Info sur le film |
Titre originalFull Metal Jacket |
Durée116 min |
GenreGuerre |
RéalisateurStanley Kubrick |
Sortie17 juin 1987 |
Full Metal Jacket
« Vous deviendrez une arme, vous deviendrez un prêtre de la mort implorant la guerre » - Sgt Hartman
Il y a des films qui trouvent une résonance à travers le temps et qui marquent d'une empreinte indélébile le genre qu'ils représentent. Au même titre que Platoon et Apocalypse Now, le long métrage de Stanley Kubrick Full Metal Jacket reste encore aujourd'hui un monument du film de guerre, et en particulier celui du conflit vietnamien.
Avant dernier film du réalisateur disparu en 1999 à l'âge de 70 ans, Full Metal Jacket n'a fait que confirmer aux plus sceptiques que Kubrick méritait bien sa place de géant parmi les géants et l'intronisait définitivement au panthéon des légendes du 7ème art.
Full Metal Jacket, encensé par la critique et le public concentre l'essence même du réalisateur dans ce qu'il avait de plus caractéristique, la mise en scène, l'importance de la musique, le sens du détail, et une très haute exigence scénaristique pour refléter le réalisme et les travers les plus sombres de ces personnages.
SIR, YES SIR !
Le film de Kubrick se divise en 2 parties distinctes mais complémentaires, la première suit le quotidien éprouvant et l'entrainement infernal des jeunes recrues américaines installées sur la base de Parris Island. Parmi eux, se trouvent les soldats James T.Davis, Leonard Lawrence et Robert Ewans qui font office de souffre-douleur du terrifiant et antipathique sergent instructeur Hartman, interprété par le génialissime R.Lee Ermey, ancien instructeur dans l'armée reconverti.
Synopsis
1967, en pleine guerre du Vietnam l'enfer pour les futurs marines basés à Parris Island porte un nom : le sergent instructeur Hartman, mais il est loin d'être la menace la plus préoccupante, car l'enfer le vrai se trouve sur le champ de bataille, et l'issue n'a jamais semblée si incertaine...
Le film commence donc par une scène d'anthologie filmée en plan séquence dans lequel Hartman passe en revue et à « tabac » ses nouvelles troupes ignorantes et entame un monologue devenu dès lors instantanément culte.
Les bases sont alors posées, la suite du film nous fait vivre au jour le jour les affres de l'entrainement militaire narré par le journal intime de James T.Davis et la descente aux enfers pour le naïf soldat Lawrence, persécuté par Hartman et ses compagnons de chambrée.
La dégradation mentale, le rabaissement des soldats au rang de chair à canon et l'exaltation du patriotisme américain sont au cœur de cette première partie immersive et rythmée par le flot d'injures du sergent instructeur.
Après un dénouement tragique mais révélateur du conditionnement par l'humiliation, Full Metal Jacket nous emmène un an plus tard sur le terrain des opérations américaines au Vietnam, en pleine Tet Offensive, une attaque surprise lancée par les forces Viet Cong du Nord contre le Sud et ses alliés en 1968. Une offensive qui entrainera la mort de plus de 15 000 civils.
BORN TO KILL
Scène après scène Kubrick nous plonge dans cette deuxième partie en plein Vietnam occupé, et nous dévoile alors le véritable enjeu du film, la découverte de la mort par des soldats en pleine confiance et fraichement débarqués de leur lotissement. Bercé par le rythme lancinant de la musique « Paint it Black » des Rolling Stones les marines prennent conscience petit à petit du véritable enfer qu'ils viennent de fouler.
Au travers de cette fresque mortuaire où les soldats apprennent à leur dépend le sacrifice, la perte de compagnons chers et l'annihilation de toutes leurs valeurs morales Kubrick retranscrit à l'écran l'essence de la nouvelle dont il s'est servis comme base scénaristique , « The Short timers », du vétéran Gustav Hasford.
La guerre du Vietnam, qui succéda à la guerre d'Indochine démarra en 1956 et ne s'acheva qu'en 1975 avec la prise de Saigon par l'armée du Vietnam Nord. Entre 800 000 et 3 000 000 de vietnamiens périrent durant cet épisode sanglant, de même que plus de 200 000 cambodgiens, 100 000 laotiens et près de 58 000 soldats américains. Ce conflit qui résulte directement de l'échec de la France à reprendre le territoire de l'Indochine mis en conflit les deux zones du Vietnam séparées par une zone démilitarisée initiée par les accords de Genève. La RDVN, république démocratique vietnamienne nord, d'influence communiste entra en guerre avec la RVN, république vietnamienne nationaliste soutenue par les forces Alliés. C'est suite à une tentative de réunification par la guerre civile que le conflit se propagea au monde entier, en pleine guerre froide. Un accord de paix fut signé en 1973 et les Etats Unis se retirèrent du conflit la tête basse, vaincus par obligation en ayant laissé derrière eux le spectre d'une armée affaiblie.
VERDICT
Aucune nomination aux Oscars et aucune récompense d'ampleur ne furent remportées par Full Metal Jacket, sur 11 nominations à travers le monde le film en remporta 6 dans des festivals mineurs.
Il n'en demeure pas moins une référence cinématographique marquante sur le conflit militaire du Vietnam, Lee Erley rendossa son uniforme d'instructeur lors de brefs clins d'œil dans quelques montages, et le reste du casting passa malheureusement à la postériorité sans trop d'éclats.
De Full Metal Jacket on retiendra son titre original, tout droit tiré d'un type de munitions utilisé par les Navyseals, de sa première partie sublimement interprétée et du souvenir, celui d'un réalisateur parti trop tôt, auteur de plus d'une quinzaine de films tout aussi poignants et singuliers qui témoignent de l'ampleur du talent de Stanley Kubrick et du cinéma qu'il laisse désormais orphelin.
Pour toutes ces raisons quitte à avoir 2h de libre autant les passer à regarder Full Metal Jacket.
- Pinx Contributeur
- "Tant qu'il y aura des hommes il y aura des guerres" - Albert Einstein