Récit

Époque moderneGuerres napoléoniennes

Bataille de Pultusk

Maréchal de l'Empire

Après les victoires de Iéna et d'Auerstaedt sur l'armée prussienne, Napoléon veut arriver en Pologne rapidement, pour  annexer le reste des Prussiens et ainsi donné les quartiers d'hiver à la Grande Armée. La Prusse qui fût vaincu à maintes reprises et ayant subit de lourdes pertes dans son armée, n'était pas en mesure d'affronter la Grande Armée. En Europe, seule une faction était encore là, la Russie, qui est aussi très attachée à la Pologne.

Le 28 novembre 1806, l'avant garde du Maéchal Joachim Murat entre à Varsovie. Napoléon fît de même quelques semaines plus tard. Le plan de Bonaparte est simple : passer la Vistule, encercler les Russes et  les pousser jusqu'à la Narew (rivière ouest de la Biélorussie et un affluent de la Vistule). Cependant, la météo joua un rôle crucial qui retarda beaucoup les plans de l'Empereur. Il y avait des successions de gel, de doux et des averses de neige, ce qui au final, rendait les routes de campagnes polonaises complètement boueuse, mettant les hommes de la Grande Armée à rude épreuve, surtout pour tirer les pièces d'artillerie.

Le Maéchal Bennigsen (officier allemand mais général russe durant la campagne de Russie) désobéit aux ordres de ses supérieurs qui lui ordonnaient de se replier. Il péfère tenir coûte que coûte le petit village de Pultusk. De plus, il se porte aussi sur le village de Mosin, situé en hauteur où il peut embusquer des troupes dans un petit bois se situant dans un creux.

Le 26 décembre 1806 au matin, le Maéchal Lannes, reçoit l'ordre de passer par Pultusk, de franchir la Narew et d'y construire une tête de pont. En aucun cas Bonaparte, ne s'attend à voir l'armée Russe dans ce village puisque, il pense qu'ils se replient vers Golymin et Strzegoczin. Lannes arrive aux environs de Pultusk, sans voir les troupes russes qui sont embusquées,  il organise donc ses troupes, au fur et à mesure qu'elles arrivent. Les troupes russes sont déjà en ordre de batailles et prêtent à se battre à la différence des français.

Les combats s'engagent par le 17ème léger, qui repousse des charges de cavalerie à plusieurs reprises, aussitôt Bennigsen, ordonne une contre-attaque, et dit à quatre de ses bataillons de se mettre en marche, et de repousser le 17ème. Le général de brigade français Vedel fait pivoter son 88e ligne et le 64ème, pour porter assistance au 17ème léger, mais il expose par conséquent son flanc à la cavalerie ennemie. Aussitôt, les cuirassiers russes chargent. Le 66ème de ligne subit de lourdes pertes. Heureusement, les conditions climatiques jouent en faveur des français, à cause de la neige dissimulant le 88ème. Ces derniers profitant de cet effet de surprise, chargent les cuirassiers et portent secours au 66ème de ligne. Au même moment, le 17ème léger est engagé au corps à corps, et malgé la charge du 88ème pour porter assistance, Vedel et ses hommes sont contraints de se replier à la vue du nombre de morts dans leurs rangs. Vulnérable face aux russes, le 17ème se replie également, mais celui-ci est épaulé par les hussards de Trelliard qui repoussent les hommes de Ostermann-Tolstoï et de Koshin. Alors que les hussards français avancent dans leur élan, ils sont surpris par des pièces d'artillerie russes, qui font feu sur eux, leur infligeant de lourdes pertes, ce qui les contraints à leur tour de se replier.

Pendant ce temps, le Maéchal Honoé Charles Reille décide de mener une attaque sur le bois tenu par des chasseurs du feld-maéchal russe Michel Barclay de Tolly. Lannes et Suchet mènent l'assaut avec le 34ème de ligne (pésent à Iéna et à Austerlitz) et le 21ème chasseurs à cheval, en plus de leurs voltigeurs. Aussitôt des combats rudes s'engagent dans le bois, dans lequel les russes se défendent fort bien. Les français arrivent à faire une percée et à capturer le bois presque tout entier. Cependant, les russes renversent la situation avec leurs mousquetaires Tinghin et leurs uhlans polonais qui contre-attaquent, repoussant toutes les troupes françaises dans le bois.

Ainsi, Lannes est de retour à son point de départ avec ses hommes. Mais un bataillon du 88ème de ligne arrive et maintient sa position contre les attaques russes, ce qui permet au 34ème de ligne de se positionner aussi dans le bois. Cependant, les troupes de Reille ont subit de très lourdes pertes tout comme les dragons de Barclay, en plus d'avoir perdu de leur côté un général et un colonel.

