Info sur le jeu |
Plateforme
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ÉditeurActivision |
DéveloppeurTreyarch, Raven Software |
Date de sortieNovembre 2020 |
Call of Duty : Black Ops Cold War
Alors que la série des Call of Duty va atteindre l'âge de la majorité légale et fêter ses 18 ans en 2021, la poule aux œufs d'or d'Activision a eu le temps, au court de ces années, de mettre en place une recette efficace, qui fonctionne, et qui a su séduire des millions de joueurs à travers le monde.
S'appuyant sur les ingrédients qui ont fait son succès, tout en sachant parfois se renouveler juste assez en surfant sur d'autres tendances, tels les zombis ou la bataille royale, Call of Duty est aujourd'hui un incontournable dans le paysage vidéoludique, un véritable « steak frites » du domaine, une valeur sûre qui ne décevra jamais totalement.
C'est sans doute en raison de ce respect de l'ADN de la série et de cette capacité qu'ont les développeurs à produire, année après année, des jeux qui s'appuient sur des caractéristiques profondes et similaires que la fidélisation du public est si forte. Toutefois, le risque de lassitude et d'essoufflement des joueurs n'est jamais loin, surtout dans une industrie où des dizaines de jeux sortent chaque semaine dans le monde...
Aussi, il faut savamment jongler entre classique et nouveauté, et doser correctement le mélange pour ne pas perdre sa communauté... et à ce petit jeu-là, les développeurs de Treyarch sont plutôt doués. C'est d'ailleurs ce qu'ils ont tenté de faire avec leur petit dernier : Call of Duty : Black Ops Cold War, sorti le 13 novembre 2020.
Un parti pris osé
Après quelques années passées dans des conflits futuristes et un retour plutôt sympathique à la Seconde Guerre mondiale avec son Call of Duty WWII, la licence a pris une direction déjà connue mais qui n'avait plus été empruntée depuis quelques années, puisque c'est sur le choix de l'univers de « Black Ops » que s'est porté le scénario du dernier opus.
La première bande-annonce du jeu nous proposait donc de revenir en pleine guerre froide et nous faisait retrouver, avec grand plaisir, les personnages de Mason, de Woods et de Hudson, tous introduit dans Call of Duty : Black Ops, premier du nom, sorti en 2010.
Exit les liens avec Black Ops II, III et IIII qui allaient se perdre dans le futur. Nous parlons bel et bien ici d'une suite directe au tout premier opus de cet arc scénaristique... Ce titre était d'ailleurs, à mon humble avis, l'un des Call of Duty les plus mémorables et les plus réussis de ces dernières années. Outre le fait de proposer un scénario relativement intéressant, il étoffait le mode zombis nazis et offrait également un multijoueur cohérent. Mais trêve de souvenirs nostalgiques, puisqu'il s'agit ici bel et bien du test du benjamin de la famille.
Un scénario grotesque et oubliable
Alors que Call of Duty : Black Ops 2010 nous faisait découvrir les années 1960 et 1970, Black Ops Cold War effectue un petit bon dans le temps, puisque son intrigue se déroule dans les années 1980, dans l'Amérique de Ronald Reagan, qui cherche à muscler son jeu géopolitique face à l'URSS.
L'idée de départ est intéressante, tant la période de la fin de la guerre froide n'est que relativement rarement mise en avant dans le domaine vidéoludique. Toutefois, force est de constater que ce Call of Duty se prend les pieds dans le tapis en nous proposant une campagne courte et oubliable, au scénario bateau.
Comptez entre 6 et 10 heures pour terminer l'aventure selon votre mode de difficulté. Mal récurrent de tous les FPS massivement multijoueurs de ces dernières années, la durée de vie de la campagne est donc risible, et cette dernière ne servira guère davantage qu'à présenter au joueur les différentes fonctionnalités qu'il pourra retrouver sur le mode multijoueur, véritable cœur du jeu.
Outre le problème de la durée de vie, prenons également un instant pour nous pencher sur le script, qui a sans doute été écrit en 30 minutes par un enfant de 10 ans. Vous incarnez l'agent « Bell » qui fait partie d'une cellule clandestine de la CIA chargée de déjouer un complot mené par un agent soviétique renégat nommé « Perseus ». Ce dernier a volé une bombe nucléaire américaine et projette de la faire exploser parce que...euh...bah parce que c'est un méchant pas gentil. Voilà, en gros, l'histoire que nous propose Black Ops Cold War...
Force est de constater l'ensemble est, d'un point de vue scénaristique, très faible, en plus d'enfoncer de nombreuses portes ouvertes et d'être manichéen et agrémenté de retournements de situations prévisibles au possible. Rien qui ne parvienne à nous surprendre donc, mais on notera toutefois que l'atmosphère du jeu est malgré tout plutôt réussie et transpire une ambiance 80's appréciable de par son aspect visuel, mais également de par sa bande-son, entrainante. Amateurs de « New Order » ou de Billy Squier, vous allez être servis.
