Info sur le jeu
PlateformePC Windows
ÉditeurSEGA
DéveloppeurRelic Entertainment
Date de sortieSeptembre 2015

Company of Heroes 2 : The British Forces

Roi de Dreamland
1er octobre
2015

Lorsque SEGA et Relic ont annoncé que le nouveau contenu de Company of Heroes 2 serait consacré aux forces britanniques, les dents de bon nombre de joueurs vétérans de Company of Heroes, premier du nom, ont dû grincer. Pour ces vieux de la vieille, les forces britanniques sentaient le réchauffé et la prise de risque minimale de la part de l'éditeur. Pourtant, ce choix peut aussi être perçu et analysé comme très risqué. En effet, au-delà de se baser sur quelque chose de connu et déjà exploité dans le jeu précédent, il fallait éviter de tomber dans le piège du simple plagiat sans aucune nouveauté ou originalité, sous peine de se faire sanctionner par l'exigeant joueur de RTS qui ne manquerait pas de remarquer cette tendance « Call of Dutyienne ».

Quelques semaines après sa récente sortie, voyons si la qualité est au rendez-vous et si le pari de porter les Britanniques dans ce nouvel opus est réussi.

Britain stands alone

Commençons par parler du contenu pur de ce standalone, car oui, c'est bien d'un standalone dont il s'agit. Ce premier point est plutôt positif et il serait injuste de l'omettre. En faisant le choix d'un standalone, Sega et Relic permettent au joueur d'acquérir un accès low-cost au multijoueur de Company of Heroes 2. Bien que ce British Forces s'adresse majoritairement aux joueurs disposant déjà du jeu de base, il peut offrir une alternative intéressante à ceux qui ne voudraient pas acheter Company of Heores 2 et seraient prêt à se passer de campagne solo pour jouer exclusivement la faction britannique en multijoueur sur un nombre de cartes réduit.

Parlons justement des cartes. Elles sont au nombre de huit et elles retranscrivent essentiellement l'opération Market Garden ou l'invasion de l'Allemagne en toute fin de guerre. Dans l'ensemble, elles sont très soignées et réussies, proposant un contenu équilibré sans pour autant être purement symétriques. Ces cartes sont de taille variable et elles conviennent pour des parties multijoueur allant de 2 à 8 participants. Le contenu proposé par The British Forces est, comme je l'ai déjà souligné, exclusivement multijoueur. Il n'y a pas de campagne solo proposée et c'est l'un des premiers points noirs à soulever.

A la façon d'un Opposing Fronts pour le précédent opus, il aurait été appréciable d'avoir une campagne solo, même minimaliste, pour se faire la main et apprendre à connaitre ses unités. Or, ici, aucun véritable tutoriel digne de ce nom n'est proposé au joueur qui se retrouve de fait condamné à découvrir ses unités à tâtons au fil des parties. Des vidéos et des guides nous sont bien proposés, mais à mon humble avis, rien ne remplace la possibilité de pouvoir tester directement ses unités soit même et sans pression dans une sorte de sandbox qui serait prévue à cet effet. Au final, la meilleure option reste sans doute de commencer à jouer et à découvrir le plein potentiel de l'armée britannique face à des IA à la difficulté réduite dans des escarmouche qui vous laisseront tout le temps et le loisir d'apprendre à connaitre vos unités.

Quelques redondances... parfois inévitables

Après avoir parlé des cartes et du mode exclusivement multijoueur de ce British Forces, passons maintenant aux unités qui seront sous vos ordres plus ou moins avisés.

Force est de constater que l'on retrouve pas mal d'unités déjà présente dans Company of Heroes : Opposing Fronts. Dans la mesure où il s'agit encore et toujours de l'armée britannique, on pouvait s'y attendre et il était difficilement possible de faire autrement. Cependant, Sega et Relic parviennent à réaliser un impressionnant tour de force : celui de faire du neuf avec du vieux.

Ainsi, quand vous retrouverez des unités déjà présentes dans l'opus précédent, l'utilisation que vous en ferez divergera dans The British Forces. Expliquons mieux en prenant un cas concret : la section d'infanterie standard de l'armée britannique est naturellement encore de la partie dans The British Forces. Cependant, là où les Tommies représentaient une unité lente à se déployer et chère, faite principalement pour défendre dans Opposing Fronts, ils se transforment davantage en une unité rapide et polyvalente dans The British Forces. Certains des éléments transposés sont utilisés de façon différente, ce qui est appréciable et montre que les créateurs se sont creusés la tête pour proposer au joueur une expérience nouvelle.

  

Malgré cela, il faut bien admettre que le système des positions fixes et des fortifications n'a pas beaucoup évolué. Les amoureux du canon de 17 livres seront ravis de le retrouver pour éventrer les blindés teutons tandis que ceux qui préfèrent déchiqueter de l'infanterie et des avions réapprendront à connaitre les joies de la position fixe de Bofors. Mention spéciale toutefois pour le fait que les Britanniques aient désormais accès à un canon antichar mobile de 6 livres en plus de la position fixe de 17. Ce choix intéressant rend la faction jouable en 1v1 et augmente la richesse du gameplay et des possibilités offertes au joueur. Outre cela, le Bren Carrier fait son retour, tout comme l'obusier de 25 livres qui sera désormais dans la base du joueur. Les mitrailleuses Vickers sont encore de la partie, mais elles ne sont plus disponibles en unités de structures fixes.

