Info sur le film |
Titre originalWong Fei Hung |
Durée134 min |
GenreKung-Fu, action, comédie, historique |
RéalisateurTsui Hark |
Sortie1991 |
Il est une fois en Chine
À l'occasion de son cycle Été asiatique, durant le mois de juillet, Arte a eu la bonne idée de diffuser Il est une fois en Chine, film hong-kongais réalisé par le fantasque Tsui Hark, sorti en 1991. Un film que j'ai déjà sans doute vu une bonne demi-douzaine de fois, mais qui vaut le coup d'œil pour plusieurs raisons.
Synopsis
A la fin du XIXe siècle à Foshan, en Chine du Sud. Tandis que les puissances coloniales européennes et américaines s'y affrontent pour le contrôle du commerce maritime, les premiers signes d'occidentalisation commencent à percer dans la société chinoise. Dans ce climat politique tendu, Wong Fei-hung, docteur en médecine chinoise, maître de kung-fu et chef instructeur de l'armée du Dragon noir, est chargé par le commandant Lau de maintenir l'ordre durant les guerres qui éloignent ses troupes de la région, afin de sauvegarder ce qui reste de paix et de stabilité.
Il s'agit tout d'abord du film qui a révélé Li Lian Jie, aka Jet Li, à l'étranger. Il y incarne Wong Fei-hung, un personnage illustre de l'Histoire chinoise, véritable héros populaire, qui était à la fois un grand combattant d'arts martiaux, mais également un médecin-acupncteur traditionnel et un révolutionnaire. Sa vie, son œuvre, ses exploits ont tellement marqué les Chinois qu'il existe un nombre impressionnant de films (près d'une centaine) sur sa personne bien que la plupart invente des aventures et mésaventures et que la majorité ait été tournée avec Kwan Tak Hing (85 films sur le sujet pendant 21 ans !).
On n'oublie pas également le générique du début et sa musique qui reste dans la tête. Appelée Nan Er Dang Zi Qiang (男兒當自強), celle-ci sera chantée en mandarin par Jackie Chan dans le second volet de la saga.
La série des Il était une fois en Chine, constituée de six films, est certainement la plus connue sur Wong Fei-hung, surtout les trois premiers. On peut également citer deux films avec Jackie Chan dans le rôle titre qui sont Le Maître chinois (1978) et Combats de maître (1994) ou bien encore Heroes Among Heroes (1993). Jet Li reprit également ce rôle en 1993 dans le très bon film Claws of Steel. Chacun de ces films met en valeur les qualités de combattant de Wong Fei-hung.
A priori, lorsque l'on regarde un film avec Jet Li, ou un film d'arts martiaux, c'est pour ses combats et les cascades chorégraphiques toujours impressionnantes. Avec Il est une fois en Chine, c'est un peu différent. Bien entendu, les combats sont présents et souvent spectaculaires et divertissants, notamment ceux entre Jet Li et Shi-Kwan Yan, interprétant le maître Iron Robe Yim qui cherche à se faire une place. Les combats sont orchestrés de main de maître par Woo-Ping Wuen à qui on doit d'autres chorégraphies dans Tigres et Dragons et la trilogie Matrix. On y ajoute aussi tout le folklore qui va avec ce genre de films comme les bruitages exagérés ou le nombre impressionnant de figurants prêts à prendre des coups pour notre plus grand plaisir, ou bien encore l'utilisation de tout objet du décor que ce soit des échelles, des chaises ou des billes... Mais ici, il s'agit aussi d'une histoire mettant en opposition une Chine ancestrale adepte de ses traditions, revendiquées notamment par le personnage de Wong Fei-hung au début du film, et la modernité apportée par les puissances européennes et américaines venues s'établir à Foshan à la fin du XIXème siècle.
Il était une fois en Chine est un film très intéressant dans sa reconstitution de la Chine de la dynastie mandchoue qui s'ouvrait peu à peu aux grandes puissances occidentales. Certes, les étrangers y sont un peu caricaturés, le film ayant des accents anticolonialistes, notamment les Américains et les Anglais qui sont les grands méchants du film.
L'histoire débute donc vers 1885. Les Chinois, qui étaient encore pour la plupart très traditionnels, voient débarquer des inventions (la photographie), des coutumes (la cuisine étrangère) et les religions occidentales. Il y a d'ailleurs une scène marrante où l'on voit des prêtres catholiques en pleine procession et appelant à la prière dans les ruelles de la ville tout en dérangeant les habitants, notamment des musiciens. Ces derniers essayent alors de faire un maximum de bruit pour retrouver leur tranquillité. Les machines à vapeur font également leur apparition et les frêles navires chinois ne peuvent plus rivaliser. Il y a aussi les armes à feu et l'esclavage, ou plutôt la promesse d'un "travail" dans les mines d'or américaines, surnommées la "montagne d'or" par les bonimenteurs.
Bref, tout cela commence à faire beaucoup en si peu de temps pour le commandant de l'armée des Pavillons noirs, Liu Yong-fu, qui résume parfaitement la situation au début du film : «Regardez ! Les navires de guerre occidentaux encombrent nos ports... On ne sait pas défendre le pays... ». Liu Yong-fu apprend en plus que les Français menacent de prendre possession de l’Annam, une évocation sans doute de la guerre franco-chinoise qui vit la victoire de la France en 1885 et la création du Protectorat français d'Annam, intégré à l'Indochine ensuite. Le commandant doit partir sur place pour contrer les Français et charge alors son instructeur de l’armée, qui est nul autre que Wong Fei-hung, de maintenir l'ordre avec sa milice dans la province de Canton.
Et bien entendu, tout ceci ne sera pas du goût de tout le monde et Wong Fei-hung aura fort à faire face notamment aux Anglais, aux Américains, au gouverneur mandchou complice des Occidentaux, aux autres écoles de kung-fu rivales, à un maître du kung-fu qui cherche à se faire une place, à ses propres disciples un peu trop portés sur la bagarre, et sans oublier sa ravissante tante Yee, interprétée par Rosamund Kwan, qu'il ne cessera de surprotéger alors qu'elle préférait qu'il soit plus entreprenant envers elle. Ce n'est que la treizième tante après tout ! De plus, cette tante qui a voyagé en Amérique essaye tant bien que mal à lui faire accepter la modernité apportée par l'Occident.
Tout ce méli-mélo entraîne tout un tas de situations burlesques et comiques où s'insèrent des combats plus impressionnants les uns que les autres. Les intrigues sont quant à elles un peu trop nombreuses à mon goût au point où on se demande quel est le véritable fil rouge de l'histoire. Mais dans l'ensemble, on passe un très bon moment à la découverte d'une Chine à cheval entre tradition affirmée et occidentalisation à outrance.