Malheureusement (ou heureusement, selon les goûts de chacun), ce rappel aux années 1980 est tellement appuyé et exacerbé qu'il en devient très vite caricatural et excessif... À tel point que d'une idée de départ sympathique et relativement osée, on se retrouve rapidement plongé dans un nanard digne d'un film d'action de série B des années 1990 où l'on retrouverait Steven Segal et Jean Claude Van Damme en train de joyeusement se mettre sur la tronche... On fait face à une galerie de personnages tous plus clichés les uns que les autres, et en dehors d'Adler, aucun nouveau membre de notre équipe n'est vraiment mémorable...
À mon sens, il y a ici deux hypothèses : soit cet aspect « nanardesque » que l'on retrouve dans l'intrigue et chez les différents personnages est voulu et assumé par les développeurs, auquel cas, c'est du génie... soit-il ne l'est pas, et alors là, le jeu devient vraiment grotesque... En l'état, je m'avoue incapable de répondre à cette question de façon tranchée, tant le jeu n'est pas assez clair dans sa construction et laisse donc planer le doute...
C'est d'autant plus regrettable que cette campagne ne marquera vraisemblablement pas le joueur de son empreinte... Dans les précédents opus de la saga, on avait également eu droit à des campagnes relativement courtes, mais celles-ci avaient tout de même le mérite d'être explosives, haletantes et captivantes de bout en bout, avec des niveaux iconiques qui se sont inscrit pour l'éternité dans l'histoire du média vidéoludique. Il suffit d'évoquer la mission d'infiltration à Pripyat de Call of Duty : Modern Warfare ou bien celle du goulag dans Modern Warfare 2 pour qu'immédiatement, des dizaines de joueurs sachent à quoi je fais référence.
Dans Black Ops Cold War, hélas, rien de tel... Les niveaux s'enchainent et ne laissent aucune impression durable ou aucun souvenir impérissable au joueur. L'effet « Waow » est complètement absent... un comble, quand on pense que c'est l'un des ingrédients fétiches de la saga des Call of Duty...
Hormis cela, d'autres écueils récurrents sont également à souligner : l'IA est absente, mais il semblerait que ce soit là un autre mal récurrent que rencontrent la plupart des FPS de ces dernières années. Fainéantise des développeurs qui préfèrent se concentrer sur le contenu multijoueur, ou réelle incapacité à paramétrer des « bots » au comportement retors ? Une fois de plus, je n'ai pas la réponse...
Par ailleurs, les passages en véhicules sont tout simplement catastrophiques. On sent bien que les développeurs ont voulu, avec ces phases, proposer quelque chose de différent, venant apporter de la variété au gameplay... mais c'est clairement raté, et ça n'est pas la première fois. Il suffit de se souvenir du niveau en char Sherman ou en P-47 dans Call of Duty WWII pour constater que ça n'est pas le fort de l'équipe de développement qui devrait donc s'en tenir à ce qu'elle maitrise avant tout : le combat nerveux entre fantassins.
Il convient également de noter que le lancement de Black Ops Cold War fut chaotique, les serveurs Battle.NET n'étant tout simplement pas au rendez-vous le jour de la sortie. Que dire, également, du poids du jeu, qui atteint les 135 Go d'espace sur le disque dur avec le pack de textures 4K... Si visuellement, Black Ops Cold War s'en sort honorablement et reste assez joli, avec notamment une belle utilisation de la technologie Ray Tracing, il ne justifie en rien d'être aussi lourd et souffre encore de la comparaison face au Frostbite de DICE... Les développeurs devraient sans doute travailler à une meilleure optimisation du poids de leurs fichiers, car une console dotée d'un disque dur d'une capacité de 500 Go se retrouve vite saturée par des titres de cette taille et tous les joueurs PC n'ont pas forcément des machines équipées de « galettes » de 2 To, ni même la fibre optique pour télécharger rapidement un jeu si lourd...
Enfin, quelques autres nouveautés mises en place pour régénérer le concept du jeu sont peu inspirées, pour ne pas dire totalement inutiles. Je citerai ici l'exemple des mini jeux d'investigation et d'énigmes afin de traquer les complices de Perseus. Au-delà d'être sans intérêt, ils n'ont clairement pas leur place dans un Call of Duty, tant ils cassent le rythme de la progression et n'apportent strictement rien au joueur, si ce n'est un accroissement artificiel de la durée de vie, bien maigre, du jeu...
Quelques bonnes idées qui sauvent l'ensemble
Ne soyons pas trop durs ou injustes tout de même, puisqu'il faut malgré tout noter que dans cet océan d'oubliable parviennent à flotter quelques morceaux de bravoure...
