Dossier sur l'Archéologie : Deuxième partie : L’image de l’archéologie dans la société

Thématique
Archéologie
29 mai
2019

L’archéologie est une sorte de Janus de la science: aux yeux du grand public, elle est vue de deux façons, qu’on peut dire diamétralement opposées.

On objectera que c’est le cas de la plupart des disciplines : un Dr House n’a évidemment rien à voir avec un véritable médecin, tout comme John McLane est bien peu représentatif de l’inspecteur de police lambda.

Les bonnes histoires méritant toujours d’être enjolivées pour être bien vendues, il est très courant de voir un fossé particulièrement grand entre la réalité d’un métier donné, et sa représentation dans la société et la culture populaire. On pourrait dresser une liste particulièrement longue de ces figures qui sont des images d’Épinal, qui sont autant idéalisées que vectrices de vocations.

L’archéologie ne fait pas exception, bien entendu. Mais, elle est vue sous deux angles. Pour la plupart des gens au quotidien, qui ne sont pas archéologues ni particulièrement familiers ou familiarisés dans ce domaine, les archéologues sont aperçus à travers le prisme des chantiers de fouilles.

Dossier sur l'Archéologie : Deuxième partie : L’image de l’archéologie dans la sociétéFouilles du site paléolithique d'Auneau (28), par l'INRAP en 2011.

Le grand public a coutume d’apercevoir de loin les techniciens de fouilles et responsables de secteurs et d’opération, vêtus d’épais vêtements de pluie, agenouillés en train de scruter et balayer la terre, derrière une barrière. Des gilets oranges, des carrés de terres, des sachets étiquetés, une éventuelle pelle mécanique et une foule de seaux de terre sont toute l’image que renvoie presque à chaque fois l’archéologie.

Et pour qui n’est pas du milieu, il est difficilement compréhensible de consacrer ses journées à l’examen de ce qui ne semble être qu’une fosse de terre et de quelques vieilles pierres fatiguées. Les fouilles archéologiques sont très rarement impressionnantes d’un point de vue visuel, aussi les chantiers que vous avez peut-être aperçus ne se distinguent pas vraiment d’un bête chantier de voirie urbaine.

Dossier sur l'Archéologie : Deuxième partie : L’image de l’archéologie dans la sociétéFouilles de la place médiévale du Bouffay, Nantes, 2011.



Dossier sur l'Archéologie : Deuxième partie : L’image de l’archéologie dans la sociétéUne parmi les nombreuses affaires judiciaires entraînées par l'usage inconsidéré des détecteurs de métaux.

Parfois, l’archéologie fait parler d’elle par d’autres biais, comme avec les - malheureusement - trop nombreuses affaires de pillages archéologiques perpétrés par les détectoristes. En raison d’un Code du Patrimoine affublé d’une législation assez maladroite, la vente de détecteurs de métaux reste légale alors que son usage est, lui, très réglementé et la prospection à des fins personnelles, est sévèrement punie.

Il est donc très courant de voir des individus passer les champs, les plages et les forêts de notre pays au peigne fin, piller et voler sans vergogne des artefacts archéologiques qui disparaissent alors dans la nature (ou plutôt, sur Ebay), et leur contexte restant inconnu.

Seule une bien maigre fraction de ces individus sont arrêtés et condamnés. Lorsque c’est le cas, le grave déficit de communication et de vulgarisation de la part des services archéologiques et de la loi entraîne son lot d’incompréhensions.

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Au cas où vous vous poseriez la question: non, la "passion" n'est pas un prétexte valable pour piller le patrimoine archéologique.

Donc, d’un côté, la société voit l’archéologue comme un personnage entraperçu de loin, occupé à des tâches assez obscures et concentré sur sa fouille, parfois vécu comme un casse-pieds empêchant les particuliers de s’adonner à un passe-temps.

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Et de l’autre... elle le voit comme la figure parfaite de l’aventurier romantique, un explorateur des temps modernes. Le baroudeur avec un grand B, dont la synthèse la plus parfaite et la plus célèbre reste évidemment Henry Walton Jones Junior, dit Indiana Jones, incarné à l’écran par l’inoubliable Harrison Ford.

Même avec la multiplication d’héros et d’héroïnes occupant ce créneau, Indiana Jones reste le maître absolu de la figure idéalisée de l’archéologue, une référence universelle de la culture populaire. Comme pour un Docteur House ou un John McLane, Indiana Jones est un héros de cinéma qui ne représente évidemment pas le métier de l’archéologue ; mais il serait de bien mauvaise foi de nier que ce personnage et sa série de films a inspiré bien des vocations.

