Interview avec les développeurs d'Isonzo

L'Amiral
15 mars
2024

Après la sortie de l'expansion « White War » (qui ajoute notamment la carte « Marmolada »), l'équipe derrière « Isonzo » a bien voulu répondre à nos questions autour du jeu et de son futur. Retrouvons Jos Hoebe, directeur créatif de la franchise, pour cette mine d'informations !

Retrouvez ci-dessous notre interview, en version française et anglaise.

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HistoriaGames : « Isonzo » a connu un très bon accueil de la part des joueurs habitués de la franchise WW1 Game Series. Dans quel état d'esprit se trouvait l'équipe lorsque le travail sur ce nouveau projet a démarré ?

Nous étions surexcités à l'idée de nous focaliser à nouveau sur la Grande Guerre et d'offrir à nos joueurs une nouvelle expérience dans cette gamme – tout en rendant notre système plus agréable pour les nouveaux joueurs. Nous avons tellement recueilli de sources historiques que nous voulions absolument en faire un jeu qui leur rendent justice ; sans oublier en parallèle de rendre le jeu immersif et surtout amusant ! Nous cherchons constamment à concilier ces deux aspects.


HG : Pourquoi avez-vous spécifiquement choisi le front italien pour ce nouveau jeu ? Ce n'est pas le « plus connu » du conflit pourtant.

Après avoir travaillé sur le front français avec « Verdun » et le front de l'Est avec « Tannenberg », nous pensions qu'il y en avait beaucoup d'autres à traiter, et tous d'une importance aussi cruciale. Si les batailles sur le front italien sont en effet moins connues du grand public, cela ne signifie pas qu'elles sont moins importantes dans le déroulé de la guerre ! De plus, il faut souligner que le terrain montagneux sur lequel ont eu lieu ces batailles a grandement joué dans notre choix, notamment parce que cela représentait un sacré défi pour le côté gameplay mais aussi de belles opportunités ! Voilà la genèse de « Isonzo ».

Isonzo

HG : Les cartes de « Isonzo » sont très différentes de celles présentes dans « Verdun » ou « Tannenberg » (des tunnels, du dénivelé…). Avez-vous dû changer votre manière de travailler ?

Pour chaque jeu de la saga WW1 Game Series, nous avons souhaité faire apparaître dans notre gameplay les aspects les plus importants et surtout spécifiques de la Grande Guerre sur ces fronts. Les phases clairement définies d'attaque et de défense dans « Verdun » n'auraient eu aucun sens dans « Tannenberg », car les affrontements étaient souvent plus fluides sur le front de l'Est. Et l'élaboration des cartes a une grande importance à ce sujet, surtout pour Isonzo où nous savions d'avance que les cartes allaient être foncièrement différentes afin de refléter la vraie nature de la guerre en montagne – et du front italien en général.


HG : La carte Marmolada (sortie avec l'expansion gratuite White War fin 2023) a dû représenter un sacré défi sur le plan de la réalisation. Comment l'avez-vous préparée ? Avez-vous rencontré certains problèmes ?

Nous n'avons pas changé notre habitude de travail : tout d'abord, nous avons récolté de nombreuses informations sur la situation sur ce front puis étudié tout cela, puis nous avons défini ce que nous allions utiliser et comment l'implémenter dans « Isonzo ». Pour créer une carte, nous cherchons d'abord à savoir ce à quoi le front ressemblait à l'époque – et pas seulement grâce à du matériel iconographique, mais aussi grâce à des témoignages des soldats qui s'y sont battus. Il nous a fallu un sacré temps pour obtenir les « bons » tunnels creusés dans la glace, mais le résultat est si gratifiant.

Isonzo

HG : Il y a encore de nombreuses armes à ajouter au jeu, et celles utilisées sur le front italien étaient tellement différentes (et parfois beaucoup plus anciennes) que celles employées en France. Je suppose que la recherche de sources au sujet de tels armements s'est avérée plus compliquée ? De quelle façon avez-vous travaillé dessus ?

Pas nécessairement ! Notre méthode n'a pas changé par rapport à celle utilisée d'habitude. Internet regorge de sources pour les témoignages historiques nécessaires, et nous avions déjà mené plusieurs campagnes de recherche sur zone avant de commencer le travail sur « Isonzo ». Oui, parfois certaines sources ont été plus difficiles à trouver, mais le front italien a quand même été important lors de la Grande Guerre et beaucoup d'acteurs locaux contribuent à préserver la mémoire. Il va sans dire que parler italien nous a été d'une grande aide !


HG : La différence entre « Verdun » et « Isonzo » est impressionnante, notamment parce que vous avez employé un nouveau moteur pour ce jeu. Est-ce que cela a changé votre façon de travailler ?

