Récit

Époque moderneGuerres napoléoniennes

Guerre d'indépendance d'Espagne

Maréchal de l'Empire

La guerre d'indépendance espagnole fùt une des périodes des plus importantes pour le Premier Empire. Elle avait pour les Français de Napoléon comme objectif de fermer les portes de la Péninsule Ibérique aux Anglais. Mais, ce fùt les Espagnols et les Anglais qui repousseront les Français et amèneront même leurs troupes jusqu'au centre de la France.

Cette guerre fut longue, près de 8 années. Commençant en novembre 1807 par la traversée des troupes de Junot en marche vers le Portugal, et fini en 1814 par la bataille de Toulouse. Tout au long de cette guerre, il n'y a pas eu que des batailles rangées, loin de là, ce fùt une occupation Française sur les terres d'Espagne avec souvent des embuscades, des assassinats et quelques fois, des moments de calme.

En 1796, le traité de San IIdefonse stipule que l'Espagne est une fidèle alliée de la France et doit maintenir une politique militaire coopérative à l'encontre du Royaume-Uni. Et ce fùt avec cette fidèle alliée, que la Grande Armée connaîtra des affrontements les plus sanglants qu'ils soient.

La mission de Junot était de passer par l'Espagne pour atteindre le Portugal qui commerçait avec les Anglais et qui constituait donc un problème au niveau du blocus continental orchestré par Napoléon Bonaparte. Le roi Charles IV accepte que les troupes du général Junot traversent ses terres pour aller corriger les Portugais.

Par la suite, Napoléon envoie Murat à la tête d'une armée en Espagne, prétextant de prêter main-forte au général Junot. À ce moment, le 17 mars 1808, un événement surgit, le soulèvement d'Aranjuez. Le roi Charles IV d'Espagne doit abdiquer en faveur de son fils Ferdinand, prince des Asturies. Charles se met alors sous la protection de Napoléon et est placé sous la garde des troupes de Murat, qui sont arrivées à Madrid entre-temps.

Napoléon convoque Charles et Ferdinand à Bayonne d'avril à mai 1808. Au vue des problèmes entre le père et le fils et jugeant que la monarchie Espagnole était usée, Bonaparte pense qu'il peut mettre la main sur l'Espagne. Souvent habitué à une grande popularité comme c'est le cas avec les Italiens et Polonais, Napoléon pense que les afrancesados (partisans des français) seront de son côté et font partis de la majorité de la population. Et bien non, l'Empereur se trompe en croyant cela. Une erreur qui lui aura été fatale…

À Madrid la rumeur court que le père et le fils sont retenus prisonniers à Bayonne par l'Empereur Napoléon Bonaparte. Le 2 mai 1808, la population madrilène se révolte face aux troupes militaires françaises, il s'agit du levantamiento del 2 de mayo. Pendant cette insurrection, le père et fils se disputent le trône d'Espagne, en présence de l'Empereur. La rébellion est très sévèrement punie (ou écrasée) par les troupes du Prince Joachim Murat – Le célèbre tableau, ci-dessus, Tres de Mayo de Goya rappelle cette journée sanglante.

Napoléon arrive à faire abdiquer le père et le fils et offre la couronne d'Espagne à son frère Joseph Bonaparte. Ceci marqua le début d'une guerre longue et interminable en Espagne mobilisant une bonne partie de la Grande Armée (environ 300 000 soldats français).

Bien que la révolte fùt très vite réprimandée par Murat, cela n'empêcha les autres villes de se soulever face aux troupes françaises. Très vite, les troupes françaises sont attaquées de partout et, le 19 juillet 1808, le général Pierre Dupont de l'Etang est vaincu près de la ville d'andalouse Baylen (pour beaucoup cette bataille est appelée « L'Humiliation de Bailén »). La capitulation est signée le 22 juillet 1808.

