Info sur le jeu
Plateforme
  • PC Windows
  • PlaySTation 4
  • Xbox One
ÉditeurActivision
DéveloppeurSledgehammer Games
Date de sortieNovembre 2017

Call of Duty WW2 : Un retour vers le passé concluant ?

Roi de Dreamland
20 novembre
2017

Après plusieurs années d’une errance désolante dans le futur, le mastodonte des FPS revient à ses premiers amours et à la période de la Seconde Guerre mondiale.

Il faut dire que suite au camouflet infligé l’an dernier à Infinite Warfare par le rival Battlefield 1, qui avait fait le choix de recentrer historiquement le FPS en s’intéressant à la Première Guerre mondiale, la réaction d’Activision et de Sledgehammer Games était, en plus d’être nécessaire, très attendue.

Alors, Call of Duty WWII parvient-il à redresser la barre et à réconcilier les fans de la première heure avec la saga ? Eléments de réponse à travers notre test.

Ce test se découpera en deux parties. La première d’entre elle traite du solo tandis que la seconde se concentrera sur le mode multijoueur et sur l’incontournable zombies nazis.

Call of Duty WWII

Une campagne solo relativement soignée

Au cours de la campagne marketing vantant les mérites de son jeu, Activision a lourdement insisté sur le soin apporté au développement de celui-ci, et notamment à la réalisation d’une campagne solo au scénario particulièrement relevé et atypique. Après les échecs répétés et récents connus par la licence, il était grand temps... plusieurs développeurs allant même jusqu’à affirmer dans des interviews que Call of Duty WWII était tout simplement le meilleur jeu sur lequel ils n’aient jamais travaillé.

En jouant cette carte, le géant américain prenait un pari risqué, mais il tendait également la main aux fans de la première heure, ceux qui ont passé des heures dans les ruelles de Carentan, Toujane ou Stalingrad dans Call of Duty et Call of Duty 2. Promesse nous fut donc faite de retrouver ces sensations dans le petit dernier de la saga. Mais cet effet d’annonce a-t-il été concrètement traduit par des résultats visibles et suffisants dans le jeu ?

Niveau retour aux sources, on est en tout cas servis. Le joueur incarne dans le solo le soldat Daniels, membre de la Big Red One, qui découvre le feu et le combat sur les plages de Normandie.

La première mission nous présente ainsi un débarquement avec de forts accents cinématographiques et nous faisant fortement penser au film « Il faut sauver le soldat Ryan ». Entre scripts dignes d’Hollywood, QTE et explosions à la Michael Bay dans tous les sens, pas de doutes, c’est bien dans un Call of Duty que nous avons atterri.

Call of Duty WWII

Cette mission nous introduit également aux membres de notre escouade dont l’histoire personnelle a particulièrement été soignée et développée. Chacun des troufions qui vous accompagneront à travers la libération de l’Europe est ainsi touchant à sa façon.

Call of Duty WWII démontre dès les premières minutes de son mode solo l’ambition de nous présenter la guerre sous un angle nouveau et profondément humain. L’aspect relationnel et la fraternité entre les soldats font ainsi parties des valeurs érigées et mises en avant dans cet opus.

Cette fraternité poussera l’escouade de Daniels à percer les défenses allemandes en Normandie, puis à participer à la Libération de Paris, avec une mission d’infiltration sous couverture fort sympathique dans laquelle vous quitterez temporairement la peau du héros américain pour incarner l’espace d’une soirée une résistante française nommée Rousseau.

Call of Duty WWII

Après ce petit détour par la capitale, la Bloody First reprendra sa route vers le Rhin et participera entre autre à la bataille de la forêt de Hurtgen ou à la défense des Ardennes lors de l’Opération Wacht Am Rhein.

Plusieurs moments du jeu vous permettront par ailleurs de quitter la perspective de Daniels pour endosser le rôle d’autres personnages comme un tankiste ou encore un pilote de P-47, dont la physique, la trajectoire et les modèles de vol sont pour le moins…lunaires.

Au niveau de l’atmosphère dégagée par le jeu, force est de constater qu’elle est dans l’ensemble très convaincante. Malgré un moteur graphique qui commence à marquer le coup et à se faire vieux, le jeu reste relativement joli et bien optimisé. Mention spéciale aux animations des visages des soldats, très réalistes et assez bluffantes. On sent toutefois que le moteur crache tout ce qu’il a et jette ses dernières forces dans la bataille. Malgré tout, l’ambiance froide et humide de la forêt de Hurtgen, et la dévastation des villes normandes en proie aux bombardements sont bien représentées.

