Info sur le jeu
Plateforme
  • PC Windows
  • Mac OS X
  • SteamOS + Linux
ÉditeurSEGA
DéveloppeurCreative Assembly, Feral Interactive
Date de sortieAvril 2021

Total War : ROME REMASTERED

Encore un remaster. Eh oui, et je pense qu'il y en aura d'autres au cours des années suivantes. Il faut s'y faire, les éditions remasterisées de vieilles gloires vidéoludiques sont de plus nombreuses, signes que le jeu vidéo est un art qui vient d'atteindre un certain âge de maturation. On pourrait croire l'exercice facile, car après tout, le gros du travail est déjà fait, n'est-ce pas ? Il suffit de repartir de la version de base de ce jeu vidéo qui a fait un carton voici quinze ou vingt ans. Et pourtant, c'est plus compliqué que ça en a l'air, et il reste assez facile de se gaufrer, comme l'a illustré un certain Warcraft III Reforged récemment. Mais Total War : ROME, c'est différent, Creative Assembly n'est pas Blizzard. Ça va bien se passer, comme se disaient les légats romains en route pour intercepter l'armée carthaginoise au lac Trasimène.

Une carte qui s'étend de l'Irlande jusqu'à la Perse et des déserts libyens jusqu'aux plus profondes forêts scythes, je ne vous ferais pas l'affront de décrire le cadre d'un jeu que vous connaissez déjà : le monde antique mais pas en toc tel qu'il était au début du IIIème siècle avant J.-C., période choisie à dessein car c'est là que Rome commence son expansion au-delà de la botte italienne.

Ah qu'il est beau, ce bassin méditerranéen redessiné, avec ces reflets aquatiques et ces effets de lumières remis aux standards actuels. On en oublierait presque que le moteur du jeu est identique : Feral Interactive, qui bossait jusqu'ici sur les adaptation pour Mac des Total War, a procédé à un solide ravalement de façade pour un jeu sorti en Octobre 2004.

Total War : ROME REMASTEREDAaaah, le 1080p, on s'y fait quand même.

Bon. Ceci dit, ça reste du TW Engine II, aussi la refonte graphique consiste essentiellement en une mise à jour des textures, bien plus détaillées que leurs aînées. Et c'est là qu'au milieu de la partie, je me suis posé la question : un remaster, qu'est-ce que c'est censé être ?

D'après le dictionnaire, il s'agit d'obtenir une meilleure copie d'un produit préexistant. Ah. Pourtant, ça ne m'a pas vraiment aidé à trancher. En jouant à Total War : ROME REMASTERED, je me suis longtemps demandé qu'est-ce qui faisait que ce remaster avait un goût différent de tous les autres qu'on avait eu l'occasion de voir apparaître ces dernières années.

Qu'est-ce que Féral Interactive a bien pu apporter à un titre qui a réussi à rafler presque toutes les récompenses vidéoludiques de son époque et se hisser à 93% de notes positives sur Metacritic ?

Total War : ROME REMASTEREDSi vous voulez vous faire du mal, le jeu vous laisse aussi la possibilité de retirer tout l'intérêt d'un remaster. On ne jugera pas.

Quelques corrections de bug, déjà. Ensuite, des textures revitalisées et des effets de lumières qui magnifient le titre, mais qui ne peuvent empêcher de souligner les limitations du moteur. D'autant plus que, depuis, Total War a connu de très nombreuses autres itérations et notamment un Rome II, au gameplay sensiblement différent mais qui est parvenu à faire mieux de ce point de vue-là. Difficile d'ignorer, en 2021, des cités antiques aussi propres et vides qu'un village-expo immobilier, ou des corps qui restent d'une extrême rigidité, même quand ils se font piétiner par un éléphant de guerre de 40 tonnes.

Le négociant, ajout claironné s'il en est, permet de se livrer aussi à une intéressante guérilla commerciale, et d'apporter un complément de revenus à votre faction, surtout dans les niveaux de difficultés supérieurs, et aussi de vous faire piquer une crise quand votre marchand se fera racheter par un adversaire alors qu'il lui a fallu vingt tours de voyage pour faire le trajet entre la Bretagne et l'Égypte.

Total War : ROME REMASTEREDEn route pour monter ma start-up à Carthage.

Avec un nouveau paramètre de taille des unités, il est –enfin- possible de provoquer des batailles regroupant de véritables armées de plusieurs milliers de soldats dans chaque camp, sans mettre à genoux son processeur. L'IA peut fusionner et dissoudre des unités, reste moins passive, honore plus souvent ses alliances et se montre légèrement plus intelligente dans sa direction géopolitique. Il est aussi possible de rembourser ses dettes auprès d'elle et ainsi d'effacer un grief en offrant un dédommagement (pas simplement un don d'argent), ce qui permet de polir les négociations.

Mais ça ne l'empêche cependant toujours pas de déclarer la guerre à des ennemis qu'elle ne voit pas, ou de se comporter comme un troupeau de hamsters débiles en plein milieu d'une bataille en refusant de rester en formation cohérente. Il m'est par exemple arrivé de remporter un siège défensif en mitraillant de javelots un rempart que mes adversaires barbares avaient pourtant conquis – et sur lequel ils avaient inexplicablement décidé de camper sans rien faire d'autre.

Total War : ROME REMASTERED  Total War : ROME REMASTEREDOn va dire que c'est le choc post-traumatique de la bataille ?

Effectivement, les unités sont mieux équilibrées, les bâtiments ont des effets répartis différemment que dans le jeu original et une faction vaincue acceptera –enfin- de devenir un protectorat, plutôt que de s'entêter stupidement jusqu'à se faire exterminer comme dans Rome II. La liste de tous les petits ajouts, modifications, rééquilibrages est longue et je n'en ferai pas la liste ici, mais il suffit de retenir que Feral Interactive a apporté ou modifié le jeu en fonction de ce qui restait à corriger, malgré son immense succès.

