La jungle colombienne livre des milliers de peintures rupestres

Thématique
Préhistoire
7 décembre
2020

L'équivalent de plusieurs fois la grotte de Lascaux : au cœur de la forêt amazonienne, la mission archéologique colombienne The Last Journey vient de faire une fantastique découverte d'art pariétal.

Depuis la fin du conflit armé avec les FARC en 2016, les missions scientifiques ont pu reprendre dans cette partie de la Colombie, ouvrant des milliers de kilomètres carré aux prospections et permettant de lancer ce projet, qui vise à identifier les traces de l'installation des humains sur le dernier continent habité par l'Homme.

Dans la région de Serranía La Lindosa, les archéologues ont fait bonne pioche : sur trois sites différents, à Cerro Azul (la Colline Bleue, ndlr), Limoncillos et Cerro Montoya, des abris rocheux cachés sous l'épais couvert forestier ont été découverts, abritant des milliers de dessins inscrits dans la roche depuis la Préhistoire. D'une ampleur fantastique, ces ensembles constituent d'ores et déjà de l'une, sinon de la plus vaste collection d'œuvres rupestres connues sur le continent sud-américain !

La jungle colombienne livre des milliers de peintures rupestresL'archéologue José Iriarte, membre du projet The Last Journery, devant une des découvertes de 2018. © Marie-Claire Thomas/Wild Blue Media
La jungle colombienne livre des milliers de peintures rupestresUne des fresques découvertes. © Ella Al-Shamahi

"Ce sont vraiment des images incroyables produites par le plus ancien peuple à vivre dans l'ouest de l'Amazonie. Ces peintures donne un aperçu saisissant et fascinant de la vie de ces communautés. Il est incroyable pour nous de penser aujourd'hui qu'elles ont vécu parmi, et chassé, de grands herbivores, dont certains faisaient la taille d'une petite voiture", a confié à la presse le Dr. Mark Robinson, archéologue à l'université anglaise d'Exeter.

Ce qui n'est pas peu dire, car entre des formes géométriques et humaines, les fresques représentent une grande quantité de la faune composant le paysage sud-américain de l'époque : tapis, serpents, alligators, singes et porc-épics, mais aussi des mastodontes que nos lointains ancêtres ont vu et côtoyés et qui ont disparu de la surface de la Terre depuis, comme des ongulés à trompe ou une représentation de paresseux géant.

Ces magnifiques peintures ont été tracées à l'ocre rouge à une date estimée selon les premières datations entre 11 800 et 12 600 ans avant notre ère.

"Quand vous êtes là-bas, vos émotions se bousculent... Nous parlons de plusieurs dizaines de milliers de peintures. Cela va nécessiter des générations pour les documenter. À chaque recoin, apparait un nouveau mur de peintures ! Ces peintures rupestres sont une preuve spectaculaire de la façon dont les humains ont reconstruit le milieu, dont ils chassaient, pêchaient et cultivaient. Il est probable que l'art représentait une partie importante de la culture et une façon pour ces individus de se connecter socialement“, a confié le professeur Iriarte au journal britannique The Guardian. On présuppose en effet que ces œuvres primitives pouvaient avoir également une fonction sacrée.

Qui sait ce que cache encore l'épais couvert forestier de l'Amazonie ? Les scientifiques de la mission estiment que “nous ne faisons que gratter la surface”, a garanti le Pr. Iriarte.