Info sur le livre |
Titre originalLouis I, II, III... XIV L'étonnante histoire de la numérotation des rois de France |
AuteurMichel-Andre Levy |
ÉditeurJourdan Editions |
GenreEssai historique |
Sortie12 mars 2014 |
Nombre de pages260 |
L'étonnante histoire de la numérotation des rois de France
« Qui a numéroté les rois de France ? Malgré les apparences, la question est tout à fait sérieuse, et il est étonnant qu’elle n’ait pas été posée auparavant... » Ainsi vous voilà plongés dans une question que personne ne se pose, dont tout le monde n'avait imaginé se poser mais qui a le mérite d’être posée : qui les a numérotés ces braves garçons (pas de papesse Jeanne dans nos rois, bien que Louis XVI fut un peu efféminé, la question ne se pose pas...) ? Car tout de même, c’est l’équivalent d’un nom de famille leur numéro ! Ou tout du moins, sont-ils partie intégrante de leur patronyme ! Qui connait mieux Louis XIV par son nom de famille qui sent bon le mauvais whisky américain (Bourbon pour les connaisseurs de vinasse) que par son numéro d’ordre ?
La question inverse se pose pour notre pauvre Charles Le Gros, haï par nombre de chroniqueurs pour d’obscures raisons politiques éclairées dans le livre : pourquoi le connait-on par ce surnom macdonaldien (décidemment l’esprit américain est partout) plutôt que par un glorieux numéro ? Comme le disait Napoléon, "les hommes sont comme les chiffres, ils n’acquièrent de valeur que par leur position" ; pour les rois, on serait tenté de dire qu’ils n’acquièrent de valeur qu’une fois numérotés ! Allez, c’est parti pour une critique da veenciste…
Quelques mots sur l'auteur
Michel-André Lévy est l’auteur de ce livre qui vous fera plus réfléchir qu’une équation du second degré : polytechnicien, père de famille accompli et surtout amoureux de l’Histoire de France, il livre ici son premier livre historique ou plutôt, sa première enquête ! L’auteur travaillant dans le monde de la finance, il avait déjà écrit un livre économique auparavant. Humour de bibliothèque et autres considérations dionysiennes sont au rendez-vous de ce livre, dont je tiens à saluer l’auteur ici pour son enquête exceptionnelle et particulièrement documentée !
C'est parti pour l'enquête
Au cours de ses pérégrinations sur Charles le Gros, un carolingien, l’auteur se demande pourquoi l’homme n’est point numéroté. OK. C’est vrai que ça peut porter à confusion : par exemple, Philipe le Bel est bien Philipe IV bien que son surnom ait pris le pas sur son numéro. Mais au moins le roi-statue (son surnom) est-il officiellement numéroté… Mais pas Carolus le Gros. Pourquoi ? En fait, tout le monde (ou presque) s’en fichait, historiens chevronnés y compris, ou ne considérait pas la question importante. Ce qui n’était au début qu’une demande de renseignements se transforme en véritable enquête, et finalement aboutit à un bouquin passionnant mais qui est un sacré labyrinthe mental ! Surtout au début, quand vous tentez de suivre les successions, entre cousins et autres frères, à la tête des royaumes mérovingiens… Vous pourriez abandonner, mais heureusement des annexes reprenant l’entièreté des arbres généalogiques royaux sont présentes à la fin du livre.
Croyez-moi, j’adorais l’époque où les successions à la tête de la Francie ressemblaient à une descente en ligne droite du grand-père au petit-fils et basta ! Vision erronée que nous avons tous, à un degré plus ou moins élevé, développée grâce à nos livres d’Histoire scolaires ou encore par nos lectures ! Justement, vu que personne ne cherchait vraiment qui avait numéroté les rois, tout était simple… Mais des moines du Moyen-Age s’en sont chargés, des Rois ont établi la numérotation sur leurs conseils, etc… Rien n’était décidé au départ, rien n’est linéaire (preuve en est avec le pauvre Charles Le Gros, que j’appellerais le Calomnié, car ce surnom fort déplaisant lui ayant été apposé par la suite, on n’est même pas sûr qu’il avait de l’embonpoint !).
Tonne de surnoms arrivèrent bien après le règne des surnommés, et continuent de peupler nos livres, comme si leur origine était forcément fondée. Car à défaut d’être fondée, la numérotation est établie. Plusieurs écoles de numérotation cohabitèrent, moult moines courageux entreprirent de remonter jusqu’à nos premiers rois, parfois jusqu’au mythique Pharamond, pour comprendre les origines de la dynastie, asseoir le pouvoir du Roi commandant la Chronique (Saint Louis commanda par exemple les Grandes Chroniques de France, témoignage exclusif de cette période et donnant une vision relativement complète de la façon dont été perçue l’Histoire à l’époque des moines copistes)...
Les chapitres défilent devant vos yeux, l’enquête est complète, et surtout minutieuse (cf la bibliographie finale) et internationale ! Ainsi, l’auteur contacta des experts d’Outre-Atlantique pour approfondir ses recherches… Nos rois méritent cela non ?
C'est ça qui est bon
Pourquoi Hugues Capet ? Ou plutôt, pourquoi Capet ? Là aussi, vous preniez ça pour un nom de famille lambda comme vous preniez le Gros pour un surnom sympa ? Hé bah non, ça vient de quelque part… Jeune, le petit Hugues appréciait rabattre la capuche de ses camarades pour leur couvrir les yeux. Ou encore son père, officiant laïc dans des lieux religieux, portait-il la cape lui couvrant l’arrière de la nuque, d’où le « capet ». Il y a encore une troisième possibilité pour l’origine de ce nom, mais vous devrez lire le livre pour l’avoir (hihihihi).
Bref, cela pour vous illustrer le fait que ce livre mérite d’être lu, malgré son titre étrange. Anecdotes de ce style fleurissent entre les pages de ce jardin d’Eden littéraire. Ce livre est un hommage à ceux qui ont écrit notre histoire mais aussi une réhabilitation, tout comme il est une investigation.
En conclusion
Ce livre n’est pas à offrir au premier venu, il s’agit bien là d’un sujet d’étude assez poussé. Bien que le ton reste accessible, le tout demande une certaine connaissance de la chose historique, le néophyte s’y perdrait facilement...
Sa lecture reste pour moi une bonne surprise, du fait que je ne m’attendais pas forcément à apprendre autant d’anecdotes sur l’Histoire de France. Pour ceux que la période mérovingienne rebute (je n’avais pas un grand intérêt pour celle-ci avant par exemple), sachez que s’il est fait grand cas des pérégrinations proto-romantiques des descendants chevelus de Mérovée, le livre est profondément complet sur le reste du Moyen-Age. On comprendra que l’analyse est néanmoins concentrée sur les premiers temps des Capétiens, la numérotation des Bourbon-Vendôme étant établie clairement.
Chroniques médiévales, rivaux envieux, cheveux et moustaches multicolores sont au rendez-vous de ce livre fort intéressant mais terriblement éprouvant !
- Da Veenci Le Bernard de la Villardière, Ancien membre d'HistoriaGames
- « Vivant, il a manqué le monde. Mort, il le possède » écrit Chateaubriand à propos de Napoléon.