Pourquoi ? Pourquoi l’archéologue est-il parvenu à ce niveau de romantisme et d’exotisme, là où d’autres professions n’ont pas ce rang ?

Beaucoup d’autres auront répondu mieux que moi à cette question. La réponse la plus simple et la plus évidente, c’est que dans notre monde moderne où la Terra Incognita n’existe plus, où la science et la technologie filent à la vitesse de la lumière, l’inconnu et le mystère sont proportionnellement absents de notre quotidien.

Or, ces deux concepts font tout de même partie de notre imaginaire et nous sont nécessaires. Peut-être parce que nous avons malgré tout besoin d’avoir une part d’inconnu pour stimuler nos cerveaux ? Toujours est-il que tout ce qui est caché, ou mal compris, crée de facto un secret, qui se mue en mystère intriguant, qui se change en curiosité, laquelle devient un fantasme.

Alors, quelle meilleure source de mystères inexplorés que notre lointain passé? D’où la présence de l’archéologue. Bien que ceux-ci ne voyagent dans le temps qu’au moyen des couches de terres ayant recouvert les lieux de vie de nos ancêtres au fil des siècles ; ils deviennent alors des explorateurs du temps, et ainsi des aventuriers.

Indiana Jones donc, est un aventurier. Il est savant, il a de l’allure, du bagout, il dégaine vite et tire droit, n’a pas froid aux yeux et risque sa vie au même rythme qu’il distribue des baffes aux nazis et aux communistes.

On a souvent dit qu’Indiana Jones n’était qu’un reflet maigre et faussé de l’archéologue, qui en donnait une mauvaise image. C’est vrai, mais cette image est à nuancer, car si nous faisons un bilan de ces personnages, force est de constater qu’Indiana Jones est loin d’être le pire ; en réalité, il est même assez mesuré.

J’en veux pour preuve les quinze premières minutes du fantastique Aventuriers de l’Arche Perdue. On y trouve l’officiel et l’officieux de l’archéologue : tout d’abord une scène mythique où Indiana émerge d’une épaisse forêt amazonienne, échappant de peu à une horde d’indiens sanguinaires pour s’emparer d’une statuette en or.

Dossier sur l'Archéologie : Deuxième partie : L’image de l’archéologie dans la sociétéCette scène a fini par devenir un "meme" sur le net.

Puis, une autre, où tel un Clark Kent à son bureau, il est présenté en professeur un peu coincé, forcément très scolaire. Ici, Indiana Jones n’a plus rien d’un vulgaire pilleur de trésor: il est explicitement montré que le professeur Jones sait très bien ce qu’il fait, et il rappelle lui-même à ses élèves, en présentant son tumulus néolithique, qu’il ne faut pas « confondre archéologie et pillage ! ». Pillage qu’il déplore d’ailleurs, expliquant que la tombe en question a été violée pour y chercher son mobilier funéraire précieux.

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On est, certes, encore très loin de voir Indiana Jones avec un gilet orange, en train de tracer un relevé stratigraphique. Mais force est de constater que le personnage n’est pas non plus qu’un flibustier de l’histoire ne se résumant qu’à un pistolet et un biceps, comme peuvent l’être au contraire un Rick O’Connell dans La Momie, ou un Nathan Drake dans Uncharted.

Indiana a beau être un aventurier musclé, c’est avant tout un amoureux absolu de l’histoire et un passionné, comme il le prouve en s’acharnant à reprendre la croix de Coronado pour la remettre à la place qui est la sienne, ou quand son visage s’illumine en résolvant les énigmes dans les sous-sols de Venise.

Dans la série Stargate SG-1, on n'irait pas chercher, à première vue, un personnage fort d'archéologue. Il s'agit avant tout d'une - excellente - série de science-fiction, comme ses dérivées et les films qui en sont tirés. Mais, l'univers de Stargate commence en plongeant ses racines dans la mythologie humaine, partant du principe que les dieux et déesses des anciens peuples de la Terre ont réellement existé sous la forme de symbiotes.

Dossier sur l'Archéologie : Deuxième partie : L’image de l’archéologie dans la sociétéInterprété par Michael Shanks dans la série.

