Info sur le film |
Titre originalLa Folle Histoire de Max et Léon |
Durée98 min |
GenreComédie |
RéalisateurJonathan Barré |
Scénario
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Sortie1er novembre 2016 |
La Folle histoire de Max et Léon
Sorti sur nos écrans français le 1er novembre 2016, « La Folle Histoire de Max et Léon » n’a pas manqué d’attirer notre attention.
Après une intense campagne de promotion à travers le pays, David Marsais et Grégoire Ludig, les deux compères du Palmashow, peuvent avoir le sourire. En seulement dix jours dans les salles obscures, le film a enregistré près de 600 000 entrées. Un chiffre plus qu’honorable pour ce long métrage bourré de promesses que nous avons eu la chance de voir lors de son avant-première strasbourgeoise. Alors, navet ou future référence ?
Ne faisons pas durer le suspense plus longtemps : dans quelques années, il y a de fortes chances pour que « La Folle Histoire de Max et Léon » constitue un « must see movie » en matière de comédie française. Voyons ensemble pourquoi.
Un vent frais plus qu'apprécié et nécessaire pour revitaliser une comédie française en état de déliquescence
Face à la situation morne et triste dans laquelle comatait depuis quelques années la comédie française grand public, La Folle Histoire de Max et Léon apporte un vent de fraicheur et le souffle du renouveau.
Grâce à une écriture soignée, des décors réussis et des blagues qui font mouche portées par le duo de comiques complices, la recette prend bien et offre un résultat des plus satisfaisants. Je n’avais personnellement pas autant ri devant un film depuis fort longtemps. Mélangez le tout avec une belle histoire d’amitié correctement scénarisée, agrémentée par de nombreuses scènes et dialogues qui seront bientôt cultes, et vous obtenez le successeur spirituel, version 2016, de monuments du cinéma français tels « La Grande Vadrouille », « La Septième Compagnie », ou encore « Le Mur de l’Atlantique ». Sans pour autant tomber dans la facilité du plagiat, les références à ces films sont d’ailleurs présentes et facilement reconnaissables dans le long métrage réalisé par Jonathan Barré. Un juste hommage rendu à des pépites du cinéma français qui ont fortement inspirées le Palmashow pour nous pondre cette « folle histoire ».
Afin d’éviter de vous spoiler les nombreux gags présents tout au long du film, je vais m’abstenir de citer une quelconque ligne de ses dialogues à travers cette critique. Sachez juste que La Folle Histoire de Max et Léon nous mène progressivement vers le rire et que le film monte en puissance pour s’acheminer vers un final des plus réussi. Le casting est également explosif avec de nombreux acteurs dont je tairais les noms pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte, mais dont les apparitions susciteront probablement l’hilarité chez le spectateur.
Bien entendu, il est évident que tout ce que j’ai dit dans les lignes précédentes est conditionné par le fait d’adhérer un minimum à « l’humour Palmashow ». Chacun sera libre d’apprécier à sa juste valeur La Folle Histoire de Max et Léon et certains considéreront peut-être qu’il est impensable de le placer dans le sillage d’un monument tel « La Grande Vadrouille ». Pourtant, nous allons voir que ce film dispose d’une identité propre qui se détache des sketchs du duo d’humoristes.
Un film avec une identité propre, se détachant de l'humour des sketchs
Nombreuses et nombreux sont ceux d’entre vous qui connaissent déjà le Palmashow. Le duo constitué par David Marsais et Grégoire Ludig est devenu connu suite au succès de ses courts sketchs réalisés sur Internet. Cependant, oubliez tout ce que vous pensez savoir, car la Folle Histoire de Max et Léon parvient à réaliser le tour de force de reprendre l’esprit de cet humour sans pour autant constituer une bête transposition des courtes vidéos en un long métrage. Ainsi, le film dispose d’une identité qui lui est propre et sa construction se veut différente de celles des saynètes du duo que l’on peut trouver sur Dailymotion ou YouTube.
De plus, le format du long métrage oblige à l’intervention d’un scénario, avec des personnages aux histoires bien plus complexes que dans une vidéo de cinq minutes. Dans ce domaine, le film connait là encore le succès puisque Max et Léon sont deux personnages attachants auxquels le spectateur adhère directement. Paumés au milieu de la guerre et dépassés par des évènements auxquels ils ont à faire face, les deux compères, mi bouffons mi héros, se retrouvent malgré tout plongés au centre d’une intrigue qui les dépasse totalement et dont au fond, ils se moquent éperdument. Max et Léon, ce sont les deux amis qui ne s’occupent que d’eux-mêmes, mais qui finissent un jour par se rendre compte que chacun peut aspirer à la grandeur tout en s’ouvrant aux autres. Le travail d’écriture pour construire ces deux personnages est accompli avec brio.
