Info sur le jeu
PlateformePC Windows
ÉditeurSEGA
DéveloppeurCreative Assembly
Date de sortieAoût 2020

A Total War Saga : Troy

Thématique
Mythologie grecque
24 août
2020

On en fait beaucoup sur Ulysse et ses pérégrinations à travers la Méditerranée. Certes, il devait échapper à la colère de Poséidon, il a subi le froid, la soif, la faim, les tempêtes... J'en conviens, ça a dû être difficile d'échapper aux Lotophages, au Cyclope, à Charybde et Scylla ou encore aux sirènes. Certes. Mais je dis, je clame et j'affirme qu'il vaut mieux se coltiner une quarantaine de minotaures énervés en même temps plutôt que de se taper l'intelligence artificielle infernale d'un Total War.

I'm Menelas, and this is Jackass

Remarquez, ce chaos permanent généralisé par cet algorithme incompréhensible a au moins l'avantage de s'accorder relativement bien au décor. La guerre de Troie, donc. En plein XIIIème siècle avant notre ère : les âges farouches, le chaos, l'entropie... Le cocu le plus célèbre de l'Histoire est particulièrement vexé de s'être fait piquer sa femme par un simili-millénial troyen. Autre temps, autre mœurs, et comme le concept de « riposte proportionnée » est alors relativement vague, Ménélas décide donc de ravager la moitié du monde connu, et je m'arrêterai là parce que ça va bien, vous connaissez la légende de la guerre de Troie.

Test d'A Total War Saga : TroyLa campagne commence AVANT la guerre de Troie.

Le poème épique d'Homère est un excellent prétexte à un spin-off de Total War et justement, puisqu'on parle de légende, c'est un point sur lequel Troy réussit à viser juste.

La lutte à mort sous les murs de Troie est l'affaire des dieux autant que des hommes, et il est difficile de dire sur quelle réalité la légende s'est basée. Rappelons que les fouilles d'Hissarlik ont révélé une ville en treize niveaux d'occupations différents, dont le huitième, brûlé jusqu'aux fondations et daté de la fin de l'âge du Bronze, est selon toute probabilité la Troie mythique, réellement assiégée et brûlée vers 1300 avant notre ère.

Cet évènement a eu un écho retentissant dans la Grèce archaïque et son histoire s'est transmise, embellie et s'est échouée dans les oreilles d'Homère. Je m'attendais à voir, donc, des minotaures ou des gorgones sur le champ de bataille, puisque l'Iliade fait se côtoyer les hommes, les dieux et les demi-dieux !

Test d'A Total War Saga : TroyRegardez-moi ça comme c'est beau.
Test d'A Total War Saga : TroyÇa commence !

Mais Troy a le bon sens de proposer un juste milieu avec ses unités mythiques de « géants », qui ne sont que des guerriers tribaux à la stature particulièrement imposante, très efficace pour enfoncer la ligne de bataille adverse, mais bel et bien des hommes, dont les exploits deviennent dignes de l'Olympe dans la bouche des aèdes. Les phalanges d'héroïques hoplites aux armures dorées sont, elles aussi, plus pragmatiques : dans cette proto-Grèce, les armées sont casques de cuir, protégées par des boucliers de peaux et les armes sont de bronze.

Troy plante donc un décor authentique de l'âge du Bronze sur lequel la légende se forme. Et qui dit légende dit héros, ce pourquoi le premier choix est celui d'Agamemnon, d'Ulysse, d'Achille ou d'Hector, bref d'un personnage principal à la tête de sa faction, et membre d'un des deux camps (Pélasges ou Achéens), que l'on équipe et améliore avec le système désormais traditionnel d'un Total War. Chacun suit une série de quêtes personnalisées, censé le mener jusqu'à Troie. Et ça n'est pas de tout repos, car il faut d'abord se tailler un royaume en Grèce et écraser les plus faibles.

Test d'A Total War Saga : TroyOubliez le système d'antagoniste : il y a très peu de chance qu'il vous mette la main dessus.

On connaît la musique dans un jeu de stratégie où la finalité reste de repeindre la carte, mais le problème de Troy, c'est qu'il dilue son propos en faisant ça.

Malgré la superbe direction artistique ou le système de faveurs divines accordant des bonus variés, malgré ces champs de bataille bien plus vallonnés et diversifiés, on se retrouve à guerroyer pendant un bien trop long moment avant d'assiéger Troie ou Mycènes.

Et ce en devant gérer l'I.A. qui, cette fois, est légèrement moins schizophrène (j'insiste lourdement sur le « légèrement » ) qu'auparavant, mais qui désormais va venir vous casser les pieds à chaque tour pour essayer de vous arnaquer en vous extorquant des accords commerciaux honteux, ou des pactes de non-agressions avec des peuples qui se situent de l'autre côté de la carte.

Test d'A Total War Saga : TroyEt mes bottes. Et ma moto.

Cent balles et un mars

Lors de mon premier essai, j'ai donc vu débarquer au bout de quelques tours d'immenses armées de Téléboens, énervés sur les côtes d'Ithaque et raser l'île, et ce en plein tutoriel.

Quelques temps et une sauvegarde plus tard, j'ai conquis les Cyclades à la pointe de la lance sans rencontrer de résistance sérieuse en dehors des rares cités dotées de remparts. Âge du Bronze oblige, la poliorcétique est embryonnaire et se limite à des béliers et de échelles. Il n'y a pas non plus de cavalerie (ce qui limite les options d'enveloppement tactique) en dehors des chars de guerre, très onéreux.

Test d'A Total War Saga : TroyC'est moins impressionnant que ce que l'on imagine, mais efficace.