L'archéologue pose donc un pied dans la série par le personnage de Daniel Jackson, le chercheur incompris qui a permis de révéler la vraie nature de l'immense anneau de pierre découvert en Égypte.

Comment cet archéologue-là ce caractérise ? Pour commencer, par sa qualification.

En effet, et là encore en opposition à certains autres héros et héroïnes que l'on affuble de ce titre à tort, le personnage de Daniel Jackson est réellement archéologue, égyptologue et fin linguiste.

De par son importante formation universitaire et sa forte érudition, Daniel Jackson est aussi un personnage qui fait office de caution morale et de voix de la raison: il est le meilleur spécialiste du SGC en matière d'histoire, de civilisations anciennes, de mythologies et de langues. Voire même de spiritualité.

Est-ce pour autant un rat de bibliothèque un peu benêt ? Certainement pas. Bien que le professeur Jackson ne soit pas un militaire de carrière comme les trois autres membres de l'équipe SG-1, il prouve à de nombreuses reprises au cours de la série qu'il est en mesure de combattre et de prendre des risques extrêmes.

Il est cependant profondément humaniste et pacifiste, n'aimant pas utiliser des solutions militaires pour résoudre un problème, ni les armes, à moins d'être contraint de s'en servir: la plupart du temps, son personnage n'emporte qu'une arme de poing lorsque SG-1 part en mission sur d'autres planètes.

Son talent pour les langues et son caractère posé le désignent également comme un diplomate naturel, ce qui le conduit à établir des relations diplomatiques avec plusieurs espèces rencontrées à travers la Voie Lactée.

Et même sur Terre : bien que de nationalité américaine, il se pose plusieurs fois en intermédiaire entre les autorités américaines et étrangères - généralement russes - lorsque celles-ci s'opposent, ayant compris que les divisions des peuples terriens sont insignifiantes face à la situation de la Terre dans l'univers.

Le personnage de Daniel est propulsé dans la série pour une raison bien précise : il cherche à retrouver Sha'Re, sa femme enlevée par les Goaul'ds pour servir d'hôte. Mais ses motivations finissent par évoluer rapidement et devenir plus globales, lorsque les explorateurs terriens comprennent petit à petit que tout un univers s'offre à eux.

Bien que la Terre soit alors toujours mortellement menacée, Daniel Jackson se met en devoir d'apprendre un maximum de choses sur les différentes cultures des peuples qu'ils rencontrent, s'improvisant ethnologue par la même occasion, et cherchant à préserver au mieux le savoir quand ils le rencontrent.

Ainsi, dans l'épisode 11 de la saison 1, "Le supplice de Tantale", l'équipe SG-1 fait la découverte d'un colossal trésor de connaissances accumulées pendant des millénaires par quatre très anciennes races extraterrestres dans tous les domaines. Si le colonel O'Neill reste plus ou moins insensible face à une telle découverte, Daniel, lui, tombe en extase devant le prodige intellectuel que l'objet représente, et manque de peu d'y laisser la vie en cherchant à sauver ce chef-d’œuvre de sagesses menacées.

Dans l'épisode 5 de la saison 3, "Méthodes d'apprentissage", il reprend même son activité première en conduisant des fouilles archéologiques sur la planète Orban.

Un personnage qui reste donc relativement bien équilibré entre l'aventurier et le scientifique, mieux que ne l'est Indiana Jones, et beaucoup plus que les héros dont nous allons parler maintenant, à savoir Rick O'Connell et Evelyn Carnahan, les deux héros du film La Momie.

Dossier sur l'Archéologie : Deuxième partie : L’image de l’archéologie dans la société« Quel mal y-a-t-il a ouvrir un livre...? »

Créature célèbre de l'imaginaire collectif, elle est la résultante de l'égyptomania qui s'est emparée du monde occidental depuis l'expédition d'Égypte de Napoléon, et même soixante ans après la mort d'Howard Carter, la malédiction de la momie est encore dans toutes les mémoires.

Dossier sur l'Archéologie : Deuxième partie : L’image de l’archéologie dans la sociétéLa mé-tho-do-lo-gie !

Donc, prenons les années 1920, un Moyen-orient mystérieux et envoûtant, des bandits, des malédictions antiques et une horrible créature malfaisante : Universal livre en 1999 l'illustration parfaite du film d'aventures. Rick et Evelyn en sont les stars et réveillèrent par erreur la momie du grand-prêtre Imhotep avant de le renvoyer dans les limbes.

