Chronique : L'Histoire jour après jour

26 mai 2013 par Kreuzberg et Aymdef | Chronique historique

Sinking of HMS Hood, peinture de J.C. Schmitz-Westerholt.

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Plongez-vous dans l'Histoire...


20 mai

1941 : Début de la bataille de Crète. Tout commence en novembre 1940. En effet, le 1er novembre 1940, un convoi de vaisseaux britanniques entre dans la baie de la Soude. Le gouvernement grec en profite pour soumettre au gouvernement britannique une proposition : la 5e division de l'armée grecque du front albanais sera transférée en Crète si l'état-major britannique dirige la défense de l'île, la pression nazie se faisant de plus en plus forte. Onze jours plus tard, Adolf Hitler lance la Wehrmacht et la Luftwaffe sur la Grèce avec comme objectif de prendre possession de la Méditerranée orientale. En décembre, la Luftwaffe repère les points d'appui britanniques. En janvier 1941, le général Bernard Freyberg, responsable de la défense de la Crète, donne des consignes aux milices locales : empêcher toute approche aérienne de l'ennemi et tout parachutage. Le 25 mars, les Italiens attaquent par voie maritime, mais l'offensive échoue grâce à la Royal Navy. Cela reste néanmoins un signal d'alerte : la Crète doit se préparer. L'enjeu est de taille. L'île possède trois aérodromes, une piste d’atterrissage et une base navale. Laisser cette île aux Allemands serait leur laisser le contrôle sur toute la partie orientale du bassin méditerranéen ; laisser cette île aux Britanniques serait leur permettre de frapper aux champs pétroliers roumains.

Tout s'enchaîne rapidement. Le 21 avril l'armée royale grecque capitule dans les Balkans. Le 23 avril, Georges II de Grèce et son fils le prince-héritier sont évacués vers la Crète et le 25 avril, la 5e brigade néo-zélandaise forte de 5 000 hommes débarque en Crète et Hitler signe la directive n°28. Cette directive est l'ordre de déclenchement de l'opération Merkur, c'est-à-dire de l'offensive sur la Crète.

Le général chef d'état-major Freyberg organise la défense de la Crète. Il dispose de mauvaises troupes : 40 000 hommes au total, dont 20 000 soldats grecs mal armés et des forces disparates d'Ecossais, de Gallois et de Néo-Zélandais. Le courage est le seul atout de ces forces dispersées sur la Crète. En face, 25 000 "diables verts" du général Kurt Student avec 1 200 avions dont 280 bombardiers, 150 bombardiers en piqué et 180 avions de chasse.

Le 15 mai, Freyberg juge qu'avec le soutien de la Royal Navy il saura tenir la Crète. Le lendemain, un avion de reconnaissance allemand est abattu, et on découvre que les Allemands sous-estiment la défense alliée. Néanmoins, la Luftwaffe bombarde de manière intensive l'île depuis deux jours. Et le 20 mai, des milliers de parachutistes allemands sautent au dessus des aérodromes d'Héraklion, Maleme et Réthymnon. Mais les choses dérapent : plusieurs généraux allemands meurent dans les combats, notamment Wilhelm Süßmann qui était chargé de couper en deux le dispositif défensif de l'île. Les pertes infligées sont grandes. L'invasion est plus rude que prévue, et plusieurs fois le plan allemand est changé pour une meilleure adaptation à la situation.

Le 26 mai, des mouvements de replis sont engagés par les troupes alliées sur tout les fronts. Le 1er juin, la quasi-totalité des forces alliées de Crète ont étés évacuées. La bataille de la Crète est une victoire allemande, mais une victoire "à la Pyrrhus", les pertes étant trop énormes.


