Info sur le jeu |
PlateformePC Windows |
ÉditeurXbox Game Studios |
DéveloppeurWorld's Edge, Forgotten Empires, Tantalus Media, CaptureAge, Virtuos Games |
Date de sortieSeptembre 2024 |
Age of Mythology : Retold
Ça y est, il est là ! Il est enfin arrivé, le divin enfant, le sésame perdu, la perle qui manquait au collier, la sauce béarnaise sur le steak tartare de la collection des Age of Empires. Le dernier qui n'avait pas encore eu droit à son remaster au cours des dernières années. Age of Mythology est revenu au bout de 21 ans, pour rappeler à tous que de son temps, le STR, c'était quand même mieux.
Ceux qui ont connu Age of Mythology lors de sa sortie en 2002 se rappellent de l'attente générée par son incroyable cinématique, montrant un héros inconnu arpenter un ancien temple relatant sur ses bas-reliefs d'épiques combats opposant des créatures monstrueuses envoyées par les dieux à des Grecs.
Introduction d'Age of Mythology remasterisée par l'IA
En 2002, Age of Empires s'était déjà imposé comme une référence du STR, et on pouvait se demander après deux épisodes ce que la série pouvait encore offrir. D'autant qu'il fallait du courage pour faire mieux, quatre mois après la sortie de Warcraft 3 : Reign of Chaos ; et que la concurrence est composée de Command & Conquer, Homeworld, Starcraft et autres Stronghold.
Le 1er novembre 2002, Ensemble Studios, les développeurs d'origine, casse donc la baraque en toute modestie avec un nouveau titre. Retour à l'Antiquité, et plutôt l'Antiquité profonde, avec seulement trois civilisations, mais qui sont radicalement différentes dans leurs gameplays et offrent au total 9 variations, avec douze divinités différentes pour chaque peuple et des dizaines de créatures mythiques aux compétences variées.
Une extension plus tard, les monstrueux Titans permettent de saler encore plus les fins de partie, et de rajouter un chapitre au récit épique conté par le jeu de base. Puis, vingt années passent...
... jusqu'à aujourd'hui, où j'ai lancé le jeu avec une certaine émotion. C'est toujours très particulier de se replonger dans un titre qui a fait une partie de votre enfance et auquel vous attachez tant de souvenirs. C'est très risqué aussi, tant il est facile de rater un remaster, mais Retold m'a très vite prouvé qu'il n'allait pas faire cette gaffe.
Visuellement, c'est absolument magnifique. Forgotten Empires et Xbox Game Studios ont peaufiné le Bang Engine, déjà à l'œuvre pour la Definitive Edition d'Age of Empires III, pour rendre le titre particulièrement agréable à l'œil. Nouvelles textures, nouveaux modèles, nouvelles animations, ombres, effets de particules, effets spéciaux impressionnants, c'est ravissant et le jeu vous met en confiance instantanément.
Les aventures du général Arkantos s'étalent sur plusieurs dizaines de scénarios, que je connaissais déjà bien sûr presque par cœur même vingt ans après, mais qui sont toujours aussi passionnants. À la poursuite de l'infâme cyclope Gargarensis, la campagne solo d'Age of Mythology Retold offre une fresque particulièrement épique qui nous emmènent au siège de Troie, en Grèce, puis en Égypte pour ressusciter un dieu mort ; et enfin dans les terres glacées de Scandinavie.
Au gameplay classique des Age of Empires (et des RTS en général), composé de récolte de ressources et de construction de bases pour rassembler une armée qui ira vandaliser celle d'en face, Age of Mythology différencie profondément son jeu en fonction des civilisations. Les Grecs, relativement classiques (c'est le cas de le dire), prient dans leurs temples pour obtenir les faveurs indispensables au recrutement des unités mythiques telles que les cyclopes, les centaures ou les chimères.
Les Égyptiens, plus défensifs, construisent gratuitement (ou avec d'importantes réductions) leurs bâtiments, mais doivent édifier d'imposantes statues pour rendre hommage à leur panthéon. Leurs troupes sont surclassées par celles des deux autres, mais elles sont moins chères ; et peuvent être soignées par les prêtres et le pharaon, qui peuvent aussi booster les constructions de bâtiments et leur production.
Les Nordiques, particulièrement bourrins, sont privés d'éclaireurs, mais gagnent de la faveur en se battant, ce qui favorise la tactique de raid tôt dans la partie. Leurs soldats sont aussi chargés de la construction des bâtiments, tandis que la récolte des ressources repose sur les paysans et les nains qui exploitent les mines d'or.
Enfin, les Atlantes apportent avec eux l'appui des prédécesseurs des Olympiens ; qui leur donnent des troupes plus chères mais plus efficaces, toutes améliorables en héros, et des unités plus exotiques. Ils génèrent automatiquement des faveurs divines, mais à un rythme plus lent, tandis que leurs ouvriers n'ont pas besoin de dépôts de ressources et travaillent plus efficacement, mais sont toutefois plus coûteux.
Toute l'intelligence du gameplay d'Age of Mythology repose aussi sur le choix des divinités, que l'on doit choisir à chaque âge passé pour personnaliser ses forces et ses compétences. Par exemple, un Grec peut choisir le patronage de Poséidon pour obtenir d'importants bonus de commerce et des milices défendant les bâtiments rasés. Face à un adversaire nordique attaquant tôt, il peut vénérer Hermès pour obtenir le pouvoir de trêve obligeant un cessez-le-feu prématuré et un renforcement de sa cavalerie, puis devenir bien plus offensif avec Dionysos, dont les technologies uniques et le pouvoir permettent d'obtenir une cavalerie grecque cumulant des bonus globaux la rendant irrésistibles, ainsi que l'appui des terribles hydres multipliant les têtes. Au dernier stade, il peut vénérer Héra pour raser la base ennemie avec un séisme, ou prendre son temps avec le pouvoir d'Héphaïstos conférant une Corne d'Abondance donnant des ressources infinies et l'accès aux puissants colosses.