Et pourtant. Et pourtant, ce n'est pas un sans-faute. Outre cette satanée, cette folle furieuse, cette incontrôlable intelligence artificielle dont j'ai déjà parlé et qui reste impossible à dresser, même dans les derniers opus de la série, il est incompréhensible d'avoir à se coltiner trois fois le même lanceur, et donc d'avoir à relancer le jeu à trois reprises, pour passer des campagnes du jeu de base à celles des extensions Barbarian Invasion et Alexander.

Il est aussi difficile à pardonner de voir les informations sur les nouvelles du monde dispersées dans plusieurs sous-menus différents, obligeant à cliquer beaucoup trop de fois pour trouver l'information recherchée.

Total War : ROME REMASTERED  Total War : ROME REMASTEREDL'idée est louable, mais les options trop nombreuses rendent l'ensemble un peu confus.

Mais est-ce que ces défauts gâchent le remaster ? Non. Mais il faut du temps pour se réhabituer à un titre qui était indéniablement plus exigeant à l'époque et qui, par exemple, de pardonnait pas de laisser charger son général en plein milieu de la mêlée.

Ah, tiens, j'avais aussi oublié qu'à l'époque, il fallait combler les pertes d'une unité en la « recrutant » à nouveau dans une ville dotée d'une caserne. Je pense que mon armée de légionnaires de la maison Julii aurait aussi apprécié que je m'en souvienne à temps, avant de voir débarouler des Alpes six mille Gaulois énervés. J'avais aussi omis d'autres points de gameplay plus exigeants, comme l'impossibilité de faire traverser les mers à ses agents sans les faire monter à bord d'une flotte, ou encore que les armées se recrutent unité par unité, ce qui oblige à prévoir ses levées militaires longtemps à l'avance, là où Rome II autorise à faire plusieurs recrutements par tour.

Finalement, Total War : ROME est... classique, dans tous les sens du terme et pour le meilleur, mais relativement peu pour le pire. Mais gardez à l'esprit que ce remaster s'adresse implicitement aux vieux joueurs qui ont connu le jeu original en 2004 et pas aux nouveaux.

Total War : ROME REMASTERED  Total War : ROME REMASTEREDLa phalange, toujours mortellement efficace pour défendre une cité / Pas facile d'inverser le cours de l'Histoire face aux Carthaginois !
7
Total War : ROME REMASTERED

Tous les chemins mènent au remaster
Comment juger ce remaster ? Au bout de quelques parties, j'ai fini par comprendre. Le problème, c'est que le remaster est réussi, car il donne indéniablement une meilleure version du jeu de 2004 ; mais que, ce faisant, il souligne nettement que quinze ans ont passé et que depuis, son successeur a fait beaucoup mieux sur tous les plans en 2012, en étant plus beau, plus immersif, plus vivant, avec une meilleure gestion de la politique, des agents, des armées, de la gestion, avec plus de contenu et même plus de factions jouables. À trente euros, oubliez : c'est trop cher pour quelques souvenirs. La madeleine est bien là, par Jupiter, mais elle rappelle surtout qu'entretemps, on vous a servi un baba à Rome.
Intérêt historique :Même si d'autres ont fait mieux depuis les quinze dernières années, Total War : ROME reste le premier jeu vidéo de son genre à avoir aussi bien plongé les joueurs dans l'Antiquité du IIIème siècle avant J.-C. Les extensions sorties permettent d'approfondir le sujet ; dans l'ensemble, malgré quelques approximations et flous dans les sources qui ont obligé les développeurs à broder (on connaît très bien l'armée romaine, mais beaucoup moins l'organisation et la diversité des armées des peuples celtes), Total War : ROME REMASTERED reste excellent sur ce point.
  • +Plein d'ajustements de gameplay variés
  • +Un gameplay plus classique assez intéressant à reprendre en main
  • +C'est beau
  • -...mais ça reste daté
  • -L'IA bon sang, cette foutue IA
  • -Un poil fouillis dans son interface
7
Graphismes

Je l'ai dit : c'est le même moteur qu'à l'époque, dopé grâce à de nouvelles textures et de nouveaux effets. C'est indéniablement plus beau, mais le jeu souffrira de la comparaison avec les épisodes plus récents.

8
Technique

Aucun plantage n'a été constaté au cours de la version testée. On regrettera cependant que le jeu ne tolère pas le fenêtré en plein écran, ou que certains écrans de chargement soient un peu longs.

7
Jouabilité

Quelques égarement d'interface mis à part, la prise en main est identique à celle de l'époque, c'est-à-dire très bonne, mais cette IA qui est incapable de conserver une formation militaire cohérente ou réagir face à une charge est gonflante.

9
Durée de vie

Comme tous les Total War, sa rejouabilité est immense et son grand nombre de factions multiplie les possibilités.

8
Ambiance

Rien à redire, Total War : ROME savait déjà immerger le joueur dans un monde antique plein d'alliances, de trahisons et de campagnes épiques, et sa refonte n'enlève rien à ça.

8
Scénario

Même si, là encore, ROME II a proposé bien plus de choix de ce point de vue, les scénarios de départ de Total War : ROME restent très bien choisis et prennent place aux bonnes dates pour autoriser toutes les réécritures de l'Histoire.


  • Cernunnos Testeur, Rédacteur
  • "Messieurs, c'est une plage privée! Je crois que nous dérangeons!" - Un officier britannique sur Sword Beach