21 mai

1871 : Premier jour de la Semaine Sanglante. Suite à l'armistice pour la fin de la guerre franco-prussienne, des élections avaient étés déclenchées en France et un nouveau gouvernement présidé par Adolphe Thiers avait été nommé. Mais face au conservatisme de Thiers, les esprits s'échauffent à Marseille, Lyon, Narbonne, Saint-Etienne, Toulouse et au Creusot, mais aussi et surtout à Paris. C'est d'ailleurs à la capitale que se forme la 26 mars 1871 le Conseil de la Commune de Paris, un gouvernement parisien révolutionnaire. Si les Communes sont bientôt détruites dans toute la France, celle de Paris résiste et survit. Les politiciens communards parisiens entreprennent même des réformes. Progressivement, Thiers et son gouvernement sont contraints à évacuer Paris tandis que le Conseil de la Commune de Paris fait lever des troupes. Le gouvernement officiel français se réfugie à Versailles, d'où Thiers organise le blocus du ravitaillement de la ville de Paris. Ce dernier parlemente également avec le ministre-président allemand Otto von Bismarck pour la libération de quelques officiers français afin de pouvoir mener les troupes versaillaises, c'est-à-dire les troupes contre-révolutionnaires. Bismarck accepte, et l'armée versaillaise menée par le maréchal Mac Mahon se masse autour de Paris.

Le dimanche 21 mai 1871, dans une après-midi radieuse, les soldats versaillais s'alignent en rangs et l'arme au pied devant le rempart du Point-du-Jour. Un piqueur des Ponts et Chaussées, Ducatel, fait ouvrir les portes du bastion n°64 de la ceinture fortifiée parisienne. Mac Mahon et ses troupes s'y précipitent. L'armée versaillaise entre dans Paris. Les Versaillais tirent sur les Parisiens depuis les fortifications dont ils se sont emparés. L'officier révolutionnaire commandant le secteur, Dombrowski, demande des renforts ; le Conseil de la Commune de Paris ne lui accorde pas, étant en train de juger un traître. Néanmoins le Comité du Salut Public dépêche un observateur ... Qui est fait prisonnier par les Versaillais qui percent et s'emparent d'Auteuil et Passy. Des fouilles sont organisées et les troupes de Mac Mahon appellent à la délation contre les communards cachés. La Garde Nationale est fusillée par les troupes contre-révolutionnaires. L'offensive versaillaise se poursuit...

Le Conseil de la Commune de Paris tient sans le savoir sa dernière réunion, tandis qu'un concert est donné au Louvre au profit des "veuves et enfants de Paris" par les communards insouciants. Pourtant, sous huit jours, ils seront massacrés et Thiers sera de retour à Paris.


22 mai

Barricade communarde devant l'Eglise de la Madeleine.1871 : Second jour de la Semaine Sanglante. Suite aux événements d'hier, les troupes versaillaises occupent les 15e et 16e arrondissements ainsi que les portes d'Auteuil, de Passy, de Sèvres et naturellement de Versailles. Le maréchal Mac Mahon fait déployer son artillerie sur la colline de Chaillot et sur la place de l'Etoile. Pendant ce temps, la Commune de Paris informe officiellement ses citoyens de l'offensive victorieuse des Versaillais, grâce à des affiches placardées dans toute la capitale portant la signature de Charles Delescluze, délégué à la Guerre du Conseil de la Commune de Paris.

Mais la proclamation de Delescluze n'a aucun effet positif pour les communards. Bien au contraire, à l'annonce de la percée de Mac Mahon, les soldats communards désertent les rangs pour aller défendre leurs quartiers respectifs plutôt que de rester en ordre de bataille. Les barricades s'érigent au square Saint-Jacques, dans les rues Auber, de Châteaudun, du Faubourg Montmartre, de Notre-Dame de Lorette, à la Trinité, à la Chapelle, à la Bastille, aux Buttes Chaumont, au boulevard Saint-Michel, au Panthéon et dans bien d'autres endroits de Paris.

Mac Mahon, après avoir fait violemment bombarder les positions communardes, donne l'ordre à ses troupes de reprendre l'offensive. D'affreux combats se déroulent à Clichy et aux Batignolles. Afin de faire tomber cette dernière, le gouvernement Thiers parlemente de nouveau avec Otto von Bismarck, afin d'autoriser la marche des troupes versaillaises dans la zone neutre parisienne délimitée par les troupes allemandes. Bismarck accepte et Batignolles est prise à revers, provoquant sa chute. Le palais de l'Elysée, l'Ecole Militaire et gare Saint-Lazare tombent également aux mains des Versaillais. L'artillerie communarde est capturée et mise en batterie contre les barricades.

