un tutoriel qui vous met dans les clous très rapidement, chose que vous n’attendez pas d’un wargame en temps normal.

Comprenez-moi bien, un vrai travail d’accessibilité a été mis en place sur March to Glory. Le jeu est captivant, et on se prête vite aux attaques et contre-attaques. Seulement voilà, vous n’aurez jamais la profondeur de jeu qu’on aurait pu attendre à l’aide de davantage d’unités, de cartes plus grandes, et de mécaniques supplémentaires.

D’un autre côté, pour 16-17 euros, vous obtenez une simulation relativement amusante qui ne vous donnera pas l’eau à la bouche pendant longtemps, mais sera accessible... si l’intelligence artificielle avait un peu plus de répondant. On est loin du niveau d’un Field of Glory II à ce niveau-là : beaucoup d’initiatives individuelles, peu de jeu de groupe. C’est dommage.

Test de March to Glory
Test de March to Glory  Test de March to Glory5. Le nord est à moi, et mon objectif est proche, mais solidement gardé. Mes forces s’amenuisent dangereusement. - 6. De courageux fantassins sont coupés du reste de mes troupes pour s’occuper de l’artillerie. Très mauvaise idée. Quelle mouche les a piqués ? - 7. L’ennemi tient solidement l’est, mon attaque est ralentie. Les Français n’auront pas de petit-déjeuner à Friedland !

Il est d’autant plus dommage que leur précédent soft proposait une expérience tactique plus profonde, avec de vraies différenciations entre les unités et un système d’activation spécifique, qui invitait à davantage réfléchir à ses actions.

5.0
March to Glory

Un petit jeu qui fait son travail : une expérience tactique captivante et bien faite. Mais le manque de scénarios et d’intérêts sur le long terme limitent cette expérience de jeu. C’est bien dommage face à un habillage aussi correct.
Intérêt historique :Oui c’est Napoléon, oui c’est plus ou moins des batailles connues, mais aucun général ou presque, des troupes pratiquement génériques, pas d’enjeu historique et une campagne assez limitée.
  • +Simplicité et lisibilité
  • +Une interface claire
  • +Un système de jeu addictif...
  • -...mais répétitif très vite et sans vraie compétition
  • -Une dizaine de scénarios seulement
  • -Pas assez profond

  • Marin S. Captain Sparke, Rédacteur en chef du Monde du Captain Sparke, Testeur, Chroniqueur
  • "La force de la cité ne réside ni dans ses remparts, ni dans ses vaisseaux, mais dans le caractère de ses citoyens." Thucydide, la Guerre du Péloponnèse.
  • Site : https://le-monde-du-captain-sparke.fr/