Assassin's Scribe : aidons Ubisoft à améliorer le savoir sur les hiéroglyphes

Clodius
Contributeur
Thématique
Égypte ancienne
12 mars
2018

Ubisoft, c'est un peu comme le saumon de l'industrie du jeu vidéo : tel ce majestueux poisson qui remonte le courant pour s'accoupler avant de finir sur une tartine beurrée pendant les fêtes, la boîte française surfe sur les régulières critiques qui touchent le monde vidéoludique pour accoucher de nouvelles approches pédagogiques.

Si le Discovery Tour expurgeais déjà toute violence du jeu d'origine pour proposer une visite de l’Égypte Ptolémaïque accompagnée d'une voix-off tout droit sortie d'un Théma d'Arte, ce n'était pas encore assez. S'inscrivant dans ce qu'on appelle les Humanités numériques, un domaine de recherche croisant les méthodes et pratiques du numérique et des sciences humaines afin de développer des outils utiles à la recherche, Ubisoft a lancé fin Septembre un ambitieux projet répondant au doux nom de The Hieroglyphics Initiative.

Hiéroglyphes sur le temple de Kôm Ombo

Le but est de moderniser les méthodes de traduction des hiéroglyphes, le système d'écriture égyptien, qui n'a pratiquement pas évolué depuis la découverte de la pierre de Rosette et son déchiffrage par Champollion. Pour cela, on utiliserait le machine learning, c'est-à-dire la capacité d'un ordinateur à apprendre par l'intégration d'un très grand nombre de données.

Ici, il s'agit d'extraire les hiéroglyphes de sources variées, et de développer des outils capable de les reconnaître automatiquement avant de les comparer à des traductions existantes et les faire correspondre à des séquences de hiéroglyphes afin d'en déchiffrer la signification.

Mais si l'amélioration de la compréhension de la langue est l'objectif affiché de cette initiative, le machine learning a d'autres avantages dont pourront bénéficier les égyptologues : collecte, et classification. En effet, le nombre de signes existant est pléthorique : plus de 750. Imaginez donc les possibilités de combinaisons !

Et puis, l'âge est aussi un facteur de difficulté supplémentaire ! Songez, lecteurs, que du haut de ces pyramides virtuelles, Bayek de Siwa contemple déjà une bonne vingtaine de siècles. Si vous ajoutez les nôtres, vous vous dites bien que les dessins ne sont plus de la première fraîcheur. La qualité de beaucoup de hiéroglyphes s'étant grandement dégradée, il faut donc les reconstituer. C'est un travail fastidieux, hasardeux, et surtout très long. Le machine learning pourrait permettre d’accélérer bon nombre de tâches, pour le plus grand bonheur des égyptologues !

Cependant, avant de s'y atteler, la machine doit déjà "apprendre" et donc entraîner un réseau neuronal de reconnaissance des glyphes, afin de les associer chacun à plus d'un millier de symboles. Pour parvenir à un résultat optimal, il faut plus de 50 exemples différents de chaque symbole. Ce qui est, je vous le donne en mille, assez long.

Alors si vous êtes amateurs et intéressés, n'hésitez pas à aller écrire des hiéroglyphes sur l'outil de dessin qu'à développé Ubisoft à cet effet ! Vous pourrez ainsi vous pavaner d'avoir participé à une entreprise d'une ampleur réellement pharaonique.

Lien : https://hieroglyphicsinitiative.ubisoft.com/fr-FR/update