Info sur la série
Titre originalPoldark
Saison3
Format52 minutes
GenreDrame, Historique, Romance
CréateurDebbie Horsfield
1ère diffusion8 mars 2015 (BBC One)
15 juillet 2016 (Netflix)

Poldark

L'Amiral
Thématique
6 février
2017

Synopsis

Les Cornouailles, en Angleterre, vers la fin du 18ème siècle. Ross Poldark revient de la guerre d'Indépendance américaine pour retrouver sa bien-aimée, mais il ne trouve qu'un monde en ruine : son père est mort, la mine familiale fermée et sa compagne s'est engagée à épouser son cousin. Heureusement pour Poldark, rien n'est perdu...

Les séries britanniques prennent de l'essor depuis quelques années, notamment via le patronage de la BBC. Se posant en alternatives aux productions américaines, ces séries ont su trouver leur place dans le paysage médiatique. La série Poldark, remake de la série de 1975, est diffusée sur BBC One depuis mars 2015 et sur Netflix depuis juillet 2016. L’œuvre originale est une série de livres écrits par Winston Graham, écrivain britannique, dont le premier tome paraît en 1945.

Une famille de Cornouailles dans les tourments de la fin du XVIIIème siècle

La série a pour cadre l'Angleterre de la fin du XVIIIème siècle. Ross Poldark est un jeune cornouaillais qui s'est engagé dans l'armée anglaise lors de la Guerre d'Indépendance aux futurs États-Unis pour éviter des condamnations. Originaire d'une ancienne famille de Cornouailles, il est de retour dans son pays d'origine à la fin de cette guerre après avoir été donné pour mort.

La Cornouailles à la fin du XVIIIème siècle est une région touchée par la révolution industrielle mais aussi par l'effondrement du prix du minerai. La région est constellée de mines d'étain, de cuivre, de fer, qui font vivre la plupart des familles. Les Poldark sont eux aussi des propriétaires miniers : le père de Ross possède deux mines et son frère une. Mais la chute du prix du minerai de cuivre fait que la disette menace et les licenciements s'enchaînent.

Le retour au pays est dur pour Ross : sa famille le croyant mort, il ne reste que son souvenir... et le domaine de son père, dont deux mines au bord de la ruine : Wheal Leisure et Wheal Grace. La série dépeint très bien les dures conditions de vie autant des mineurs et du « petit peuple » que des propriétaires terriens (qu'on pourrait assimiler à la classe moyenne aujourd'hui). Les rapports de classe sont aussi très bien explicités : Ross Poldark est revenu marqué de la guerre, et le système politique anglais lui semble alors reposer sur des bases de moins en moins légitimes.

Alors que l'intrigue principale évolue dans les hautes sphères de la société cornouaillaise, Ross doit renouer tant bien que mal avec sa cousine par alliance qui n'est autre que son premier amour. Les difficultés financières que tous connaissent poussent certains dans les bras des usuriers : la faillite n'est jamais loin et son spectre plane sur toute la série.

Un cadre historico-dramatique avec une pointe de sentimentalisme

Poldark parvient à placer le spectateur dans les Cornouailles de la fin du XVIIIème siècle. L'ambiance est très bien retranscrite, et on peut se prendre à espérer avec Ross la réouverture d'une mine et de souhaiter la chute de son adversaire. Les personnages ne sont pas manichéens, loin de là. Les relations familiales sont empoisonnées par différents facteurs autant internes qu'externes : la rivalité entre cousins, un ancien ami qui devient adversaire...

Le personnage principal Ross Poldark n'est pas tout blanc, ni tout noir : il est un savant mélange de contradictions qui le rendent plus humain, plus apte à prendre des décisions parfois peu rationnelles et qui ne vont pas dans son sens. Son principal adversaire, George Warleggan, riche spéculateur et ami d'enfance, a un riche profil : bien sûr son rôle de « méchant » dans la série l'emporte, mais le spectateur peut parfois éprouver de l'empathie pour lui.

Le côté historico-dramatique est parfois laissé de côté pour un volet sentimental. En effet, la relation entre Ross et Elizabeth empoisonne l'histoire. De plus, l'arrivée de Demelza, fille de mineurs, dans la famille Poldark amène un conflit de classes qu'elle n'arrivera jamais à vraiment apaiser. Ross doit lutter contre ses attirances pour Elizabeth, son premier grand amour, et sa relation avec Demelza en est fortement influencée.

La répartition de ces moments sentimentaux est trop inégale dans la série : alors que la première saison en est quasiment dispensée, la seconde saison l'est trop. Toutefois, on ne pourrait pas imaginer cette série sans ce volet sentimental, qui est un des engrenages du scénario, et qui finalement donne un cadre un peu moins « dur » à la série.

Conclusion

Poldark est une série intéressante. Elle traite d'un sujet très peu développé dans les autres productions cinématographiques. Les paysages sont majestueux et amènent une ambiance très prononcée dans la série. La Cornouailles de Poldark est prenante, accueillante, mais aussi imprévisible... tous comme les personnages. La série parvient à être grave mais aussi humoristique : les tirades et les relations entre Jud et Prudie Paynter, les domestiques de Ross Poldark, apportent une petite touche de gaieté dans une série où les malheurs se succèdent.

Poldark n'est pas une série qui prend parti pour un côté ou un autre : elle montre les difficultés de deux mondes, d'un côté les riches, de l'autre les pauvres, avec leurs intérêts respectifs. Malgré son côté indéniablement dramatique, la série emmène le spectateur en Cornouailles et le fait vivre au gré des coups de pioche et des relations. Personne n'est à plaindre, même l'adversaire principal de Ross Poldark, George Warleggan, a son côté attachant. Les acteurs sont talentueux, et collent à merveille à leur personnage (mention spéciale pour la tante de Ross Poldark). C'est une belle série à regarder et bien que le sentimentalisme puisse occuper une place un peu trop grande au goût du rédacteur de cet article, la saison 3 (en production) est attendue et permettra de donner un second souffle à cette belle série.

  • Witz Rédacteur, Testeur, Chroniqueur, Historien
  • « L'important n'est pas ce que l'on supporte, mais la manière de le supporter » Sénèque