Récit

Époque moderneGuerres napoléoniennes

Bataille de Borodino

Maréchal de l'Empire

Le 18 août 1812, les maréchaux Ney et Murat vainquirent les Russes à Valoutino (en même temps que la prise de Smolensk, du moins l'abandon par les Russes de cette dernière) mais la bataille décisive tant espérée par l'Empereur n'avait toujours pas eu lieu. Plus la Grande Armée avançait vers Moscou plus elle s'éloignait de la France et plus l'hiver approchait. Après leur victoire à Valoutino les soldats français marchèrent jusqu'à Gjatsk où ils se reposèrent avant la bataille de la Moskowa. Le brave général Gudin blessé lors de la bataille de Valoutino, décéda dans les jours qui suivirent.

Après avoir été nommé à la tête de l'armée russe, Koutousov établit ses positions près du village de Borodino (à 124 km de la capitale Russe). Le Tsar attendait beaucoup du général. Car il avait promis de défendre sa patrie, mais surtout d'arrêter de se replier face aux Français comme le faisait Barclay de Tolly. Cependant, Koutousov pensait comme Barclay de Tolly  que la politique de la terre brûlée et le repli étaient les bonnes solutions face à la Grande Armée. Mais, Koutousov a juré de livrer bataille pour défendre la ville Sainte. Il prépara des redoutes à Borodino dans le but d'arrêter Bonaparte.

Le général Koutousov a étendu ses positions sur une ligne de front fortifiée de près de 8 km. À son extrême droite se trouvait une forêt rendue quasiment infranchissable par les Russes. Ces derniers y avaient placé des barricades et autres débris. Au centre, sur une hauteur, était placé un bastion avec des remparts en bois sur les côtés et de front, plus connu sous le nom de « Redoute de Raïevski » ou Grande Redoute. Au sud du village de Semenovskaïa se trouvait deux flèches portant le nom de « flèches de Bagration » qui constituaient la gauche Russe. Enfin, au nord de la Grande Redoute se trouvait le village de Borodino, lui aussi fortifié. Barclay de Tolly contrôlait la droite Russe, Bagration la gauche. Et l'armée Russe était positionnée sur 3 lignes.

Au niveau du village de Shevardino en avant des redoutes Russes (3 km en avant environ), se trouvait une autre position fortifiée des Russes, c'est là que les premiers sanglants combats commencèrent.

Dès le 5 septembre 1812, les premiers assauts furent lancés contre Shevardino, redoute bien tenu par les Russes. Ce fut Murat qui entra en contact avec la cavalerie ennemie. Après quelques temps de combats, l'avantage fut aux Français et les combats se stoppèrent. Le lendemain, le comte Konovnitsyme lança les combats mais dût se replier sur la redoute après qu'Eugène de Beauharnais vint renforcer les troupes du Prince de Naples. Murat ordonna l'attaque de la redoute, les Français furent repoussés par deux fois. Mais Józef Antoni Poniatowski, maréchal français, lança également un assaut avec ses troupes et attaqua par le sud. La redoute tomba aux mains des Français. Une partie du flanc gauche russe venait de céder.

Napoléon vit à quel point les Russes s'étaient solidement fortifiés et plus exactement au niveau de leurs flancs. En conséquence, envelopper l'armée ennemie n'était plus une possibilité. L'empereur des Français décida de lancer des attaques sur le flanc gauche, pour ensuite s'attaquer au centre afin de prendre à revers les troupes ennemies.

Situation de la bataille de Borodino, le 7 septembre 1812
Situation de la bataille de Borodino, le 7 septembre 1812
Source : Gregory Fremont-Barnes, The Encyclopedia of the French Revolutionary and Napoleonic Wars, page 172. Adapted from Chandler 1987, 437.

Le 7 septembre, dès 6 heures du matin, les assauts furent lancés contre les flèches de Bagration. Davout y envoya deux divisions à l'assaut. Celles-ci avancèrent dans la confusion après que leurs chefs furent touchés. Davout prit alors le commandement et attaqua les flèches avec ses troupes. Ney et Junot furent envoyés en renfort. À 8 heures, ils capturèrent les flèches mais furent bien vite repoussés par Bagration qui lança une contre-attaque. Ney répliqua par la suite en lançant une nouvelle attaque. Bagration dans les combats fut mortellement blessé.

Eugène de Beauharnais arriva tant bien que mal dans le village de Borodino après de sanglants combats mais il a été vite repoussé par des contre-attaques russes. Cependant, la division Morand approcha et soutint Eugène de Beauharnais. Ce dernier ordonna à son artillerie de faire feu sur les Russes. L'ennemi se replie et perd beaucoup d'hommes. Deux divisions françaises venues soutenir le jeune Prince, prirent la redoute. Toutefois, Koutousov ordonna au général Lermonov de tenter de la reprendre. Celui-ci, à la tête de plusieurs régiments de la Garde Impériale Russe, arrive à repousser les Français, mais se retrouve rapidement sous le feu de l'artillerie d'Eugène de Beauharnais qui fit beaucoup de victimes. Pendant ce temps, Ney conquiert les flèches de Bagration.

Ney avait lancé son attaque sur les flèches vers 10 heures. Barclay de Tolly envoie Karl Fiodorovitch Baggovout les reprendre, ce qu'il fit. Pour la huitième fois de la journée, Ney chargea à nouveau et repoussa définitivement les Russes de leurs positions. Alors qu'Eugène de Beauharnais venait à ce moment-là de perdre la redoute de Raïevski.

Vers 14 heures, Napoléon ordonna l'attaque sur la redoute de Raïevski. La cavalerie française chargea la redoute pour percer le centre. Après de très violents combats la Grande Redoute tombe aux mains des Français en partie grâce à la cavalerie française. Cependant les Russes ne se sont repliés que de 800 mètres, voire un petit peu plus.

Dans les environs des 18 heures, sur la Vieille Route de Smolensk se trouvait les forces Russes qui s'étaient repliées. Ils avaient pris place sur une nouvelle position tout aussi difficile à prendre. Ney et d'autres maréchaux demandèrent à l'Empereur de donner la Garde pour asséner un coup décisif à l'ennemi mais ce dernier refusa car elle constituait la réserve.

Les redoutes furent détruites et comblées de morts et la nuit arriva. Napoléon décida par conséquent de faire replier l'armée française sur sa position de départ. Koutousov, ne pouvant combler ses pertes, ordonna l'ordre de repli. C'est une victoire tactique mais non décisive tant espérée par l'Empereur.

Après cette bataille, la route pour Moscou était ouverte aux Français. Une semaine plus tard, ils y arrivèrent mais dans quel état était la ville ! Elle était déserte, en ruine et dépourvu de ressources pour les braves soldats de la Grande Armée. De plus, plus tard, la ville prit feu, à cause d'actions volontaires de la part des Russes. La retraite de la Grande Armée allait alors débuter.

Forces en présence et pertes humaines

Forces françaises : 130 000 hommes, incluant 102 000 fantassins, 28 000 cavaliers et 587 canons | Pertes : 6 562 morts, 21 450 blessés et 13 canons capturés.

Forces russes : 121 000 hommes incluant 96 300 fantassins, 24 500 cavaliers et 640 canons | Pertes : 45 000 morts ou blessés, 100 à 200 prisonniers et 15 - 60 canons capturés

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