Récit

AntiquitéGuerres médiques

Bataille de Salamine

KingBis
Thématique
29 janvier
2015

"Δέσποτα, μέμνησο των Αθηναίων" 1

VI et V siècles avant notre ère, l'Empire perse s'étend sur un immense territoire. Son roi, Darius 1er, règne en maître sur le monde antique et personne ne semble pouvoir le défier. Pourtant, en 499 av. J.-C., les cités grecques d'Ionie, alors soumises à l'Empire perse, se révoltent contre le Grand Roi, aidées par Athènes et Erétrie. Après une longue guerre, Darius arrive à mater la révolte mais n'en reste pas là : il veut se venger d'Athènes et d'Erétrie. Il commence alors à préparer une invasion de la Grèce continentale, connue pour la postérité comme la Première Guerre médique, qui se soldera par un échec, son armée étant irrémédiablement défaite à Marathon en 490 avant notre ère.

Loin de se laisser abattre par cet échec mineur, Darius 1er souhaite mener une nouvelle offensive pour se venger une bonne fois pour toutes des Grecs. Des problèmes internes à l'Empire l'obligent cependant à se détourner du front grec. En 486 av. J.-C., le Grand Roi meurt et ce, avant d'avoir pu mener à bien son expédition. C'est donc son fils, Xerxès 1er, qui lui succède, non moins déterminé à venger l'humiliante défaite de Marathon. Après quatre ans de préparatifs (de 485 à 481 av. J.-C.), Xerxès est prêt pour son invasion. Le puissant Empire perse marche sur la petite Grèce et nul ne semble être en mesure de l'arrêter.

Bataille de Salamine par Wilhelm von Kaulbach, 1868.
Bataille de Salamine par Wilhelm von Kaulbach, 1868.

"Πάταξον μέν ἄκουσον δέ" 2

Après avoir défait, non sans peine, Léonidas aux Thermopyles, l'armée perse continue sa conquête de la Grèce ; Athènes, évacuée de ses habitants, est mise à sac. Les Grecs, réfugiés à Salamine, sont plus que jamais divisés et on assiste à un véritable bras de fer entre Eurybiade3 et Thémistocle4. Les Péloponnésiens, soucieux de leur seule sécurité, veulent en effet se replier sur l'Isthme de Corinthe - qui serait au préalable fortifié - tandis que pour Thémistocle, la seule chance de salut est de combattre à Salamine où l'étroitesse du détroit permettrait d'annihiler l'écrasante supériorité numérique des Perses (et ainsi éviter de se faire déborder et encercler comme aux Thermopyles). Malgré les arguments de Thémistocle, les Grecs ne semblent toujours pas décidés à trouver un accord.

Afin de forcer la main à Eurybiade, Thémistocle menace de se retirer avec la flotte athénienne. Celle-ci constituant une grande partie des forces grecques, le généralissime spartiate n'a pas d'autre choix que d'accepter. Pourtant, des distorsions demeurent toujours au sein des Grecs ; Thémistocle est alors obligé d'utiliser une ruse pour forcer les siens à se battre. Ainsi, il envoie un esclave - qui se fait passer pour un transfuge - informer le Grand Roi que les Hellènes, ne parvenant pas à se mettre d'accord, veulent se replier5. Aussitôt, Xerxès - qui est tombé dans le piège - envoie ses navires les plus rapides bloquer les trois passes de Salamine. Les Grecs sont pris dans une nasse et la bataille est inévitable.

Plan de la bataille de Salamine

A l'aube du 29 septembre 480 av. J.-C., l'affrontement est sur le point de débuter. Xerxès, assis sur un trône d'or6, observe la bataille depuis une hauteur. Sûr de sa victoire, il s'est entouré de nombreux scribes chargés d'immortaliser par écrit ce combat. Les Grecs disposent de 350 à 380 trières - pour la plupart athéniennes - tandis que les Perses disposent de 1000 à 1200 navires7. Nous ne nous attarderons pas dans le cadre de cet article sur la disposition précise des troupes lors de l'impact puisque de nombreuses variantes au sein des auteurs antiques existent. En revanche, nous pouvons affirmer que les Phéniciens tiennent l'aile droite et les Grecs alliés aux Perses l'aile gauche de l'armée de Xerxès. Du côté des Grecs, les Athéniens et les Lacédémoniens font face aux Phéniciens tandis que les Eginètes et les Mégariens occupent l'aile droite. Enfin, le centre est tenu par le reste de l'armée grecque8.

L'assaut est donc lancé et les navires perses et grecs s'entrechoquent. D'abord ordonnés, les bateaux du Grand Roi, confinés en grand nombre dans un petit espace, ne t'arderont pas à se gêner et pire, à s'aborder les uns les autres, entrainant ainsi une grande confusion dans leurs rangs, ce qui profitera aux adversaires. À la fin de la bataille, la victoire est sans appel pour les Grecs qui n'auront perdu que 20 trières, contre 200 pour les Perses9.

Si la bataille de Salamine est une victoire héroïque pour les Grecs, elle ne représente qu'une perte minime pour Xerxès dont l'armée terrestre est presque intacte. Craignant cependant d'être coupé de toute retraite vers l'Asie, le Grand Roi décide de rentrer en Perse mais laisse derrière lui une immense armée, commandée par Mardonios. Un an plus tard, celle-ci sera vaincue à Platée, marquant ainsi la fin de la Deuxième Guerre Médique et la dernière tentative perse d'invasion de la Grèce.

Bibliographie

  • Jean Malye, La Véritable Histoire de Sparte et de la bataille des Thermopyles, Edition Les Belles Lettres (2008)
  • Jean Haillet, La Véritable Histoire de Thémistocle, Edition Les Belles Lettres (2012)
  • Hérodote, Histoires, VIII

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1. Après la révolte des cités ioniennes, Darius souhaite se venger. Afin d'attiser son désir de vengeance, il aurait demandé à ses serviteurs de lui répéter chaque jour "Maître, souviens-toi des Athéniens."

2. Lors d'un vif débat avec Eurybiade, celui-ci aurait voulu frapper de son bâton Thémistocle qui aurait alors répondu "Frappe-moi, mais écoute-moi."

3. Le Spartiate Eurybiade était le généralissime de la flotte grecque.

4. L'Athénien Thémistocle est l'un des héros de Salamine. Il s'est également battu à Marathon, aux côtés de Miltiade.

5. De nos jours, cette manœuvre serait qualifiée de "désinformation".

6. Lors de sa retraite précipitée, Xerxès laissera derrière lui son trône qui sera conservé à l'Acropole comme trophée.

7. Des chiffres qui peuvent paraître assez exagérés. Si l'on ne connaît avec précision l'effectif des perses, on peut néanmoins affirmer avec certitude qu'ils bénéficiaient d'une supériorité numérique importante.

8. Cette disposition nous est donnée par Diodore.

9. Seul Diodore nous donne le nombre de pertes grecques. Des chiffres qui, même s'ils paraissent étonnants aux premiers abords, peuvent s'expliquer par les conditions de la bataille. Il est également bon de noter que les soldats grecs savaient nagés, contrairement aux Perses de la plupart des navires détruits (Hérodote).

  • KingBis This is Sparta, Ancien membre d'HistoriaGames
  • "Nous ne dirons pas que les Grecs combattent tels des héros, mais que les héros combattent tels des Grecs." Winston Churchill - "Πάταξον μέν ἄκουσον δέ" (frappe-moi, mais écoute-moi) Thémistocle