Un des rares points sur lequel Troy innove reste son système de ressources, bien plus central : la monnaie, pas encore la règle à cette période de l'histoire, est remplacée par la nourriture. Le bois, produit uniquement par les colonies forestières, sert à la construction de bâtiments, mais les plus avancés nécessiteront la pierre exportée par les villes dotées d'une carrière. Troisième ressource : le bronze bien sûr, produit par les colonies possédant une forge et qui sert à lever et équiper les unités les plus avancées ; et enfin l'or, qui est rare, cher et indispensable pour recruter des unités mythiques et honorer les dieux.

L'entretien d'une armée permanente coûte la peau des fesses, il est donc urgent de partir à la conquête des royaumes et tribus voisines, pour pouvoir s'attaquer à la coalition achéenne ou à la puissante Troie.

Test d'A Total War Saga : TroyAh oui, les célèbres balles traçantes du XIIIème siècle avant J.-C.

Loin d'une guerre à proprement parler, les débuts et milieux de parties ressemblent alors furieusement à un battle royale sans queue ni tête où il devient très vite vain de chercher à conforter ses alliances et isoler ses ennemis, étant donné que l'on est assiégé de demandes lorsque l'IA joue, entre le racket commercial et les déclarations de guerre sans queue ni tête.

Oublions aussi ce doublage en anglais obligatoire (à défaut de voix localisées, le grec aurait été un minimum) et l'interface qui tousse du sang, le but reste d'arriver à remporter le conflit en assiégeant Troie, ou Mycènes !

Et c'est là que revient le boomerang de l'IA, qui laisse inexplicablement sans défense la cité en question.

Test d'A Total War Saga : TroyC'est limite vexant.

En réalité, la puissance des camps est artificiellement dopée en la répartissant sur plusieurs factions : Troie par exemple, se divise entre trois factions alliées : la cité mère, ainsi que Pâris et Hector, auxquels s'ajoutent les cités d'Ionie qui leur sont soumises ; Le problème, c'est que comme le conflit est généralisé à l'ensemble du monde grec archaïque et que tout le monde déclare la guerre à tout le monde, l'IA est vite débordée et dispersée.

Test d'A Total War Saga : TroyBonjour. Avez-vous entendu parler de notre parti, les Achéens ?
Test d'A Total War Saga : TroyVous trouverez des armes légendaires au fil de vos aventures.

Malgré la puissance des héros et la garnison troyenne dotée de régénération rapide, il m'a été excessivement facile de prendre en trois tours l'orgueilleuse cité de Priam, avec et sans l'utilisation du cheval de bois construit par le rusé roi d'Ithaque. Cette conquête ne se distinguant pas par une cinématique particulière, elle en devient en fait anecdotique.

Il ne reste alors plus qu'à achever la conquête du reste de la Grèce ou de l'Ionie, comme dans tous les Total War. Ces heures et des heures de batailles épiques en perspective dans des paysages absolument splendides, mais… vous y avez déjà joué.

7.0
A Total War Saga : Troy

Homérique (oui, c'est facile)
A Total War Saga : Troy aurait pu dépeindre une guerre de Troie plus prenante, qu'elle soit mythique ou historique. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir fait des efforts : le système de ressources et de faveurs divines est bien pensé, les héros sont primordiaux, la direction artistique est fantastique. Faire la guerre dans cette Grèce de la fin du Néolithique européen est toujours aussi intéressant qu‘à l'accoutumée. Mais ce choix d'un conflit trop dispersé et cette IA désastreuse sont le cheval de Troie d'A Total War Saga : Troy.
Intérêt mythologique :Gros point fort de cette itération de la série, Troy a su trouver le juste milieu et traduire en jeu vidéo la transformation des faits réels en légendes composant le poème homérique. Pourtant, la rareté des sources sur la période requiert de passer par une certaine extrapolation pour restituer la guerre de l'âge du Bronze, mais celle-ci est tout à fait crédible et même dépaysant car probablement la première de son genre à être représentée dans un jeu vidéo.
  • +Un conflit inexploré a une période intéressante
  • +Direction artistique superbe
  • +Héros bien utilisés et intégrés à la narration
  • -Pas mal de petites erreurs d'interface et de détails pénibles
  • -Conflit dilué, donc trop facile
  • -IA aux fraises, comme toujours
9
Graphismes

Absolument superbe. Rarement un Total War n'aura été aussi beau, avec cette Grèce colorée et encore sauvage, avec des illustrations inspirées des céramiques grecques.

9
Technique

Ni bug majeur, ni ralentissement observé sur la version testée. Le moteur de jeu reste fluide.

7
Jouabilité

Troy s'appuie sur des mécaniques de héros et de combat d'infanterie qui existaient déjà avant, mais qu'il exploite bien. La variation apportée par le manque de cavalerie et de machines de siège avancées reste intéressant.

6
Durée de vie

Tout dépend de ce que vous cherchez. Il est facile d'abréger une campagne en utilisant la tactique du bowling : rester avec les trois mêmes armées autour de son héros et tout ravager sans rencontrer d'opposition.

10
Ambiance

Vraiment excellente. La Grèce d'A Total War Saga : Troy est la Grèce qui a donné naissance à sa mythologie et fourmille de détails agréables à l'œil. Homère aurait été satisfait de cet hommage à l'Iliade.

8
Scénario

Il est déjà écrit à l'avance : chacun sait qui a gagné cette guerre. Mais chaque héros possède une suite de quête bien écrite pour lui faire vivre sa petite odyssée, ce qui approfondit bien le mythe.


  • Cernunnos Testeur, Rédacteur
  • "Messieurs, c'est une plage privée! Je crois que nous dérangeons!" - Un officier britannique sur Sword Beach