Chronique : L'histoire des templiers - 8ème partie

11 avril 2013 par Orochti | Chronique historique | Moyen-âge - Les Croisades

Chronique : L'histoire des templiers - 8ème partie

Huitième partie du dossier sur l'Histoire des Templiers. Retrouvez les précédentes parties par ici : Chronique des Templiers.

Notre petite aventure au sein de l'ordre du temple s'approche doucement de la fin. En effet, après avoir vu la vie habituelle des Templiers en temps de guerre et en temps de paix, ainsi que les différentes sanctions, nous allons étudier aujourd'hui les derniers feux de l'ordre.

Notre huitième chronique est donc porté sur l'études des derniers combats de l'ordre, et de la perte des États Latins d'orient. Quels sont donc les grandes batailles, les victoires et les défaites de l'ordre ? Réponse ici même !

  • Entre défaite et victoire amère
  • Saladin, le pourfendeur des Templiers
  • Bibliographie

Si du point de vue religieux, le royaume de Jérusalem était une nécessité. Du point de vue politique, c'était un royaume très mal placé. En effet, ce petit royaume qui ne possède que de quelques comtés se retrouve entre d'immenses puissances musulmanes, aussi bien shiites que sunnites. Les plus simples émirats rivalisaient avec le petit royaume latin chrétien. Hormis le souhait de vengeance et le désir de reconquérir les territoires perdus, les musulmans considèrent également Jérusalem comme une ville religieuse. C'est pourquoi les conflits sont d'ordre à la fois politique, mais aussi religieux.

Ainsi, en hiver 1144, Imad ed-Din Zengi dit le Sanguinaire commença les hostilités envers le royaume en s'attaquant à la ville fortifié d'Edesse. En 1 mois de siège, la ville tomba aux mains de ce nouvel adversaire. Ce fut un véritable choc pour l'occident au point même d'animer suffisamment les foules pour crier à la deuxième croisade en 1146. Contrairement à la première, la deuxième croisade présenta de meilleures atouts : des Rois croisés comme Louis VII de France, une armée de Templiers (130 sous les ordres d'Evrard des Barres) expérimentée après avoir combattu les Maures en Espagne.

Ces croisés traversèrent le Bosphore en octobre 1147, pour traverser ensuite les montagnes d'Asie mineure. La traversée fut longue et dangereuse, entre chemins sinueux et les turcs qui occupaient la région. Devant une hauteur nommée « la montagne exécrable » par le chapelain de Louis VII, le roi ordonna d'attendre que les troupes se rassemblent avant de traverser. Un seigneur, n'y voyant aucun danger, nia les ordres et entama la montée. Lorsque le roi arriva le soir, dans la pénombre, il fut accueilli par une armée de Turc qui provoqua la panique au sein de l'armée française. Le roi lui-même fut menacé. Heureusement, la présence des Templiers, ayant gardé leur sang-froid, repoussèrent l'attaque. Pour les remercier, le roi Louis VII leur donna le commandement de toutes les armées. Cependant, cela n'a guère suffit, et la deuxième croisade se solda par un échec.

Siège d'Ascalon, par Sébastien Mamerot, paru dans Les Passages d'oultre merAu sud de la Palestine, tout près de l'Egypte se trouve la ville côtière d'Ascalon. Lors de la première croisade, les armées avaient tentés de l'assiéger, sans succès. Rapidement, elle se fit une réputation de cité imprenable, protégée par une double ceinture de rempart et de 150 tours. Baudouin III, le roi de Jérusalem, fit appel aux Templiers, Hospitaliers et aux barons de la Terre-Sainte pour mettre fin à cette réputation. Le patriarche de Jérusalem, Foucher d'Angoulème, bientôt centenaire, était venu lui-même avec les reliques de la Vraie-Croix. C'était le début du siège d'Ascalon.

En janvier 1153, toutes les machines de guerre disponibles bombardaient la ville. Les chrétiens avait même construit des remparts en bois ainsi qu'une gigantesque tour où archers et arbalétriers pouvaient éliminer les archers adverses depuis leur hauteur. Les défenseurs d'Ascalon, pour éliminer cette muraille de bois, jetèrent des morceaux de bois, des fagots, des branches en dehors de leur muraille en pierre. Le 16 août, après avoir jeté de l'huile dessus, ils y mirent le feu, espérant alors que le feu atteindrait les murailles adverses. Cependant, le vent changea soudain de direction, repoussant les courants d'air vers les murailles d'Ascalon. Les pierres chauffés finirent par céder, et une brèche apparue. Bernard de Trémelay, le maitre du Temple lança une attaque avec une quarantaine de ses chevaliers à l'intérieur. Hélas, la chance ne tourna pas deux fois. Les assiégés colmatèrent la brèche et tous les templiers furent exterminés et leurs cadavres suspendues sur les murailles de la ville. Cette attaque fut plusieurs fois reprises dans des chroniques, critiqués par l'Evêque de Tyr, ou alors applaudis par Jacques de Vitry. Ascalon fut prise le 22 aout 1153, ce qui libéra la route des chrétiens vers l'Egypte, ainsi que de l'oppression sarrasine dans la région.