Ainsi, Call of Duty : Black Ops Cold War conserve des atouts et des qualités. On notera çà et là des idées assez intéressantes, dont la plupart concernent paradoxalement les quelques passages d'infiltration que proposera ce titre... Autre comble pour Call of Duty, principalement réputé avant tout pour son aspect nerveux et bourrin.
En effet, dans la mesure où vous incarnez un agent de la CIA projeté derrière les lignes ennemies, vous aurez assez souvent l'opportunité de jouer la carte de l'infiltration... À ce titre, l'une des missions de la campagne prenant part dans les locaux du KGB, situés dans l'immeuble de la Loubianka, à Moscou, reste assez sympathique, tant elle laissera au joueur un semblant de liberté dans les choix à accomplir pour mener à bien ses objectifs. Call of Duty, réputé pour sa progression scriptée en couloir, ne nous avait pas habitué à cela, et force est de constater que ce niveau est plutôt réussi. Néanmoins, votre liberté restera relative car le joueur sera malgré tout très guidé et ses choix n'auront que peu de conséquences sur le déroulement de l'histoire, à l'exception du tout dernier.
Une autre réussite réside dans le fait de conférer au jeu des accents d'Apocalypse Now, avec quelques passages « flashback » au Vietnam qui ne sont pas déplaisants et apportent une vraie dimension psychologique intéressante... Je n'en dirais ici pas plus afin de ne pas vous divulgâcher l'un des rares retournement de situation un tant soi peu intéressant dans le jeu... d'autant plus que la fin de la campagne est si décevante qu'elle suffit amplement à plomber l'ensemble du solo.
Il faudra alors se rabattre sur le mode zombi et sur le multijoueurs qui constituent, comme indiqué plus tôt dans ce test, le véritable cœur du jeu. Je ne m'attarderai pas trop sur leur critique, tant l'idée était ici d'apporter avant tout un avis sur la campagne solo.
Sachez que le mode zombi apporte son lot de nouveauté, et reste très sympathique à jouer en coopération, avec des amis.
Pour ce qui est du multijoueur, il n'y a ici aucun doute à avoir : nous sommes bien en présence d'un Call of Duty. Le gameplay est vif, nerveux, pour ne pas dire bourrin, avec des sensations orientées vers l'arcade. Les armes n'ont aucun recul et la cadence de tir est décuplée pour les fusils mitrailleurs... Ceux qui ont aimé les modes multijoueurs des précédents opus devraient donc y retrouver tous les ingrédients déjà bien connus de la franchise.
Call of Duty : Black Ops Cold War
Un potentiel mal exploité
- +Des graphismes corrects
- +Aspect 80's sympathique
- +Quelques niveaux réussis : La Loubianka...
- +Une dimension psychologique à la « Apocalypse Now »
- +Un aspect nanard, si on aime ça
- +Le zombi nazi et le multijoueur, corrects
- +La modélisation de Ronald Reagan
- -Beaucoup trop lourd
- -Une campagne courte, décevante, sacrifiée et oubliable
- -Des animations d'un autre âge
- -Un aspect nanard, si on n'aime pas ça...
- -Les mini jeux d'investigation
- -L'IA et les passages en véhicules
Graphismes
De par son aspect visuel global, Call of Duty Black Ops Cold War semble assez joli... et il l'est plutôt ! L'utilisation du Ray Tracing, anecdotique, reste réussie. Néanmoins, lorsque l'on prend vraiment le soin de se concentrer et de se focaliser sur une texture en particulier, force est de constater que le jeu souffre de la comparaison avec le moteur Frostbite de DICE... et que dire des animations des personnages qui datent d'un autre âge...
Durée de vie
Difficile à estimer tant les joueurs qui l'affectionnent pourront passer des dizaines d'heures sur son multijoueur et sur le mode zombis nazis... pour ce qui est du solo, les développeurs sont un peu en deçà du minimum syndical...
Ambiance
On ressent bien la vague des 80's, tant au niveau de l'ambiance visuelle qu'au niveau de la bande-son. Néanmoins, le jeu peine à clairement se positionner entre nanard assumé ou tentative de présenter une œuvre sérieuse...
Scénario
Que dire... si les développeurs ont vraiment voulu nous servir un nanard, ce dont je doute, la note devrait alors être de 10/10 tant on rigole de la médiocrité et de l'absence de cohérence de l'histoire racontée de bout en bout... Malheureusement, plus on joue, plus on a la désagréable sensation qu'ils se prennent au sérieux...
Technique
Le jeu est anormalement lourd et consomme énormément de ressources pour un rendu en deçà des derniers Battlefield. Sans compter quelques crashs ça et là, ainsi qu'un lancement chaotique le 13 novembre 2020...
Jouabilité
C'est nerveux, c'est bourrin, c'est intuitif : c'est Call of Duty. La prise en main est immédiate.
- Zog Chroniqueur, Historien, Testeur, Youtubeur
- « Une Europe fédérée est indispensable à la sécurité et à la paix du monde libre. » par Jean Monnet en 1952