Moyen-âgeConquête normande de l'Angleterre
Bataille d'Hastings
Le Duc de Normandie Robert le Magnifique décéda dès son retour de la Terre-Saint en 1035. Son fils Guillaume le Bâtard prit alors sa succession. Pendant de nombreuses décennies, le Duc Guillaume fit tout pour combattre les petits seigneurs et rétablir l'unité en son duché. Il fit de la Normandie un puissant duché, craint notamment par le roi de France.
De l'autre côté de la Manche se trouvait Edouard le Confesseur, roi d'Angleterre. Son règne est marqué par la paix et la prospérité, mais n'ayant jamais consommé son mariage, il n'a pas d'héritier pour lui succéder. Edouard favorise son entourage normand, ce qui mécontente les nobles danois et saxons, qui forment un parti anti-normand autour de Godwin de Wessex. En effet, Guillaume le Bâtard était le fils du cousin maternel du roi, et pouvait prétendre à la couronne, le roi en fit d'ailleurs son premier choix pour lui succéder au début des années 1050. Guillaume entre alors dans la compétition pour succéder au roi au côté d'un autre puissant seigneur, Harold Godwinson (beau-frère d'Edouard le Confesseur et fils de Godwin) qui était comte de Wessex (qui à l'époque représente un tiers de l'Angleterre). Deux clans se formèrent alors.
Tapisserie de Bayeux - Scène 51 (partielle) - La bataille d'Hastings : chevaliers et archers normands
Le clan des Normands approuva le choix du roi d'Angleterre et quand à l'autre clan, c'est tout le contraire car il voulait voir une personne anglo-saxonne comme futur roi et élu selon la tradition. Un autre belligérant entra dans la course pour le trône d'Angleterre, le roi de la Norvège lui-même, Harald III Sigurdsson, à cause d'un lointain serment entre Magnus Ier de Norvège (le neveu d'Harald) et l'ancien roi d'Angleterre Knud II le Hardi. Ces derniers s'étaient mis d'accord : si l'un d'entre eux mourait sans héritier direct, l'autre hériterait du royaume. Harald s'allia avec Guillaume avec la promesse de se partager le royaume.
Mais un événement alla brusquer tous ces plans. Le 5 janvier 1066, le malheureux roi Edouard le Confesseur décéda. Aussitôt, la nouvelle se répandit... Un nouveau roi en Angleterre est nommé par ses pairs, il est connu sous le nom de Harold de Wessex. Nouvelle qui surpris bien du monde. Selon ses dires, Harold aurait recueilli le vœu fait par Edouard sur son lit de mort lui demandant de gouverner l'Angleterre. Il s'agit d'une trahison car de ce fait, il renie le serment qu'il avait fait à Guillaume le Bâtard de le placer sur le trône quelques années plutôt.
C'est ainsi que Guillaume le Bâtard décida de partir à la tête d'une armée pour récupérer son bien. Il rassembla de nombreuses forces dont une flotte de plus de mille bateaux aux alentours de Dives-Sur-Mer.
Alors que son armée était en train de se constituer il obtient l'appuie de plusieurs nobles normands ainsi que du pape. Ce dernier ira même jusqu'à excommunier Harold de Wessex car il avait fait son serment sur les reliques d'un saint.
Guillaume le Bâtard contacta aussi le roi de Norvège pour lui demander d'envahir lui aussi l'Angleterre par le Nord. Ainsi, ils se partageraient les terres conquises. En août 1066, les hommes de Guillaume étaient dans la baie de Somme prêt à l'invasion. Mais un problème se posa aux yeux du Duc de Normandie, l'armée de l'usurpateur était en place et prête à le recevoir pour un quelconque débarquement, ce qui minimisa très fortement ses chances de réussite.
Au Nord, Harald III Sigurdsson venait de mettre pied-à-terre sur la Grande Île, le 18 septembre 1066. Aussitôt, le roi Harold fit rassembler ses troupes et partit à l'assaut de l'envahisseur norvégien. La patience aura suffit à Guillaume d'attendre le bon moment pour lancer sa flotte à l'assaut de l'île sans craindre une trop forte opposition à son arrivée.
La voilà enfin ! La Bataille !
Alors que les terribles vikings norvégiens avaient débarqué près de York, l'armée d'Harold allait à leur contact. Le 25 septembre 1066, lors de la bataille de Stamford Bridge, la défaite fut pour les Vikings et elle fut grande puisque leur roi Harald y perdit la vie lors des combats.
