Info sur le jeu
PlateformePC Windows
Éditeur
  • Matrix Games
  • Slitherine
DéveloppeurMatrix Games
Date de sortieOctobre 2019

Close Combat : The Bloody First

Roi de Dreamland
14 octobre
2019

Alors que cinq longues années se sont écoulées depuis la sortie du dernier opus de la licence « Close Combat », Matrix Games et Slitherine surprenaient leur petit monde en annonçant, il y a de cela quelques mois, préparer un nouveau titre. Nouveauté majeure et principal argument de vente placé au centre de la stratégie marketing du jeu : celui-ci serait le premier de la licence à bénéficier d’un moteur offrant un rendu visuel en 3D.

La nouvelle n’avait pas manqué de faire son petit effet chez au sein de la petite sphère de connaisseurs et autres amateurs de cette série de jeux vidéo, tant la 2D en vue du dessus faisait partie de son ADN profonde, et ce depuis le tout premier « Close Combat », sorti en 1996.

Ainsi, la simple idée de pouvoir prendre en main cette série phare de stratégie en temps réel, tout en s’appuyant sur un moteur 3D permettant une meilleure compréhension et une meilleure lisibilité du mouvement et des actions de vos unités sur le champ de bataille en faisaient piaffer certains d’impatience, mais inquiétait également les plus méfiants d’entre nous quant au virage délicat et radical que les développeurs se donnaient le défi de réaliser.

Simple effet d’annonce, gadget bling bling totalement dispensable, ou bien évolution parfaitement maitrisée ? Réponse avec notre test.

Un jeu d'un autre âge

Malheureusement, nous sommes contraints de commencer ce test et de rentrer dans le vif du sujet en introduisant un premier point des plus négatifs, difficilement pardonnable qui plus est : Close Combat : The Bloody First a été mis en vente au public sans être fini, ni peaufiné. Développement chaotique ? Manque de moyens ? Sans doute un peu des deux...

Si les traductions françaises ratées d’Imperator : Rome avaient pu échapper à ma vigilance, ce ne fut pas le cas ici. Et pour cause : le jeu n’est tout simplement pas disponible en français en l’état actuel, contrairement à ce qui est annoncé, du moins pour son interface textuelle. Ainsi, lorsque vous cliquez sur le petit drapeau tricolore dans le menu principal, en haut à droite, pour passer le jeu dans la langue de Molière... rien ne se passe et c’est un affichage en langue anglaise qui persiste sur votre écran.

Test de Close Combat : The Bloody First  Test de Close Combat : The Bloody First

Quant aux options, elles sont minimalistes et vous ne pourrez régler quasiment aucun paramètre au niveau des graphismes, ni même changer vos touches de raccourcis. C’est à peine si vous avez le droit de modifier votre résolution sans que le jeu ne crashe et vous ramène sur le bureau… Cerise sur le gâteau, The Bloody First est par défaut paramétré en QWERTY et n’offre aucune possibilité de passage en AZERTY. Par conséquence, pour pouvoir bénéficier des bonnes touches de raccourcis, vous serez obligé de faire passer manuellement votre clavier au format anglais. Si vous préférez rester en format français AZERTY et que vous utilisez le clavier pour déplacer votre caméra, vos nerfs seront mis à rude épreuve et vous perdrez très probablement votre sang froid au bout de quelques minutes de jeu...

Ces exemples sont les plus marquants, mais ce ne sont hélas pas les seuls. Ils témoignent du point auquel Close Combat : The Bloody First a été mis en vente sans être fignolé. Le pire, c’est probablement que ce seront ces choses agaçantes qui vous sauteront aux yeux et contribueront à forger la première opinion que vous vous ferez du titre lorsque vous l’aurez entre les mains. Comme première impression, on a déjà vu bien mieux... Ainsi, Close Combat : The Bloody First ne commence pas de la meilleure des manières son opération séduction envers le joueur en lui rendant la tâche des plus complexes pour ce qui est de l’apprivoiser...

Autres aspects qui donnent la désagréable impression à Close Combat : The Bloody First d’être un jeu d’un autre âge : ses textures, ses cartes et sa modélisation 3D.

