Info sur le jeu |
Plateforme
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ÉditeurFocus Home Interactive |
DéveloppeurFrogwares |
Date de sortieSeptembre 2014 |
Crimes and Punishments : Sherlock Holmes
Depuis 2002, le studio ukrainien Frogwares nous propose des jeux basés sur l'univers de Sherlock Holmes. Le dernier épisode, sorti en 2012, avait su conquérir de nouveaux fans tout en satisfaisant ceux de la première heure.
Aujourd'hui sort un énième opus de la série sur un large panel de supports. Le but étant d'offrir un jeu d'enquêtes qui peut plaire au plus grand nombre et qui soit jouable par le pro des jeux d'aventures comme le novice. Reste à savoir si le jeu reste néanmoins bon et ne renie pas ses racines de point'n'click.
Les bons vieux jours
Crimes & Punishments, c'est le nom de ce nouvel épisode de Sherlock Holmes. S'il a le titre de l'oeuvre de Dostoïevski, il s'agit pourtant des nouvelles aventures du rejeton de Sir Arthur Conan Doyle. Dans la nouvelle production de Frogwares, pas d'histoire qui prend l'ensemble de la durée de vie du jeu car on nous emmène dans la vie d'un détective. C'est à dire, enchaîner les enquêtes sans connexion entre elles. Une nouvelle approche donc, mais est-elle capable de nous coller devant la console durant des heures ? Car après avoir affronté Jack l'Eventreur et suivi Sherlock Holmes au cœur d'une tempête médiatico-policière, les joueurs ont faim de nouvelles aventures ! 6 enquêtes différentes nous attendent pour ce Crimes & Punishments : Sherlock Holmes. Et le seul lien qui peut relier ces affaires et la réputation, que nos choix feront, de Sherlock Holmes ; mais nous y reviendrons plus tard.
6 cas à étudier et élucider, donc. 6 enquêtes plutôt passionnantes dont certaines issues du Canon de Sherlock Holmes écrit par Sir Conan Doyle. Les lecteurs assidus du maître anglais de l'enquête seront parfois en terrain un peu trop connu. Malgré la qualité de l'écriture de chacune de ces investigations, il reste néanmoins facile de plus ou moins aimer l'une ou l'autre. En effet, les développeurs ont eu la bonne idée de varier les plaisirs. Meurtres, disparitions, ambiance mystique, magie, … le menu est varié et bien présenté. Un pur régal ! Un repas exquis qui vous prendra une douzaine d'heures environ. Les plus lents/perfectionnistes mettront plus de temps, et les nouveaux joueurs peu patients termineront en moins de dix heures l'aventure. Bref, le jeu s'adapte à vous.
Transition idéale pour aborder la grande nouveauté de ce Crimes & Punishments : les choix ! A la manière du jeu L.A Noire de la Team Bondi, c'est à vous de mener l'enquête, de faire des choix, de poser les questions et d'accuser l'un des suspects. Une manière plus personnelle de vivre le jeu. Plus qu'une chasse aux indices, le titre de Frogwares propose une véritable enquête où le joueur est au cœur de l'investigation. Un véritable plus. Il est positif de voir que le jeu laisse le joueur rater des indices, ou faire les mauvaises déductions et accuser un innocent. Comme dans la vraie vie ! Le cheminement logique et le tableau des déductions ont été totalement repensés. On plonge dans le cerveau de Sherlock Holmes, et on assemble les idées (neurones) ensemble afin de tisser le lien de notre raisonnement. Une fois celui-ci établi, libre à nous d'accuser ou non le suspect principal qui se dégage de notre réflexion. Tout ceci débouchera sur une évaluation de fin de niveau. Libre au joueur de vérifier s'il a bon et bien fait son travail ou de passer directement à l'affaire suivante. Une excellente idée qui confère également un peu de rejouabilité au titre. On regrettera néanmoins que nos choix n'influencent pas la suite des événements. On le sait, il n'y a pas de fil rouge dans ce Crimes & Punishments : Sherlock Holmes, mais on aurait aimé qu'il y ait une répercussion sur quelque chose. Watson aurait pu devenir de plus en plus distant si on partait du côté obscur de la force, avoir accès ou non à Scotland Yard suivant nos choix, etc. Un petit regret qui n'empêche pas à ce nouveau jeu vidéo Sherlock Holmes d'offrir un bol d'air frais dans la série.