« Isonzo » fonctionne toujours avec Unity, mais une nouvelle version : il y a eu tellement d'améliorations depuis la sortie de « Verdun » ! Cela nous a permis d'utiliser de nouveaux plugins et d'autres outils dans notre travail à partir des fondations de « Tannenberg ». Ajoutez à cela l'expérience dorénavant acquise par notre équipe, et vous avez un jeu encore plus qualitatif que « Tannenberg ». Du côté de la qualité visuelle de « Isonzo », la création de nouveaux outils a fortement contribué à son amélioration.

Isonzo

HG : L'ajout de la faction allemande (et de l'offensive de Caporetto) a représenté un pas en avant majeur pour votre jeu. Britanniques et Français ont aussi envoyé des troupes en Italie après le désastre de Caporetto. Existe-t-il un espoir de voir ces unités bientôt dans « Isonzo » ?

Si nous apprécions donner plus de visibilité aux participants les moins connus de la Grande Guerre (comme les tirailleurs sénégalais dans « Verdun » ou les fusiliers lettons dans « Tannenberg »), nous devons quand même faire des choix afin d'optimiser notre travail. La contribution des Franco-Britanniques au front italien n'a pas été aussi importante que celle des Allemands, notamment parce que Foch n'a accepté d'envoyer des troupes sur la ligne de front qu'à partir du moment où les Italiens se sont ressaisis après Caporetto. Dans « Isonzo », nous voulons maintenir un aspect authentique pour les batailles en nous limitant aux belligérants qui y ont effectivement combattu. Les Franco-Britanniques n'ayant participé qu'à une seule grande bataille chacun, cela nécessiterait d'ajouter tout un lot d'armes et d'uniformes pour une unique carte. En résumé : il y a très peu de chance pour que ces deux factions soient un jour ajoutées à « Isonzo ».


HG : Si la faction italienne permet de découvrir un nouveau style de jeu (notamment avec les armes), ce sentiment est un peu plus mitigé côté allemand pour les anciens joueurs de « Verdun » et de « Tannenberg » (qui ont déjà connu cette faction). Si les Français et les Britanniques sont un jour ajoutés au jeu, n'y aura-t-il pas le même problème ?

C'est une des conséquences de notre focus sur le réalisme, et aussi de la masse de contenu gratuit sorti pour « Verdun » depuis la sortie ! Nous avons modélisé la plupart des armes et des uniformes employés, alors c'est tout à fait normal d'en revoir à l'arrivée de la faction allemande sur « Isonzo ». Nous savons que nos fans comprendront cela, et surtout que nous n'allons pas commencer à ajouter des prototypes étranges ou donner des pistolets-mitrailleurs à tout le monde. Il est plus intéressant de travailler avec du contenu historique, comme les Gebirgsjäger (absents dans « Verdun ») pour « Isonzo ». Mais de toute façon, comme nous l'avons souligné plus haut, ce ne sera pas trop un problème à l'avenir vu que nous n'avons pas véritablement prévu d'ajouter les troupes françaises et britanniques à « Isonzo ».

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HG : La qualité de votre travail s'est grandement améliorée depuis « Verdun » et le gameplay de « Isonzo » est loin de ressembler à celui des deux jeux précédents (notamment avec le mécanisme des frappes pour les officiers). Qu'est-ce qui vous a poussés à prendre une route si différente ?

Lors de la réalisation d'un nouveau jeu, nous cherchons toujours à améliorer certains aspects ou à en ajouter afin de rendre le gameplay plus authentique et plus attrayant. Avec le temps, nos moyens et nos compétences ont grandement augmenté, ce qui nous a permis de faire davantage lors du développement d'un nouveau jeu. Toutes les modifications apportées le sont parce que nous pensons qu'elles amélioreront le jeu. Enfin, à contrario de « Verdun », « Isonzo » est un jeu asymétrique où nous avons dû concilier plusieurs mécaniques différentes comme la frappe d'artillerie, la réapparition, les objectifs… L'optimisation et l'équilibre sont cruciaux pour ce jeu.

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HG : Reste-t-il des points que vous souhaiteriez améliorer dans « Isonzo » ? Sur quoi allez-vous vous focaliser cette année ?

Il reste encore de nombreuses régions et batailles du front italien à traiter ! Impossible cependant de diffuser quoique ce soit maintenant, mais nous avons de grands projets !


HG : Bien sûr, il est trop tôt pour parler de cela, mais il y a encore de nombreux fronts de la Grande Guerre à explorer en jeu vidéo. Pourrons-nous combattre sur d'autres fronts au sein de la franchise WW1 Games Serie à l'avenir ?

C'est une question vraiment stimulante à laquelle nous pensons sérieusement ! Cependant, il reste encore de grands projets pour « Isonzo », et nous allons vous en dire davantage bientôt !

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