L’affaire Akhénaton connaît de nouveaux développements
La question de la succession d’Amenhotep IV, plus connu sous le nom d’Akhénaton, n’a pas été simple. On sait peu de choses sur la fin du règne de ce pharaon qui est resté célèbre pour avoir tenté d’imposer un monothéiste particulièrement mal vu à l’Égypte sous son règne.
Frappé de damnatio memoriae dès sa mort, sa capitale toute nouvelle a été abandonnée immédiatement et est retournée aux sables du désert. Néanmoins, la documentation fragmentaire complexifiait jusqu’ici la tâche des égyptologues concernant la suite des évènements à la tête de l’état égyptien : on n’était pas tout à fait certains de savoir quel individu est monté sur le trône et à quelle date, jusqu’au règne de Toutankhâmon, plus documenté.
Il n’était pas tout à fait certain de qui, entre la reine Néfertiti et la princesse Méritaton, était monté sur le trône de pharaon après la mort d’Amenhotep IV. Le trône étant transmis de père en fils sauf exception, il aurait dû revenir au jeune Toutankhamon, mais ce dernier était alors âgé de cinq ans.
Mme Valérie Angenot, égyptologue et éminente historienne de l’art de l’Université du Québec, a procédé à une analyse sémiotique des sources documentaires à disposition, ainsi qu’à l’étude d’une stèle exposée au musée de Berlin, ci-contre.
Qui représente deux personnages dans une attitude particulière, l’une effleurant le menton de l’autre. Or, d’après Mme Angenot, cette gestuelle est systématiquement réservée aux femmes dans l’art égyptien.
Au terme de son travail, l’égyptologue a conclu que la succession d’Akhénaton pourrait ne pas avoir été assurée par Néfertiti mais par deux princesses, devenues en quelque sorte « co-reines » : la princesse Méritaton, ainsi que sa deuxième fille, associée au pouvoir avant sa mort : Néferneferouaton Tasherit. Elles seraient montées sur le trône sous le nom de Néferneferouaton-Ankhkheperurê.
Cette théorie est appuyée par l’analyse du mobilier funéraire de Toutankhamon : mort trop jeune, on sait que le malheureux pharaon a été enterré à la va-vite dans une tombe non achevée et non prévue pour lui, mais également que son mobilier funéraire a été rassemblé dans l’urgence, en l’occurrence avec des objets qui ne lui étaient pas non plus destinés. Or, plusieurs pièces de ce mobilier étaient également destinées à cette reine, Néferneferouaton-Ankhkheperurê.
Mme Angenot a également procédé à l’étude de plusieurs sculptures de bustes royaux, que l’on pense représentant des rois, mais qui pourraient être également des princesses associées au trône et devenues reines : « Comme l'art égyptien fonctionne sur des systèmes de proportions, j'ai effectué des comparaisons de ces statues avec la statuaire reconnue des princesses et ça colle tout à fait, j'ai pu montrer que certaines têtes royales étaient en fait des têtes de princesses devenues pharaons », explique-t-elle.