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Bataille de Phu Tong Hoa
La Guerre d'Indochine a vu s'affronter des milliers d'hommes à travers les jungles et les rivières de l'Asie du Sud-Est. De 1946 à 1954, France et Viêt Minh se battirent pour le contrôle du Vietnam. Ici, il va vous être conté l'un des nombreux affrontements oubliés qui ont eu lieu lors de cette guerre : La Bataille de Phu Tong Hoa.
Poste de Phu Tong Hoa,
défendu par la 2e compagnie du 3e Régiment étranger d'infanterie (2e Cie du I / 3 REI)
Situation
Le village de Phu Tong Hoa, situé sur la Route Coloniale 3 bis ( RC3 bis), est surplombé par un monticule où l'Armée Française plaça un poste de protection. En effet, l'état major français depuis le début des affrontements défendit le nord du pays autour de grands axes routiers comme la RC4 ou la RC3 où de nombreux combats eurent lieux. Le long de ces routes, de nombreux fort et postes avancés étaient ainsi positionnés par les Français.
La protection du poste de Phu Tong Hoa était constituée par une enceinte de terre et de madriers en bois ainsi que de 4 blockaus qui était positionnés dans les angles du poste. Les abords du poste avaient été minés et des champs de bambous acérés étaient placés.
Le 25 juillet 1948 ce fut les 107 hommes de la 2e compagnie du 3e Régiment étranger d'infanterie qui défendit la position. Ils disposèrent de quelques mortiers de 3 pouces ainsi que de pièces d'artillerie de 3,7 pouces.
Prélude à la bataille
Dès les premiers jours de juin, les légionnaires du poste de Phu Tong Hoa pouvaient observer la présence des soldats Việt Minh dans la région. En effet au petit matin les soldats découvrirent qu'en seulement une nuit 700 tranchées et trous furent creusés aux abords du fort. Le Capitaine Cardinal en référa à ses supérieurs. Malheureusement, aucun de ceux qu'il contacta ne le crurent et préférèrent ignorer ses avertissements.
Puis, vers la fin de juin, les va-et-vient des habitants commencèrent à donner des indices aux légionnaires qui défendaient le poste en attente d'une attaque imminente. Se méfiant de la population locale, le lieutenant Charlotton décida de déplacer les réserves de munitions et de grenades pour les mettre en sécurité. Avec quelques hommes de confiance, il déplaça tous les stocks de l'armurerie dans la cave située en dessous du réfectoire. Cela se révélera payant plus tard...
Le 23 juillet les services de renseignement français détectèrent de grands rassemblements de troupes au abords de la route RC3 bis , le poste reçoit alors l'ordre d'évacuer la base le 25. Mais le lendemain, l'ordre fut annulé...
Le 25 juillet , le jour de l'affrontement
Ce jour-là, la pluie et le brouillard réduisirent la visibilité des français à une centaine de mètres. C'est à ce moment là que les troupes ennemis décidèrent de s'infiltrer et prirent position à 800 mètres du fort. Ils en profitèrent aussi pour installer 2 canons, un 77 mm Japonais de la seconde guerre mondiale au sud ouest et un 37 mm au nord, ainsi que de nombreux mortiers. Mais c'est seulement à 19h30 que le premier obus tomba sur le camp en surprenant les défenseurs. D'ailleurs, le premier obus détruisit instantanément l'ancienne réserve de munitions.
C'est alors un déluge de feu qui s'abat sur le poste avancé durant 1 heure et demi , auxquels les défenseurs répondirent tant bien que mal avec leur artillerie. Mais durant ce pilonnage le Capitaine Cardinal fut grièvement blessé. Lorsque la nouvelle se répandit dans le fort un des sous-officiers ne put s'empêcher de dire :"Tout va merveilleusement bien, si tu veux mon avis, les Viets ne sont pas plus de 4 ou 5000. 3 ou 4 bataillons dont 1 ou 2 d'artillerie lourde, le capitaine est mourant et il pleut! A part ça, le moral est bon!".
À 20h20, l'attaque commença. C'est alors que la première vague de Viet-Minhs chargèrent la face nord et ouest du poste. Les champs de mines, le tir soutenu et les bambous acérés n'arrivèrent pas arrêter cette marée humaine. Et une demi heure après, les premiers Bo-doï (Soldats des unités régulières du Viet Minh) arrivèrent au pied des fortifications françaises mais ne parvinrent pas à pénétrer dans le fort.
À 21h, une centaine de trompes résonnèrent dans la vallée, c'est alors que plusieurs centaines de Bo-doï chargèrent le fort dans les ténèbres. Et au fur et à mesure des vagues, ils réussirent à forcer le périmètre défensif des Français.
Grenades, coups de crosse, armes blanches, les légionnaires se battirent de toutes leurs forces pour les déloger. Ils en étaient même réduit à utiliser des grenades fumigènes pour faire peur aux assaillants et à tirer aux mortier sur leurs propres positions.
Tout ces efforts payèrent le fort se vida de plus en plus des Viet-Minhs qui avaient réussit à pénétrer dans le fort. Et à 23h, les unités ennemis sonnèrent le repli.
Le poste avait tenu.
Bilan
À la fin de la bataille, 21 morts et 34 blessés français sont à dénombrer. Au niveau des pertes viet-minh, aucun comptage ne fut fait. La seule certitude est qu'il se chiffrait en plusieurs centaines d'hommes.
Cette attaque ne fut pas la seule ce soir là. En effet, une grande partie des forts français situés sur cette route furent attaqués mais peu durent soutenir une attaque aussi violente que celle de Phu Tong Hoa.
Malgré cette victoire, quelques mois plus tard, la majorité des postes français situé sur la RC3 bis furent démanteler.
Cette bataille reste encore aujourd'hui comme l'un des plus haut fait de la légion durant la guerre d'Indochine.
- LeBrun Ancien membre d'HistoriaGames
- « Dans une guerre, ce qui se passe, ce n'est jamais ce qu'on avait prévu. Alors ce qui compte, c'est d'avoir le moral ! » de Marcel Bigeard