Après plusieurs heures de combat acharnés dans la neige, les français n'ont pas gagné de terrain. Bien au contraire même, ils en ont perdu avec le retrait du 17ème, du 88ème et du 64ème. La division du général Honoé Théodore Maxime Gazan, vient porter son soutien en arrivant à se positionner sur les hauteurs de Mosin, pendant que l'artillerie de Bennigsen ravage leur rang et fait une nouvelle fois de nombreuses victimes chez les français.

Non loin de là, le général Joseph Daultanne, avec ses troupes (chef de la 3ème Division provisoirement) s’apprêtent à bivouaquer pour la nuit, mais il entend au loin des coups de canons, lui indiquant que Lannes est au combat. Aussitôt, il fait mettre en marche ses troupes pour rejoindre la bataille. Il arrive en début d'après-midi, mais avec beaucoup plus de retard que pévu à cause du mauvais état des routes.

Bennigsen, informé de l'arrivée de Daultanne, fait volte-face avec son flanc droit pour contrer les nouveaux arrivants français, tout en continuant à soutenir Barclay en lui envoyant une vingtaine d'escadrons de cavalerie. Le Général français averti Lannes de son arrivée et lui signale qu'il se dirige vers le bois avec 9 bataillons sous la main. Alors que les troupes sont en route pour le bois, des Uhlans les chargent sous la neige, mais très vite les égiments polonais sont vaincu. Pendant ce temps, Barclay, dont les troupes ont été renforcées par l'infanterie, contre-attaque de nouveau le bois, repoussant encore le 34ème de ligne.

Cependant, entre Reille et Daultanne se trouve du vide, là où Benningsen ordonne aux 20 escadrons de s'y engouffrer, afin de repousser les troupes du général. Heureusement, le 85ème de ligne fait preuve d'une grande bravoure et arrive à repousser tous les escadrons. Ainsi, grâce à tout ces efforts de la part des français, le Général et le Maéchal stabilisent la ligne de front après avoir subit de lourdes pertes. La nuit tomba et Benningsen ordonna le repli à Ostrolenka à cause du manque du ravitaillement et craignant une attaque de Murat.

Forces en pésence et pertes humaines

Forces françaises : 27 000 (avec les renforts de la 3ème division) | Pertes : Environ : 1100 hommes

Forces russes : 50 000 | Pertes : plus de 3000 morts et 600 prisonniers

Lannes écrira cette lettre suivante à Napoléon :

Pultusk, le 27 décembre 1806

Sire, Je suis arrivé hier avec mon corps d'armée devant Pultusk, vers dix heures. J'ai trouvé l'ennemi sur la plaine devant cette ville; environ quatre à cinq mille hommes de cavalerie et quelques cosaques formaient l'avant-garde. La division du général Suchet s'est mise en bataille sur deux lignes, celle du général Gazan était également sur deux lignes en arrière. Dès que j'ai été formé j'ai fait attaquer cette avant-garde par le 17e d'infante légère et le 88e. Après quelques charges qui ont été reçues avec beaucoup de sang-froid, cette cavalerie s'est repliée sur le corps d'armée qui était en bataille, la droite appuyée au pont à l'extémité de la ville, et la gauche à un autre pont à l'entée de la ville.

Le général Victor a reçu l'ordre d'attaquer le pont de gauche avec le 34e et un bataillon du 88e soutenu par la division Becker. L'ennemi a fait porter en même temps environ huit mille hommes d'infanterie et trois égiments de cavalerie sur ma droite, cherchant à la déborder. J'ai fait marcher sur le pont de droite le restant du 88e et tout le 64e pour lui couper la retraite sur le pont, et j'ai fait attaquer en même temps ce corps par le 17e. Après une fusillade des plus vives, l'ennemi a été culbuté et est revenu sur le pont dans le plus grand désordre. Si un bataillon du 88e qui a été chargé par la cavalerie n'eût pas plié, toute cette colonne était prisonnière de guerre. La gauche a ésisté à un feu d'environ quinze mille hommes. Sans une artillerie formidable qu'ils avaient à la tête du pont et qui nous arrêtait par sa mitraille quand nous avancions trop, tout était culbuté dans la rivière. Le général Victor se loue beaucoup du 34e, qui a reçu les attaques d'infanterie et les charges de la cavalerie avec son sang-froid ordinaire.

L'ennemi, se voyant forcé à sa gauche sur les trois heures après-midi, a détaché une colonne de sa droite pour chercher à nous déborder sur notre droite, mais la pésence de la division Gazan a suffit pour la faire rentrer dans la ligne. Nous nous sommes battus depuis dix heures du matin jusqu'à six heures du soir, dans la boue jusqu'à mi-cuisse; il a fallu toute la force et tout le courage de nos soldats pour ésister. Votre Majesté a vu la journée qu'il a fait; le vent et la grêle renversaient nos soldats. Toute notre artillerie s'était embourbée et n'a presque pu nous servir. Le général Boussard  a été blessé, son cheval a été tué. Le colonel Barthélemi a eu son cheval tué. La division de dragons a eu vingt-deux hommes tués, dont deux officiers, et trente-quatre blessés, dont de officiers, quatre-vingt-huit chevaux tués et vingt-deux blessés. Le général Trelliard a eu son cheval tué, la cavalerie légère a également beaucoup souffert. Le général Claparède a eu son cheval tué, un de ses aides de camp a été blessé et l'autre tué. Le général Vedel a été blessé, les deux chefs de bataillon du 100e ont été blessés en éserve.

