Info sur le film
Titre originalThe King
RéalisateurDavid Michôd
Scénaristes
  • Joel Edgerton
  • David Michôd
Durée140 min
GenreDrame historique
SortieNovembre 2019

Le Roi

L'Amiral
4 novembre
2019

Synopsis

Hal, jeune prince rebelle, tourne le dos à la royauté pour vivre auprès du peuple. Mais à la mort de son père, le tyrannique Henri IV d'Angleterre, Hal ne peut plus échapper au destin qu'il tentait de fuir et est couronné roi à son tour. Le jeune Henri V doit désormais affronter le désordre politique et la guerre que son père a laissés derrière lui, mais aussi le passé qui resurgit, notamment sa relation avec son ami et mentor John Falstaff, un chevalier alcoolique.

Depuis quelques mois, les sorties de films estampillés Netflix sont comme un repas d’une chaîne de restauration américaine bien connue : on nous annonce quelque chose de beau/bon, mais le résultat est parfois décevant, ou au contraire très correct. La dernière réalisation médiévale de Netflix, Outlaw King, datait alors de la fin de l’année 2018 et d’un point de vue cinématographique et historique, cette dernière tenait la route. Les attentes étaient alors grandes lors de l’annonce de The King, film centré sur l’accession au trône d’Angleterre d’Henri V en 1413 - en pleine Guerre de Cent Ans. Attention : si vous ne l’avez pas vu, ne continuez pas plus loin pour éviter le divulgâchage.

France VS Angleterre… mais pas à XV

Dès les premières minutes du film, on découvre un prince Henri (Timothée Chalamet) méconnaissable, en pleine vie de débauche dans le quartier mal famé d’Eastcheap. Ce fils d’Henri IV est alors en rébellion ouverte avec l’autorité parentale - la figure du père étant érigé en premier ennemi, dans un complexe d’Oedipe plutôt attendu pour le prince Henri. Mais l’annonce de la dégradation de la santé de son père l’oblige à retourner au palais, et d’abandonner sa vie passée et son ami, John Falstaff. C’est là la première entorse historique au déroulé des événements… car Falstaff n’est qu’une création du dramaturge anglais Shakespeare ! Et pour cause : The King est une adaptation de ses pièces traitant du règne du roi Henri V, au début du XVe siècle. La France et l’Angleterre sont alors engluées dans la Guerre de Cent Ans, avec des passages plus ou moins violents.

Le prince Henri (surnommé Hal) est répudié par son père au profit de son jeune frère, Thomas, duc de Clarence. Mais pour faire ses preuves, ce dernier est envoyé mater une rébellion... et c’est en fait Henri qui lui vole la vedette. Peu importe : le décès de son frère quelques jours plus tard puis celui de son père l’amènent à être couronné roi d’Angleterre. Commence alors l’intrigue diplomatique avec la France, puisque le dauphin (Louis de Guyenne, joué par Robert Pattinson) le provoque avec un cadeau... spécial. Petit-à-petit, les indices s’accumulent sur le fait que la France cherche à relancer la guerre. D’abord réticent et mesuré, Henri V se laisse convaincre par son conseiller Sir William Gascoigne de traverser le Channel...

Après avoir capturé Harfleur, Henri V et son armée se dirigent vers un village nommé Azincourt. La première rencontre avec le dauphin Louis de Guyenne tourne court, et la bataille en elle-même est une catastrophe pour les Français. Auréolé de sa victoire, Henri V retourne à Londres avec Catherine de Valois, la fille du roi français Charles VI, dont les noces seront bientôt célébrées. Cependant, la Française instille le doute dans l’esprit de Henri V : et pour cause, la jeunesse et la naïveté du roi ont été utilisées contre lui...

Le Roi

L’avis d’HistoriaGames

Le Roi est un film agréable à regarder. Timothée Chalamet excelle dans son rôle d’un Henri V d’abord rétif à toute autorité mais qui finalement parvient à imposer ses marques… sans se douter qu’il est surtout à la merci de ses conseillers. Le personnage de John Falstaff, conseiller militaire de Henri V, est en fait très loin de la version shakespearienne du personnage puisqu’il n’est ni « bien portant », ni couard, ni relativement âgé. C’est néanmoins la figure qui remplace celle du père absent - mention spéciale pour la représentation de Henri IV, un souverain qui n’apparaît que peu dans le film mais qui parvient à liguer les spectateurs contre lui très rapidement.

Enfin - parce qu’il faut un pendant, le « méchant » ultime est Louis de Guyenne, le dauphin, campé par un Robert Pattinson plutôt en forme. Les traits du personnage sont assez caricaturaux, à la limite de la folie pure, mais permettent surtout de le comparer à Henri V : les deux sont antagonistes. À l’arrogance de Louis de Guyenne s’oppose la morgue toute britannique de Henri V, mais aussi le goût de la tempérance pour le roi anglais... Seul point négatif : l’accent français tout droit sorti d’une caricature - mais les spectateurs en VF seront épargnés de cette torture auditive.

Le Roi

Du point de vue historique, difficile de juger le film autrement qu’en parallèle d’une ligne directrice assez large, Le Roi étant déjà l’adaptation d’une pièce de théâtre... Les erreurs se déroulent tout au long du film. Ainsi, Thomas, duc de Clarence, meurt au pays de Galles... mais après avoir aidé son frère en France. De même, Louis de Guyenne succombe à Azincourt dans le film, alors qu’en réalité il ne participe pas à la bataille. Cet épisode tragique en lui-même est « raccourci » et seule la charge des chevaliers français est montrée : exit l’épisode où les Français pillent le camp de base de l’armée anglaise, forçant Henri V à exécuter ses prisonniers.

En conclusion, Le Roi n’est pas le film de l’année sur Netflix mais il est servi par une réalisation très sympathique. Le retournement de situation dans les dernières minutes du film apporte un tout autre éclairage, loin des canons habituels. De même, Henri V n’est pas dépeint comme l’Anglais irréprochable, puisqu’il fait exécuter ses prisonniers pour une raison futile - et non historique. Mention spéciale pour la scène d’Azincourt : il n’y a plus ni Français ni Anglais, mais seuls des hommes anonymes se battant péniblement dans la boue. On évite donc le manichéisme attendu entre les Anglais et les Français, même si les deux camps rivalisent d’ingéniosité pour repartir au combat… Sans prendre de grand risque, Le Roi est un film qui se laisse regarder mais qui ne marquera pas les esprits pour ses partis pris ou sa véracité.

Pour aller plus loin :

  • Witz Rédacteur, Testeur, Chroniqueur, Historien
  • « L'important n'est pas ce que l'on supporte, mais la manière de le supporter » Sénèque