Info sur le jeu |
PlateformePC Windows |
ÉditeurKUBI Games |
DéveloppeurKUBI Games |
Date de sortieSeptembre 2022 |
1428 : Shadows over Silesia
La Tchéquie, cet autre pays du jeu vidéo... Il faut savoir que c'est dans ce beau pays coincé entre l'Allemagne, la Pologne et l'Autriche que l'on a vu naître les Hidden and Dangerous, Operation Flashpoint, ARMA, Mafia, Euro Truck Simulator et plus récemment Kingdom Come : Deliverance, l'une des plus grandes fiertés tchèques. Ainsi, la réputation de ce pays en matière de jeu vidéo n'est plus à faire. C'est pourquoi lorsqu'un nouveau projet - historique, qui plus est - s'y lance, il ne peut que nous intéresser.
C'est en Février 2020 que nous avions appris l'existence de 1428 : Shadows over Silesia, jeu indépendant développé à Brno avec le moteur Unity. Une campagne de financement a depuis été lancée et bouclée avec succès sur Hithit, l'équivalent tchèque de Kickstarter. Les backers ont pu avoir accès à une démo proposant le premier chapitre du jeu. C'est cette version que nous a transmis gentiment le développeur Petr Kubicek afin de vous proposer un premier aperçu du projet.
Cette démo sera disponible pour le public certainement lors du prochain Festival des jeux indé sur Steam qui aura lieu durant l'été. Elle se termine en - à peu près - 1h30, même si j'ai bien mis 30 minutes pour comprendre comment ouvrir la dernière porte me permettant de finir le chapitre... j'y reviendrai plus tard. Au total, le studio prévoit 13 chapitres pour une trentaine d'heures de jeu en tout, ce qui est très (trop ?) ambitieux pour un jeu d'aventure indépendant.
Il faut également savoir que le jeu est disponible en anglais, en espagnol et en tchèque (avec les voix tchèques, ce qui est toujours un bon point pour l'immersion, même si l'on n'y comprend rien). Malheureusement, on peut craindre qu'il n'y ait pas de version en français, sauf - bien entendu - si le jeu rencontre du succès chez nous.
Un mélange d'Histoire et d'occultisme, ça donne de la "Dark History"
En 1428, l'Europe est en plein bouleversement religieux et de nombreux prédicateurs annoncent que la fin du monde est proche et l’arrivée de l'Antéchrist. Avant cela, d'autres prédicateurs et érudits avaient critiqué le déclin moral de l'Église catholique, les vastes possessions des prêtres et leur vie pécheresse. Parmi eux figurait Jan Hus, recteur de l'université de Prague, devenu depuis un héros national de la Tchéquie actuelle. Excommunié et déclaré hérétique par le Pape (il faut dire qu'il avait traité le Pape d'Antéchrist), Jan Hus fut brûlé sur le bûcher, le 6 juillet 1415, lors du concile de Constance sous l'ordre de l'empereur Sigismond, ce qui mis le feu aux poudres... Contrairement à ce qu'aurait aimé le concile, Hus est désormais vu comme un martyre et ses enseignements se répandent rapidement à travers les terres de Bohême. Un mouvement émerge alors... Si vous désirez en savoir plus sur cette période mouvementée, on ne peut que vous conseiller de lire La Trilogie hussite d'Andrzej Sapkowski (le papa de The Witcher) dont les deux premiers tomes ont été récemment traduits chez Bragelonne.
Certes, l'histoire de 1428 : Shadows over Silesia se déroule quelques années après celle de Kingdom Come : Deliverance, mais y avoir joué permet de se remémorer de bons souvenirs, ainsi que de quelques lieux et personnages, ce qui peut aider si vous avez du mal avec l'anglais. Un journal est, de toute façon, présent au sein du jeu pour vous narrer les événements qui ont conduits à la croisade contre les Hussites et ceux en cours.
Faisant office de tutorial, ce premier chapitre nous met dans la peau d'Hynek, le "Renard" de Moravie, un hetman hussite. On se retouve donc en 1428, alors que les Hussites viennent de se lancer dans leur campagne de Silésie. Le début de la démo nous fera suivre une longue procession à dos de cheval, au sein de l'armée hussite avant d'aller effaroucher quelques paysans à l'aide de notre masse et de brûler quelques toits de chaumes en lançant des torches, dans la localité de Hennersdorf. Notons la présence des chariots faisant sans doute référence à la fameuse tactique mis en place par un autre héros tchèque, Jan Žižka, le fort de chariots (ou Wagenburg), qui permit aux Hussites de résister pendant près de 18 ans face aux armées impériales.
Après l'attaque de Hennersdorf, Hynek et ses gars sûrs aperçoivent une fumée au loin et décident d'aller enquêter, pensant qu'il pouvait s'agir de représailles de l'évêque du coin. Arrivés sur place, ils font la rencontre d'étranges inconnus encapuchonnés en train de mettre le feu au village. C'est alors qu'une course poursuite a lieu entre Hynek, ses hommes et les inconnus. Elle se termine dans une grotte dont l'entrée s'écroule par une quelconque sorcellerie. Bien entendu Hynek se retrouve esseulé et les inconnus ont disparus. Séparé de ses hommes, notre héros va devoir trouver un moyen pour se sortir de ce guêpier, incroyablement sombre, à tel point qu'il vous sera obligatoire d'allumer une torche pour y voir plus clair. Et c'est là que vous voyez des choses peu recommandables, surtout à cette époque...
