Info sur le jeu
Plateforme
  • PC Windows
  • SteamOS + Linux
ÉditeurCoffee Stain Publishing
DéveloppeurIron Gate AB
Date de sortieFévrier 2021 (Early Access)

Valheim

Thématique
Mythologie nordique
16 mars
2021

Ils sont derrière moi. Ils sont derrière moi.

Je les entends, ils sont derrière moi ! J'ai compté deux loups, plusieurs squelettes et dieu sait combien de ces horreurs pourries sorties des marais. Je cours à travers les bois glacés et humides dans une fuite éperdue. Mes jambes me font mal à force de courir ; je saute les troncs d'arbres, les buissons de baies, puis je tombe nez à nez face à d'autres créatures immondes qui hantent les bois : il me faut de longues minutes de course pour déboucher sous les frondaisons d'une nuit étoilée dominée par la titanesque racine d'Yggdrasil.

ValheimAaaaaaaaaaaaaah !

Qu'est-ce que les dieux veulent de moi ? Le gros corbeau noir qui m'a déposé dans ce cercle de pierres en pleine tempête n'a pas été très loquace. Il s'est contenté de me croasser que si je voulais accéder au Valhalla, je devais zigouiller cinq énormes monstres aux pouvoirs terrifiants, avant de m'abandonner en caleçon dans la forêt.

Valheim  ValheimVoici Didier. Didier court pour sa survie. / Didier connaît un bref instant d'abattement.

Et me voici donc en train de courir pour échapper aux créatures qui ratissent ces forêts. Ce n'est pas Vanaheim, ce n'est pas Asgard, ce n'est pas Niflheim… en tant que dixième monde, Valheim est le royaume des Nordiques passés dans l'au-delà, mais allez savoir ce qui vous vaut le mérite d'y être expédié. Quoi qu'il en soit, Valheim est plus proche d'un purgatoire que d'un paradis, ou alors c'est le paradis le plus mal fréquenté de toute la Création.

Je finis par déboucher sur une côte où trône une vieille grange délabrée, construite de bric et de broc sur une côte marécageuse. J'ignore qui a construit ça ou quand, mais ils sont morts ou partis depuis longtemps. Je m'en contenterai : les premières chaumières que j'avais découvertes étaient infestées de morts-vivants enragés, et il n'y a ici que quelques abeilles : c'est donc nettement plus accueillant.

Valheim  ValheimDepuis... / Jusqu'à

Deux jours passent. Je n'ai que peu ou pas dormi : en arrachant quelques branchages et en ramassant quelques pierres et silex dans le lit des rivières, j'ai pu me bricoler quelques mauvais outils : une hache, un maillet, et une houe pour niveler le terrain. Les nuits sont froides, et je n'ai jamais assez de bois : je passe beaucoup de temps à abattre ces arbres infernaux autour de mon chez-moi humide, autant pour ramasser du bois que pour voir venir l'ennemi de loin.

Car ce dixième monde est très, très hostile, et me fait perdre des points de compétences à chaque fois que je suis submergé par ces ignobles créatures qui sortent des bois à la nuit tombée pour ronger mes palissades. Mais quelque part, les dieux doivent s'amuser de mes déboires : mon inventaire ne se perd pas, je n'ai qu'à retrouver le lieu de ma mort pour tout récupérer.

Quelques jours de plus, et j'ai fabriqué une charrette pour partir en expédition un peu plus loin de chez moi ; j'ai bâti des ruches pour ramasser le précieux miel nécessaires à la fermentation de l'hydromel, j'ai délimité un champ où je fais pousser du grain et des légumes. J'améliore mon ordinaire en chassant les biches, les cerfs et les sangliers, qui sont stupides mais délicieux une fois cuits. Mais on dirait que Valheim refuse d'être trop facile : la difficulté augmente. Ce n'étaient au départ que quelques naingris, vicieux mais vite effrayés par une simple torche : maintenant, ils reviennent à l'attaque avec des brutes et des chamans.

