Info sur le jeu |
PlateformePC Windows |
Éditeur505 Games |
DéveloppeurNoobz from Poland |
Date de sortie2020 |
Total Tank Simulator
Il y a eu Totally Accurate Battle Simulator, qui permettait des affrontements loufoques de guerriers pixellisés contre des mammouths. Puis, il y eu Ultimate Epic Battle Simulator, qui voulut faire la même chose avec de la 3D moche, mais en essayant à chaque fois de faire fondre votre processeur en affichant un nombre délirant d'unités à l'écran.
Il y a maintenant Total Tank Simulator, qui tente de faire un peu les deux et qui n'est pas un simulateur de tanks. Ma foi, c'est l'introduction la plus floue que j'ai jamais écrite.
En avant les histoires
Le studio polonais Noobz from Poland s'est sûrement dit qu'il y avait un créneau à occuper, en voyant ces simulateurs de batailles rangées : « si on faisait la même chose, mais en plus réaliste, et sur la Seconde Guerre Mondiale ? »
Pourquoi pas. Nous voilà donc avec un simulateur de batailles rangées à thème du dernier conflit mondial : un plateau de jeu aux couleurs d'une saison (les cartes sont assez nombreuses, mais se cantonnent à des forêts, des campagnes ou des déserts ; pas question de combats urbains ou littoraux), une zone de déploiement, et une somme de points à dépenser avant de sonner l'heure du massacre.
Le studio ayant voulu porter son attention sur l'authenticité des unités, c'est là que se trouve le gros point fort du jeu : vous pouvez composer votre armée avec à peu près n'importe quel soldat, véhicule ou matériel du pays concerné.
Vous voulez une phalange de chars Panther ? Ça coûte cher en points, mais vous l'avez. Vous préférez une légion de fusiliers soviétiques ? Vous jouerez donc sur le nombre. Ces derniers arboreront le fusil Tokarev SVT-40 réglementaire, ainsi que leur arme de poing et la grenade antichar d'époque. Artilleur dans l'âme, vous pouvez vous concevoir toute une batterie de Nebelwerfer, ou de canons longs BL 4.5.
Tout le nécessaire pour faire plonger TTS dans le military porn assumé, d'autant que les développeurs apportent là une touche de fraîcheur plus que bienvenue en adjoignant aux habituels Russes, Allemands, Américains et Anglais, deux autres nations d'ordinaire absentes de ce style de jeu : la France et la Pologne.
Un panel assez large donc, qui permet de varier les unités et de proposer des campagnes à thème pour chaque pays : la campagne soviétique s'ouvrira donc avec l'opération Barbarossa et demandera plusieurs batailles en mode « Vague », où vous devrez retarder l'avancée des Allemands à Arzew, Briansk ou Orel.
Nous afons eïne problème
Et c'est là que vient se glisser le grain de sable dans l'engrenage si prometteur offert par Total Tank Simulator : c'est qu'on peut difficilement faire quelque chose d'authentique, de crédible et surtout de profond avec un tel style de jeu, qui est à la base conçu pour donner dans le n'importe quoi assumé.
Parce que, oui, ces simulateurs de batailles restent d'une extrême simplicité : il ne s'agit jamais que de poser deux gros tas de combattants sur un plateau de jeu, de lancer le combat et de regarder le résultat en mangeant vos chips. Ça n'est que ça.
Aussi, malgré la variété d'unités et les quelques finesses de leurs compétences – certains chars peuvent cracher des flammes, d'autres peuvent se faire exploser dans les rangs ennemis, plusieurs avions larguent des parachutistes -, on tourne vite en rond autour de ce massacre bas du front auquel on assiste.
Sachant que les matchs sont de fait relativement courts, vu la létalité des armes employées :
... et que l'absence de toute forme de tactique ou de formations militaires empêche d'approfondir les batailles. Vous me direz que c'est le cas de tous ces "simulateurs", et vous aurez raison ; mais le fait est que contrairement à ses aînés, Total Tank Simulator prétend être bien plus réaliste et tactique (C.F. la description des développeurs sur Steam).
En conséquence, on aurait apprécié de pouvoir faire retrancher ses forces sur une position, ou d'en placer en renfort, ou d'ordonner une attaque blindée en formation : au lieu de ça, vos armées se contenteront de se jeter sur l'ennemi, quelle que soit la situation, et au compte-goutte ; et la présence de « point d'intérêt » sur la carte, qui ne font que vaguement guider les déplacements d'une IA déjà aux fraises, ne change pas grand-chose à ça.
Alors certes, autre point fort de TTS : vous pouvez incarner à la volée n'importe quel rôle ! Passer dans les bottes d'un fantassin, d'un tankiste, d'un aviateur, d'un artilleur : bien conçus, ces rôles sont assez prenants et rallongent l'intérêt du jeu, mais leur durée de vie est courte, car il ne s'agira jamais que d'un combattant parmi des milliers. Restent donc les expérimentations traditionnelles : est-ce qu'une batterie de katyushas soviétiques peut, à elle seule, écraser un bataillon blindé germanique ? Combien de temps un nid de mitrailleuse peut défendre ce village ?
Et comme TTS s'autorise quelques fantaisies en fin d'arbres, avec les armes secrètes comme le titanesque char Ratte ou les avions-fusées, qu'est-ce que donnent leur utilisation ?
Ce manque de profondeur tactique est oubliable en mode Bac à Sable, mais devient plus pénalisant en campagne, où l'on s'attend à plus d'immersion, d'autant que la mécanique du « je pose et je regarde le résultat » empêche le match à mort de se différencier concrètement du mode Vagues.
L'intérêt se disperse donc au-delà de quelques heures : imaginez un jeu de voiture avec un modèle de conduite excellent et une bonne physique du véhicule, mais où vous ne pouvez que tourner en rond sur un parking : c'est l'impression que donne TTS.
Total Tank Simulator
- +Le mode FPS
- +La grande variété de nations et d'unités
- +Permet pas mal d'expérimentations
- -Bruitages très inégaux
- -Concept qui s'épuise vite
- -Matchs intenses mais trop courts
- Cernunnos Testeur, Rédacteur
- "Messieurs, c'est une plage privée! Je crois que nous dérangeons!" - Un officier britannique sur Sword Beach