Test de Close Combat : The Bloody First

Bien qu’il ne s’agisse pas exactement du même genre de jeu, Company of Heroes, premier du nom, parvenait à faire bien mieux à sa sortie en 2006. Disons-le sans détour : Close Combat : The Bloody First a beau sortir treize ans plus tard, il est particulièrement laid et indigne d’un titre publié en 2019. Les textures sont moches, les couleurs fades, les cartes sont minuscules et la modélisation et l’animation des unités en 3D n’est que très peu détaillée. Il vous sera même possible de compter le nombre de pixel dans les explosions...

Alors, oui, les moyens humains et financiers mis à disposition du développement de Company of Heroes devaient être largement supérieurs à ceux de ce Close Combat. Oui, les graphismes n’ont jamais été la priorité de la licence et les anciens jeux, sans pouvoir être qualifiés de « beaux », étaient malgré tout excellents en s’appuyant sur un gameplay épuré, maitrisé, et solide, sans faille majeure.

Toujours est-il que ces excuses ne sont en rien recevables en 2019. Gros studios ou non, jeu AAA ou jeu de niche, qu’importe : il est simplement inacceptable de prétendre sortir un jeu avec un tel rendu de nos jours, surtout en le vendant au prix de 36,99 euros.

Test de Close Combat : The Bloody First

Si l’équipe de développement n’avait pas les moyens financiers ou les compétences techniques et humaines pour faire mieux et pour proposer quelque chose de décent en 3D, elle aurait très certainement dû revoir ses ambitions à la baisse et nous offrir un jeu en 2D, maitrisé, avec d’autres nouveautés pour venir constituer un intérêt et une pluvalue intéressante au joueur.

Enfin, on ne s’attardera clairement pas sur la musique, très moyenne et totalement oubliable...

Un gameplay malgré tout digne de ses ancêtres

Vous allez me dire : « Zog, tu es un crétin. On s’en fiche des graphismes pour un Close Combat et nyanyanya. Ce qui compte avant tout, c’est le gameplay ». Et vous aurez tout à fait raison. Heureusement, de ce côté-là, tout n’est pas à jeter.

Le cœur de Close Combat, ce qui en fait tout son intérêt, c’est bien évidemment le gameplay. Dans la mesure où les précédents titres ne proposaient que des graphismes minimalistes, qui plus est en 2D, le gameplay devait se sublimer pour parvenir à traduire de façon compréhensible au joueur l’action que ses troupes menaient sur le champ de bataille.

Sur ce point précis, on ne peut le nier : le passage à la 3D présente l’intérêt majeur d’offrir au joueur une lisibilité accrue des mouvements et des actions de ses hommes sur le terrain. Bien que l’interface utilisateur ne soit pas tout le temps aussi pratique qu’on le souhaiterait, notamment au niveau de la sélection des unités et de la prise d’ordres, de nombreux ajouts sympathiques ont ici été incorporé au jeu par les développeurs. Nul doute qu’ils faciliteront la compréhension que vous aurez du champ de bataille.

Test de Close Combat : The Bloody First

Tout d’abord, la 3D permet de mieux prendre en compte les reliefs du terrain, qu’il s’agisse d’élévation ou de dépression. Une touche de raccourci permet également de voir la ligne de vue directe qu’on vos unités selon leur localisation sur le champ de bataille. Ainsi, vous pouvez les placer de façon optimale pour tendre une embuscade à l’ennemi.

Si l’aspect visuel de Close Combat : The Bloody First se veut repoussant, son gameplay reste donc sérieux. Incorporant quelques nouveautés mineures liées au passage à la 3D, il s’appuie pour l’essentiel de façon assez sage sur la recette qui a fait ses preuves dans les précédents opus. Ainsi, les vieux de la vieille retrouveront bien vite des sensations familières, ce qui, en soit, n’est pas forcément déplaisant. On ne s’attendait en effet pas à ce que les développeurs réinventent totalement leur jeu, et même un passage à la 3D n’aurait su justifier cela.

Ainsi, vous devrez toujours prendre en compte les données essentielles que sont le degré de fatigue et la condition morale de vos troupes, mais également leur niveau de munitions restantes et leur positionnement sur le champ de bataille. Sur ce plan, Close Combat : The Bloody First reste un bon jeu de stratégie en temps réel et les batailles proposées, bien que se déroulant en général sur des cartes minuscules, restent nerveuses et intéressantes à mener.