L'interprétation faite de la figure de l'égyptologue pourrait être jugée ici complètement délirante (les véritables égyptologues ne font pas d'incantations nécromantiques dans leurs laboratoires, en principe).

Heureusement, le personnage de Rick O'connell n'est pas du tout un scientifique : c'est un chasseur de trésor, ex-soldat de la Légion Étrangère, gros bourrin de son état. Et bien qu'il développe un intérêt pour la discipline scientifique au contact de sa future femme, il apparaît au début en tant que vulgaire pilleur, avide de mettre la main sur l'or des pharaons.

Evelyn Carnahan, en revanche, est un personnage déjà bien plus crédible en tant qu'archéologue. Elle aussi change au cours de la série de film, passant d'universitaire un peu coincée à une aventurière qui n'a pas froid aux yeux. Mais ce personnage se présente comme une archéologue et égyptologue doctorante au musée du Caire, apparemment une des rares personnes à savoir déchiffrer et lire l'écriture démotique et hiératique; doublée d'une documentaliste.

Les deux personnages auraient alors tendance à s’équilibrer, mais ils s'intègrent dans une toile de fond plus globale qui dépeint une aventure épique autour d'une célèbre légende de monstre. Dans un sens, on peut y voir une déclaration d'amour à l'égyptomanie, prise par-dessus la jambe.

Puisqu’on parle de momies, il faut bien dire que ce monstre de légende si lié à l’égyptologie ne s’est pourtant que relativement peu manifesté dans le domaine du cinéma d’horreur, se limitant à quelques apparitions comme The Pyramid :

Ou dans d’autres films de troisième zone comme La Malédiction du pharaon, un énième enchaînement de stéréotypes (momies, pharaons, malédiction, acteur déguisé en Indiana Jones) que vous aurez oublié deux heures après son visionnage, à condition que vous ayez la volonté de le voir.

Dans la série des héros de fictions qu'on catalogue comme archéologue, citons également Benjamin Gates, incarné par l'acteur Nicolas Cage dans Benjamin Gates et le Livre des Secrets, ainsi que Benjamin Gates et le Trésor des Templiers.

Mais il s'agit là d'un amalgame grossier : si divertissant qu'il soit, les deux films sont trés clairement orientés pour le plus large public possible.

En traitant des légendes historiques très communes et surtout très appréciées du public américain, comme le trésor des Templiers (une version dudit trésor qui aurait été amené dans le Nouveau Monde et caché durant la guerre d'indépendance américaine) et le journal de l'assassin d'Abraham Lincoln, les deux longs-métrages sont prétexte à une chasse au trésor relativement lambda. Elle est conduite par Benjamin Gates et par son ami Riley. Mais ni l'un ni l'autre ne sont archéologues : le premier est historien, et plus spécifiquement spécialiste de l'histoire américaine, et le second est informaticien.

Dans le second film, exit le mythique trésor des Templiers: le but est de laver le nom de la famille Gates, de retrouver un carnet recelant les plus grands secrets du monde (et bien entendu détenu par tous les présidents américains successifs) et de mettre la main sur Cibolà, une cité d'or précolombienne qu'ils découvrent... au mont Rushmore (ah).

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Dans un film comme dans l'autre de cette série, l'archéologie n'est donc que très distraitement évoquée, d'une manière extrêmement schématique, pour ajouter à l'aventure le degré de mystère qui lui manque. Mais cela reste une chasse au trésor, et comme dans les différents films d'Indiana Jones, il s'agit de mettre en scène un trésor ou une légende populaire, quel que soit ce que comptent en faire les chasseurs.

Notons aussi que les films sont orientés pour leur public : Benjamin Gates ne se préoccupe pas d’histoire au sens large, les deux films - et surtout le second - abordent des thèmes très américano-américains.

Le cinéma américain n’en a toutefois pas l’apanage : on peut citer le film norvégien Le Secret du Ragnarok, sorti en 2013, qui comme on s’y attends, aborde un sujet auquel les Norvégiens seront très réceptifs, étant donné qu’il s’agit de leur patrimoine: les légendes nordiques.

Et là encore, l’archéologue est le personnage intermédiaire entre le monde réel et le mythe qui fait rêver les foules.

