Info sur le jeu |
PlateformePC Windows |
Éditeur
|
DéveloppeurArgonwood |
Date de sortieMai 2020 |
Rising Lords
J'ai toujours pensé que le boulot de seigneur médiéval devait beaucoup plus ressembler à celui de patron de start-up, et beaucoup moins à celui d'un Richard Cœur-de-Lion, assiégeant un château entre deux croisades sanglantes.
Rising Lords est venu me conforter dans cet état d'esprit : c'est un poste où vous êtes plus familier d'un boulier de comptable que de votre épée.
Le jeu des Allemands d'Argonwood m'a d'abord rappelé Frostpunk, en cela que la gestion de sa population est l'élément central.
« Notre plus grande richesse, c'est l'humain ! » vous dit ce patron qui va quand même vous demander de faire des heures supplémentaires au noir.
Eh bien dans Rising Lords, c'est pareil. Comment répartir au mieux ses travailleurs ? La voie vers le succès, c'est la conquête. Mais pour conquérir, il faut une armée. Et pour avoir un ost sous ma bannière, il faut des gens, et de quoi les équiper.
Comment augmenter ma population, comment faire en sorte que mes trois cent derniers paysans ne meurent pas de faim à l'hiver prochain alors qu'il ne me reste que trois vaches édentées et à peine cinquante boisseaux de blé ?
Sur mon fief du Vivarais (ou de Bohême, ou du pays de Galles... le décor ne change pas énormément de toutes façons), j'ai dans chaque province une case de champs de blé, une autre de pâturages pour élever des moutons, une autre pour les troupeaux de bovins, et une dernière pour les chevaux.
Pour chaque tranche de 250 personnes, je dispose d'une de ces très jolies figurines en deux dimensions, ici de paysans, admirablement dessinée dans un style singeant les enluminures médiévales.
Si je veux pouvoir ravager toutes les terres environnantes dans les plus brefs délais, il faudrait que j'affecte celui-là à la forge, pour qu'il fabrique des armures et des épées. Ah, sauf que pendant qu'il bossera dans la chaleur des fourneaux, mon cheptel de mouton va se disperser et mourir. Bon, alors il faut que j'affecte du monde aux troupeaux. Et mes champs ? Pourquoi je n'ai aucun revenu en blé ?
J'ai l'explication : nous sommes en été, et les récoltes ne se font qu'une fois par an. Sachant qu'il faut trois paysans pour exploiter à plein rendement ces terres… et qu'il faut les nourrir pendant trois saisons avant d'espérer récolter les précieux grains.
Rising Lords est un vrai casse-tête qui oblige le joueur à veiller fiévreusement sur ses stocks de nourriture, plus encore que sur son revenu mensuel. L'approvisionnement de chaque province en votre possession est un équilibrage exigeant une certaine finesse, que l'on peut régler avec plusieurs taquets, notamment la quantité de nourriture dont vous autorisez la distribution. À l'instar d'un Stronghold, des triples rations combleront de joie vos serfs et un misérable quignon de pain par trimestre économisera les derniers grains qui vous restent, mais cela incitera vos gens à aller voir ailleurs si les assiettes sont plus remplies. Et voir de longues files de manants se barrer de votre bourg est la promesse de galérer un bon moment pour retrouver une certaine prospérité.
Maintenant, mettons que vous ayez réussi à maîtriser tout ça et stabiliser votre domaine. Vous avez passé plusieurs années à fabriquer des armures de laines pour vos arbalétriers, à forger des épées et des cuirasses pour vos épéistes. Grand seigneur, vous avez même pris la peine de bâtir une auberge et une église, alors que demande le peuple ? Il est l'heure d'aller démarcher les voisins de manière musclée. Alors, Rising Lords reste sur sa formule hexagonale au tour-par-tour, mais propose des affrontements étonnamment tactiques avec des pions d'unités à positionner sur le champ de bataille en fonction de votre tactique.
Le tout est étoffé par un système de cartes à jouer dont les « decks » sont améliorables dans l'arbre de compétence de votre seigneur, et qui vont influer sur la bataille : gros bonus de dommage pour la prochaine attaque de ces archers, usage de leurres pour détourner la charge ennemie (très efficace), bonus d'initiative, etc.
Attention quand même à ne pas perdre votre seigneur, car nous sommes en plein Moyen-âge et à cette époque, les généraux avaient encore la riche idée de mener leurs troupes en première ligne. Et la démoralisation d'une armée, si elle est privée de chef, signifie la plupart du temps la défaite.
À ce propos, je ne saurais trop vous conseiller que d'attaquer rapidement au cours de votre partie, pour agrandir vos terres, car si en conquérir de nouvelles est rapide, les faire fructifier est beaucoup plus long, et l'IA est particulièrement active, et finira par venir vous affronter à la tête de milliers d'hommes en armes.
De fil en aiguille et de province en province, Rising Lords se révèle finalement plus addictif qu'il n'y paraît, même avec son interface branlante et sa traduction superficielle. Faire tenir debout un duché entier malgré les épidémies, les hivers trop longs et ces satanés loups qui peuvent débouler à chaque saison, c'est un défi.
Dommage cependant que ce défi n'ait pas pris le risque de s'inscrire plus profondément dans le Moyen-âge qu'il représente, mais ça vaut le coup d'œil.
Rising Lords
Pas moyenâgeux, et paradoxalement si
- +Direction artistique unique
- +Partie gestion équilibrée à souhait
- +Les combats, très tactiques
- -N'explique pas toutes ses mécaniques
- -Traduction à revoir
- -Limites vite trouvées
- Cernunnos Testeur, Rédacteur
- "Messieurs, c'est une plage privée! Je crois que nous dérangeons!" - Un officier britannique sur Sword Beach