ValheimTomber sur cet engin en pleine nuit dans la forêt est une motivation suffisante pour battre le record du monde de sprint.

Ça doit faire marrer les dieux de me voir tomber nez à nez avec un terrifiant troll au plus profond des biomes de forêt noire : je vous assure que l'expérience est beaucoup moins comique lorsqu'il vous court après et que vous esquivez d'un millimètre des coups de massue assez puissants pour briser en deux des sapins centenaires.

Je progresse, pourtant. Des outils en bois, j'ai pu passer aux outils en pierre. Puis en cuivre, puis en bronze, et même en fer forgé. Je me suis fabriqué un arc solide que n'aurait pas renié Skadi, et une rutilante armure d'écailles de bronze qui m'encombre, mais qui me permet d'endurer les coups des squelettes qui hantent les tumuli où je vais chercher des piastres, des rubis et des objets magiques.

Et la difficulté continue d'augmenter. Les créatures sont plus nombreuses, plus agressives, plus fortes. Lorsque j'ai mis les pieds dans les marais, probablement un des plus inhospitaliers des biomes du jeu, mon petit voilier s'est fait attaquer par des sangsues géantes avant même d'avoir touché terre, et j'aurais dû me réjouir, car la suite était pire encore.

Valheim  ValheimSi vous pouvez, partez en groupe.

Pourtant, Valheim n'est pas frustrant. Je renais à chaque mort, je ramasse mon équipement et je reprends ma besogne, entre construction, récolte et exploration : comme dans tout jeu de survie, on est en permanence en manque de ressources. Maintenant, j'ai fortifié mon manoir avec une solide enceinte de pierre, j'ai creusé une douve et mis des piques acérées autour de mon domaine, sur lesquelles viennent s'empaler les trolls à qui il prend l'envie de m'attaquer.

Mon petit atelier miteux s'est transformé en une quasi-usine : j'ai trois fourneaux qui tournent à plein régime nuit et jour pour brûler le bois nécessaire à la fabrication du charbon, qui va me servir à faire fondre les kilos de minerai que je ramène, harassé, des collines des forêts noires. En général, chaque expédition me prend au moins deux jours ; ce pourquoi j'ai vite pris l'habitude de construire des camps secondaires un peu partout, chacun palissadé et doté de coffres. Mais il faut encore dompter la nature, défricher les forêts, niveler les collines, creuser des carrières et des chemins, dans une nature incroyable que les développeurs de Valheim ont su rendre crédible comme rarement un jeu vidéo n'a su le faire. N'eut été des 200 bestioles assoiffées de sang qui me couraient après, j'aurais pris plaisir à pique-niquer dans cette nature forestière sublimée par d'excellents jeux de lumières.

ValheimComment dit-on ? Bucolique ?

Le premier Déchu que j'affronte finit par succomber à mes flèches et à mes lances : je pense que Thor sera content. J'accroche sa tête au cercle de pierre pour recevoir son pouvoir : une vigueur renouvelée, qui me sera fort utile pour courir et me battre.

Plus que quatre. Mais où les trouver ? Et c'est là que je réalise à quel point le dixième monde de Valheim est grand. Non, pas grand. Il est immense. Gigantesque. Je peux en voir les limites sur ma carte : des centaines de kilomètres carrés, peut-être plus, générés aléatoirement et tous d'une authenticité parfaite.

J'ai, un jour, tenté d'en trouver les limites : en me construisant un drakkar chargé de provisions, je suis parti à l'aventure, dans une direction donnée, juste pour voir où ces vents allaient me mener, du moins ceux qui voulaient bien souffler dans ma direction, car la navigation n'est pas chose facile.