Sur ce plan, Call of Duty WWII est donc une réussite, et ceci est facilité par les nombreuses références cinématographiques sur lesquelles va venir s’appuyer le jeu. Entre « Fury », « Red Tails » avec un passage d’escorte de B-17, « Band of Brothers » ou encore « Il faut sauver le soldat Ryan »... nombreux sont les codes mobilisés pour immerger le joueur au plus profond de l’horreur de la guerre.

Call of Duty WWII

Cette réussite est également facilitée par la mobilisation de thématiques relativement rarement évoquées dans des FPS de cette envergure. Ainsi, la question de la politique raciale du troisième Reich est soulevée, de même que celle des camps de concentrations, de la condition des civils en temps de guerre ou encore de la contribution des mouvements de résistance à la libération de l’Europe.

Découvrir ces thématiques nous aide à sortir du schéma classique du FPS présentant seulement la guerre dans sa forme globale. Grâce à Call of Duty WWII, on rentre dans l’intimité des acteurs de cette guerre, à savoir les hommes et les femmes qui la mènent.

En nous présentant un « jeu qui parle de la guerre » en lieu et place d’un « jeu de guerre », Call of Duty WWII réussit son pari. La centralité accordée aux rapports humains et au relationnel offre à la campagne solo une vraie pluvalue et une originalité certaine qui offre le mérite d’y jouer.

Call of Duty WWII

On regrettera cependant quelques éléments de jeux qui viennent nous sortir de cette ambiance de guerre particulièrement soignée, à commencer par le recul des armes, totalement dérisoire et risible.

Certes, nous sommes dans un Call of Duty, mais il y a des limites... Il suffit simplement de s’attarder sur le son produit par la MG42 pour se demander si l’on tire effectivement avec le « bourdon d’Hitler » ou une simple réplique d’airsoft.

Outre cela, on peut également se questionner sur la présence d’un lieutenant à la tête d’une escouade de 8 soldats... ou bien se demander comment un fantassin américain lambda parvient à manier un Flak allemand en seulement quelques secondes...

Bien que l’écriture de la campagne solo reste soignée, Call of Duty WWII reste criblé de ces petites incohérences qui passeront inaperçues pour le néophyte, mais sauteront malheureusement aux yeux des amateurs confirmés d’Histoire. Jouabilité et grand spectacle oblige, ces incohérences sont parfaitement assumées par le développeur et font partie de l’identité inhérente du jeu.

En acceptant ce parti pris, que l’on retrouve d’ailleurs dans de nombreux autres jeux du même acabit, il est alors possible de passer un excellent moment et de s’amuser.

Enfin, l’américanisme, voire même l’anti-germanisme, parfois trop prononcé de certaines séquences pourra lui aussi nous faire sortir de cette campagne touchante et prenante... et basculer dans une propagande assez nauséabonde. Il est en effet regrettable de ne pouvoir échapper à de tels clichés, tant on pouvait franchement s’en passer, devant l’excellente valeur intrinsèque de l’aventure solo qui n’avait vraiment pas besoin de cela.

Call of Duty WWII

L’aspect « too much » de certaines scènes a un côté burlesque, pour ne pas dire risible, qui nous sort totalement de l’histoire et du drame présenté. Il en va de même pour le recyclage de certaines séquences et de certains niveaux. Si le débarquement de Normandie semble un passage inévitable malgré sa présence dans de nombreux autres jeux vidéo, on pouvait en revanche éviter d’autres batailles déjà traitées.

Ainsi, le niveau nous présentant la libération d’Aix la Chapelle a déjà été réalisé dans Call of Duty : Le Jour de Gloire, sorti sur consoles à l’époque. Idem pour celui nous décrivant la capture du Pont de Remagen. Il faut dire qu’échapper à de tels redits était compliqué, dans la mesure où la licence Call of Duty avait déjà consacré un opus, très oubliable, à la Big Red One.

Au final, malgré quelques défauts navrants, cette campagne solo reste une très bonne surprise. D’une durée d’une dizaine d’heures en difficulté relevée, elle offrira au joueur des moments épiques et agréables, avec des missions bien rythmées, et ce, bien que l’intelligence artificielle soit parfois aux fraises...

On sent que les développeurs ont réellement tenter d’innover, que ce soit au niveau du gameplay pur, avec notamment le retour aux kits de soin et l’apparition de bonus conférés par vos partenaires, ou au niveau du contexte porté par le jeu.

La mobilisation de thématiques relativement nouvelles et la volonté d’apporter un regard critique sur la guerre, bien qu’étant limité et parfois maladroit, témoigne d’un véritable engagement à faire un grand pas dans la bonne direction, celle du « FPS intelligent ».

Si l’initiative est loin d’être aussi aboutie ou concluante que dans des jeux comme « Attentat 1942 », « This War of Mine » ou encore « Soldats Inconnus », elle n’en reste pas moins à saluer, car relativement risquée et novatrice pour un Call of Duty.

