Récit

Antiquité

Bataille de Leuctres

KingBis
Thématique
Antiquité, Grèce ancienne

404 avant J.-C. : Sparte sort vainqueur du long conflit qui l'opposa à Athènes durant 27 années (avec trêves). C'est la fin de la guerre du Péloponnèse pendant laquelle la fleur de la jeunesse grecque fut ravagée. Sparte devient maître de la Grèce et impose son autorité aux autres cités-États. C'est le début de l'hégémonie spartiate qui durera près de 30 ans. Seul Épaminondas osera défier la puissance spartiate à Leuctres, le 6 juillet 371 avant J.C., remportant une grande victoire et dévoilant ainsi son génie militaire.

Thèbes, cité principale de Béotie, défie l'autorité spartiate. La confrontation est inévitable et c'est le roi spartiate Cléombrote II, à la tête d'une armée de 10.000 hoplites - dont 700 Homoioi1 - bien équipés et entraînés et 1.000 cavaliers, qui est envoyé afin de calmer les ardeurs thébaines. Épaminondas ne dispose que de 6.000 à 7.000 hoplites "médiocres", le Bataillon Sacré2 (sur qui va reposer une grande partie de sa stratégie) et 1.500 cavaliers. Dans l’hypothèse d’un choc frontal hoplitique traditionnel, Thèbes n'a aucune chance d'emporter la bataille, son infériorité numérique ne jouant entre autres pas en sa faveur. Épaminondas se doit donc d'innover.

Plan de la bataille de Leuctres

Cléombrote II, sûr de lui de par sa supériorité numérique, aligne ses troupes traditionnellement, c'est-à-dire avec 8 à 12 rangs de profondeur et en disposant l'élite (y compris lui-même) sur le flanc droit3. Au-devant de son dispositif, il place ses cavaliers, en face desquels les Thébains rangent les leurs. De son côté, Épamindondas renforce l'aile gauche de son armée (celle qui fait directement face à l'élite spartiate !) avec 42 rangées supplémentaires, atteignant ainsi une profondeur de 50 rangs. A cette masse, il ajoute le Bataillon Sacré², commandé par Pélopidas, et sur lequel repose une bonne partie de sa stratégie. Le reste de l'armée thébaine, très affaiblie, n'aura pas à combattre et est déployée en recul de la ligne de front.

L'assaut est lancé avec un premier choc entre cavaliers ; la cavalerie thébaine, plus expérimentée et plus nombreuse, met en déroute les Spartiates. Dans leur fuite, les cavaliers spartiates tombent sur leur propre infanterie. Peu de temps après, les deux phalanges s'entrechoquent dans un chaos indescriptible. D'abord victorieuse4, l'aile droite spartiate va vite succomber sous l'énorme poussée des 50 rangs thébains, aidés par le Bataillon Sacré qui s'abat sur la droite des Spartiates. Cléombrote II, pris au piège, succombe, tout comme bon nombre de ses soldats d'élite. L'aile droite prend alors la fuite entraînant avec elle le reste de l'armée qui, même si plus nombreuse et n'ayant quasiment pas engagé l'aile droite thébaine (principe de l'ordre oblique), bat en retraite, découragée de voir l'élite massacrée ou en déroute.

La bataille de Leuctres, en plus de son hégémonie, coûtera aussi à Sparte la vie de 1.000 Lacédémoniens, dont 400 des 700 Homoioi présents. Les thébains n'auront perdu que quelques centaines d'hommes. Avec Leuctres, Épaminondas fait une merveilleuse démonstration de son génie stratégique en osant innover, rompant ainsi les codes traditionnels du combat hoplitique.

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1. Les Homoioi sont les citoyens de Sparte
2. Le Bataillon Sacré est le corps d'élite de l'armée thébaine. Il est composé de 150 couples d'amants.
3. Dans une phalange, chaque homme protège avec une partie de son bouclier le combattant qui se trouve à sa gauche. De cette manière, chaque homme essaie de se mettre le plus possible à droite afin d'être protégé par le bouclier de son camarade, ce qui a pour effet de faire dévier la phalange vers la droite. L'élite est donc placée à droite afin de contrer cette déviation.
4. Selon Xénophon, Hellénique, 6, 4, 10-15

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