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La Haute-Savoie, ce sont des alpages, de l'air pur, de beaux lacs, des fromages inégalables, des bouquetins et aussi un patrimoine archéologique très riche. Occupée dès la Préhistoire par des populations installées dans des cités lacustres, la région a été prisée notamment pour ses riches gisements de cuivre, qui ont attiré les artisans d'un certain nombre de peuples celtes et des Romains.

À Seynod, près d'Annecy, les archéologues de l'INRAP ont récemment mis au jour un site occupant une grande superficie, daté de l'Antiquité. Ce site se serait étalé du Ier siècle de notre ère jusqu'au début du IVe en trois phases. Les fouilles ont dégagé notamment trois fosses d'extraction et un enclos, pour la première phase d'occupation antique, suivis d'une voie particulièrement large dont on cherche encore l'utilité exacte, mais qui semble liée à un changement de fonction du lieu : c'est à cette époque que les locaux auraient installé sur place « au moins deux ensembles de dépôts de crémation en fosse », a précisé l'institut.

Ensembles qui comprennent respectivement sept sépultures et 24 autres structures, rassemblant du mobilier funéraire pour des morts enterrés ici entre les années 100 et 250 de notre ère.

Au nord-est du site, une troisième phase a été éclaircie, où se trouvent des structures plus visibles, composée d'un sanctuaire adjoint de pas moins de 42 fosses et trois autres structures encore non identifiées, dont il ne reste que leur fondation.

Vues de l'emprise au sol du sanctuaire: un édicule à gauche et le secteurs des fosses à droite. @Inrap

C'est dans ces fosses qu'une découverte plus inhabituelle a été faite. Entre autres objets d'un mobilier funéraire classique, les archéologues ont mis au jour une gourde en fer et en cuivre, superbement bien conservée et datée du IIIe siècle :

  Très bien conservée, ces gourdes auraient appartenu à un légionnaire romain du Bas-Empire. @Inrap

Rapidement identifiée comme étant une laguncula, « cette gourde est le troisième exemplaire retrouvé en Gaule et un des rares complets », a commenté l'INRAP. L'objet est en effet pratiquement intact, ce qui est véritablement exceptionnel. Elle faisait partie de la dotation réglementaire du légionnaire romain, et son fantastique état de conservation a permis d'examiner l'objet plus en détail. C'est ainsi que l'on a découvert qu'elle était constituée de deux coques distinctes et assemblées; et d'un bouchon circulaire, doté d'un cadenas !

La gourde après restauration. @A. Valois, INRAP

Ce qui laisse supposer que cette gourde a probablement pu contenir autre chose que de l'eau, si son propriétaire a voulu bien la verrouiller. Supposition qui est corroborée par l'analyse de son contenu, car elle contenait encore des éléments biologiques vieux de dix-huit siècles, comprenant un mélange cuit de millet, des baies noires, du lait, de la poix de conifère. Que faisait cette gourde et ce mystérieux mélange dans cette tombe ? D'après l'INRAP, « vu le contexte de la découverte dans une fosse d'un sanctuaire, le contenu de la gourde permet d'évoquer un geste cultuel, tel qu'un sacrifice alimentaire ».

Gourde de potion magique finalement arrachée aux irréductibles, ou simplement de l'eau-de-vie du grand-père pour se désaltérer sur le limes, le doute subsiste.