J'ai longé des côtes hostiles, j'ai fait relâche dans des criques où j'ai bâti d'autres camps. J'ai renoncé à accoster sur certaines îles où s'entassaient des gobelins hargneux qui attendaient que je m'approche pour me mettre en pièces. Quand les tempêtes se sont mises à souffler, j'ai serré les fesses à l'idée que l'effroyable créature qui dort au fond des eaux ne décide de me bouffer. J'ai vomi mon quatre-heures et mon minuit aussi, et quand j'ai atteint les extrémités du monde, ce fut pour tomber sur une terre de cendres arides et volcaniques, ou bien sur une banquise polaire où rien ne pouvait subsister.

ValheimLe corbeau de Thor sera votre seul interlocuteur pendant le jeu.

Dans chaque biome, j'ai découvert de nouveaux habitants, de nouvelles ressources, de nouveaux danger, en sentant à chaque fois que les dieux me mettaient toujours plus à l'épreuve en augmentant la difficulté. Il m'est arrivé de revenir à d'anciennes bases pour avoir la désagréable surprise de constater que les créatures des forêts les avaient pratiquement rasées, mais peu importe.

Depuis combien de temps suis-je ici ? J'aurais bientôt abattu tous les Déchus, mais je ne sais plus si je souhaite vraiment accéder au Valhalla. Les prairies de Valheim sont pleines de charmes, quand elles ne sont pas pleines de trolls sanguinaires. J'ai mes abeilles, j'ai mes oppida de bois de hêtre et de chaume, j'ai une forteresse imprenable dans la montagne avec des douves remplies de squelettes impuissants à gravir les pentes. Les dieux m'ont récompensé avec des armes magiques qui me permettent de pourfendre les drakes, les trolls et les fantômes. Pourtant, Valheim n'est jamais trop facile ; mais ce monde sauvage se fait apprivoiser petit à petit. C'est encore mieux avec des compagnons d'au-delà : là, l'aventure prend une tout autre forme, démultipliant les possibilités lorsque nous partons à deux ou trois vikings découvrir ce que cachent les autres continents. Quoiqu'il en soit, j'ignore quels plans les dieux nordiques ont pour moi, mais je me trouve fort bien ici. Et dire que Valheim n'est qu'une alpha.

A
Valheim

Cadeau des dieux
Une alpha, certes, mais une alpha au contenu déjà impressionnant sur laquelle je n'ai pas vu passer une seule des soixante heures que j'ai vécues dans ce fantastique monde mythique. On comprend vite pourquoi Valheim connaît un succès colossal avec plus de cinq millions de copies écoulées en quelques jours : les développeurs ont déjà des plans pour ajouter encore plus de contenu. Il garde les défauts de son genre : on se sent vite très seul dans les immenses châteaux que l'on construit, et Valheim pêche techniquement avec ces textures grossières et cette distance d'affichage de Playstation 1. Mais, s'il y a beaucoup de jeux de survie, aucun n'a su reproduire une si belle alchimie que celle de Valheim, celle qui mélange l'aventure brute de l'exploration d'un monde gigantesque et l'intérêt dévorant pour la construction, et la défense, de sa base. Le tout sans être trop punitif ni trop frustrant.
Intérêt mythologique :C'est de la survie, c'est-à-dire un genre qui ne se prête que très péniblement aux digressions historiques, d'autant que le propos du jeu est mythologique. Malgré tout, l'atmosphère de paradis viking est fort bien rendue, et la présence permanente d'Yggdrasil au-dessus de nos têtes, et celle de Hugin qui vient nous apporter quelques éclaircissements sur l'aventure est suffisante pour croire au périple de notre valeureux nordique sur le chemin du Valhalla.
  • +Fantastiquement grand
  • +Très chronophage
  • +Très bien équilibré
  • +Rendu très crédible de la nature
  • +L'aventure au détour de chaque arbre
  • -C'est moche
  • -Distance d'affichage minable
  • -Un peu radin sur certaines ressources comme le cuivre et l'étain

  • Cernunnos Testeur, Rédacteur
  • "Messieurs, c'est une plage privée! Je crois que nous dérangeons!" - Un officier britannique sur Sword Beach