Comme dans les Close Combat précédent, vous retrouverez également, selon le contexte tactique, la possibilité de faire appel à du soutien aérien ou d’artillerie hors carte. Assez puissants, ces bonus vous permettront de renverser l’équilibre des forces dans des situations délicates, ou à l’inverse d’enfoncer le clou pour garantir définitivement le succès d’une offensive victorieuse mettant l’ennemi en déroute.

Petit bémol toutefois, l’IA n’est pas toujours irréprochable et tentera parfois des absurdités. Cela s’observe surtout dans les affrontements entre véhicules. Dommage dans un jeu qui mise beaucoup sur le mode solo, même si le multijoueur offrira également un challenge intéressant aux joueurs les plus exigeants.

Un contexte historique intéressant, à défaut d'être original

La première division d’infanterie américaine, autrement appelée « Bloody First » ou « Big Red One »... Quel amateur d’Histoire digne de ce nom ne connait pas cette unité, ainsi que son parcours à travers le chaos du second conflit mondial ?

C’est bien là qu’est le problème. Le domaine du jeu vidéo a déjà traité à maintes reprises l’histoire de cette unité. J’en veux pour seul exemple que deux Call of Duty lui sont consacrés : Call of Duty : Big Red One, sorti sur consoles en 2005, et plus récemment Call of Duty : WWII, sorti en 2017.

Même si la Big Red One est intéressante en ce sens qu’elle a participé à la quasi-totalité du conflit durant le temps où les États-Unis furent impliqués sur le front Ouest, on ne peut que se montrer dubitatif face à la fausse originalité qu’elle représente en termes de contexte historique pour le joueur...

Quoiqu’il en soit, et à l’instar des anciens Close Combat, on retrouve une division du jeu en trois échelons :

  • Au niveau stratégique, les campagnes, avec au choix la grande campagne qui enchaine tous les théâtres d’opération dans l’ordre chronologique ou alors la possibilité de jouer individuellement l’une des trois campagnes de Tunisie, de Sicile et de Normandie.
  • Au niveau opérationnel, les opérations, qui correspondent à des campagnes miniatures ciblées sur un seul secteur du théâtre d’opération.
  • Au niveau tactique, les batailles, où vous dirigez vos unités directement sur le terrain. À noter que les campagnes et les opérations sont composées de plusieurs batailles, mais qu’elles dépendront également de la façon dont vous déplacerez vos unités entre deux tours sur la carte d’état-major.
Test de Close Combat : The Bloody First

Force est de constater que sur le plan du réalisme historique, Close Combat : The Bloody First rend une copie des plus sérieuses, à l’instar de ses glorieux ancêtres. Le jeu offre également la pluvalue de revenir en détail sur les engagements des troupes italiennes qui, tout comme les troupes françaises, ne sont que très rarement mises en valeur ou en évidence dans les jeux traitant de la Seconde Guerre mondiale. L’effort est appréciable.

Les campagnes, opérations et batailles sont jouables dans le camp des Alliés comme dans celui de l’Axe et le niveau de script n’est pas trop contraignant pour le joueur qui conservera une certaine liberté dans ses choix et ses actions.

Test de Close Combat : The Bloody First  Test de Close Combat : The Bloody First

Comme indiqué plus tôt dans le test, le jeu vous fera commencer par le théâtre d’opération tunisien dans le cadre de l’Opération Torch, avec notamment la bataille de Kasserine. Vous ne croiserez néanmoins pas les troupes vichystes : seuls les Allemands seront sur votre route, ainsi que les troupes italiennes que vous croiserez en Sicile. Enfin, vous terminerez par un bon classique, que dis-je : une valeur sûre : le bocage normand.