Saladin apparait dans la seconde moitié du XIIème siècle. Devenu maître de l'Egypte en 1169, il succède à Nur al-Din à Damas en 1174. Il contrôla la Syrie, entourant ainsi dangereusement les États Latins. Son objectif était de réunir le monde musulman en un seul sultanat, qui jusqu'à alors était divisé en une multitude d'émirat plus ou moins puissant. À Jérusalem, le nouveau roi de Jérusalem Baudouin IV n'a que 14 ans mais règne déjà. Malheureusement, il est atteint de la lèpre. Pourtant, son prestige est assez grand.

Bataille de Montgisard, par Charles-Philippe LarivièreEn novembre 1177, 80 templiers venus de la forteresse de Gaza prirent la route de Montgisard, où ils repoussèrent l'armée de Saladin en route à Jérusalem même. Deux ans plus tard, ce fut l'inverse, et les armées chrétiennes subirent une sèvère défaite à Margeleon. Le maitre du temple, Eudes de Saint-Amand fut même capturé. Ensuite, des difficultés politiques apparurent. En 1185, Baudouin IV meurt, laissant la place vacante. La même année, l'élection de Gérard de Ridford en nouveau maître du Temple fut un désastre pour l'ordre. En effet, ce flamand, surnommé « le mauvais génie du Temple » fut reconnu par ses aptitudes d'irresponsables. Notons alors par exemple en 1187, à La Fontaine de Cresson, il lanca une attaque suicide, malgré les préventions de son maréchal, contre l'armée de Saladin. Les pertes furent lourdes et seul le maître du Temple, étrangement, fut l'un des rares chrétiens à avoir survécu.

Le nouveau roi de Jérusalem, Guy de Lusignan, rassembla autour de lui tous les barons et ordres afin d'arrêter une bonne fois pour toutes les armées de Saladin. L'été 1187, l'armée franque avait dressé ses tentes près de Séphorie, à mi-chemin entre la côte et le lac de Tibériade. De là, le roi de Jérusalem pouvait contrôler les déplacements de l'armée adverses. Dans la soirée du 2 juillet, Guy de Lusignan rassembla son armée. Il venait d'apprendre que Saladin et son armée étaient à Tibériade et seul le château, où la comtesse de Tripoli était, tenait encore. Hésitant, le roi de Jérusalem prit conseil. Le maitre du Temple Gérard de Ridford préconisait l'attaque là où le comte de Tripoli s'y refusa, estimant de ne pas tomber dans le piège du sultan, quitte à sacrifier sa femme. Le roi suivit les conseils du comte. Cependant, en pleine nuit, après avoir été convaincu par le maître du Temple, il ordonna de lancer la charge. A l'aube, l'armée se mit en marche sous un soleil de plomb. Peu à peu, l'armée s'épuisa. Le 4 juillet 1187, à Hattin, l'armée de Saladin encerclait le camp des chrétiens, mais n'attaqua pas de suite, laissant le soleil être son soldat d'élite. Pour augmenter le supplice, il brula des herbes sèches laissant le vent jetait la fumée sur le camp. Les soldats devaient tenter une sortie. Après quelques charges plus ou moins heureuses, Saladin lança l'attaque, et ce fut un véritable massacre. Fut prisonnier le roi de Jérusalem et le maitre de l'ordre du Temple.

Peu à peu, ce fut la fin. La Vraie-Croix tomba aux mains des musulmans, tous les Templiers et Hospitaliers furent exécuté sauf le maitre du temple. Quel raison ? Avait-il renié sa religion ? Accord secret ? Nul ne le sait.  Suite à ça, Saladin chargea. Le 10 juillet, Acre tomba, puis Jaffa, puis Beyrouth, Ascalon et le 20 juillet, Jérusalem même ! Seul la ville d'Acre, reprise le 12 juillet 1191, survécu, et résista pendant 1 siècle, devenu le dernier état latin d'Orient.

  • DEMURGER Alain, Croisades et Croisés au Moyen-âge, Flammarion, collection Champs, 2006, 410 pages.
  • FLORI JEAN, La croix, la tiare et l'épée : la croisade confisquée, Payot & Rivage, Collection Histoire, 2010, 350 pages.
  • HUCHET Patrick, Les Templiers de la gloire à la tragédie, Editions OUEST-France, Collection Histoire, 2010, 130 pages.
  • BRIAIS Bernard, Les Templiers, France Loisirs, collection Les mémoires du Temps, 2011, 190 pages.
  • Kreuzberg Ex-Chef de la section littérature , Ex-Testeur, Ex-Chroniqueur, Ex-Historien

  • Ancien membre d'HistoriaGames : Tombé au combat