Le même traitement consistant à enrober une histoire de chasse au trésor est appliqué dans la série de téléfilms Allan Quatermain, dans lequel le héros du même nom, créé par le romancier britannique Henry Rider Haggard à la fin du XIXe, se lance à la poursuite de trésors et de mystères toujours plus iconiques de l'imaginaire collectif. Il s'agit - encore - d'une "cité d'or", ainsi que des mines du roi Salomon (on notera que la plupart du temps, l'objet des quêtes filmées est d'ordre pécuniaire).

Là, il faut vraiment chercher pour y trouver le rapport concret à l'archéologie, qui ne se manifeste que de très loin dans la thématique générale de l'aventure, qui consiste encore à une chasse au trésor. Quand au héros, il n'est évidemment pas scientifique : Alan Quatermain est un chasseur, à la rigueur guide de safaris en Afrique. Ce qui ne l'empêche pas, en revanche, d'arborer la tenue réglementaire :

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Chemise brune ou blanche, chapeau de brousse, regard bleu acier, drapeau américain tatoué sur les fesses.

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Citons encore la série Jack Hunter : un ensemble de trois téléfilms qui mettent en scène ce qui ressemble à une mauvaise contrefaçon chinoise d'Indiana Jones, à la poursuite de trésors mésopotamiens et égyptiens.

Accompagné de sa collègue Nadia, historienne de profession, il fait lui aussi la quête menant à une relique là encore aussi mythique que magique et surtout, précieuse. Le personnage de Jack Hunter est décrit comme étant archéologue, mais sa profession n'a finalement aucun autre intérêt que de participer, là encore, à enrichir le décor d'aventures du film. Le même constat est fait pour le personnage de Nadia, qui passe plus de temps à distribuer des baffes qu'a montrer en quoi elle est historienne.

En cas de production non-américaine, l'objet de la quête peut varier : dans À la poursuite du trésor de Charlemagne, aussi appelé Die Jagd nach dem Schatz der Nibelungen dans la langue de Goethe, un archéologue allemand se lance à la poursuite d'un trésor là encore aussi ancien que légendaire, celui des Nimbelugen, subtilisé par Charlemagne en son temps.

Exception féminine, Sydney Fox a elle aussi incarné à la télévision une figure d'archéologue, dans la série Relic Hunter. Cette « professeur d'Histoires Anciennes mondialement connue » est décrite comme une archéologue et égyptologue, et personnage principal oblige, se trouve également très compétente quand il s'agit de savater des méchants. Bien que jeune au début de la série, elle a déjà beaucoup voyagé.

Une héroïne parfaitement préformatée donc, qui coche toute les cases du cliché de l'archéologue aventurière. Ça n'a cependant pas empêché la série de bien marcher, durant 66 épisodes et trois saisons.

On notera deux légères différences avec les incarnations précédemment citées de l'archéologue : tout d'abord, Sydney Fox ne cherche pas des reliques et des trésors pour en tirer profit, mais pour les étudier et les préserver, comme le feraient Daniel Jackson et Indiana Jones.

Ensuite, si les scénarios des différents épisodes sont évidemment volontairement fantaisistes et mélangent allègrement mysticisme et pseudo-archéologie, la plupart d'entre eux se basent sur un fait historique tout à fait véridique, à partir duquel le scénario de l'épisode est monté en extrapolant certains points pour le rendre plus attirant pour le grand public.

Le constat que l'on peut tirer de ces illustrations à l'écran, qu'il soit grand ou petit, du métier d'archéologue, c'est que ce personnage peut être autant stéréotypé et cliché que bien équilibré. Il n'empêche que pour le grand public auquel il est destiné, le personnage interprété par l'acteur n'est généralement pas archéologue par besoin: il l'est parce que le simple titre d'archéologue constitue la cerise sur le gâteau de l'aventure à thème historique.

Et dans de nombreux cas, l'immortel Indiana Jones reste une figure irremplaçable et un exemple pour les autres scénarios.

Autre caractéristique notable : l'archéologue de cinéma et de télévision n'est pas toujours archéologue. Outre le fait que le nom soit devenu un terme plus ou moins fourre-tout qu'on colle également à ceux qui ne sont rien d'autre que des pilleurs de trésor, il est aussi donné à des historiens ou des paléontologues, qui travaillent dans le même domaine mais pas dans la même spécialité.

Mais très souvent, c’est le premier cas de figure qui se produit: citons encore Dirk Pitt, personnage créé par l’écrivain Clive Cussler et mis en scène dans le film Sahara en 2005 :

Dossier sur l'Archéologie : Deuxième partie : L’image de l’archéologie dans la société Le costard de touareg, soit, mais pas question de me passer de ma Rolex, tu m'entends Bob ?!