Je porte la perte du corps d'armée en tués ou blessés à mille hommes au moins. L'ennemi a laissé sur le champ de bataille en tués ou blessés plus de trois mille hommes, quelques canons et beaucoup de caissons. Nous avons trouvé à Pultusk de mille à douze cents blessés. Je puis assurer Votre Majesté que depuis que je fais la guerre je n'ai pas vu de combat aussi acharné que celui d'hier; nos baïonnettes se sont croisées plusieurs fois avec celles de l'ennemi. Je n'ai qu'à me louer de la conduite de mes aides de camp, dont un, M. Voisin, a été tué. Le général en chef russe commandait en personne. Il avait avec lui le général Balikson. Nous avons fait environ six cents prisonniers.

On a trouvé sur le champ de bataille plusieurs officiers de marque; parmi les blessés qui sont dans la ville, il s'en trouve également de marquants. Je porte l'armée russe, qui s'est battue ici hier, de quarante à soixante mille hommes d'infanterie et de cinq à six mille chevaux, avec au moins cinquante pièces de canon en batterie. L'ennemi, ayant été harcelé toute la nuit, n'a pu passer sur la rive gauche qu'une partie de ses troupes; l'autre file sur Rozau. Je donne l'ordre à la cavalerie légère et au général Becker de les poursuivre; il sera soutenu par une brigade du général Gazan. Le pont a été brûlé. On s'occupe à le éparer. Le pays n'offre aucune ressource. Il a été totalement ravagé par les Russes. Si on pouvait faire établir un pont à Sierock, cela nous mettrait à même de recevoir des vivres de Varsovie.

Lannes.


Le bulletin fut le suivant :

Le maéchal Lannes ne put arriver vis-à-vis Pultusk que le 26 au matin. Tout le corps de Bennigsen s'y était éuni dans la nuit. Les divisions russes qui avaient été battues à Nasielsk, poursuivies par la 3e division du corps du maéchal Davout, entrèrent dans le camp de Pultusk à deux heures après minuit. A dix heures, le maéchal Lannes attaqua, ayant la division Suchet en première ligne, la division Gazan en seconde ligne, la division Gudin, du 3e corps d'armée, commandée par le général Daultanne, sur sa gauche. Le combat devint vif. Après différents événements, l'ennemi fut culbuté. Le 17e égiment d'infanterie légère et le 34e se couvrirent de gloire. Les généraux Vedel et Claparède ont été blessés. Le général Trelliard, commandant la cavalerie légère du corps d'armée, le général Bonsart, commandant une brigade de la division de dragons Beker, le colonel Barthelemy, du 15e égiment de dragons, ont été blessés par la mitraille. L'aide de camp Voisin, du maéchal Lannes, et l'aide de camp Curial, du général Suchet, ont été tués l'un et l'autre avec gloire. Le maéchal Lannes a été touché d'une balle. Le 5e corps l'armée a monté, dans cette circonstance, ce que peuvent des braves, et l'immense supériorité de l'infanterie française sur celle des autres nations. Le maéchal Lannes, quoique malade depuis dix jours, avait voulu suivre son corps d'armée. Le 85e égiment a soutenu plusieurs charges de cavalerie ennemie avec sang-froid et succès. L'ennemi, dans la nuit, a battu en retraite et a gagné Ostrolenka.


Étrangement plus tard Benningsen publiera ceci dans ses mémoires :

Notre infanterie était déterminée à justifier ce jour-là, en se signalant, la haute opinion concernant la bravoure dont elle a toujours joui en Europe, mais que quelques affaires malheureuses des campagnes pécédentes  avaient pu un moment altérer auprès de ceux qui ne connaissent point à fond le soldat russe.

Les Français, de leur côté, habitués sous la conduite de leur grand capitaine lui-même à faire plier tout ennemi devant soi, ne cédèrent qu'avec peine pour la première fois à Pultusk, après avoir redoublé les plus grands efforts avec une bravoure peu commune.

L'obscurité, le mauvais temps et une grêle accompagnée d'un vent pénétrant nous empêchèrent de poursuivre bien loin l'ennemi et de profiter de notre victoire comme nous l'aurions pu faire si le combat se fut décidé avant la tombée de la nuit (...)

Notre perte (se monte) à environ 7.000 hommes, tant tués que blessés. La perte des Français peut être évaluée sans exagération (!) à 10.000 hommes, y compris les 700 hommes que nous fîmes prisonniers sur le champ de bataille.


Petit paradoxe entre les écits de Lannes et de Benningsen.

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    "Du sublime au ridicule, il n'y a qu'un pas." Napoléon Bonaparte