Le casque Adrian plus efficace qu'un casque moderne ?

L'Amiral
18 février
2020

C'est la conclusion à laquelle sont arrivés les chercheurs de l'université américaine de Duke (Caroline du Nord) : le casque Adrian, développé par l'armée française à partir de 1915, serait plus efficace que les casques balistiques modernes pour protéger des ondes de choc.

Un couvre-chef pour mieux protéger la tête

L'adoption des casques en acier par les belligérants ne s'est faite que progressivement à partir de 1915 en Europe, pour répondre notamment au développement de l'artillerie et des bombardements aériens. En effet, le début du XXème siècle voit le développement de projectiles d'artillerie plus puissants et surtout plus mortels pour l'infanterie, avec notamment la projection de centaines d'éclats. Or, en 1914, aucun des belligérants n'assure la protection de ses hommes grâce à un casque efficace... Même le Pickelhaube allemand (le fameux casque à pointe), qui est en carton bouilli, ne sert qu'à dévier de possibles coups d'armes blanches visant la tête du soldat.

Mais, dès les premiers mois du conflit, les états-majors se rendent à l'évidence : la guerre a changé, et les morts par blessure à la tête sont en nette augmentation. Que cette blessure résulte d'un tir de fantassin adverse ou d'un éclat d'obus, le résultat est le même : les soldats des deux camps sont trop vulnérables. Et pour preuve : jusqu'au 1er janvier 1915, quasiment la moitié des décès sont dus à des éclats d'obus frappant la tête.

C'est donc la France qui, en premier, dote ses soldats d'un casque en acier, le casque Adrian modèle 1915, reconnaissable à son cimier positionné sur le dessus de la coque. Cette pièce - qu'on ne retrouve chez aucun autre belligérant - est une protection supplémentaire pour dévier la trajectoire des éclats d'obus. Les Britanniques, eux, adopteront le casque Brodie (le « plat à barbe »), tandis que les Allemands développeront le Stahlhelm à partir de 1916.

Le casque Adrian plus efficace qu'un casque moderne ?Un Casque Adrian modèle 1915, avec sa rondache d'infanterie (la grenade).

Un casque moderne comparé aux « anciens »


Le casque Adrian plus efficace qu'un casque moderne ?Le Casque Adrian modèle 1915 placé sur la tête du mannequin à l'université du Duke.
Crédits photo : Joost Op't Eynde, Duke University

L'objectif des chercheurs de l'université de Duke est de comparer l'efficacité du casque balistique actuel équipant les soldats de l'US Army à ceux du début du siècle dernier. Pour ce faire, les casques ont été placés sur la tête d'un mannequin équipé de capteurs de pression... le tout disposé sous un tube à choc, c'est-à-dire un outil pouvant simuler une explosion verticale et son onde de choc.

« Les casques ont été testés avec des ondes de choc de force variable, correspondant chacune à un type différent d'obus d'artillerie allemande explosant à une distance de un à cinq mètres » explique l'université de Duke.

Grâce à une table permettant d'estimer les lésions cérébrales en fonction de la pression, les chercheurs ont pu définir quel casque protégeait le mieux son porteur. Après la première phase d'essais, les résultats surprennent les chercheurs : le casque Adrian est le plus efficace pour limiter les effets des ondes de choc sur la boîte crânienne. Il est pourtant sensiblement identique, dans sa composition et son élaboration, aux autres casque du premier conflit mondial. Mais la présence du cimier est déterminante : ainsi, le dessus du casque n'offre pas une surface plate et uniforme à l'onde de choc. Au contraire, cette dernière est « cassée » et surtout absorbée une première fois avant de toucher la coque en elle-même.

Le casque Adrian plus efficace qu'un casque moderne ?Le casque balistique américain présente l'avantage d'être léger mais protège mal sur le haut du crâne.

Hors de question cependant de revenir en arrière et de récupérer tous les casques Adrian pour équiper nos forces : les casques balistiques actuels sont plus légers et protègent davantage contre les éclats et autres projectiles. De plus, la caractéristique des combats ont changé, les soldats étant de nos jours bien moins exposés à des tirs d'artillerie et à des bombardements aériens qu'à des explosifs improvisés, avec des impacts latéraux et non plus verticaux.