La chose pourra répugner certains joueurs plus jeunes ayant commencé à aimer la saga à partir du moment où elle s’est dirigée vers les conflits futuristes, mais elle plaira en revanche aux amoureux de la première heure.

Multijoueur : la recette classique et (quasiment) inchangée

Parlons maintenant du multijoueurs et du mode zombies nazis. Ici, pas grand-chose de neuf sous les tropiques et rien de bien nouveau à signaler. Si le mode solo devrait plaire aux nostalgiques des vieux Call of Duty, le multijoueur reste en revanche dans la droite lignée de ce qui s’est fait dans les opus précédents. À savoir, des cartes petites et des affrontements nerveux entre deux équipes réduites. Ça va vite, ça tire dans tous les sens... bref, on respire l’ADN Call of Duty.

Call of Duty WWII

Quelques petites nouveautés sont toutefois au rendez-vous, comme le système de divisions, qui viendra remplacer les habituelles classes. Vous pourrez ainsi choisir entre infanterie, parachutiste, montagnard, corps mécanisé et corps expéditionnaire, chacune de ces divisions ayant accès à un matériel lui étant propre.

Les différences dans le gameplay restent toutefois assez peu sensible, tant le recul des armes est faible dans le jeu. La seule véritable différence se mesurera alors au niveau de la portée, de la cadence de tir ou encore de la puissance de feu.

Les développeurs ont également souhaité développer le volet social du jeu, en mettant à disposition des joueurs un quartier général favorisant les interactions et le jeu en équipe. Reste à savoir si cette fonctionnalité sera utilisée à son plein potentiel.

Call of Duty WWII

Enfin, le mode « Guerre » fait son apparition et vient offrir une alternative assez plaisante au match à mort par équipe classique. Ressemblant de loin au mode « Opérations » de Battlefield 1, le mode « Guerre » vous met face à une série d’objectifs thématiques à remplir.

La meilleure façon d’expliquer ce mode de jeu est encore de prendre un exemple. L’un des scénarios intervient dans la ville de Saint Lo. L’équipe américaine, à l’offensive, doit s’emparer d’un QG allemand, puis traverser un pont, détruire une radio et enfin escorter un char Sherman jusqu’à une batterie antiaérienne allemande qu’il se chargera de détruire. À chaque objectif intermédiaire accompli, les attaquants reçoivent du temps et des renforts supplémentaires. À l’inverse, l’équipe allemande, en défense, doit empêcher la progression des troupes américaines. Si l’équipe allemande parvient à tenir un objectif intermédiaire pendant 5 minutes sans qu’il tombe aux mains de l’ennemi, elle remporte la partie.

Le résultat est assez sympathique et offre des parties rythmées et divertissantes. En somme, une goutte de neuf dans un océan composé d’une recette classique.

Pour ce qui est du mode zombies nazis, il correspond au contenu en ligne qui a subi le lifting le plus profond. Un système de point réinventé et une campagne en coopération réunissant jusqu’à 4 joueurs procureront avec certitude leur lot de moments bien marrants à dézinguer aux côtés de ses amis des morts vivants à la solde du Troisième Reich.

Reste à voir si ce contenu multijoueur sera étoffé à l’aide des DLC constituant le Season Pass. Le premier d’entre eux, intitulé « Résistance » a d’ores et déjà été annoncé.

Call of Duty WWII

7.5
Call of Duty WWII

Un retour encourageant
Non, Call of Duty WWII n’est clairement pas le jeu du siècle, mais son solo inspiré, couplé à la volonté des développeurs de faire quelque chose de nouveau et de profond, bien que la réalisation soit quelque peu maladroite, nous pousse à saluer les efforts qui ont été faits et entrepris. Le jeu opère un retour encourageant dans l’Histoire. Si tout est loin d’être parfait, il offrira une expérience de jeu plaisante aux amoureux des premiers opus de la saga. Le multijoueur, pour sa part, complète le tableau et plaira davantage aux joueurs arrivés plus récemment.
Intérêt historique :
  • +Un solo intéressant et innovant
  • +Une atmosphère plaisante
  • +Des thématiques originales abordées
  • +Un mode zombies nazi toujours aussi fun
  • +Le mode « Guerre » en multijoueur
  • -Un américanisme lattant
  • -Un jeu centré sur la Big Red One… avec les redits que cela entraine
  • -Quid d’autres fronts que le front occidental ?
  • -Quelques passages et incohérences qui nous font sortir du drame de la campagne solo
  • -Les sensations de tirs avec les armes

  • Zog Chroniqueur, Historien, Testeur, Youtubeur
  • « Une Europe fédérée est indispensable à la sécurité et à la paix du monde libre. » par Jean Monnet en 1952