Le soir du 22 mai, la marche versaillaise se ralentit. D'abord parce que les officiers versaillais ordonnent à leurs troupes de faire des exécutions sommaires auprès des prisonniers communards, mais aussi parce que la résistance de la Commune de Paris est plus virulente que prévue grâce aux barricades.


23 mai

1871 : Troisième jour de la Semaine Sanglante. La situation est de plus en plus critique pour les communards depuis le déclenchement de l'offensive Mac Mahon deux jours plus tôt. Voyant ses troupes se débander, le Conseil de la Commune de Paris fait placarder par l'intermédiaire de la Garde Nationale des proclamations appelant à la fraternité entre fédéraux et versaillais. Ces appels n'améliorent pas la situation, bien au contraire.

Le maréchal Mac Mahon prend rapidement la butte Montmartre du fait que les troupes communardes désorganisées sont incapables de répliquer. Quarante-neuf communards sont fusillés à genoux et tête nue au numéro 6 de la rue des Rosiers. Jaroslaw Dombrowski, éminent chef de guerre communard, est tué sur les barricades de la rue Myrrha. L'Opéra, la Concorde, le Faubourg Montmartre, l'Observatoire et le parc Monceau sont pris par les Versaillais. Mais la résistance communarde continue à la Butte-aux-Cailles, au Panthéon et dans les rues de l'Université grâce au peuple parisien et non pas aux troupes "officielles" communardes.

Le Conseil de la Commune de Paris se voyant dépossédé de son commandement militaire par les troupes en déroute et perdant progressivement le contrôle de la capitale, il ne peut riposter qu'en prenant une décision fatidique : provoquer l'incendie du Palais des Tuileries, de la Cour des Comptes, du Conseil d'Etat et du Palais de la Légion d'Honneur.


24 mai

1941 : Surnommé le "Mighty Hood" par les Anglais, le cuirassé H.M.S. Hood était le plus gros cuirassé dont ils disposaient. En ce jour du 24 mai 1941, il fut touché et coulé par le Bismarck.

Fleuron de la Kriegsmarine du IIIe Reich, le cuirassé Bismarck sort en haute mer accompagné du Prince Eugen, pour rejoindre l'Atlantique. L’amirauté anglais assigna au H.M.S. Hood et au Prince of Wales la tâche de chasser et détruire le Bismarck. Au petit matin du 24 mai 1941, le Hood et le Prince of Wales engagèrent le combat avec les navires allemands...

Lors de la bataille, un projectile de 8 pouces du Prinz Eugen atteint le Hood sur le pont causant un incendie dans la soute à munitions. Au même moment, une salve du Bismarck l'atteint causant une forte explosion et le Hood se coupe en deux et coule à pic entraînant avec lui près de 1400 hommes d'équipage.

Le choc subi par les Anglais fut à ce point tel que Churchill ordonna "Trouvez et coulez le Bismarck". Trois jours plus tard, le Bismarck sera torpillé au large de Brest par des croiseurs britanniques, emportant 1 800 personnes avec lui.


25 mai

1871 : Cinquième jour de la Semaine Sanglante. La Commune de Paris continue de s'enfoncer dans le chaos et la fin de cette entité révolutionnaire approche à grands pas. Le 23, des incendies avaient déjà été provoqués dans des hauts-lieux parisiens et s'étaient propagés le 24. Et ce même jour aurait pu rester comme une journée de nouveaux replis pour les communards. Mais ceux-ci prennent la volonté d'incendier de nouveaux bâtiments, l'objectif étant de faire disparaître les archives et de freiner la progression de Mac Mahon et ses troupes. C'est ainsi que les éminents membres du Conseil de la Commune de Paris évacuent et font incendier l'Hôtel de Ville, la Préfecture de Police et le Palais de Justice. En guise de répression, les Versaillais fusillent impitoyablement les 700 défenseurs communards du Quartier Latin et plus de 80 blessés et leurs médecins de la Commune de Paris. La Poudrière du Luxembourg implose tandis que l'Hôtel de Ville s'écroule en partie, en proie aux flammes. Ce qui devait être la reconquête de la capitale devient un massacre franco-français dans un Paris à feu et à sang.