Véritablement porté par le duo du Palmashow, mais aussi alimenté par de nombreux caméos et références tous plus fantastiques et réussis les uns que les autres, La Folle Histoire de Max et Léon parvient à faire sortir le Palmashow de la dimension Internet pour pleinement l’intégrer à celle du cinéma long métrage. Une première de cette ampleur, pour des comiques venant d’Internet qui parviennent à jouer et à casser certains codes du cinéma avec habilité et efficacité.
Un sujet sérieux tourné intelligement en dérision
Prometteur sans afficher une ambition démesurée pour autant, La Folle Histoire de Max et Léon remplit indubitablement son contrat, à savoir, faire rire le spectateur tout en lui présentant un sujet sérieux et à même de provoquer chez lui une réflexion. Sur ce point, le film sait encore convaincre.
Outre des décors et des costumes réussis permettant au spectateur de vraiment se sentir transporté à l’époque du second conflit mondial, on notera le soin tout particulier accordé par l’équipe du film pour maintenir un décalage avec un humour reposant sur l’anachronisme.
Ainsi, malgré son aspect visuel très soigné et authentique, La Folle Histoire de Max et Léon conserve un léger accent de 2016, ce qui ne manque pas de provoquer un décalage humoristique qui sera d’autant plus alimenté par la maitrise de l’ensemble des genres de comiques, allant de celui de répétition à celui de situation en passant par le comique de caractère. Mélangeant par ailleurs des vannes intellectuelles et recherchées à de l’humour absurde, le film est on ne peut plus efficace pour faire rire malgré le sérieux du sujet qu’il présente.
C’est d’ailleurs peut-être en cela que le Palmashow a réussi là où les autres Youtubeurs se sont pris les pieds dans le tapis. Le film ne présente pas une énième histoire sans intérêt, mais bel un bien un sujet sérieux et une thématique sensible. Traité avec brio, il assure au duo comique un succès sur toute la ligne. En effet, à une heure où les rapports sociétaux se tendent, le rire et la comédie sont peut-être devenus le meilleur moyen de traiter de sujets graves en les tournant en dérision, sans pour autant leur retirer leur substance intellectuelle. Une piqûre de rappel des plus appréciables en 2016.
Sous son aspect léger et comique, La Folle Histoire de Max et Léon soulève donc également des questionnements pertinents et sérieux. On ne se situe clairement pas dans une œuvre philosophique de haute volée, mais derrière les blagues qui s’enchaînent, le Palmashow parvient modestement, à son échelle, à nous amener à réfléchir sur des sujets comme ceux de l’occupation, de la collaboration, de la tolérance envers autrui… Le pari est gagnant. En faisant ainsi passer au spectateur un bon moment tout en l’amenant à se poser des questions importantes, La Folle Histoire de Max et Léon réalise un impressionnant coup d’éclat.
Il faut dire que le duo d’humoriste avait fait comprendre son attachement à des problématiques comme celles du devoir de mémoire à travers certains de ses sketchs comme « Quand on est résistants ». Qu’on se le dise clairement, le Palmashow aime l’Histoire et la connait. Il la respecte. Et rien que pour ça, La Folle Histoire de Max et Léon mérite d’être vu. Quelques petites incohérences se feront sans doute remarquer par les spécialistes, mais rien de bien grave pour une œuvre qui ne prétend nullement être un documentaire ultra réaliste. Au final, il reste que ce long métrage constitue un très bel hommage et un plaidoyer de première classe pour le devoir de mémoire qui incombe à chaque citoyen. Il pourrait également parvenir à réconcilier les Français avec leur passé et avec les années sombres de l’occupation et le régime de Vichy qui sont souvent, à tort, passées sous silence, occultées ou niées.
Pour conclure cette critique, vous l’aurez sans doute remarqué, mais j’ai personnellement été charmé de A à Z par cette Folle Histoire de Max et Léon qui réalise à mon sens un véritable sans faute ! Alliant un humour des plus décapants à des questionnements sérieux, tout en présentant des plans, des décors, des personnages et des dialogues réussis, le film parvient à se dégager comme un tout complet et cohérent qui constituera, je l’espère, l’une des futures grandes références du cinéma français consacré à la comédie et à la seconde guerre mondiale. Une belle réussite pour une première qui appelle à un bel avenir pour David Marsais et Grégoire Ludig.
- Zog Chroniqueur, Historien, Testeur, Youtubeur
- « Une Europe fédérée est indispensable à la sécurité et à la paix du monde libre. » par Jean Monnet en 1952