L'Inrap présente la fouille d'une partie du camp retranché parisien

Thématique
Époque contemporaine
15 mai
2020

Saviez-vous que la dernière enceinte fortifiée de France n'est pas si vieille que ça ? Et pour cause : elle date du début du siècle dernier ! Après la dérouillée subie par la France durant la désastreuse guerre de 1870, le Parlement vote en 1874 une loi portant sur la construction d'un ambitieux réseau de fortifications défensives sur le nord-est du pays, où la frontière est dangereusement proche de la capitale.

Inspiré des vues du général Séré de Rivières, le programme a abouti à la construction de ce qui fut, concrètement, la toute dernière muraille de Paris : un complexe réseau de tranchées et de fortins, abondamment garni en moyens de communications, magasins et emplacements d'artillerie diverse, dans l'éventualité d'une guerre où les Allemands parviendraient jusqu'à la capitale.

L'Inrap présente la fouille d'une partie du camp retranché parisienCarte d'époque du camp retranché parisien.

Heureusement jamais mis en pratique, l'offensive allemande ayant été stoppée sur la Marne, le camp retranché a cependant été occupé un bon moment et utilisé pour d'autres usages... avant d'être désarmé et abandonné à la nature.

Jusqu'à aujourd'hui, où l'INRAP publie les résultats des fouilles ayant eu lieu entre le 31 mai et le 27 juillet 2019 à Villevaudé, en Seine-et-Marne.

L'opération était la première de son genre car, excepté quelques prospections marginales, aucune campagne de fouilles archéologiques ne s'était attelé à la tâche d'étudier ce réseau défensif parisien. Grâce au concours de l'ONF (Office National des Forêts), le site de Villevaudé, au lieu-dit du bois Gratuel, a été identifié comme étant la batterie 308 de ce réseau.

L'Inrap présente la fouille d'une partie du camp retranché parisienCarte de 1915 où figure la batterie 308, au carré violet. (Service Historique de la Défense)

Cette batterie faisait partie du périmètre extérieur du réseau défensif parisien, et s'articulerait sur un axe allant du sud-est au nord-ouest, le long duquel s'étalent deux tranchées dont l'une dessert des structures rectangulaires en creux orientées vers le nord-est : ni plus ni moins que d'anciens magasins à munitions, et des postes de tirs où étaient installés les canons de la première ligne française.

L'Inrap présente la fouille d'une partie du camp retranché parisienPlan de l'emprise des fouilles (cliché Inrap)

Ce grand dispositif d'artillerie s'étale sur 170 mètres, et probablement encore au-delà car les vestiges continuaient hors des limites de la fouille. Bien que la plupart des abris, qui s'alternent, aient été démontés et leurs matériaux récupérés, les fouilles ont permis de retrouver plusieurs ensembles de poutres et les reposoirs des planchers équipant les magasins à munitions; ainsi qu'un poste d'observation !

L'Inrap présente la fouille d'une partie du camp retranché parisienVue d'un des postes de tir (cliché Inrap)
L'Inrap présente la fouille d'une partie du camp retranché parisienVue d'un magasin dans la tranchée principale (cliché Inrap)

Au sud de cet ensemble, une autre tranchée moins profonde a été découverte, qui semble correspondre aux plans de 1915 : elle a servi au transport des pièces d'artillerie et à leur alimentation, et a été démonté en même temps que la batterie lors de l'abandon du dispositif, en 1916.

L'Inrap présente la fouille d'une partie du camp retranché parisienFlacon en grès d'un produit d'entretient des métaux, où l'on peut encore lire la marque : “Brillant belge, eau de cuivre grasse”, vendu par un industriel d'Asnières (cliché Inrap)