On déplorera aussi les trois commandants de compagnies qui, malgré des bonus et des compétences différentes, reprennent globalement les trois mêmes branches que celles d'Opposing Fronts (à savoir Artillerie Royale, Commandos et Sapeurs Royaux). Par la suite, Sega compte peut être intégrer divers commandants par micro transactions comme il l'a fait pour les armées soviétiques et allemandes, mais ce modèle économique, s'il venait à s'étendre à The British Forces, ne serait pas arrangeant pour le joueur et minerait quelque peu la qualité du jeu.

L'impressionnant arsenal de l'armée britannique

Outre les unités que l'on retrouve d'un opus à l'autre, il faut également bien admettre que quelques nouveautés font leur apparition. Le char Comet et l'auto blindée de 75mm ne manqueront ainsi pas de terroriser les défenses allemandes tandis que l'imposant blindage du Churchill mk.VII harcèlera les troupes ennemies. Le char antiaérien Centaur et ses deux canons de 20mm seront aussi appréciés pour débusquer l'infanterie adverse. Mention spéciale pour finir au sniper britannique qui sait faire dans la finesse en découpant les soldats ennemis, armé de son redoutable fusil antichar Boys.

Avoir intégré de la sorte quelques nouvelles unités est un bon point, d'autant plus que le système du QG britannique a totalement été repensé. Exit les camions de commandement (qui sont désormais trouvable du côté de la faction des Oberkommandos.) La façon de jouer les Britanniques a été largement repensée, et c'est sans doute sur ce point que Sega et Relic gagnent leur pari et évitent le désastre et le piège d'un bête plagiat qui n'aurait pas manqué de décevoir le joueur.

Désormais, le joueur anglais disposera d'une base unique. À chaque création de bâtiment, il devra faire un choix entre deux doctrines. Par exemple, au moment d'obtenir des blindés lourds, le joueur devra choisir entre la spécialisation « Enclume » et la spécialisation « Marteau ». Si la première apporte des unités résistantes comme le char Churchill, la seconde vous donnera accès à des unités qui frappent plus fort, mais manquent de blindage comme le Char Comet. Le choix d'une doctrine désactive d'office les unités de l'autre. C'est ici que The British Forces prend tout son intérêt. En obligeant le joueur à faire un choix, et donc à renoncer à une partie des unités qui pourraient être misent à sa disposition, il rend l'armée britannique spécialisable, modulable et adaptable à la situation à laquelle elle doit faire fait face sur le champ de bataille. Historiquement, l'armée britannique était plutôt réputée pour ce genre de qualités et c'est donc une autre réussite à mettre au crédit des créateurs de ce contenu.

La façon de jouer la faction britannique dans ce The British Forces est ainsi rendue bien plus fluide et agréable qu'elle ne l'était dans Opposing Fronts où nous étions en présence d'une armée essentiellement défensive et peu modulable. Désormais, l'armée anglaise est polyvalente, bien plus mobile, et elle sait se spécialiser et s'adapter selon l'adversaire, ce qui la rend jouable dans toutes les circonstances. D'une armée de soutien, elle devient armée à part entière. Certains maudiront peut être cette évolution, mais ce n'est pas mon cas. La spécialisation permet au passage de rendre l'équilibrage plutôt bon vis-à-vis des autres factions. Certains joueurs se sont plaint que les nouvelles unités étaient trop puissantes et totalement déséquilibrées mais je n'ai personnellement pas trouvé grand-chose à redire sur ce point dans la mesure où j'ai joué avec et contre des forces britanniques sans être choqué. Au final, tout ce cocktail et ces éléments introduits brillamment dans le gameplay par Relic et Sega ne manquent pas de rendre les forces britanniques très intéressantes à jouer, puisque l'on peut faire évoluer sa stratégie à chaque partie, du 1v1 au 4v4.

8.0
Company of Heroes 2 : The British Forces

Le sérieux et la compétence que l'on connait à Relic en matière de réalisation associés au savoir-faire marketing de Sega font que ce The British Forces est dans l'ensemble une très bonne surprise. Grâce à une réalisation sonore et visuelle impeccable et sans faille, il réussit le pari d'importer les Britanniques dans le tout dernier Company of Heroes sans être une bête copie d'Opposing Fronts. Le danger majeur étant écarté, The British Forces peut alors laisser parler tout son potentiel. Sans être parfait et souffrant de quelques points négatifs comme l'absence de solo, il garantira quand même au joueur nostalgique d'Opposing Fronts la joie de retrouver un pont bloqué par le feu mortel de son 17 livres tout en offrant dans le même temps au néophyte le plaisir de découvrir un nouveau style de jeu.
Intérêt historique :Difficile de noter l'intérêt historique sans contenu purement solo. Toutefois, la nouvelle façon de jouer l'armée britannique correspond bien mieux à la façon dont elle a combattu durant la Seconde Guerre mondiale.
  • +Des vraies nouveautés en termes d'unités
  • +Un gameplay innovant et une nouvelle façon de jouer l'armée britannique des plus séduisantes
  • +Des cartes réussies
  • +Ambiance visuelle et sonore impeccable
  • +La mobilité des alliances et la possibilité de faire des parties avec Allemands et Anglais contre Russes
  • -Quelques redondances qui auraient pu être évitées (commandants, certaines unités…)
  • -Le manque de lien avec le jeu de base et sa trame historique
  • -Le manque d'originalité dans le choix du sujet
  • -Pas de campagne solo
  • -Une seule nouvelle faction jouable (quid des italiens par exemple ?)

  • Zog Chroniqueur, Historien, Testeur, Youtubeur
  • « Une Europe fédérée est indispensable à la sécurité et à la paix du monde libre. » par Jean Monnet en 1952