Autre petit regret, les interrogatoires manquent un peu d'émotionnel. L.A Noire, toujours lui, proposait des visages où certaines émotions étaient lisibles et qui pouvaient indiquer un mensonge ou une surprise. Ici, Frogwares n'a pas autant travaillé cet aspect. Si cachotterie il y a, Sherlock Holmes pourra ; à la suite d'un petit QTE ; mettre à terre son adversaire en trouvant l'indice qui met en lumière la supercherie. Un peu facile et moins exaltant. L'erreur est donc moins probable dans le jeu de Frogwares que dans celui de la Team Bondi. Néanmoins ces interrogatoires restent de bons moments et de bons moyens d'en apprendre encore plus sur l'affaire en cours. Et on se surprend à se dire « ah mince, je pensais que c'était lui » ou des « ah mais bien sûr, élémentaire mon cher Watson ! ». On est donc bel et bien au cœur de l'enquête, c'est ce que voulez les développeurs et c'est une réussite !
Comme dans Le Testament de Sherlock Holmes, les développeurs proposent deux vues (première et troisième personne). Idéal pour ne pas louper un indice et pour avoir un confort de jeu adapté à ses préférences. De quoi renforcer l'immersion dans cette aventure vidéoludique ainsi que la facilité de prise en main. Facilité, un mot qui résume plutôt bien ce Crimes & Punishments : Sherlock Holmes. On retrouve la possibilité de zapper les puzzles qui nous posent problème. Une option « casual » idéale pour les novices et impatients mais qu'il aurait été sympa de pouvoir désactiver pour les habitués ou ceux qui veulent du challenge. Histoire de renforcer cette facilité, Frogwares offre à Sherlock Holmes des talents. Le 6ème sens, qui permet à Holmes de repérer plus facilement des indices et qui est même indispensable pour trouver certaines choses presque invisibles à l’œil nu. Autre petit atout, l'imagination. Grâce à cette capacité, Holmes peut reproduire une action passée et, ainsi, mieux comprendre une situation ou découvrir de nouveaux indices. Enfin, l'analyse des personnages est là pour mieux cerner les 26 PNJ que l'on rencontrera au cours de l'aventure. Malheureusement, le tout est facilité par une liste floutée et un réticule qui change de couleur dès que l'on trouve un point intéressant à examiner. Pas de doute, cette facilité est vraiment le plus gros défaut du jeu. Étonnant oui de souligner ce fait, mais tellement frappant sur ce Crimes & Punishments : Sherlock Holmes. En quelques années, Frogwares est passé d'un extrême à l'autre. De puzzles à la limite de l'énervement à des énigmes de plus en plus aidées et que l'on peut même zapper ! Dommage. Espérons que les développeurs trouvent un vrai juste milieu, car à ce rythme les Sherlock Holmes vont devenir de simples « film d'animation interactifs » et feront passer le gameplay d'Heavy Rain pour super développé.
Baker Street Noire
Si depuis des années Frogwares développait ses jeux avec un moteur maison, ce Crimes & Punishments : Sherlock Holmes a été l'occasion de passer à l'Unreal Engine 3. Le résultat est saisissant ! Jamais un jeu d'enquête n'a jamais été aussi beau (à moins de considérer L.A Noire comme un tel jeu et non comme un GTA-Like). Les développeurs ukrainiens peuvent être fiers de leur travail. Contrairement à certains autres studios indépendants, l'utilisation de ce moteur graphique archi connu a été faite avec brio. Effets de lumière, modélisation et expressions faciales sont de bonne facture. Sur « new gen », le jeu ne fait pas « simple adaptation » et offre un rendu propre et de qualité. On notera néanmoins que les niveaux intérieurs sont moins détaillés que dans le Testament de Sherlock Holmes, et que les maps sont moins étendues. D'ailleurs, les bâtiments se limitent à deux-trois pièces et il arrive souvent d'avoir des chargements (courts) quand on passe de l'intérieur à l'extérieur et vice-versa. De plus, la variété des décors est moins frappante que dans le précédent opus. Et pourtant, Frogwares offre des niveaux diversifiés. Mais rien de bien méchant, la réalisation graphique du jeu est de qualité et l'Unreal Engine 3 change radicalement la donne et transforme ce Sherlock Holmes.