Ces combinaisons autorisent donc une variation impressionnante de gameplays différents pour chaque civilisation, redoutablement efficace, même en 2024. Et c'est là que Retold entre en jeu et ajoute sa patte. Les Scandinaves ont reçu une divinité principale supplémentaire : Freyr, qui permet de réparer gratuitement les bâtiments et d'obtenir toutes les technologies moitié moins chères, ainsi qu'un énorme sanglier défendant férocement le forum.
Outre des rééquilibrages des différentes unités du jeu, la limite de population et de faveurs divines a été enlevée, pour parvenir à des batailles particulièrement épiques, et des tutoriels pour chaque civilisation ont été ajoutés.
Mais cette édition Retold affine surtout la mécanique d'Age of Mythology, afin de favoriser les combats et se concentrer sur les affrontements de fin de partie : il est désormais possible de recruter automatiquement ouvriers et troupes, et surtout de répartir automatiquement les ouvriers sur leurs différentes tâches, grâce à des préréglages (ou en personnalisant le sien). Ainsi, la gestion économique de sa base devient facilitée et évite d'avoir à y faire des allers-retours réguliers cassant le rythme des combats ; malgré quelques erreurs de l'IA qui a parfois tendance à contredire le préréglage en assignant trop de monde à la récolte de certaines ressources.
Outre la limite de population supprimée, plus que bienvenue quand vous aviez déjà 40 ouvriers à l'ouvrage sur 150 individus maximum, désormais les pouvoirs divins sont réutilisables, moyennant un coût en faveurs divines, coût variable grâce à certaines divinités mais qui grandira à chaque utilisation pour éviter des abus.
Enfin, un cinquième stade, l'âge des merveilles, a été ajouté. Il est désormais automatiquement atteint lorsque vous parvenez à construire une merveille ; il ne donne ni nouveau dieu ni unités supplémentaires, mais réduit grandement les réutilisations de pouvoirs, dope sévèrement les Titans et autres unités mythiques et autorise même la construction d'une deuxième porte des Titans. Autant d'orientations qui permettent à Retold de se concentrer sur des batailles de plus en plus féroces, en particulier en multijoueur où les combats dévastent littéralement la carte entre les pouvoirs divins et les monstres qui s'écharpent.
Multijoueur classé, nouvelle bande-son, éditeur de scénarios, escarmouches personnalisables à volonté, accès aux mods, parties compétitives, ainsi que l'excellente extension The Titans qui donne accès aux terrifiants et gigantesques colosses et conclut parfaitement la saga épique d'Arkantos et de son fils Castor ; il ne manque rien. Au bout de quarante heures de jeu, je suis rassuré. Malgré quelques imperfections oubliables, Age of Mythology est aussi beau et aussi agréable que dans mes souvenirs. Le monde peut maintenant s'écrouler, Age of Mythology a su montrer qu'il reste au bout de vingt ans un monument du STR.
Age of Mythology : Retold
Le retour d'un mythe
- +Beau et fluide
- +Les optimisations de gameplay
- +L'accent mis sur les Titans et les fins de jeu
- +Toujours aussi long et passionnant
- +Permissif et personnalisable
- -Pathfinding imparfait, quelques bugs occasionnels
Direction artistique
Fluide et rutilant, le Bang Engine affiche des décors, des bâtiments, des unités et des effets magnifiques qui rendent hommage à l'original et l'améliorent sans problème.
Technique
Très stable et fluide dans la version testée, Retold souffre tout de même de quelques imperfections de jeunesse, comme des unités qui peuvent rester coincées dans le décor, un pathfinding imparfait et quelques bugs de localisation de voix. C'est dommage de rater le sans-faute de si peu, mais il n'y a rien qui soit de nature à gâcher l'expérience et surtout qui ne soit pas réglable avec un bon patch de sortie.
Jouabilité
Déjà très bon, le gameplay d'Age of Mythology a été agréablement enrichi avec l'automatisation de certaines tâches et l'ajout de nouveaux raccourcis.
Durée de vie
Les campagnes seules vous occuperont sans problème jusqu'à quarante heures, entre les épopées d'Arkantos, de Castor, des nains Brokk et Eitri et des batailles mythiques, petits scénarios ajoutés pour cette édition et qu'on imagine multipliés à l'avenir. A cela il faut ajouter un mode escarmouche et un mode multijoueur qui fait déjà salle comble.
Ambiance
On ferait difficilement mieux ; loin d'être anecdotiques, les dieux et leurs rejetons ne sont pas un vague soutien aux civilisations humaines mais font partie prenante de chaque affrontement. La campagne solo en particulier, fait beaucoup pour plonger le joueur dans un récit qui aurait toute sa place dans les contes antiques.
Scénario
Particulièrement prenantes, les aventures d'Arkantos et de son fils au milieu de tous ces dieux qui se jettent des éclairs au visage ont marqué toute une génération de joueurs avec un récit trépidant et au gameplay varié. La seule chose qu'on peut lui reprocher, c'est qu'il ait une fin.
- Cernunnos Testeur, Rédacteur
- "Messieurs, c'est une plage privée! Je crois que nous dérangeons!" - Un officier britannique sur Sword Beach