Et ce jour du 25 mai n'est pas moins violent. C'est la bataille de la Butte-aux-Cailles. Le général communard Walery Wroblewski a fortifié de nombreux boulevards et réquisitionné plusieurs place où il déploie 3 500 hommes et 16 canons. En face, le général versaillais Ernest de Cissey commande 23 000 hommes et 50 canons et mitrailleuses ; il dispose également du soutien de quelques corps d'armées versaillais qui progressent lentement aux alentours. Quatre assauts sont lancés par Cissey sur la rive gauche de la Seine, et quatre fois de suite Wroblewski les repousse malgré son infériorité numérique et qualitative. Mais les corps alliés de Cissey ont attaqués le Panthéon avec succès. Les flancs communards sont menacés, et Wroblewski est contraint de dégarnir son front principal et d'engager ses réserves. Tandis que de nouveaux assauts sont lancés et que la pression sur les flancs communards devient de plus en plus forte, Cissey fait donner son artillerie sur la Butte-aux-Cailles, la place Jeanne d'Arc et le Boulevard Saint-Marcel. Le front principal de Wroblewski est enfoncé et les Versaillais font leur jonction à la mairie du XIIIe arrondissement peu après 15h : les forces communardes risquent d'être encerclées dans leur intégralité. Wroblewski ordonne la retraite de ses troupes par le Pont d'Austerlitz. Une seule barricade communarde subsiste et les hommes l'occupant parviennent à tenir durant toute la durée de la retraite. Le soir, la Seine a été franchie par un millier d'hommes et une partie de l'artillerie de Wroblewski.

La Commune de Paris a perdu l'ensemble de ses territoires de la rive gauche de la Seine à cause de l'offensive du général Cissey. Et le pire reste à venir ...


26 mai

Barricade, Edouard Manet, 1871.1871 : Sixième jour de la Semaine Sanglante. Les incendies continuent de dévorer lentement Paris tandis que les communards sont massacrés au Panthéon et Mac Mahon s'empare du Faubourg Saint-Antoine. Le Conseil de la Commune de Paris ne sait plus où se réfugier face aux retraites constantes de son armée. Adolf Rozwadowski et Michał Szeweycer, émigrants polonais au service des communards, sont eux aussi exécutés (de "manière horrible" selon les contemporains) lors des répressions sanglantes. Les troupes communardes ne tiennent plus qu'une parcelle de territoire parisien, qui prend la forme d'un quadrilatère. Ces limites sont marquées par ces lieux : canal de l'Ourcq, bassin de la Villette, canal Saint-Martin, boulevard Richard-Lenoir, rue du Faubourg-Saint-Antoine et porte de Vincennes.

Mais ce sixième jour, l'un des derniers, est aussi marqué par un événement bouleversant : le massacre de la "Villa des Otages". 52 prisonniers versaillais, dont 11 prêtres et 36 gardes ou gendarmes du gouvernement Thiers, sont extradés de la Prison de la Roquette et son fusillés dans la Rue Haxo. C'est un massacre mené par les communards qui était imprévu. D'après Jacques Hillairet, une femme communarde a tiré sur l'abbé Planchat ; aussitôt excité par ce geste violent, les autres communards présents massacrèrent les autres prisonniers versaillais. Aujourd'hui encore, on peut voir une plaque commémorative Rue Haxo en mémoire des victimes.

  • Aymdef El Présidente, Rédacteur en chef, Testeur, Chroniqueur, Historien Email | Twitter

  • "L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face meure pour le sien." George S. Patton
  • Kreuzberg Ex-Chef de la section littérature , Ex-Testeur, Ex-Chroniqueur, Ex-Historien

  • Ancien membre d'HistoriaGames : Tombé au combat