La reddition de Bailén
La reddition de Bailén, par José Casado del Alisal (1864)
Huile sur toile, Musée du Prado

La convention d'Andujar prévoyant le retour des Français sur leur territoire n'est nullement respectée par « les ennemis de la France » (espagnols et anglais). Car quelques milliers de prisonniers français sont envoyés sur les pontons anglais : « vieux vaisseaux démâtées à deux ou trois ponts, qui, retenus par des amarres, présentent l'immobilité d'un édifice de Pierre » (L. G. Louis Garneray dans Mes pontons). Ces prisonniers connaitront des conditions de vies extrêmement dures. Ces pontons sont une préface des horreurs – ainsi que des conditions de vies - commises dans les camps d'extermination allemands durant la Seconde Guerre Mondiale.

Le général Dupont et ses troupes sont transportés jusqu'à Marseille et Toulon en bateaux. Le général vaincu est mis en état d'arrestation pour trahi les intérêts de l'armée. Il sera destitué de ses droits après son jugement qui durera 3 années, jusqu'en 1812. Il sera retenu prisonnier dans le fort de Joux.

Le 21 juillet 1808, Joseph Bonaparte rentre à Madrid et mais doit fuir la ville quelques temps après son arrivé. Junot doit quitter le Portugal car l'offensive britannique est lancée par Wellington. La situation en Espagne inquiète très gravement l'Empereur, qui était à la tête de 80 000 soldats stationnés en Allemagne. Il se rend en personne en Espagne pour y  rétablir l'ordre. Il réussit à reprendre certaines villes en main. À Madrid, en décembre 1808, il menace de traiter l'Espagne en territoire conquis si sa population refuse toujours de reconnaître le roi Joseph Bonaparte. Ce dernier revînt s'installer dans la capitale espagnole.

Cependant l'Espagne n'est pas conquise, ni soumise. Les Français ont beau remporter des victoires sur l'armée régulière espagnole en prenant d'assaut des villes, les campagnes espagnoles sont loin d'être sous le joug de « l'oppresseur ». Les Espagnols pratiquent la guérilla, déstabilisant et affaiblissant le moral des troupes françaises.  Les prêtres demandent même à combattre les troupes portant l'uniforme Français.

Les afrancesados soutiennent les Français dans l'espoir de voir disparaître l'absolutisme espagnol. Ces derniers ont les idées des Lumières, du moins en sont imprégnés. Des actes horribles sont commis par les deux forces.

Durant l'été 1812, la campagne de Russie est lancée. Par conséquent Napoléon doit retirer certaines troupes stationnées en Espagne pour qu'elles puissent participer à la campagne de Russie. Les Britanniques à l'affùt en profitent. Le 11 aoùt, Wellington rentre à Madrid. Puis les troupes portugaises, espagnoles et britanniques vainquent les Français lors de la bataille de Vittoria, le 21 juin 1813. Pourtant le 3 novembre de cette même année, Joseph Bonaparte réussi à rentrer de nouveau dans la capitale de l'Espagne. Mais c'est peine perdue, l'armée Française recule durant l'été 1813 jusqu'aux Pyrénées.

Napoléon perd du terrain et par le traité de Valençay, le roi Ferdinand, alors en exil depuis 6 ans, revient au trône. La guerre d'Espagne se termine au début de l'année 1814, lorsque la campagne de France commence. Le 14 avril 1814, Napoléon abdique pour la première fois. À Sainte Hélène il déclara : « Cette malheureuse guerre d'Espagne a été une véritable plaie, la cause première des malheurs de la France. »

Forces en présence et pertes humaines :

Forces Françaises : 300 000 hommes (incluant tout le long de guerre) - 217 000 hommes (restant 83 000 hommes sous Soult et Suchet).

Froces espagnoles, portugaises et anglaises : 212 000 hommes (sans inclure les milices) - 390 000 hommes (miliciens compris).

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    "Du sublime au ridicule, il n'y a qu'un pas." Napoléon Bonaparte