Techniquement parlant Crimes & Punishments : Sherlock Holmes est plutôt bon. Les chargements ne sont pas trop longs et les bugs sont quasiment absents du jeu. Il existe néanmoins quelques accrocs. Ainsi, la synchronisation labiale est parfois absente, surtout quand la caméra ne fixe pas le personnage qui parle. Quelques rares baisses de framerate sont également à noter, mais c'est vraiment anodin. Ce qui peut le plus choquer, et ce n'est pas vraiment technique, c'est le nombre de faux raccords dans la réalisation du jeu. Entre les objets qui bougent tout seul, les positions de certains PNJ non raccord aux situations,… les plus « Michel » (big dédicace à Allociné) d'entre vous seront frappés par certains détails. Mais le pire reste Watson. Un véritable chien-chien qui se déplace à la vitesse de la lumière et ne vous lâche pas une seconde ! Il a également la capacité de se dédoubler et peu, dans une des enquêtes, être à deux endroits en même temps ! Dommage et étonnant, d'autant plus que ce cher Watson est un peu inutile dans ce Crimes & Punishments : Sherlock Holmes. Toby est plus utile... c'est dire ! Un point négatif supplémentaire donc pour le nouveau jeu de Frogwares.
Contrairement au Testament de Sherlock Holmes, la bande son n'est pas aussi savoureuse. Déjà, certains joueurs seront déçus de ne pas retrouver la localisation française. Un choix logique car cette dernière aurait été coûteuse (en temps et en argent) à Frogwares. La VOSTFR est de qualité, pas de soucis à se faire là dessus. Les fans auraient adoré avoir Benedict Cumberbatch pour doubler ce cher Holmes, mais ce n'est pas le cas. Néanmoins le travail proposé par les doubleurs est de bonne facture. Ce cher Sherlock Holmes se reconnaît rien qu'à l'intonation de sa voix, cette façon de parler si calmement mais avec un charisme des plus fous et une certaine condescendance aussi. Rien à redire là dessus. Du côté des musiques, ce n'est pas aussi développé que dans le Testament de Sherlock Holmes. La bande son est plus sage, plus discrète, moins cinématographique. Si les thèmes musicaux utilisés sont plutôt bons ils peinent à être marquants. Dommage. Le souci de résonnance sonore du précédent opus a été corrigé, et les bruitages sont de bonne facture.
D'un point de vue historique, ce Crimes & Punishments : Sherlock Holmes est peut-être un peu moins intéressant que les deux précédents opus. Ici le focus est vraiment fait sur les enquêtes et tout ce qui gravite autour des choix et des indices. De ce fait, la reconstitution historique est un peu moins travaillée. De plus, Sherlock Holmes cru 2014 est plus moderne, dans sa façon d'être. Un peu plus proche des personnages fictifs dépeints dans les films ou dans la série de la BBC. Néanmoins, Frogwares a tenu à proposer des personnages proches de leur époque et que l'on aurait pu croiser à la fin du XIXème siècle à Londres. On retrouvera certaines préoccupations de l'époque (archéologie, rébellion face à la société de l'époque, développement du chemin de fer...) qui nous plongeront un peu plus dans cette superbe atmosphère qui se dégage de ce Crimes & Punishments : Sherlock Holmes.
Crimes & Punishments : Sherlock Holmes
- +L'ambiance
- +Les choix
- +Enquêtes variées et prenantes
- +Prise en main
- +La réalisation
- -La facilité
- -Les faux raccords
- Le_Moine Fan de Rallye et des brunes, Ancien membre d'HistoriaGames
- « La fin de l’espoir est le commencement de la mort. » De Gaulle
« If in Doubt, flatout. » Colin McRae