De l'aventure comme dans les années 1990
Étrangement, en lançant le jeu, 1428 : Shadows over Silesia m'a fait penser à l'un des plus grands jeux d'aventure français sortis dans les années 1990, à savoir Little Big Adventure. La vue isométrique et les graphismes mignons, colorés et stylisés en low poly ont sans doute joué sur cette première impression. Heureusement, les commandes sont beaucoup plus fluides. À la manette, comme au couple clavier/souris, le jeu se maîtrise parfaitement et la caméra peut se tourner facilement à 360°. Il n'est cependant pas possible de zoomer (la rotation de la caméra s'effectue avec la molette de la souris, ce qui peut dérouter un peu au début). La possibilité de changer l'angle de la caméra est salutaire car notre personnage peut très vite se retrouver caché derrière un élément du décors, comme des arbres, si on n'y prête pas attention, le décors ne s'effaçant pas pour laisser apparaître notre personnage.
Le gameplay de 1428 : Shadows over Silesia se veut varié. La démo nous donne ainsi un léger aperçu des possibilités qu'offrira le titre. Le titre propose notamment des phases de dialogues, mais il est difficile en l'état de dire si nos choix ont un impact. Notre héros dispose de deux barres de statuts : sa santé et son endurance. Nul besoin de vous faire un dessin pour savoir à quoi ça sert. Pour le peu que vous ayez de l'expérience dans les jeux vidéo, et même si vous êtes ridicules en anglais, 1428 : Shadows over Silesia est très simple à saisir voir trop simple, notamment pour ses combats.
À l'heure actuelle (et je ne sais pas si cela va évoluer au cours des prochains chapitres), pour combattre, on se contente d'appuyer sur une touche pour frapper, tout en faisant attention à notre barre d'endurance. Le reste du temps, on cherchera à s'éloigner des coups de nos adversaires pour les frapper au bon moment, une sorte de jeu de chat et la souris un peu trop simpliste à mon goût. Pas d'esquive, pas de roulade, pas d'attaques lourdes ou légères, ni de combos... juste une simple attaque. Il sera possible tout de même de parer, mais en l'absence de bouclier dans le chapitre 1, nous n'avons pas pu tester cette manœuvre. Mais en l'état, les amateurs de Dark Souls, Nioh ou Sekiro, risqueront de s'ennuyer ferme.
Fort heureusement, les combats ne sont pas l'essentiel du titre qui se veut avant tout un jeu d'aventure. Et qui dit aventure, dit observation de son environnement, interaction avec le décors, dialogue avec des personnages, collecte d'objets en tout genre, résolution d'énigmes, lecture de bouquins... Cette démo nous en donne un avant goût. Début de l'aventure oblige, c'est relativement simple mise à part à la toute fin du chapitre où il faut ouvrir une porte en bois (le bois est un indice...). Le problème étant qu'il y a un temps imparti de 5 minutes pour résoudre cette "énigme". Passé le délai, c'est le gameover qui nous salue chaleureusement, et avec lui l'obligation de recharger la partie et de repasser par plusieurs étapes dont le combat face à quatres gugusses encapuchonnés en même temps. Jeter des quignons de pains sur la porte (seuls celles et ceux ayant regardé Rôle'n Play comprendrons) n'aidant pas à l'ouvrir, la solution ne fut pas évidente et je vais m'abstenir de vous la donner, préférant vous laisser galérer si vous faites le choix de vous lancer un jour dans l'aventure.
Le jeu se termine après l'ouverture de cette fameuse porte et, à la suite d'une petite cinématique bien mystérieuse, nous avons très envie de connaître la suite des aventures de l'ami Hynek. Au début de cette partie, j'évoquais les graphismes "mignons" et "colorés" au lancement du jeu. Ceux-ci changent radicalement dès que l'on entre sous terre pour laisser place à une atmosphère sombre où la démonologie, ou l'occultisme (difficile de dire à cet acte quelle sera la thématique du jeu), tient une place de choix, laissant penser que l'aventure de Hynek ne sera pas de tout repos... Au cours des prochains chapitres nous devrions prendre en main également la destinée de Lothar, un chevalier hospitalier. Difficile à l'heure actuelle de dire quel sera son rôle.
Pour un premier chapitre, 1428 : Shadows over Silesia propose une expérience plutôt sympathique, dépourvue de bugs (alors que le développeur nous mettait en garde, ce qui est normal pour un jeu en développement). Cependant, il est bien difficile de se faire un véritable avis quant à la variété des environnements qui seront proposés, sur les combats qui - espérons-le - se montreront plus tactiques et difficiles ainsi que sur les énigmes qui - espérons-le aussi - seront moins classiques et plus inspirées. En tout cas, si Petr Kubicek remplit ses objectifs, 1428 : Shadows over Silesia aura de quoi s'asseoir aux côtés des grands jeux tchèques.
1428 : Shadows over Silesia
La Silésie, aussi
- +Plutôt joli
- +Mélange d'Histoire et d'ésotérisme
- +Aventure à l'ancienne (pour les nostalgiques du genre)
- +Des énigmes pas forcément évidentes (pour celles et ceux qui aiment se creuser la tête)
- -Combat trop simpliste
- -Des énigmes pas forcément évidentes (pour celles et ceux qui n'aiment pas se creuser la tête)
- -Pas de version française