Trois jours après la bataille, Guillaume débarqua à la tête de ses troupes près de la ville d'Hastings. Sachant que son ennemi était loin, il prit la décision d'y fortifier la position qu'il avait prise. Les troupes d'Harold reçurent l'ordre de se déporter vers l'armée normande, mais ils étaient épuisés par la marche et les combats qui avaient précédés. Tôt le matin du 14 octobre 1066, Harold arriva avec son armée. Mais juste avant cela, Guillaume fut prévenu par des éclaireurs ce qui lui permit de bien se préparer.
Le plan de Guillaume restait simple. Il voulait forcer l'ennemi à attaquer en premier pour vaincre rapidement les troupes de son adversaire qui étaient harassées. Ainsi, Guillaume céda la colline de Senlac.
Les combats commencèrent vers 9h du matin et furent engagés par les archers Normands. Harold disposait d'unités lourdes en son centre et de paysans sur ses flancs. Tous étaient quasiment en ligne et formaient une véritable muraille qui a pour seul but d'empêcher quiconque de passer. L'Armée de Guillaume se disposa en plusieurs parties, détachées les unes des autres (flanc gauche/centre/flanc droit). Les effets des flèches normandes ne furent guères efficaces sur cette "muraille" anglo-saxonne.
Alors, le Duc de Normandie décida d'envoyer ses troupes à pied. Elles furent très vite refoulées par les troupes anglaises. Après cet échec, il ordonna à la cavalerie lourde de charger dans l'ultime espoir de faire une brèche mais en vain une fois de plus. C'est alors que le flanc gauche normand céda, semant la panique un peu partout dans les rangs des Normands. A la vue des soldats qui se replièrent en courant et laissant au sol leurs armures et armes pour courir plus vite, Guillaume le Bâtard s'élança alors dans la bataille en ordonnant à ses hommes de retourner au combat quand soudain - sûrement touché par une flèche - le cheval du roi s'effondra net. "Le duc est mort ! Le duc est mort !" crièrent les soldats dont la peur gagnée de plus en plus. Mais non, Guillaume était loin d'être mort. Ce dernier se releva, ôta son casque et se lança devant ses troupes face à l'ennemi. Ainsi tous ces hommes le reconnurent et dans un élan d'adrénaline, le centre retourna au combat. Le flanc gauche qui commençait à être très mal en point, fut secouru par la cavalerie normande qui prit en "sandwich" les fantassins ennemis et infligea d'assez lourdes pertes. Elle fit de même pour le flanc droit. Les troupes anglo-saxonnes se replièrent à leur tour sur leur position de départ, la colline de Senlac.
L'après midi arriva et le duc normand décida de briser cette "muraille", il envoya donc ses archers et cavaliers au plus près de ses ennemis et leurs tira des flèches leur infligeant de très lourdes pertes. Pendant plusieurs heures, ces phases de combats s'enchaînèrent et les troupes d'Harold tombèrent encore et encore. Puis quelques heures avant la fin de la bataille, des brèches fit leurs apparitions. Les Anglo-saxons commencèrent à céder face aux projectiles ennemis. On prétend qu'Harold eut un œil crevé dû à une flèche qui aurait traversée tous les rangs ennemis pour venir lui percer un de ses yeux.
Cette fois-ci, Guillaume ordonna à sa cavalerie de charger mais pas la "muraille" directement, plutôt l'état-major d'Harold. Il envoya quatre chevaliers pour aller tuer coûte que coûte le roi d'Angleterre. La charge fut lancée, les hommes se frayèrent un chemin et atteignirent le roi ennemi et le tuèrent. Aussitôt, la rumeur se répandit, le roi était mort. Les troupes anglo-saxonnes accablées et fatiguées se replièrent.
La victoire était Normande
Par la suite, les troupes normandes restèrent quelques semaines près d'Hastings pour se reposer et reprirent leur chemin vers Londres. Entre temps, certains seigneurs s'étaient soumis à Guillaume, d'autres pas. Alors des villages et villes furent réduits en cendre ou pillés. Après bien des péripéties, surtout près de la ville de Londres, Guillaume le Bâtard fut couronné Roi d'Angleterre à l'abbaye de Westminster et devint Guillaume le Conquérant.
Cette victoire aura permis à Guillaume de tuer Harold son adversaire. Mais aussi de voir mourir le roi Norvégien quelques temps avant la bataille d'Hastings, ainsi les prétendants au trône d'Angleterre était à six pieds sous terre. Et cela lui permit de décrocher la couronne qu'il lui était promis.
Toute cette campagne nous est particulièrement relatée par la tapisserie de Bayeux qui décrit les faits relatifs à la conquête normande de l'Angleterre en 1066, bien qu'elle soit nettement favorable à Guillaume le Conquérant qui y est mit en valeur.
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