Info sur le film
Titre originalDer Untergang
Durée156 min
GenreDrame
RéalisateurOliver Hirschbiegel
Sortie8 Septembre 2004

La Chute

Pinx
10 février
2014

A L'AUBE DU DERNIER JOUR

En 2014, le chef des forces armées allemandes du 3ème Reich de 1933 aurait 125 ans, ce qui suffit dorénavant à évincer les plus sceptiques, Adolf Hitler est bel et bien mort. Objet des fantasmes les plus acerbes le destin du Fuhrer à la fin de la guerre de 39-45 resta pour beaucoup un secret, lieu des rumeurs les plus folles, des théories les plus fallacieuses et improbables.

Synopsis

Berlin, 20 Avril 1945, le chef des forces armées allemandes, Adolf Hitler est réfugié dans son bunker militaire en plein cœur de la ville assiégée par les forces alliés.

Il fête alors son 46ème anniversaire mais celui-ci sera pour lui le dernier, 12 jours plus tard Berlin tombera au main des alliés et la Seconde Guerre mondiale prendra fin.

La Chute retrace les derniers jours de la vie du plus grand dictateur que le monde ai connu à travers les yeux et la plume de Traudl Junge, sa secrétaire qui l'assistera jusqu'aux dernières minutes de sa vie.

En effet la « non découverte » du corps du chef du parti nazi à proximité de son QG fit planer le doute sur la réelle mort d'Hitler, avait-il fuit l'Allemagne, se réfugiait-il en Amérique du Sud, vivait-il une vie paisible loin de tout avec Elvis sur une île déserte ? Les adeptes du « conspirationnisme » vont jusqu'à dire qu'Hitler aurait bel et bien vécu en Argentine jusqu'à l'âge de 95, alors marié à une femme noire pour dissimuler sa réelle identité.

Malgré tout l'hypothèse la plus vraisemblable et la plus censée est tout simplement d'admettre qu'Hitler, alors encerclé par les forces alliés, s'est donné la mort, à lui ainsi qu'à tous ses plus fidèles généraux à la veille de l'armistice.

C'est en tout cas l'histoire, la vraie, dépeinte dans le film allemand La chute (Downfall dans sa version anglaise, et Der Untergang dans sa version originale), réalisé en 2004 par Oliver Hirschbiegel.

Des rôles interprétés par des illustres inconnus pour nos petits yeux de cinéphiles français mais ne vous y trompez pas, car c'est bel et bien l'interprétation sans failles de ses personnages dramatiques et sa réalisation exemplaire qui ont fait de La Chute un film certes rentable mais surtout auréolé par la critique (91% d'avis positif sur ROTTEN TOMATOES et 82% sur METACRITIC) et nommé dans la catégorie de l'Oscar du meilleur film en langue étrangère.

« L'ALLEMAGNE SERA UNE PUISSANCE MONDIALE OU NE SERA RIEN DU TOUT » (ADOLF HITLER)

Avant de s'attaquer au biopic Diana sorti en 2013, Oliver Hirschbiegel accouchait en 2004 d'un film inspiré et abouti, un film dramaturgique sur un épisode central du dénouement de la guerre de 39-45.

Hitler ne cessait d'évoquer la grandeur de l'Allemagne et sa capacité à vaincre des plus grands maux de cette terre, c'est pourtant dans ces heures les plus noires que le réalisateur à trouver toute l'intensité des combats et la peur grandissante de l'échec.

Car à aucun moment le film ne cherche à diaboliser Hitler ni à faire état de ses actions politiques, fascistes et meurtrières. Le Fuhrer apparait tour à tour affaibli, désespéré et on se prend l'espace d'un instant à éprouver un semblant d'empathie pour un personnage qui représente encore aujourd'hui le mal incarné.

Et c'est là tout le génie et la puissance émotionnelle de La Chute, car là où beaucoup se seraient contentés d'accentuer encore un peu plus une image vue et revue d'un chef tyrannique, Hirschbiegel s'emploie à nous montrer la triste réalité des choses : Hitler était un homme, aux ambitions démesurées et à la rancœur dévastatrice, mais un homme malgré tout.

En démystifiant l'image surnaturelle d'une telle cruauté, le film parvient ainsi à nous faire réfléchir sur la nature profonde de l'être humain, car toute personne peut potentiellement devenir ce monument de haine et de folie que fut Adolf Hitler, si tenté que les situations l'exigent.

LE DERNIER SOUFFLE

En résulte un film sombre, qui se rapproche au plus près des grandes figures du parti nazi pour nous faire vivre en direct la descente aux enfers d'un homme qui jusqu'au bout croyait en ses chances de victoire et au basculement des forces en présence.

Le choix d'un récit centré sur le quotidien de la secrétaire personnelle du Fuhrer ; qui sera arrêtée puis libérée quelques années plus tard ; permet d'humaniser encore un peu plus la figure du mal.

Les teintes grisâtres et les lumières blafardes renforcent un peu plus la claustrophobie inhérente à la nature des personnages du film, prisonniers de leur idéologie, de leurs actes et maintenant de leur destin, Hitler était prêt à sacrifier jusqu'au dernier Berlinois pour gagner une victoire sur le monde.

Le film vaut largement le succès qu'il a pu susciter, ne serait-ce que pour la performance exceptionnelle de Bruno Ganz dans le rôle principal d'un Hitler malade, paranoïaque, à demi fou qui malgré toutes ses tentatives n'a su renverser le cours de la guerre en sa faveur.

Mais aussi de la part de tous ses plus proches fidèles parmi lesquels Goebbels, Himmler, Speer et bien d'autres qui n'osant défier la volonté de leur chef suprême n'ont à aucun moment résonner celui qui les menait droit à leur perte.

VERDICT

L'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933 avait permis le redressement de la situation économique de l'Allemagne en réarmant un pays détruit par le traité de Versailles ; ces « années glorieuses » ont malheureusement eu un prix , celui de l'aveuglement d'un peuple envers son sauveur et d'un dévouement contraint et forcé à l'établissement d'un plan mégalomane à l'échelle planétaire.

La Chute prend le mal à revers et nous plonge corps et âme dans l'intimité des derniers jours des démons modernes, le film brille autant pour son fond que pour sa forme et nous rappelle qu'à travers ses années funestes pour le genre humain des leçons sont à réapprendre sur la nécessite d'une telle finalité, car aux dépends d'Hitler celui-ci aurait dû comprendre que celui qui sait vaincre n'entreprend pas la guerre.

  • Pinx Contributeur
  • "Tant qu'il y aura des hommes il y aura des guerres" - Albert Einstein