Entre les différentes batailles de vos campagnes, vous retrouverez des écrans de statistiques indiquant les performances et la condition morale et physique de vos hommes. Cette sorte de « suivi » en continuité permet de développer des histoires personnelles et de vous « attacher » à certains de vos soldats qui seront des vétérans de la première heure. Bien qu’il s’agisse là d’une fonctionnalité purement « gadget » et totalement dispensable, il n’en reste pas moins que l’on aura un petit pincement au cœur en voyant l’un de ses soldats de la première heure se faire tuer à quelques jours de la fin de la campagne…

Test de Close Combat : The Bloody First  Test de Close Combat : The Bloody First

Lorsque vous vous serez lassés et aurez fait le tour des différentes campagnes et autres opérations proposées par le jeu, vous pourrez par ailleurs créer vos propres scénarios avec l’éditeur intégré, plutôt complet. De quoi vous tenir en haleine quelques heures de plus

Au final, ce Close Combat : The Bloody First nous déçoit et nous laisse sur notre faim. Constater l’échec de ce titre est pour ma part un véritable crève-cœur tant j’ai adoré grandir avec cette licence qui me rappelle de nombreux souvenirs et me rend nostalgique.

Test de Close Combat : The Bloody First

Certes, ce n’est pas là dans les graphismes et dans l’aspect visuel que réside l’essentiel d’un Close Combat, mais tout de même... un tel raté conditionne grandement la perception et la première impression que l’on se fera du jeu... Tout comme le fait de rappeler qu’il s’agit d’un jeu de niche n’est en rien une excuse pouvant venir justifier ces graphismes d’un autre âge... D’autant plus que derrière cela, le gameplay est bon sans pour autant être exceptionnel...

6.0
Close Combat : The Bloody First

Difficile d'être satisfait
Il y a deux façons de voir ce Close Combat : The Bloody First. Si vous êtes de ceux qui préfèrent voir le verre à moitié vide, vous estimerez sans doute que son aspect visuel raté n’est pas vraiment gênant en soit, et que ce qui compte, c’est avant tout que le passage à la 3D ait su préserver l’essentiel du gameplay des jeux précédents en proposant des sensations plutôt convaincantes. En revanche, si vous êtes plutôt comme moi de ceux qui voient le verre à moitié plein, vous ne pourrez vous empêcher de vous interroger sur la cohérence pour les développeurs d’avoir à tout prix voulu passer à la 3D... surtout si c’est pour au final offrir un rendu aussi triste sur le plan visuel... surtout pour un prix approchant une quarantaine d’euros !
Intérêt historique :Si l’épopée de la Big Red One a été contée à maintes reprises, il n’en reste pas moins que les développeurs de Close Combat sont des amoureux d’Histoire qui nous la présenteront ici avec énormément de passion... A défaut d’avoir su faire un joli jeu...
  • +Le passage à la 3D rend plus compréhensible les actions sur le terrain
  • +Bonne durée de vie
  • +Gameplay correct
  • +Réalisme dans les engagements et les combats
  • -Graphismes d’un autre âge
  • -Aucune pluvalue majeure apportée par la 3D
  • -Des bugs à la pelle et des finitions à revoir
  • -Un prix bien trop élevé
3
Graphismes

Des graphismes tout simplement indignes d’un jeu de 2019. Les textures sont laides, les couleurs sont fades et les animations des unités ont vingt années de retard… Il fallait rester en 2D !

5
Technique

Le jeu est fluide et tournera sur de nombreuses configurations… Encore heureux vu ses graphismes !


6
Jouabilité

Des bugs ça et là… combinés à une interface utilisateur tout sauf intuitive pour donner des ordres… Ce sont là les deux tâches principales qui viennent gâcher une jouabilité au demeurant correcte. Espérons que les développeurs se pencheront vite dessus !

8
Durée de vie

Les campagnes mettront plusieurs longues heures à se boucler, et l’éditeur de scenario, ainsi que le multijoueur, viendront renforcer la rejouabilité de ce titre.


6
Ambiance

Les ambiances musicales sont clairement oubliables. En combat, les échanges de tirs et les voix de vos troupes rendront la bataille un peu plus vivante et plaisante.

8
Scénario

Les différentes campagnes, opérations et batailles sont très bien introduites, et qui plus est jouable pour les deux camps.


  • Zog Chroniqueur, Historien, Testeur, Youtubeur
  • « Une Europe fédérée est indispensable à la sécurité et à la paix du monde libre. » par Jean Monnet en 1952