Un énième aventurier lambda, avec ce que ça comprend de coup de poing dans le nez des méchants, de personnages secondaires féminins et de brushings : Dirk Pitt est bien évidemment un aventurier, polyvalent, bricoleur, et en l’occurrence... chasseur d’épaves. Absolument pas un archéologue subaquatique, mais cela le fait néanmoins rentrer dans cette grande famille des assimilés-comme-archéologues.

Sur le papier, au sens propre, l’archéologue est utilisé différemment. C’est sa capacité à jouer avec le temps en remontant dans le lointain passé de l’humanité qui permet d’y trouver l’inspiration de certains scénarios, des éléments déclencheurs à certains buts à atteindre.

Cette capacité à évoluer dans le passé qui est, par définition, mystérieux, donne toute sa raison d’être à la figure de l’archéologue, qu’il soit dessiné ou écrit. Ainsi, dès qu’on doit voyager dans le temps, on le retrouve : River Song, dans la série célébrissime Docteur Who, est une archéologue, dont les compétences se mettent au service des nombreuses allées et venues temporelles :


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C’est également le cas d’Aristide Clairembart, coéquipier de Bob Morane, ou d’Amelia Peabody, héroïne des romans d’Elisabeh Peters, l’archéologie et la plongée dans l’Égypte ancienne (là encore) est même l’occasion de changer radicalement de vie en saisissant la promesse d’aventures et d’explorations du passé, en abandonnant sa vie douillette, bourgeoise et profondément ennuyeuse dans les cottages anglais.

Parmi les cohortes de super-héros et de super-héroïnes qui défilent sur nos écrans et sur nos pages, on y retrouve encore l’archéologie, par un biais ou un autre : parfois, l’archéologie permet de justifier le lien de l’héroïne avec la source de ses pouvoirs, comme Hawkgirl :

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Le super-héros Blue Beetle trouve la source de son pouvoir dans l’Égypte antique, inépuisable et indémodable source de magie, grâce à l’amulette magique du “scarabée bleu” :

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Certainement une référence au dieu égyptien Khépri.

... qui lui permet de pouvoir voler, de résister à la magie et d’acquérir une force surhumaine. Il en est de même pour Starhawk ou Doctor Fate, que certain(e)s d’entre vous ont pu croiser récemment dans Injustice 2 et qui n’est pas moins qu’un dieu vivant tirant ses pouvoirs du panthéon égyptien :

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Enfin, et bien que ça soit relativement rare car dans la majorité des cas, l’archéologue est un aventurier et un personnage positif, l’archéologue occupe le rôle du grand méchant. Pourquoi ?

Parce qu’en manipulant le temps et les mystères du passé, on peut être facilement amenés à réveiller des choses devant rester endormies ! Ainsi, le personnage de l’Illusive Man de Mass Effect est décrit comme - entre autres - un archéologue, bien que cette occupation soit secondaire pour lui :

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Et il serait pratiquement criminel d’oublier le français René Belloq, incarné par Paul Freeman, ennemi juré d’Indiana Jones :

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Sombre reflet d’Indy, Belloq est tout ce qu’il n’est pas : pilleur de tombes, sans scrupules, lâche, sournois, vendu au plus offrant ; le personnage n’en est pas moins diplômé d’archéologie de l’université de la Sorbonne et ex-collègue de travail d’Indy, avec qui il se serait brouillé en plagiant son travail, suite à quoi il aurait été expulsé du Louvre.

L’archéologie et ses archéologues auront toujours de la place dans les univers de fiction, autant grâce aux multiples personnages qu’ils permettent que grâce aux infinies opportunités d’aventures qu’ils ouvrent. Si la mythique Égypte ancienne reste la star incontestée des destinations quand un archéologue de fiction voyage dans le passé, les sujets sont presque indénombrables. Et même si bien peu d’œuvres donnent une représentation exacte ou tout au moins crédible du métier d’archéologue, elles continuent cependant d’ouvrir des vocations.

On se retrouve la semaine prochaine avec la troisième et dernière partie consacrée à l'Archéologie dans les jeux vidéo.

  • Cernunnos Testeur, Rédacteur
  • "Messieurs, c'est une plage privée! Je crois que nous dérangeons!" - Un officier britannique sur Sword Beach